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Christine Le Boeuf (Traducteur)
EAN : 9782742792405
245 pages
Actes Sud (06/10/2010)
3.61/5   107 notes
Résumé :
Violemment secouée, à l'occasion d'une évocation en public de son père récemment disparu, par un tremblement irrépressible accompagné d'une expérience de dissociation, Siri Hustvedt décide, pour comprendre enfin la nature d'un phénomène qu'elle rapproche d'autres états-limites qu'elle a également connus, de prendre la mesure la plus exacte possible de la véritable nature des "gouffres" invisibles qui, hantant, fragilisant et formatant nos existences, sont tapis sous... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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La femme qui tremble est longtemps restée sur les rayons de ma bibliothèque, parfois ouvert pour quelques lignes puis reposé, jusqu'au jour où j'ai eu vraiment l'audace, le courage, l'envie de me plonger dans cet essai. Pendant quelques jours passés trop vite, j'ai eu le plaisir de retrouver la brillante plume de l'auteur, Siri Hustvedt, femme du non moins célèbre écrivain Paul Auster.
En 2005, l'auteur a été prise de tremblements alors qu'elle prononçait un discours en l'honneur de son père décédé deux ans plus tôt. La crise se reproduira. L'auteur se met alors à récapituler toutes les perturbations nerveuses, migraines, tremblements qui ont jalonné cinquante ans de sa vie. Elle nous livre le récit passionnant de fragments autobiographiques, de questionnements philosophiques, de volonté de connaissance de soi, d'acceptation, de réflexions sur la nature du lien entre le corps et l'esprit...
J'ai été impressionnée par les nombreuses recherches de l'auteur et le temps consacré à rédiger cet essai, l'énergie qu'elle a dû déployer pour mener à bien ses investigations, dans les domaines aussi pointus que la neurologie, la psychiatrie, la philosophie, la psychanalyse.
Et pour cela, je l'admire, tout simplement, et il faut savoir accepter d'être une " épave grelottante".
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Voici sans doute le livre que j'ai le plus pris, abandonné et repris, le tout sur une période de cinq ans. Il faut dire que si je n'avais pas été une admiratrice de Siri Hustvedt à la base, il y a de fortes de chances pour que je n'aie jamais lu cet essai... et pourtant, il est diablement intéressant.
L'auteure, lors d'un hommage rendu à son père décédé deux ans auparavant, se met à trembler aux premiers mots prononcés et ne s'arrête qu'une fois son discours fini. L'émotion? le trac? Sauf que dorénavant, lors de chaque prise de parole en public - lors de conférences - son corps se remet à trembler, sans véritable raison. L'auteure entame donc des recherches et se passionne pour tout ce qui touche aux troubles neuronaux. On découvre énormément de choses dans ce livre: des chercheurs, des philosophes, des patients atteints de divers troubles, leurs origines et leurs manifestations. Mais ce livre, vu le thème, demande une grande concentration et se lit par petits bouts si on veut essayer d'assimiler ce qui est écrit; et encore, assimiler est un bien grand mot quand il s'agit d'abord d'essayer de saisir le fruit de ces recherches.
Cet essai montre à quel point tout ce qui touche le cerveau est vaste et encore si peu connu et on ressort de cette lecture avec l'envie d'en lire plus sur ce mystère biologique.
Un essai ardu mais fascinant d'une romancière d'une rare intelligence.
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Intéressant et irritant à la fois.
L'auteure souffre de tremblements évoquant l'épilepsie ou l'hystérie alors qu'elle fait l'hommage de son père décédé. Par la suite les troubles reviennent épisodiquement sans logique apparente, qu'il s'agisse d'autres apparitions publiques ou à la suite d'un effort physique inhabituel (générateur d'hyperventilation). L'auteure se lance alors dans des recherches afin de trouver une explication au phénomène...
Le thème du livre, ces phénomènes trouvant leur siège dans notre cerveau, organe toujours profondément méconnu, manifestations à la frontière du physiologique et du psychologique, m'a toujours profondément intéressée. L'auteure met très bien en évidence qu'une grande partie de la difficulté à comprendre ces phénomènes vient précisément du fait qu'ils se situent à cette frontière et donc se conforment mal aux catégories, toujours réductrices mais néanmoins nécessaires à l'entendement. Psychiatres et neurologues se renvoient la balle, en une sorte de ping pong des plus frustrants. Par ailleurs l'auteure met également en évidence le rôle des stéréotypes socio-sexo-culturels. Ainsi un trouble identique se trouvera-t-il qualifié d'hystérie chez une femme et de stress post-traumatique chez un homme...
Intéressant donc mais en dépit de sa brièveté (256 pages d'une édition de poche), j'ai eu du mal à y rester accrochée, non pas en raison du thème mais parce que la démarche de l'auteure m'irritait quelque peu même si, paradoxalement, je concède qu'elle a quelque part probablement eu raison de procéder ainsi et que j'aurais peut-être fait la même chose à sa place. Au lieu de s'adresser à des spécialistes, elle s'embarque dans sa propre enquête et consacre des dizaines de pages à comparer les écrits et interprétations possibles des uns et des autres, à gloser à perte de vue à propos de troubles n'ayant parfois que très peu de choses à voir avec la raison qui l'a poussée à entamer cette quête. Je perçois très bien où l'auteure veut en venir : il s'agit d'un phénomène complexe et j'apprécie pour partie sa conclusion qui va dans le sens de l'acceptation de ce qui, en réalité, ferait peut-être partie de ce qui la définit. Mais il y a quelque chose dans sa démarche qui me semble exagérément intellectualisant. Elle s'exprime un peu comme si elle était à la fois psychiatre, neurologue, biologiste etc. avec le jargon qui va avec alors que, justement, elle aurait pu adopter une perspective qui m'aurait semblé plus efficace et "humaine", à savoir celle de la Candide qui aurait pu partager et vulgariser de manière chaleureuse le fruit de ses explorations. On a sans cesse l'impression que l'auteure entend montrer à quel point elle est intelligente et capable de pénétrer les arcanes habituellement rébarbatives de spécialités pointues.
Dommage, je reste sur ma faim et la fin du livre m'est apparue frustrante même si je comprends l'intention d'ouverture de l'auteure...
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Comment se termine ce récit :

"En mai 2006, je me suis levée sous un ciel bleu sans nuages et j'ai commencé à parler de mon père, qui était mort depuis plus de deux ans. Dès que j'ai ouvert la bouche, je me suis mise à trembler violemment. J'ai tremblé ce jour là, et puis j'ai tremblé à nouveau d'autres fois. Je suis la femme qui tremble."



Avec son écriture fluide et précise, Siri Hustvedt se dévoile sans impudeur, avec franchise et clarté. Souffrant depuis des années de migraines, ayant sans doute eu au moins une crise d'épilepsie, elle a depuis longtemps été fascinée par les neuro-sciences, et lu d'innombrables ouvrages sur la psychanalyse, les maladies mentales, la neurologie, la philosophie... Elle anime un atelier d'écriture hebdomadaire pour des patients en clinique psychiatrique et est membre d'un groupe de discussion conscré à la neuropsychanlyse.



Continuant à chercher dans son passé et ses problèmes de santé pour connaître la cause de ses tremblements, qui n'affectent pas sa parole, et peuvent être jugulés par des médicaments pris préventivement, elle propose un essai sur l'évolution, les découvertes, les controverses, principalement en neurologie et psychanalyse. Mais ce n'est pas un pavé indigeste, Siri Hustvedt sait insérer beaucoup d'exemples et traduire le jargon en langage clair et parlant. Dissociation, souvenirs et leurs liens avec les lieux, la douleur, que de thèmes passionnants sont abordés.



Sans oublier la lecture:

"C'est par la lecture que nous nous approchons le plus de cette pénétration de l'esprit d'un autre. La lecture est l'arène mentale où des styles de pensée différents, tels le dur et le tendre, et les idées qu'ils engendrent deviennent le plus apparents. Nous avons accès au narrateur interne d'un inconnu. Lire, après tout, est une façon de vivre à l'intérieur des mots d'autrui. Sa voix devient, le temps de la lecture, mon narrateur ou ma narratrice. "



Quand elle lit, elle voit dans sa tête des images, les lieux, les personnages (moi aussi et je croyais cela universel) mais elle a rencontré un homme qui, lui, ne voit que des mots.



Pas un roman, donc, mais un essai, passionnant.


Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Je suis arrivée à ce livre par écho à mon histoire personnelle. Un soir, il y a 4 ans et demi, je me suis mise à trembler tout en conservant toutes mes facultés intellectuelles et la capacité de parler, interagir, prendre des décisions, etc. Depuis, j'ai un diagnostique (épilepsie) mais le parcours de cette "femme qui tremble" m'intéressait.

Le livre est plein de connaissances et de références... peut-être un peu trop.
J'ai retrouvé beaucoup de choses connues, pour avoir un peu lu Freud à la fac mais aussi apprises ici et là, notamment dans le roman "La Chambre aux échos" de Richard Powers.
Je me suis un peu perdue dans certains enchainements, ayant l'impression qu'en vulgarisant et choisissant ses extraits, l'auteur pliait par moment les logiques pour qu'elles aillent dans le sens de son propos (et de sa démarche personnelle vis à vis de son symptôme). Mais c'est là, sans doute, le propre de l'essai, lecture à laquelle je reste peu habituée.

Pour ce texte, il ne faut pas se laisser prendre par un résumé qui laisse entendre qu'on va suivre Siri Hustvedt sur son propre parcours vers "la femme qui tremble". Elle s'attarde plus sur son parcours passé que sur ce symptôme de tremblements.
A lire si on s'intéresse à la psychanalyse, la psychiatrie, la neurologie et tout ce qui s'articulent autour de ces maux du corps, du cerveau et de l'esprit.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
J’ai souvent pensé aux phrases écrites par D.W. Winnicott, un psychanalyste et pédiatre anglais : « Se réfugier dans la normalité, ce n’est pas la santé. La santé tolère la mauvaise santé ; à vrai dire, la santé gagne énormément à se trouver en contact avec la mauvaise santé sous tous ses aspects ». Je comprends cela comme signifiant que la santé peut tolérer un certain degré de désintégration. A un moment ou à un autre, il nous arrive à tous de tomber en morceaux et ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Il est possible qu’un tel état d’unité brisée favorise une créativité souple et ouverte consubstantielle à la santé (p. 108).
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L'idée que nous ne sommes pas faits d'une seule substance, mais de deux, que l'esprit n'est pas matière reste une composante de la pensée de nombreux individus dans le monde entier. [...] Mon esprit est-il la même chose que mon cerveau? Comment l'expérience humaine peut-elle s'originer dans une matière blanche et grise? Qu'est-ce qui est organique et qu'est-ce qui est inorganique?
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On ne peut séparer de l'imagination la faculté de se souvenir. Elles vont main dans la main. A un degré ou à un autre, nous inventons tous nos passés personnels. Et pour la plupart d'entre nous, ces souvenirs sont composés de souvenirs colorés par l'émotion. Les affects confèrent à l'expérience du sens ou de la valeur, pour reprendre le terme de certains philosophes.
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Cicéron élabora l'idée d'un locus comme instrument de mémorisation verbale. Un orateur pouvait apprendre un long discours en imaginant une maison à travers laquelle il se promenait, attachant chaque partie de son discours à un point différent, table, tapis ou porte, dans les différentes pièces. Mon père utilisait cette technique pour mémoriser ces discours et cela semblait efficace. La promenade au coeur d'une architecture imaginaire devient l'espace à l'intérieur duquel on peut fixer des pensées verbales et séquentielles.
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Même quand j'écris, c'est inconsciemment qu'est engendrée une bonne partie de ce que j'écris. Je devine sous mes mots un monde préconscient d'où je les extrais, pensées non encore articulées mais potentiellement présentes, et quand je les trouve je crois à leur justesse ou leur fausseté.
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Videos de Siri Hustvedt (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Siri Hustvedt
Dans ce nouvel épisode des Éclaireurs de Dialogues, nous vous proposons une plongée dans l'univers de Diglee.
"Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'à leur terme. Elles ont été seulement vécues." Cette phrase d'Annie Ernaux, présentée en exergue de son livre le Jeune Homme, résonne pour notre invitée, qui pratique elle aussi une écriture de l'intime.
Artiste aux multiples talents, Diglee s'exprime par le dessin et les mots, par l'humour et le sérieux, et ne cesse de nous surprendre de livre en livre. Elle est aussi une autrice engagée et une passeuse de livres. Au fil de la conversation, il est question notamment de l'importance des traces, de harcèlement de rue, de poétesses oubliées et d'une retraite en Bretagne. Et trois libraires de Dialogues, Nolwenn, Laure et Marine, présentent chacune un livre de Diglee qui les a marquées.
Bibliographie :
- Atteindre l'aube, de Diglee (éd. La ville brûle) https://www.librairiedialogues.fr/livre/22262120-atteindre-l-aube-diglee-la-ville-brule
- Ressac, de Diglee (éd. Points) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20654146-ressac-diglee-points
- Je serai le feu, de Diglee (éd. La ville brûle) https://www.librairiedialogues.fr/livre/19776423-je-serai-le-feu-diglee-la-ville-brule
- Libres ! Manifeste pour s'affranchir des diktats sexuels, d'Ovidie et Diglee (éd. Delcourt) https://www.librairiedialogues.fr/livre/11420971-libres-manifeste-pour-s-affranchir-des-dikt--diglee-delcourt
- le Jeune Homme, d'Annie Ernaux (éd. Gallimard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20614397-le-jeune-homme-annie-ernaux-gallimard
- Se perdre, d'Annie Ernaux (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/586873-se-perdre-annie-ernaux-folio
- L'occupation, d'Annie Ernaux (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/161352-l-occupation-annie-ernaux-folio
- La Force des choses, de Simone de Beauvoir (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16283-la-force-des-choses-simone-de-beauvoir-folio
- Les Grands Cerfs, de Claudie Hunzinger (éd. J'ai lu) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16878883-les-grands-cerfs-roman-claudie-hunzinger-j-ai-lu
- Mon corps de ferme, d'Aurélie Olivier (éd. du commun) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21689916-mon-corps-de-ferme-aurelie-olivier-ed-du-commun-rennes
- Ligne de fuite, de Sarah Baume (éd. Notabilia) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21661963-ligne-de-fuite-sara-baume-les-editions-noir-sur-blanc
Au cours de la conversation sont aussi citées plusieurs autres autrices : Virginia Woolf, Siri Hustvedt, Marie Darrieussecq, Édith Boissonnas, Benoîte Groult.
Et l'émission que Diglee écoute tous les soirs depuis ses 13 ans est Parlons-nous, de Caroline Dublanche, sur RTL !
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