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Citations sur Les Diables de Loudun (9)

Par certains côtés, le cas de Soeur Jeanne était essentiellement analogue à celui de Miss Beauchamp. Périodiquement, elle prenait congé de son moi habituel, et, cessant d'être une religieuse respectable de bonne famille, devenait pour quelques heures, ou quelques jours, une virago sauvage, blasphématrice et totalement éhontée, qui s'appelait tantôt Asmodée, tantôt Balaam, tantôt Léviathan.
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Toute idole, si haute qu'elle soit, se révèle, à longue échéance, être un Moloch, avide de sacrifices humains.
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Nul ne peut concentrer son attention sur le mal, ou même sur l'idée du mal, sans en être affecté. Il est extrêmement dangereux d'être plus "contre le diable" que "pour Dieu". Quiconque part en croisade a tendance à tomber dans la folie. Il est obsédé par la méchanceté qu'il attribue à ses ennemis ; elle devient en quelque sorte une partie de lui-même.
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Le bovarysme n'est en aucune façon invariablement désastreux. Au contraire, le processus par lequel on s'imagine être ce qu'on n'est pas, et par lequel on agit d'après cette imagination, est l'un des mécanismes les plus efficaces de l'éducation. (...) C'est en pensant et en agissant, dans toute situation donnée, non pas comme nous penserions et agirions normalement, mais plutôt comme nous imaginons que nous le ferions si nous étions pareils à quelque autre personne meilleure -, c'est ainsi que nous cessons finalement de ressembler à notre moi ancien, et en arrivons, plutôt, à ressembler à notre modèle idéal.
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Les moralistes reviennent constamment sur le devoir de maîtriser les passions, et, bien entendu, ils ont absolument raison de le faire. Malheureusement la plupart d'entre eux ont omis d'insister sur le devoir non moins essentiel de maîtriser les mots et les raisonnements fondés sur eux. Les crimes de passion ne sont commis que lorsque le sang est en ébullition, ce qui n'arrive qu'occasionnellement. Mais les mots sont constamment auprès de nous, et les mots (en raison, sans doute, du conditionnement de la première enfance) sont chargés d'un pouvoir de suggestion tellement puissant qu'il justifie, en quelque sorte, la croyance aux sortilèges et aux formules magiques. Bien plus dangereux que les crimes de passion sont les crimes d'idéalisme - les crimes qui sont instillés, entretenus et moralisés par des mots devenus sacrosaints. Les crimes de ce genre sont projetés quand le pouls est normal, et commis de sang-froid, avec une persévérance inébranlable, durant une longue période d'années. Au temps passé, les mots qui dictaient des crimes d'idéalisme étaient principalement religieux ; à présent, ils sont principalement politiques. Les dogmes ne sont plus métaphysiques, mais positivistes et idéologiques. Les seules choses qui demeurent inchangées sont la superstition idolâtre de ceux qui avalent les dogmes, et la démence systématique, la férocité diabolique, avec lesquelles ils agissent conformément à leurs croyances.
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Ceux qui partent en croisade, non pas pour Dieu en eux-mêmes, mais contre le diable chez les autres, ne réussissent jamais à rendre le monde meilleur, mais le laissent soit tel qu’il était, soit même parfois perceptiblement pire qu’il n’était avant que la croisade ne commençât.
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Le fait d’être un individu dans une multitude libère un homme de la conscience qu’il a d’être un moi isolé, et le fait descendre dans un domaine moins que personnel, où il n’y a pas de responsabilités, pas de bien ni de mal, pas de besoin de pensée, de jugement, ni de discrimination – rien qu’un vague sentiment d’être ensemble, rien qu’une surexcitation partagée, qu’une aliénation collective.
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« Au commencement était le Verbe… » Pour ce qui est de l’histoire humaine, cet énoncé est parfaitement exact. Le langage est l’instrument de la marche en avant de l’homme, hors de l’animalité, et le langage est la cause pour laquelle l’homme s’est détourné de l’innocence animale et de l’animale conformité à la nature des choses, pour tomber jusque dans la folie et le diabolisme. Les mots sont à la fois indispensables et funestes. Traitées comme des hypothèses explicatives provisoires, les propositions relatives au monde sont des instruments, au moyen desquels il nous est possible, progressivement, de comprendre le monde. Traitées comme des vérités absolues, comme des idoles qu’il faut adorer, les propositions relatives au monde déforment notre vision de la réalité, et nous entrainent à toutes sortes de comportements inappropriés.
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Quand le moi phénoménal se transcende, le moi essentiel est libre de se rendre compte, en le rapportant à un conscient fini, du fait de sa propre éternité, conjoint avec le fait corrélatif que tout particulier dans le monde de l’expérience participe de l’intemporel et de l’infini. C’est là la libération, c’est là l’illumination, c’est là la vision de béatitude, dans laquelle toutes choses sont perçues, telles qu’elles sont « en soi » et non pas rapportées à un moi désirant et abhorrant.
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