AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de syannelle


"Elle avait, depuis longtemps, appris à ne pas troubler les soirées de son mari par le récit de la banalité de ses propres journées.(...) Des millions de femmes, à la vie plus sinistre que la mienne, doivent survivre quotidiennement à ces expériences, s'était-elle dit. Mais elles ne pleurent pas. Pourquoi suis-je en train de pleurer?" (p.45)
Rachel et Thomas, un couple entre deux âges parmi d'autres dans cette histoire de sentiments humains comptée par Angela Huth. Il vivent ensemble depuis si longtemps qu'ils ne se rappellent plus la flamme du début, qu'ils vivent dans une horrible routine, un marasme quotidien.
Comme d'autres couples dans le texte que l'on suit au fur et à mesure de leur vie, ils vont recevoir l'invitation d'une amie pour passer une soirée chez elle. Contrairement à d'autres de ces couples, ils ne semblent pas heureux ensemble. Thomas est tiraillé par l'envie de partir, mais ne le peut décidément pas, et Rachel, comme le montre cet extrait, est prisonnière de sa vie, de son mari, de la peur de le déranger.
J'aime bien cette phrase car c'est l'une des plus sombres de ce livre. Il y en a des rayonnantes, mais celle-là me glace. Elle résume la déprime, l'ennui, l'austérité et la culpabilité d'une femme qui n'est pas si différente de moi que cela. Cela peut arriver de ne pas vouloir se confier, d'avoir peur de déranger, et aussi de se dire qu'il y a toujours plus malheureux que soi. Soit. Mais il y a aussi toujours quelqu'un de plus heureux également. Il n'y a pas de mal à confier son malaise, et cette phrase me met mal à l'aise car elle me touche.

Martin et Ursula. Un autre couple.
"Même après seize ans de mariage avec une femme qu'on aime profondément, avec laquelle on partage enfants, maison, proximité quotidienne, on ignore quatre-vingt-dix pour cent de ce qui lui traverse l'esprit. (...) On devait simplement espérer qu'à l'intérieur tout allait bien." (p.151)
Martin et Ursula semblent s'aimer malgré leurs années de mariage, malgré le temps, ce qui veut dire que c'est possible? Ralph, un ami proche du couple, est amoureux d'Ursula, mais d'un amour non réciproque ni partagé. On se demande comment le mari, Martin en l'occurrence, accepte cet ami vénéneux dans son entourage proche quotidiennement. Comment fait-il pour ne pas être jaloux à en crever? Moi, je serais jalouse à en crever. Enfin, encore une problématique de couple.

Il y a aussi Bill et Mary, le couple le plus âgé, et pour ma part, le plus touchant.
Un jour, Bill se demande: "Balzac a posé une très bonne question: un homme peut-il éternellement désirer sa femme? (...) Oui, définitivement oui." (p.136)
Quelle étonnante réponse. Pour ma part, je pense que le désir ne peut pas être éternellement le même mais qu'il change et ainsi peut vivre éternellement. Donc je suis d'accord. On change, on vieillit, on aime et on déteste, on aime et on hais tour à tour, mais au final, on vit. Et ce couple est étonnant malgré son âge, ils sont juste attachants. On dirait que l'un et l'autre savent s'écouter et dire ce qu'ils ont à dire, simplement.
Et en même temps, on ne sait pas pourquoi entre eux ça marche et pas avec d'autres. Pourquoi avec eux ça marche, qu'est ce qui fait qu'ils s'aiment encore, au delà de l'amour physique et de la passion?

Je n'ai pas encore lu la soirée d'invitation elle-même, qui ne comporte que quelques pages. La plus grande partie du livre se focalise sur les couples et leurs sentiments respectifs, sur leurs émotions, et je dois dire que la manière de décrire ces dernières est très fine, précise et réussie. Ce livre ne part pas à cent à l'heure, n'a pas un rythme rapide, mais s'attelle à pénétrer dans la relation de couple de chaque personnages, dans leur vécu au jour le jour. J'imagine que la soirée finale va bouleverser leurs vies d'une manière ou d'une autre. Je vous tiendrai au courant. Un livre qui fait assurément réfléchir en tout cas...
...
Le repas a finalement eut lieu. Nos couples se sont retrouvés. Il y a eu des surprises, comme pour Thomas, qui après avoir avoué son amour à Rosie, et s'être rendu compte de l'impossibilité d'une telle relation, a finalement décidé qu'il resterait avec Rachel, sa femme.
Cette dernière, contre toute attente, à trouvé en Ralph, le célibataire impénitent, un être avec qui tout partager, y compris ses désirs les plus enfouis. Ainsi, le bal des surprise se referme sur la joie de certains qui trouvent chaussure à leur pieds.
D'autres repartent à leur routine quotidienne.
Mary se retrouve seule, car Bill son mari s'est éteint quelques temps avant, la laissant, là aussi contre toute attente, étrangement sereine.
Ursula et Martin restent fidèles à eux-même.

Un livre qui retrace la profondeur du sentiment de solitude qui peut étreindre chacun d'entre nous, mais aussi la force des liens d'entraide. Par dessus tout, chaque destin s'écrit au fur et à mesure des jours qui passent. Certaines choses changent, des sentiments d'amour se transforment mais restent présents.

J'aime la douceur de la langue d'Angela Huth, et viens de me commander un autre de ses livres, que je commenterai sans doute largement un jour prochain.

Bonne lecture à toutes et tous!
Commenter  J’apprécie          140



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}