Mais en fait, il n'y a qu'une seule solution, et elle peut s'exprimer en un mot de cinq lettres, tellement incongru que le marquis de Sade lui-même ne l'employait que parcimonieusement.
Il épela :
A - M - O - U - R. Ou bien, si l'on préfère l'obscurité décente des langues savantes : Agapè, Caritas, Mahakaruna.
voilà notre ironique destin, d'avoir des sentiments Shakespeariens et ( à moins que, par quelque hasard à un milliard contre un, vous vous trouviez être shakespear) n'en parler comme des vendeurs d'automobile (...)
Nous pratiquons une alchimie à rebours. Nous touchons de l'or et il se change en plomb ; nous touchons les chants lyriques de l'experience, et ils se transforment en les équivalents verbaux du fatras et des eaux grasses.
si l'on veut vivre à chaque instant tel qu'il se présente, il faut mourir à chaque autre instant
il vaut mieux trouver le mauvais chemin que d'être totalement perdu
la peur est un amusement du genre hideux
Incipit :
- Le chiendent, dans la littérature d'imagination, dit John Rivers, c'est qu'elle constitue un tout trop cohérent. La réalité ne fait jamais un tout cohérent.
- Jamais ? fis-je, d'un ton de doute.
- Peut-être, du point de vue de Dieu, concéda-t-il. Jamais, du nôtre. La fiction a de l'unité, la fiction a du style. Les faits ne possèdent ni l'une, ni l'autre. Dans la nature brute, l'existence, c'est toujours “ une sacrée chose après une autre ”, et chacune de ces sacrées choses est simultanément Thurber et Michel-Ange, simultanément Mickey Spillane et Thomas a Kempis. Le critère de la réalité, c'est son décousu intrinsèque.
Et lorsque je demandai : “ Par rapport à quoi ? ” il agita une main brune et carrée dans la direction des rayons chargés de livres.
- Par rapport à ce qui a été Pensé et Dit de Meilleur, déclama-t-il avec une feinte solennité. Puis : Chose curieuse, celles qui sont le plus proches de la réalité, ce sont toujours les fictions qui sont censées être les moins vraies.
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La morale est simplement l'usage systématique d'un langage péjoratif. Vil, bas, sale, voilà les fondements linguistiques de l'éthique.