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Critique de KarmaBoomerang


Livre fini il y a tout juste quelques jours, j'en profite donc pour faire ma critique tant que c'est encore frais!


Mon avis :

Nancy Huston m'avait déjà surprise avec le premier livre que j'avais lu d'elle, Instruments des Ténèbres. L'aspect glauque, obscure, presque sale, m'avait saisie et emportée. Ce qu'elle racontait était souvent dérangeant, mais profondément humain.
Si on retrouve toujours dans Prodige cette exploration du sentiment humain, la surprise n'est plus dans l'abjecte et le tabou, elle est ailleurs, dans le sublime, l'abandon, le sacrifice.


Ici, les femmes sont toujours au coeur de l'oeuvre.
Lara, la femme entre deux âges, pianiste passionnée mais sans doute pas assez habitée par la musique pour devenir une virtuose et ainsi réaliser le rêve de sa mère, Sofia, elle-même ancienne pianiste russe.
Ce duo se voit complété par l'arrivée de Maya, tour à tour luciole, libellule ou papillon. C'est l'enfant de Lara, une prématurée tellement fragile que sa survie reste incertaine. Dès lors, la maman va rester jour et nuit à l'hopital, pendant des mois, à côté de la couveuse, à parler à sa petite, à son trésor, à lui raconter la vie qu'elle aura, son talent, leur amour.

Il y a également des hommes, mais toujours à demi, comme éblouis par les femmes. Robert, le père, qui partira malgré son amour pour sa femme et sa fille, car au fond, il sait qu'il n'a pas sa place entre elles deux. Lucien, le nouveau voisin, et son neveu, Benjamin. Ils sont dans l'histoire et en dehors, comme si ce qui se jouait là leur était inaccessible.

Le sous-titre du roman, c'est "Polyphonie", et ce n'est pas un hasard.

Polyphonie des voix, car l'histoire nous est racontée par tous les personnages à la fois, les importants et les moins importants. On alterne les narrateurs dans de courts chapitres/paragraphes, chacun avec sa vision du monde, de la vie, et de ce qui se déroule, chacun sa manière de dire les choses et de les ressentir. On aborde ainsi dans des modes très différents les thèmes de la virtuosité, de la musique, du deuil, de l'amour, de la famille...

Polyphonie des voix, mais polyphonie des temps également. Car on a l'impression d'assister à deux présents simultanés. le présent blanc et aseptisé de la clinique, où une mère s'abandonne à une seule idée: être la raison de vivre de ces 720 grammes d'être humain. Et le présent de l'histoire qu'elle lui raconte, ou qui se déroule véritablement, on ne sait plus trop, ce présent où Maya n'est plus un prématuré mais une gamine d'une dizaine d'années, déjà si talentueuse et tellement à part, ailleurs, dans un monde où tout est musique...

Je pense que je n'ai pas réellement besoin de préciser mon point de vue, la manière dont je décris ce livre parle pour moi. J'ai aimé, c'est d'une beauté très juste, jamais clichée, jamais surexploitée. le style aux premières personnes est maîtrisé, changeant, léger. On s'attache à ces personnages si simples et si réels.

J'aurais aimé que la fin s'étale sur plus de pages, s'installe plus lentement. Elle vient d'un coup, sans que l'on ne parvienne trop à savoir ce que l'on en tire. Pourtant, il n'y a rien d'autre à ajouter, la boucle est bouclée. Mais je serais bien partie pour un autre tour...


Je le conseillerais à... : des gens qui aiment les narrations simples mais pas linéaires, la narration à la première personne, l'exploration des sentiments humains et de ses contradictions...

Je le déconseillerais à... : des gens qui cherchent de l'action, des rebondissements, c'est une histoire très banale finalement.
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