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Critique de brumaire


J'avais déjà lu trois ou quatre livres de Nancy Huston dont Dolce agonia que j'avais beaucoup aimé pour sa réjouissante cruauté. Amoureux de musique classique (Les Variations Goldberg j'en possède quatre versions sans compter toutes celles que j'ai pu écouter sur You Tube ou en concert...), et sachant que ce titre éponyme était le premier livre de notre canadienne j'en ai commencé la lecture avec un à priori plus que favorable. L'ouvrage a la particularité de calquer l'oeuvre de Bach : trente variations donc trente chapitres. Plus le thème, une aria, qui revient après la trente et unième variation ; la boucle est bouclée. Liliane, claveciniste émérite (pas professionelle mais beaucoup plus qu'amateur) invite trente de ses amis a un petit concert privé. Les trente variations de Bach vont se transformer en trente variations hustoniennes sur chacun des invités. Je dois avouer (je devais être "à l'ouest" comme on ne dit pas chez moi :-) n'avoir pas du tout "embrayé" sur l'histoire. Dés le second chapitre j'ai perdu pied (mais c'est qui celle-là ? qui parle ?), heureusement les chapitres sont courts (on peut les lire le temps que la claveciniste joue une variation...si on lit vite...), et puis je me suis souvenu de Dolce agonia livre dans lequel Nancy Huston avait utilisé une technique semblable : passer chaque invité au scanner , lui faire accoucher ses pensées intimes hors la comédie sociale. Ici les trente invités monologuent loin de la musique de Bach. Comédie sociale, comédie, comédie...si proche de la tragédie pour certains de nos mélomanes d'un soir. Une fois compris le procédé ( même la lecture de la 4e de couverture ne m'avait pas parue très explicite...c'est dire) , je me suis délecté des tranches de vies, si exotiques pour moi, toutes plus ou moins reliées ensemble (c'est ça qui est dur, relier qui à qui ) . Certes, tous ces protagonistes fanfaronnent dans un milieu social bien défini (non, il y a un ouvrier, enfin un artisan, il est menuisier...), mais soyons prince, passons outre....
Et au fur et à mesure que Liliane enchaînait les variations mes impressions premières se sont évaporées : oui ce livre est une réussite magistrale , dès lors que l'on a compris le "procédé". Nancy Huston a composé son livre ,tel Bach, en écrivant trente variations sur un même thème : la difficulté de vivre : " Nous sommes tous au fond d'un enfer dont chaque instant est un miracle" , c'est de Cioran et je trouve que ça s'applique merveilleusement à ce livre et à l'oeuvre de Nancy Huston même si je crois savoir qu'elle n'aime pas trop ce penseur nihiliste....
Une fois terminé ce livre il faut écouter (ré-écouter) les Variations Goldberg. MA version : Zhu-Xiao-Mei. Au piano bien sûr (Liliane ne serait pas d'accord..). Pianiste chinoise qui me fait verser des larmes autant par ce qu'elle joue de Bach que par sa propre vie.
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