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EAN : 9782742727704
336 pages
Actes Sud (02/06/2000)
3.98/5   1017 notes
Résumé :
"Du bout de son index, Andins se met à dessiner son profil, commençant sur le front, à la naissance des cheveux, puis descendant délicate-ment entre les sourcils, suivant la fine crête du nez et se glissant dans la fossette entre la racine du nez et les lèvres. — C'est ici, dit-il, que l'ange pose un doigt sur les lèvres du bébé, juste avant la naissance – Chut ! – et l'enfant oublie tout. Tout ce qu'il a appris là-bas, avant, en paradis. Comme ça, il vient au monde... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (86) Voir plus Ajouter une critique
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sur 1017 notes
Pour beaucoup d'anciens, l'événement majeur de 1957 restera la première victoire de Maître Jacques sur le Tour de France. D'autres aiment à se remémorer Albert Camus recevant à Stockholm le prix Nobel de littérature. Les uns et les autres ont peut être oublié que c'est précisément cette année-là que les appelés français ont appris bon gré mal gré à torturer les fellaghas en Algérie.

“L'Empreinte de l'ange” débute à Paris en cette période troublée de la Quatrième République finissante. L'auteure, Nancy Huston, se garde bien d'émettre un jugement tranché quant au jusqu'au-boutisme de l'Etat Français à conserver dans son giron les territoires algériens. Toutefois ses remarques et allusions distillées sans complaisance immergent rapidement le lecteur dans le contexte extrêmement tendu de l'époque.

Si l'intrigue épouse peu ou prou les années de la guerre d'Algérie, elle évoque avant tout un adultère vécu passionnément à Paris entre une jeune allemande et un juif hongrois.
Dans les derniers mois de la seconde guerre mondiale, encore enfants à l'époque, Saffie et András ont été marqué au plus profond de leur être par les atrocités commises dans leur pays respectif.
Saffie profite des absences répétées de son mari Raphaël, flûtiste de renommée internationale, pour traverser la Seine et rejoindre l'homme qu'elle aime. Son bébé légitime, Emil, l'accompagne chaque fois jusqu'à l'atelier où les mains du hongrois réparent avec habilité les instruments de musique les plus divers.
Bien qu'engagés sur une voie scabreuse, les amants goûtent pour la première fois de leur existence à une douce félicité. Extérioriser le passé qui les hante, permet à ces deux êtres de peu à peu découvrir leur véritable nature.

“L'Empreinte de l'ange”, roman publié en 1998, est sans nul doute une des oeuvres majeures de la plus française des auteures canadiennes.
S'appuyant sur des faits historiques d'une extrême gravité, tel le massacre par la police française de dizaines de manifestants algériens le 17 octobre 1961 à Paris, Nancy Huston montre à de nombreuses reprises combien le fil de la vie est ténu lorsque l'arbitraire devient force de loi.
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Nous sommes à Paris, en 1957. Lorsque Raphaël reçoit Saffie suite à une petite annonce qu'il a publiée pour trouver une bonne à tout faire, c'est pour lui une évidence, elle sera la femme de sa vie, son épouse, la mère de ses enfants.
Il est troublé par cette jeune allemande, triste et détachée de tout. Elle évolue dans la vie en donnant l'impression de ne pas en faire partie, indifférente à ce qui l'entoure, le regard « sans reflet et sans mouvement ».
Elle accepte les conditions de travail, le salaire, le logement avant le mariage qu'il lui propose rapidement. Lorsque le premier enfant s'annonce, Saffie ne manifeste aucune joie, aucune émotion. La naissance du bébé la laisse aussi indifférente que ses premiers sourires.
Qu'est-il arrivé à Saffie dans le passé de si douloureux pour que la moindre émotion semble l'avoir irrémédiablement quittée ?
C'est Andras, un jeune luthier hongrois qui va percer le secret de Saffie.
A travers ses trois personnages, Nancy Huston nous entraîne dans l'aventure du XXe siècle, en chamboulant notre mémoire pour nous rappeler les crimes de notre temps, le nazisme bien sûr, les chambres à gaz, mais aussi la guerre d'Algérie, la torture instituée, le massacre du 17 octobre 1961, la haine, la révolte, la responsabilité de chacun, l'innocence perdue.

L'histoire de Saffie est douloureuse, son mal-être m'a mise mal à l'aise. Cette souffrance, jamais exprimée est bouleversante.

J'ai eu un grand plaisir à découvrir la plume de cette auteure, dont je ne connaissais jusqu'à présent que le nom.

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Ce qui frappe à la lecture de Nancy Huston c'est son amour pour ces personnages, "L'empreinte de l'Ange" en est le parfait exemple. 1957. La jeune Saffie quitte son pays l'Allemagne pour rejoindre Paris. Elle rencontre un jeune flutiste de grand talent Raphael Lepage. Pour le jeune homme c'est le coup de foudre. Raphael épouse Saffie et nos deux tourtereaux deviennent parents.Saffie malgré cette vie en apparence heureuse semble plus spectatrice qu'actrice. Un jour, Saffie rencontre Andras, cet homme va libérer bien des émotions chez la jeune femme.
En choisissant la guerre d'Algérie en toile de fond, Nancy Huston à travers cette histoire d'amour, c'est toute une époque qu'elle restitue avec minutie. le plaisir vient de la complexité de ces personnages, des thèmes abordés (la féminité, l'enfance, l'amour, la maternité, l'adultère, la liberté). C'est remarquablement écrit avec ce qu'il faut de justesse, de tendresse, une histoire d'amour bouleversante qui va droit au coeur. Huston est vraiment une auteure talentueuse.
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Un ange a-t-il vraiment tous les pouvoirs ?
Et Dieu ?
Lorsque des êtres cabossés se rencontrent, se choisissent, se reconnaissent, se partagent, s'imbriquent, se donnent l'un à l'autre, on croit vraiment que l'Amour est plus fort que tout.
Lorsque les souffrances du passé ressurgissent, que les camps opposés par L Histoire reprennent leur position, que la terreur du lendemain empêche toute espérance, la présence de l'ange bienveillant s'efface, la trêve se termine, la vie douloureuse reprend son cours.

L'empreinte de l'ange nous emmènent dans le temps et dans les espaces. de l'Algérie à Paris en passant par l'Allemagne et ses fantômes.
Elle nous plonge au coeur d'une vie ordinaire pourtant si extraordinaire.
Et notre coeur bat au côté des héros, pleure aux côtés des souffrants, espère aux côtés de ce petit être juste né qui porte tous les espoirs du monde.
Nancy Huston - dont c'était ma première lecture - met tout son coeur, toute sa plume talentueuse à nous faire aimer ses personnages, à nous attacher à leur histoire, à leurs sentiments.
On en oublie la pluie qui tombe, le confinement qui impatiente, le manque de l'être aimé, tout tournés vers ce coeur de Paris, vers cette boutique de facteur d'instruments, vers cet espace où tous les espoirs semblent permis.
C'est beau. C'est fort. C'est profondément émouvant.
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Nancy Huston est une romancière exigeante.

Elle veut du vrai et sait le mêler à des fictions lumineuses qui changent notre vision.
En effleurant le sujet du bout des doigts dans les premiers chapitres, la romancière confère profondeur et intensité aux personnages tout en alimentant le mystère jusqu'à la révélation qui fait voler en éclats les apparences.
Nancy Huston donne toute son ampleur à cette histoire bouleversante.

Roman d'amour, rôle de la femme, reliques et traumatismes inoubliables de la Guerre, la romancière qui ne pratique pas la langue de bois n'y va pas par quatre chemins. Elle dénonce la faiblesse de la France en apportant un éclairage sur la guerre d'Algérie. Elle parle de l'adultère qui permet de prendre sa liberté et qui va au-delà des convenances.

Avec talent, Nancy Huston mêle présent et passé pour mieux évoquer les abominations du passé vécues par un juif et une allemande. Souvenirs, haines, pertes, leur histoire d'amour tragique aura engendré la douleur en héritage.



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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Dans chaque histoire d'amour fou il y a un tournant ; cela peut venir plus ou moins vite mais en général cela vient assez vite ; la plupart des couples ratent le tournant, dérapent, font un tonneau et vont s'écrabouiller contre le mur, les quatre roues en l'air.
La raison en est simple : contrairement à ce qu'on avait cru pendant les premières heures, les premiers jours, tout au plus les premiers mois de l'enchantement, l'autre ne vous a pas métamorphosé. Le mur contre lequel on s'écrase après le tournant, c'est le mur de soi. Soi-même : aussi méchant, mesquin et médiocre qu'auparavant. La guérison magique n'a pas eu lieu. Les plaies sont toujours là, les cauchemars recommencent. Et l'on en veut à l'autre de ce qu'on n'ait pas été refait à neuf ; de ce que l'amour n'ait pas résolu tous les problèmes de l'existence ; de ce que l'on ne se trouve pas en fin de compte au Paradis, mais bel et bien, comme d'habitude, sur Terre.
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Elle ferme les yeux. Du bout de son index, Andras se met à dessiner son profil, commençant sur le front, à la naissance des cheveux, puis descendant délicatement entre les sourcils, suivant le fine crête du nez et se glissant dans la fossette entre la racine du nez et des lèvres.
- C'est ici, dit-il, que l'ange pose un doigt sur les lèvres au bébé, juste avant la naissance - chut !- et l'enfant oublie tout. Tout ce qu'il a appris là-bas, avant, au paradis. Comme ça, il vien au monde innocent...
Les paupières de Saffie s'ouvrent progressivement, elle veut vérifier l'empreinte de l'ange sur le visage de son amant mais son regard est aspiré par la bleue lumière dansante des yeux qui l'étudient.
- Sinon, poursuit Andras en riant, qui veut naître ? Qui accepte d'entrer dans cette merde ? Ha ! Personne ! On a besoin de l'ange !
- Et ça s'arrête quand, l'innocence ? demande Saffie d'une voix rêveuse, remuant à peine les lèvres sur lesquelles le doigt d'Andras est encore posé. Toi tu es innocent ?
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Elle s’accrocherait à n’importe quoi Saffie. Emil est son prétexte, son alibi, le sine qua non de ses amours avec Andras. Emil est leur otage.
Que pense-t-elle faire dans trois ans ? Elle n’y pense pas. La vie dans l’amour fou est une série de maintenant, étayée par un passé soigneusement censuré et par un avenir nébuleux.
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Dans chaque histoire d'amour fou il y a un tournant ; cela peut venir plus ou moins vite mais en général cela vient assez vite ; la plupart des couples ratent le tournant, dérapent, font un tonneau et vont s'écrabouiller contre le mur, les quatre roues en l'air. La raison en est simple : contrairement à ce qu'on avait cru pendant les premières heures, les premiers jours, tout au plus les premiers mois de l'enchantement, l'autre ne vous a pas métamorphosé. Le mur contre lequel on s'écrase après le tournant, c'est le mur de soi. Soi-même : aussi méchant, mesquin et médiocre qu'auparavant. La guérison magique n'a pas eu lieu. Les plaies sont toujours là, les cauchemars recommencent. Et l'on en veut à l'autre de ce qu'on n'ait pas été refait à neuf ; de ce que l'amour n'ait pas résolu tous les problèmes de l'existence ; de ce que l'on ne se trouve pas, en fin de compte, au Paradis, mais bel et bien, comme d'habitude, sur Terre.
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Où en est le monde en ce début de décennie ? John Fitzgerald Kennedy brigue la candidature démocrate de la présidence des Etats-Unis. Saloth Sor dit Pol Pot, ayant achevé son cycle d’études à la Sorbonne, rentre à Phnom Penh pour mettre en pratique quelques théories qu’il vient d’engranger. Vassili Grossman achève son grand roman ‘’Vie et destin’’ sans se douter que le KGB va bientôt en confisquer le manuscrit et jusqu’au ruban de sa machine à écrire ; il mourra en croyant le livre détruit. Albert Camus, quant à lui, écrit un roman sur son enfance algérienne sans se douter qu’il restera inachevé ; sa vie va bientôt prendre fin sur une route du Sud de la France. Nikita Khrouchtchev vante en tapant du poing sa nouvelle bombe nucléaire, mille fois plus puissante que celles lâchées sur Hiroshima et Nagasaki…
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Videos de Nancy Huston (42) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nancy Huston
Nancy Huston évoque parle donc de son nouveau livre "La Reine du réel, Lettre à Grisélidis Réal” qui n'est autre qu'une ode à Grisélidis Réal, peintre, écrivaine, mais aussi prostituée, morte en 2005 qu'elle a longtemps détesté comme elle l'a confié à Augustin Trapenard : “Je l'ai détestée parce que dans les nombreuses interviews que j'ai pu voir d'elle en m'intéressant sur le sujet, je l'ai toujours trouvé complaisante, jouant un peu, et quand j'ai lu son roman Noir est une couleur j'ai été extrêmement perturbée par ses récits, comment elle est tombée amoureuse d'homme violent. Elle raconte des scènes d'une extrême violence qui se sont déroulées devant ses enfants. J'ai été gênée. Mais plus je la fréquentais, plus je découvrais un parcours extraordinaire. C'est une des personnes les plus lucides, les plus généreuses et les plus courageuses que j'ai rencontrée. Car en fait, on se rend compte que si elle a été prostituée, c'est parce qu'elle n'avait pas le choix, parce qu'elle avait quatre enfants dont s'occuper”. 

Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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