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EAN : 9782742735358
173 pages
Actes Sud (10/01/2002)
3.8/5   212 notes
Résumé :
Regardez-la maintenant ma belle épouse, jeune femme d'ordinaire civilisée, habillée, coiffée, chaussée, protégée par une culture, une éducation, une histoire, l'Europe, l'Occident, ainsi de suite, le piano... la voilà nue et horizontale sous une blouse blanche flottante, et ce qui se passe à l'intérieur de son corps est projeté sur des écrans en dessins erratiques et en images clignotantes ; tous ses rythmes les plus intimes, sang, coeur, entrailles, se muent en sig... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Maya, petite fille née beaucoup trop tôt (5 mois et demi, 720 grammes), commence sa vie enfermée dans une couveuse. Elle ne devra sa survie qu'à des tubes en plastique mais surtout grâce à l'amour insufflé par sa mère Lara.

Présentation de l'univers familiale, essentiellement féminin : Sofia, la grand-mère russe, traditionnelle et pianiste. Lara, la mère, pianiste également au conservatoire, donnant des cours particuliers. Maya, nouveau-née et peut-être future pianiste.

Pendant plusieurs mois, Lara passera ses jours et nuits, aux côtés de sa fille, sans pouvoir la toucher, la prendre dans ses bras, l'embrasser. Lorsque votre bébé se trouve séparé de tous liens avec vous dès sa naissance, lorsqu'une paroi vitrée le sépare de votre amour et de vos caresses, que faire ? Simplement attendre et espérer...Attendre et lui parler... Attendre et l'aimer encore plus fort... S'attacher à cet amour incertain, un amour sans nom ou presque... Avoir la patience de l'attendre... Je t'attends mon bébé, et je t'aime... Tu ne me vois sûrement pas mais je sais que tu m'entends et je te demande de te battre avec moi...Je ne peux pas encore te prendre dans les bras, te serrer bien fort, mais j'attendrai le temps qu'il faudra pour pouvoir le faire et prouver mon amour pour toi. Je suis là, à tes cotés, et je ne peux que te parler...

Et pendant ces longues journées d'attente, Lara ne va cesser de lui parler de sa passion, la musique classique, de lui raconter Bach, allant jusqu'à lui lire les partitions du compositeur. Touche noire, Touche blanche, Touche noire.

Prodige est un roman sur la maternité, la vie et la mort et l'Amour. le miracle de la vie et de la médecine actuelle, les tubes en plastiques et autres sondes aidant, l'amour peut grandir jusqu'à produire une enfant prodige, curieuse et passionnée par la musique classique, par le piano et par la vie tout simplement.

Prodige est aussi un roman sur la musique classique. La passion de cette musique est omniprésente tout au long de la vie des trois femmes de ce livre. En lisant ces quelques lignes sur la musique de Bach, je sentais l'émotion de ce compositeur, le jeu transmis par Maya, enfant virtuose. J'ignore tout de cette musique, tout du compositeur, mais par les mots et la perception de Nancy Huston, j'ai été touché et j'ai envie de découvrir cette fantaisie chromatique de Johann Sebastian Bach. Si cette musique bouleverse tant Nancy Huston et cette famille de virtuose, pourquoi ne serai-je pas sensible aussi à son charme. Je ne demande pas mieux de découvrir...
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Livre fini il y a tout juste quelques jours, j'en profite donc pour faire ma critique tant que c'est encore frais!


Mon avis :

Nancy Huston m'avait déjà surprise avec le premier livre que j'avais lu d'elle, Instruments des Ténèbres. L'aspect glauque, obscure, presque sale, m'avait saisie et emportée. Ce qu'elle racontait était souvent dérangeant, mais profondément humain.
Si on retrouve toujours dans Prodige cette exploration du sentiment humain, la surprise n'est plus dans l'abjecte et le tabou, elle est ailleurs, dans le sublime, l'abandon, le sacrifice.


Ici, les femmes sont toujours au coeur de l'oeuvre.
Lara, la femme entre deux âges, pianiste passionnée mais sans doute pas assez habitée par la musique pour devenir une virtuose et ainsi réaliser le rêve de sa mère, Sofia, elle-même ancienne pianiste russe.
Ce duo se voit complété par l'arrivée de Maya, tour à tour luciole, libellule ou papillon. C'est l'enfant de Lara, une prématurée tellement fragile que sa survie reste incertaine. Dès lors, la maman va rester jour et nuit à l'hopital, pendant des mois, à côté de la couveuse, à parler à sa petite, à son trésor, à lui raconter la vie qu'elle aura, son talent, leur amour.

Il y a également des hommes, mais toujours à demi, comme éblouis par les femmes. Robert, le père, qui partira malgré son amour pour sa femme et sa fille, car au fond, il sait qu'il n'a pas sa place entre elles deux. Lucien, le nouveau voisin, et son neveu, Benjamin. Ils sont dans l'histoire et en dehors, comme si ce qui se jouait là leur était inaccessible.

Le sous-titre du roman, c'est "Polyphonie", et ce n'est pas un hasard.

Polyphonie des voix, car l'histoire nous est racontée par tous les personnages à la fois, les importants et les moins importants. On alterne les narrateurs dans de courts chapitres/paragraphes, chacun avec sa vision du monde, de la vie, et de ce qui se déroule, chacun sa manière de dire les choses et de les ressentir. On aborde ainsi dans des modes très différents les thèmes de la virtuosité, de la musique, du deuil, de l'amour, de la famille...

Polyphonie des voix, mais polyphonie des temps également. Car on a l'impression d'assister à deux présents simultanés. le présent blanc et aseptisé de la clinique, où une mère s'abandonne à une seule idée: être la raison de vivre de ces 720 grammes d'être humain. Et le présent de l'histoire qu'elle lui raconte, ou qui se déroule véritablement, on ne sait plus trop, ce présent où Maya n'est plus un prématuré mais une gamine d'une dizaine d'années, déjà si talentueuse et tellement à part, ailleurs, dans un monde où tout est musique...

Je pense que je n'ai pas réellement besoin de préciser mon point de vue, la manière dont je décris ce livre parle pour moi. J'ai aimé, c'est d'une beauté très juste, jamais clichée, jamais surexploitée. le style aux premières personnes est maîtrisé, changeant, léger. On s'attache à ces personnages si simples et si réels.

J'aurais aimé que la fin s'étale sur plus de pages, s'installe plus lentement. Elle vient d'un coup, sans que l'on ne parvienne trop à savoir ce que l'on en tire. Pourtant, il n'y a rien d'autre à ajouter, la boucle est bouclée. Mais je serais bien partie pour un autre tour...


Je le conseillerais à... : des gens qui aiment les narrations simples mais pas linéaires, la narration à la première personne, l'exploration des sentiments humains et de ses contradictions...

Je le déconseillerais à... : des gens qui cherchent de l'action, des rebondissements, c'est une histoire très banale finalement.
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Une écriture surprenante, remplie de paroles pensées, avec une fraîcheur délicieuse, parfois naïve, une vraie"polyphonie" comme annoncée en sous-titre.
L'histoire: Celle d'une famille de femmes pianistes russes, et d'un mari, Robert, un scientifique, français dans l'âme, un peu largué et planté là au milieu de ses artistes: la grand-mère, ex pianiste, qui aura le chic de mourir en écoutant sa petite fille jouer, la mère, après deux fausses couches, secouée par une naissance prématurée d'une fille qui survit, et qui se révèlera enfant prodige du piano. Robert fuira finalement ce gynécée slave où tout tourne autour de la musique, du piano, excepté une parenthèse avec un garçon qui fera découvrir à Maya la fille prodige ses vers à soie et leurs paradoxes. La fin est très symbolique: Maya agira comme sa mère l'a fait pour elle à sa naissance.
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"Prodige" de Nancy Huston :
Un Prodige. Une enfant Prodige, née prématurée, Maya (puis Moulipa), s'est accrochée à sa survie, grâce à sa mère Lara.
Chaque jour, Lara accompagnait sa fille dans son voyage en "couveuse", elle lui parlait, ô oui, elle lui parlait beaucoup... et l'initiait déjà à sa passion pour la musique et le piano.
Le lecteur déambule de personnage en personnage : de la mère Lara à sa fille Maya, du père Robert, effacé puis disparu de leur vie, à la grand-mère Sofia, aussi amoureuse des notes mélodieuses. Et puis, arrivent de nouveaux voisins, Benjamin et Lucien, qui vont se rapprocher d'elles : Lara se verra surprise et submergée par ses sentiments pour Lucien, "j'ai envie de vous embrasser" lui dira-t-elle spontanément. Quant à Maya, elle sera en admiration totale pour Benjamin et ses vers à soie.
Maya s'adonnera au piano avec une ferveur et un talent remarquables, corps et âme, à en faire pâlir mère et grand-mère. Et petit à petit, refera surface L'Echo des moments passés et paroles échangées à l'hôpital, par Lara à sa fille, au temps de la "couveuse".
Puis un beau jour, Lara quitte la maison pour acheter du pain, elle ne reviendra pas. Laissant sa fille seule livrée à elle-même. Jusqu'au jour où un appel téléphonique fait basculer l'histoire. Lara est alors retrouvée, anéantie, épuisée, déconnectée de la réalité. Elle est internée et Maya, à son tour, accompagne sa mère dans son voyage en chambre blanche, jusqu'à son réveil... Tout comme sa mère l'a fait, elle lui parle, la questionne.... jusqu'à la fin troublante qui surprend et fait perdre pied au lecteur.
Cette première lecture de Nancy Huston fait découvrir une bien "jolie" écriture, qui coule comme de source, et nous dessine comme au fusain, une histoire et des personnages poignants, attendrissants et prodigieux.

"Tu te mettras sous le piano, ce sera ta petite maison tout en bois, et tout autour de toi ça résonnera quand je joue.... un déluge, un ouragan de musique..."
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Belle lecture mais j'avoue être un peu passée à côté de l'histoire et des personnages. Au coeur du roman la symbiose entre Lara et de sa fille Maya, née prématurément mais aussi une déclaration d'amour à la musique et à la sensibilité des musiciens. le final m'a semblé un peu convenu et pas très original.
L'écriture de Nancy Huston est comme toujours remplie de finesse mais il m'a manqué "ce petit quelque chose"... suis restée à distance tout au long de ma lecture, comme "spectatrice" et c'est bien dommage.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Vis, ma petite ! Sois forte, vis !
Tu es presque invisible dans ta bulle de verre. Petite fée prise dans une énorme goutte de pluie. Je me penche sur toit, très près, pour te scruter...
Tu as la bouche entrouverte sur une sonde. Je n’ai pas encore le droit de te nourrir - mais je te nourrirai, tu verras, je te gaverai de nourritures, terrestres et célestes ! Pour l’instant tu es nourrie par un cathéter passé dans ton ombilic. Scotchées à ta poitrine, de froides électrodes en forme d’araignées suivent attentivement les battements de ton cœur. Quand les infirmières approchent de la couveuse, c’est pour te faire des piqûres au talon ou pour chercher sur ton cuir chevelu une veine où accrocher une perfusion. Le monde n’arrête pas de t’agresser. Seringues, tubes, aiguilles te pénètrent, traversent ta peau, sondent tes orifices - et tu pleures, tu pleures silencieusement, ton visage se plisse et se contorsionne dans la mimique des larmes mais on n’entend rien, car la sonde d’intubation passe entre tes cordes vocales et empêche le son de sortir...
Accrochée à la vie par un fil incroyablement ténu, tu flottes dans les limbes entre ce monde-ci et l’autre - et je t’aime, ma grande prématurée ! Je t’aime et je te sauverai ! Tu verras. Je t’ai donné la vie, je ne permettrai pas qu’on te la reprenne.
Vis ! Toi qui n’as pas de nom.
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Ce qui est parfois terrible dans la lecture d'un roman, c'est de s'y reconnaître soudain au coin d'une phrase comme si l'on se croisait dans un miroir...

"Lara lui parlait sans discontinuer maintenant, du matin au soir…et je sentais qu'elle commençait à se perdre dans cette parole, ce flot de mots qui coulait d'elle sans cesse. C'est devenu comme un délire. A l'hôpital elle faisait elle-même la toilette du bébé, c'est tout juste si elle acceptait de céder sa place aux infirmières pour les soins. A la maison elle dormait à peine et, quand elle dormait, on aurait dit qu'elle parlait encore à Maya dans son sommeil.
Ça me glaçait. Je suis un scientifique. J'ai besoin de repères. C'est comme ça. Ce qui se vivait là était en contradiction avec tout ce que j'étais, le caractère que je m'étais forgé. Mes choix, mes options, ma façon de voir le monde. Je l'avoue."
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Ce sera une « Fantaisie » de Bach mais ce sera comme si tu l’avais composée toi-même, comme si tu étais un oiseau et que cette « Fantaisie » était ton chant. A t’écouter, Dianescu et moi, on s’élève peu à peu vers une sorte de sérénité parce qu’il n’est même plus question de notes, de fautes, de doigtés, de technique : tes mains courent sur le piano comme tes pieds courraient sur une plage, parce que tu veux, parce que tu peux courir, tes petites mains frappent et caressent les touches blanches et noires et on est immergés tous deux dans un bain de félicité. Mon ange, tu domines - regarde, tu conquiers cet instrument qui m’a toujours dominée, c’est ton instrument, il se met à ton service. Oui ce monstre noir qui pèse une tonne se cabre et se laisse flatter par toi comme un chat.
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"Maya ! me dit maman à voix basse. Maya... ta grand-mère vient de mourir."
Je fais oui de la tête mais j'ai envie de jouer la Partita par coeur jusqu'au bout pour babouchka, comme je le lui ai promis. J'ai envie de les garder ensemble dans mon coeur à tout jamais.
"Pour l'amour de Dieu, Maya ! Tu n'as aucun respect ? Cesse de jouer ! Comment peux-tu... Je te dis que ta grand-mère est morte... et pour toi ça ne change rien ?"
Elle éclate en sanglots et quitte la pièce en courant. Je la suis, je la trouve effondrée au milieu des fleurs qu'elle a posées sur la table de la cuisine.
"Mamotchka - pardon... Pour moi c'était ça, le respect..."
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Ah zut, il m'énerve ce papillon, il me tourne autour et m'empêche de me concentrer. Je sais même pas comment l'attraper pour l'offrir à Benjamin. Faudrait que je le fasse sortir par la fenêtre …Babouchka?
Jamais elle dort quand je joue. Elle se balance, elle fume des cigarettes, elle regarde par le fenêtre et pense à des histoires qu'elle me raconte après… mais dormir non. "Babouchka?"
Ah. Ça alors. Babouchka… Tu es morte, ma Babouchka?
Je viens tout près pour voir. Sa tête est tombée en avant. Eh ben oui.. Tu es morte. C'est fini. Les nuits de Moscou dans la neige sont parties pour toujours. J'en étais à la Sarabande? Ecoute…
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Vidéo de Nancy Huston
Francia, transsexuelle colombienne, racole au bois de Boulogne dans le quartier dit Latinas. Ce livre fait le tableau de l'une de ses journées de travail, son charisme, sa famille dont elle assure le quotidien même de loin, sa présence auprès de ses collègues qu'elle protège en ces lieux de violence. Portrait d'un être lumineux, qui ce jour-là fera dix-sept clients aux particularités étonnantes, dans ce pays où la loi n'avantage pas ces femmes perdues loin de leur contrée d'origine, ces combattantes de tous les instants.
le nouveau roman de Nancy Huston est en librairie. Lire les premières pages : https://www.actes-sud.fr/francia #litterature #roman
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