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Ouvrir les portes de la perception, certes, mais pour faire quoi ? Parce que c'est bien beau de se les voir ouvertes, les portes, mais si on est seul à les franchir ça peut risquer de virer malédiction très vite. Admettons que vous reveniez ensuite à notre réalité deux pixels, qu'est-ce que vous allez en faire de vos visions toutes écoutilles épanouies ? Comment allez-vous pouvoir supporter le reste de votre vie ? N'allez-vous pas vous mettre progressivement à douter de votre expérience ? Et vous dire que vous avez tout loupé : ce monde et l'autre ? Bien sûr, si vous êtes sages, vous ferez comme Aldous Huxley : vous bâtirez fièrement votre vie, vous vous instruirez des sagesses antiques, vous écrirez des livres et transmettrez votre savoir. Mais enfin, ceci n'est pas donné à la première larve venue.


J'en connais un d'ancien qui me racontait que la consommation de drogue ça peut être quelque chose qui prend la forme d'une initiation constructive si on fait ça bien, dans les règles de l'art. La transmission, vous connaissez ça, vous ? Vous savez ce que ça veut dire, vous ? Quelqu'un vous a-t-il jamais transmis quelque chose ? C'est rare, hein, on est d'accord. le gars qui te transmet quelque chose, dans la vie, tu n'as plus envie de le lâcher après, c'est une manne tombée du ciel, un don de la providence, c'est exceptionnel. Alors, quant à trouver quelqu'un qui te transmettra le savoir relatif à la consommation raisonnée et spirituelle des drogues, il va falloir lutter. Ton père, il t'a peut-être bien transmis l'idée qu'on pouvait devenir vieil ivrogne quand les choses vont pas comme il faut, mais le salaud aurait mieux fait de t'apprendre comment s'enivrer dans les règles de l'art –la préparation mentale, l'accueil physique, la gestion des doses.


Bref. Aldous Huxley n'est pas là pour nous faire la transmission. Voire, je pense qu'il souffrait du même manque que nous tous et qu'il a essayé, par les petits moyens de la prospection intellectuelle, de faire son picotin tout seul dans son coin. La mescaline est un alcaloïde actif du peyotl. Ingéré à dose convenable, elle modifie profondément la qualité du conscient. Slotkin, c'est un vieux de la vieille qui l'a bien étudiée –sans doute qu'il voulait s'en mettre un petit coup dans la cravate, comme on dit pour d'autres situations- et il a remarqué qu'elle ne semblait pas créer de dépendance accrue et qu'elle était moins toxique que toute autre substance pharmaceutique. Bref, le gros trip. Attention, le père Huxley qui prend de la mescaline, c'est pas pour aller faire la fête avec toto et nono. Il demande à des vieux cerbères de la science de lui poser des questions tout au long de son trip genre : comment tu ressens le temps ? l'espace ? qu'est-ce que tu vois ? c'est joli ? tu veux aller faire un petit tour ? Là, c'est vraiment génial parce qu'Aldous exprime ses sensations comme un petit enfant qui découvre le monde : la texture des pétales de fleurs, les couleurs irisées, la présence du fauteuil, la lumière qui tombe dessus, le caractère incongru d'une grosse automobile garée dans la rue, la profusion du temps. L'expérience de l'immortalité plus la volupté d'être quand même un être matériel. L'expérience du non-agir des philosophies orientales. Un genre de version de la joie spinoziste. Aldous par exemple, lorsqu'il regarde les plis de son pantalon sous mesca, ça lui inspire des pensées franchement jouasses :


« Voilà le genre de choses qu'il faudrait regarder. Des choses sans prétention, satisfaites d'être simplement elles-mêmes, suffisantes en leur réalité, ne jouant pas un rôle, n'essayant pas, d'une façon insensée, d' « y aller » seules, isolées du Corps-Dharma, en un défi luciférien à la grâce de Dieu. »


Aldous a fait son initiation en aval, s'instruisant des sagesses antiques, pour interpréter le plus précisément possible son expérience de consommation de mescaline. Si quelqu'un l'a guidé dans son trajet, ce sont des mecs qui connaissaient déjà tout ça, comme touchés par la science infuse, depuis des millénaires. Des morts dont il a intégrés tous les secrets mi-dits.


Les autres essais s'inscrivent dans le prolongement de cette recherche spirituelle. Pas à renier : Aldous ne fait pas partie de ces pauvres petits gars qui causent de spiritualité et de sagesses antiques pour nous aider à surmonter nos petits maux quotidiens, genre je m'entends pas avec mon conjoint, je voudrais devenir plus rigolo, j'aimerais avoir des amis plus sympas. Si on s'ouvre les portes de la perception, c'est pas pour aller s'asseoir dans un coin, ouvrir les pages blanches et essayer de recontacter les potes restés de l'autre côté pour savoir si leur raclette est bien bonne, parce qu'en ce mystique pays on se morfond que le fromage fondu ne soit pas à l'honneur. Au contraire, sors de ce corps !


« Tout épanouissement du moi personnel et séparé produit une diminution correspondante de la conscience de la réalité divine. »


Finalement, s'ouvrir les portes de la perception peut être possible à n'importe qui. Les substances, c'est pour catalyser la réaction d'intellection des plus lents d'entre nous. En vrai, l'expérience fondamentale qui permet de voir s'élargir les portes, c'est celle de la Solitude. Et ça, y a que les plus heureusement mal placés d'entre nous qui peuvent deviner de quoi ça cause. Plus un murmure, plus une ombre : le saut dans le vide.

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Outre le célèbre texte qui donne son nom à l'ouvrage, se retrouve réunis ici une vingtaine d'essais sur divers questions liées à la mystique, à la méditation, au pouvoir des mots, au progrès, bref à la philosophie de Huxley. Et même quelques poèmes. Tous sont des années 40 et montrent les préoccupations de l'auteur à cette période. On y découvre un homme d'une grande culture, au style remarquable et aux idées pour le moins novatrices cherchant à faire le lien entre orient et occident, bouddhisme zen et tradition chrétienne.
Certains textes sont passionnants, d'autres mes sont passés au-dessus de la tête ! Soit que le thème abordé ne m'ait pas fait frétiller plus que ça, soit qu'il nécessite la maîtrise de concepts religieux et philosophiques que je ne possède pas.
Les Portes de la perception, d'une soixantaine de page, est le plus abordable des textes mais reste assez peu représentatif du reste. Ceux qui cherche des délires psychédéliques en seront pour leur frais et abandonneront sans doute leur lecture très rapidement...
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C'est la relation d'une expérience à laquelle s'est prêtée Aldous Huxley, par l'ingestion de mescaline, alcaloïde actif qui provoque des hallucinations colorées ainsi que troubles psychologiques qu'on trouvera décrits ici par l'auteur du meilleur des mondes.
Ce livre est intrigant et ouvre les portes d'une introduction à la vie mystique.
Cet ouvrage d'un grand auteur, poète, journaliste et romancier est assez difficile à ouvrir mais l'est encore plus à refermer, et sa lecture est accessible à tous.
Il se révèle au fil des pages passionnant.
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En 1954, Aldous Huxley décide de tenter l'expérience de la mescaline. Il en ingère une dose, sous contrôle médical. Tout ce qui se passera dans les heures suivantes est soigneusement noté et enregistré. de là naît ce surprenant petit livre : Les portes de la perception.
Nous entrons alors avec l'auteur dans un monde mystérieux et inconnu, que tant d'autres ont parcouru avant lui. Nous découvrons avec émerveillement un nouvel univers ; la partie décrivant les modifications des perceptions visuelles m'a particulièrement frappée. Mais ce n'est pas tout. L'auteur profite de cet essai pour nous livrer ses impressions et théories sur de nombreux sujets, tels que l'éducation, l'art ou encore la religion.

Challenge XXème siècle 2020
Challenge ABC 2019/2020
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On comprend mieux pourquoi il y a si peu d'êtres illuminés au sens religieux ou mystique mais tant d'illuminés au sens hérétique du terme.
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(...)

En matière de littérature c'est un peu comme au cinéma: on est toujours un peu déçu par ce dont on attend beaucoup. le livre se divise en un peu plus d'une vingtaine de chapitres. le premier d'entre eux "les portes de la perception", s'attache à une analyse descriptive des effets liés à une ingestion de mescaline. N'imaginez pas une débauche de visualisations chaotiques et trash ou un trip du même acabit que Las Vagas Parano: plutôt qu'à un délire coloré, le lecteur assiste à l'épluchage lucide de l'intensité accrue de la perception induite par l'usage des psychotropes (l'auteur y aborde notamment la notion d'Istigkeit). Selon Huxley, qui reprend à son compte les écrits de Blake, la conscience humaine agit de façon systématique comme un filtre, ne laissant passer que les informations utiles. La mescaline est un moyen idéal d'éliminer la fonction filtre dans la mesure où son usage comporte le moins d'effets secondaires si on le compare avec les autres psychotropes.

J'ai décroché au fur et à mesure: le début était vraiment prenant, instructif, presque fascinant. Mais, à mon goût, le reste de l'essai l'était bien moins. Les tentatives d'Huxley visant à expliquer les phénomènes religieux et méditatifs en les mettant en parrallèle avec les mécanismes psychiques humains sont intéressantes mais pas franchement convaincantes.

(...)
http://lelabo.blogspot.com/2005/11/les-portes-de-la-perception-aldous.html
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Un livre philosophique et spirituel qui m'a laissé, finalement, un sentiment pour le moins étrange, et que je n'ai pas terminé.

Si Huxley est un penseur intéressant à plus d'un titre, si ses expériences et sa capacité à les décrire et à les analyser s'inscrivent dans le droit fil des ouvrages spirituels classiques, le style un peu bouffi de son écriture m'a vite décontenancé.

Pourtant la vision d'Huxley, par exemple sur les canaux énergétiques propres à chaque individu ou sur la dissolution de l'égo et ses conséquences, m'apparaît très juste.

Cependant j'ai eu l'impression de me retrouver face à certains concepts théosophiques, ou finalement l'intellect prend largement le dessus sur l'intuition.

Le potentiel d'ouverture est là, mais les mots choisis, les formules alambiquées, le côté mécanique de l'écrit, m'ont perdu en cours de route.

J'y reviendrais peut-être un jour.

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Bien qu'un peu complexe à première vue, cet ensemble de pensées témoigne très clairement du génie d'Huxley, et le montre sous un autre jour qu'un simple auteur se résumant à le Meilleurs des Mondes.
Le texte principal s'accorde à retransmettre une expérience qu'Huxley à réaliser, prenant de la mescaline (puissant psychotrope) pour en faire partager les effets produits. Outre l'idée que j'ai trouvé vraiment innovante et intéressante, la réalisation est aussi au rendez-vous car la description de l'expérience est aussi bien réalisée que les pensées qu'elle engendre sont poussées, intelligentes et pleines de lucidité (en débit de son état). Plus largement, il s'interroge aussi sur le réel et sa réalité singulière et personnelle, essayant de nous la faire partager du mieux qu'il peut.
Un livre philosophique plein d'ambitions et de bonnes idées, à lire sans trop hésiter.
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Je comprends parfaitement la raison pour laquelle le traducteur Jules Castier et/ou l'éditeur français Jean-Claude Zylberstein de ce volume paru en 1954 a/ont choisi, avec ou sans l'assentiment ou l'encouragement de l'auteur, d'y rassembler, sous le titre de Les Portes de la Perception, le récit autobiographique de l'expérience d'ingestion d'une dose de mescaline suivi d'une série interminable de textes de mystique chrétienne est bouddhique (et quelques autres sujets non sans rapport). Il est à noter de surcroît que l'ensemble de ces textes étaient encore inédits en Angleterre et certains parus dans des volumes collectifs aux États-Unis, pays visiblement plus ouvert à dédouaner, dans un contexte ouvertement religieux, ce qu'il faut bien qualifier de dithyrambe de l'expérience de la prise d'une drogue psychédélique, recommandée notamment aux intellectuels et même systématiquement dans le cadre d'une « instruction plus réaliste » (p. 68) aux ecclésiastiques... (Une splendide utopie, indiscutablement, que d'imaginer dans l'immédiat après-guerre, une société de clergymen camés !)
Pour moi qui avais jadis trouvé insurmontable l'écueil de la lecture complète de ce monument gigantesque qu'est la Philosophie Éternelle du même Huxley, certains de ces textes de mystique qui suivent le récit autobiographique ont constitué une opportune introduction à cet autre volume, et je ne manquerai pas d'y revenir, si jamais l'envie ou le besoin me prenaient de reprendre en main la Philosophia Perennis. Mais actuellement, la même raison qui m'avait poussé à l'abandonner a produit un effet identique aux deux tiers de cet ouvrage-ci. Une petite aggravation est due au fait que si, dans les années 40, le sentiment de connexion à un Réel immanent et unitaire et intemporel provoqué par un hallucinogène sur Huxley pouvait le surprendre et étonner le lecteur, surtout pour sa similitude avec autant d'expériences mystiques issues de tant de traditions religieuses et d'époques différentes, il est depuis attesté que ce ressenti est extrêmement commun, presque banal dans une multitudes d'états d'altération de la conscience, avec ou sans prise de psychotropes. Mon idée serait que ce sentiment et cette vision mystique spécifiques – et n'en est-il pas de façon analogue des récits des expériences de mort imminente qui se ressemblent relativement aussi, n'est-ce pas amie Colimasson ? – relèveraient d'un archétype jungien, dans la mesure où il est « attendu » voire même « recherché » inconsciemment par l'individu consommateur auquel cet archétype appartient en tant que partie de son univers culturel symbolique collectif. La transe chamanique nous en enseigne plusieurs autres, tout aussi répandus dans L Histoire et à travers des géographies très étendues, au point d'être presque mépris pour des universels : il suffit pour les (re-)connaître de lire Mircea Eliade...
L'enthousiasme pour les drogues psychédéliques (ou autres) a également fait son temps, me semble-t-il, et il n'y a plus que les esprits grossièrement prohibitionnistes ainsi que les anachronistes inguérissables qui en soient restés au manichéisme de la réprobation ou bien de l'apologie de la drogue. Les autres, en bonne foi ne peuvent faire l'économie de connaissances et de réflexions sociologiques, psychologiques voire psychiatriques – qui pourraient, éventuellement et mutatis mutandis, être appliquées aussi au champ du mysticisme sans plus passer pour du blasphème... (je pense à Faire l'amour avec Dieu de Catherine Clément).
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On ne le dira jamais assez combien Aldous Huxley est brillant, un visionnaire, une ouverture d'esprit remarquable et une clarté d'esprit tout autant remarquable.
Ce livre s'ouvre sur le court essai Les portes de la perception. Où l'auteur explique et relate de façon étonnante car claire son expérience de prises de mescaline. Comparaisons, réflexions... Il nous aide à bien comprendre, même si, évidemment, l'expérience personnelle reste indicible.
Plein de petits textes suivent sur des thèmes spirituels et terrestres. Sur Dieu, dieu, Dieux et dieux. Entre autres. Il y a à boire et à manger, Huxley semble vraiment toucher sa bille, est un vrai expert. Je trouve en tout cas qu'il reste cohérent de bout en bout dans sa pensée, attitudes et actes. Alors qu'on le suive ou pas, ce fait est déjà en soi plus qu'appréciable. Et perso, je le suis.
Une lecture plus qu'intéressante donc, qui je crois est accessible même à ceux qui n'ont encore jamais ou rarement ouvert de livre "spirituels". Il est accessible, et la porte vous est ouverte, vous reste ouverte et vous restera ouverte longtemps car ce livre n'est pas près de s'épuiser.
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