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EAN : 9782842055066
63 pages
1001 Nuits (22/11/2000)
3.89/5   74 notes
Résumé :
À vau-l'eau, bref roman publié en 1882, décrit l'existence monotone d'un employé de bureau, Folantin, célibataire et hypocondriaque. Sa vie se résume à l'inconvénient de dîner dans de piètres restaurants, et d'aller de déceptions en déceptions culinaires. Englué dans la médiocrité de son quotidien, Folantin se révolte parfois contre son existence. Il retombe très vite dans son spleen noir. Il est l'exact revers de Des Esseintes, le célèbre personnage dandy de À rebo... >Voir plus
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A vau-l'eau, c'est la poisse d'une journée qui va tout envenimer ! Eh oui, tout commence quand monsieur Folantin arrive en retard à son bureau. Réprimandé par son chef, notre héros vivra une journée remplie d'étourderie, de maladresse, occasionnant des frustrations qu'il croit pouvoir éradiquer pendant le dîner autour d'un bon plat qui l'attend chez lui. Eh bien, dommage, le dîner également est une offense de plus qui va clôturer sa journée! A vau-l'eau, c'est un petit livre qui traite exclusivement du goût face à l'ennui! En effet, que nous reste-t-il dans la solitude si ce n'est de rechercher du goût sur une quelconque chose dont on dispose, pour tuer l'ennui! Saut que pour notre héros, le gout s'est évaporé, il ne lui reste plus qu'à rechercher du goût dans la nourriture. Il commence d'abord par congédier sa bonne et en prend une autre. Puis, il va d'un restaurant à un autre, même quand il tombe sur une pâtissière qui lui fait parvenir ses mets à domicile, toutes ces tentatives n'ont fait que refléter le gout fade de la vie qui déjà respire au dedans de lui. Comme quoi, c'est de l'intérieur que nous vient le véritable goût de la vie...
Une belle écriture mais qui nous dépeint une vie tellement ennuyeuse que les pages de ce livre semblent se rallonger dans la lecture!
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Joris-karl Huysmans entra en 1866 au ministère de l'Intérieur en qualité d'employé, il allait y demeurer trente deux longues années. Autant dire que l'écrivain puisa à la source du petit fonctionnaire les observations, récriminations et agacements de son triste héros Jean Folantin.

Huysmans a fréquenté les mêmes meublés, les mêmes gargotes, trainé sur les mêmes quais à bouquinistes son ennui.
Là doit sans doute s'arrêter l'inspiration puisée dans la vie réelle. Et il faudrait quitter Folantin pour s'attacher au cycle des romans d'un autre de ses héros, Durtal pour retrouver les sentiments tout juste travesti, qui taraudaient Huysmans.


Drôle, cynique, d'un acuité d'observation acerbe sur le petit Paris de ce début de vingtième siècle, A vau-l'eau, distille l'ennui existentiel de Folantin comme plus tard "A rebours" évoquera celui, plus esthétisant, d'un des Esseintes.
Tout le grand Huysmans est déjà là. Ces observations et ses descriptions précises et inventives, son amour du quartier St Sulpice, sa recherche d'un petit confort bourgeois fait de nourritures terrestres et intellectuelles acceptables.
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J'y ai lu plusieurs choses que je connais d'ailleurs... La bureaucratie médiocre, avec sa hiérarchie, son travail répétitif, ses mesquineries et ses promus par relations... Ca, c'est du Dostoïevski, c'est du Balzac. le personnage principal, que je n'ose pas qualifier de héros, est petit, vieilli avant l'âge, mal habillé, boiteux, timide... Un de ces hommes que l'on ne regarde pas, auquel on ne fait pas attention.
Ensuite, j'ai lu un homme qui s'enferme dans un quotidien répétitif, sans famille, sans ami, sans passion. Il traîne sa peine, son spleen, dans les rues de Paris – les plus belles pages sont celles qui décrivent les promenades du personnage le long des quais, ses flâneries devant les boîtes des bouquinistes sur les quais de Seine. Mais ce loisir aussi lui échappe peu à peu, il n'est pas particulièremet cultivé, ne cherche pas à l'être. Il essaye alors de remplir sa vie par le confort matériel, comme le personnage de la nouvelle le Pigeon de Patrick Süskind, en se repliant sur son logement. Mais, là non plus, rien ne va : son concierge fait mal son ménage, sa fumée ne le chauffe pas assez, ses meubles sont viellots, ses papiers peints défraîchis... Il n'arrive pas à trouver de bon restaurant et multiplie les mauvaises expériences d'oeuf pas assez cuit, de boeuf trop dur, de vin aigre...
L'écriture nous fait passer par différents sentiments face au personnage, puisqu'on alterne donc entre la moquerie, la pitié, le frisson mêlé d'inquiétude – et si, moi aussi, je vivais une vie si vide ?
J'ai enfin pensé au poème de Victor Hugo « Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent dans les Châtiments, avec certains vers qui pourraient décrire le personnage de la nouvelle :
« Ceux-là vivent, Seigneur ! les autres, je les plains.
Car de son vague ennui le néant les enivre,
Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.
Inutiles, épars, ils traînent ici-bas
Le sombre accablement d'être en ne pensant pas ».

Une courte lecture, qui bouscule un peu tout en pinçant le coeur.
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Joris-Karl Huysmans de son vrai nom Charles Marie Georges Huysmans, est un écrivain et critique d'art français (1848-1907). Huysmans était le descendant par son père, d'une lignée d'artistes peintres hollandais. Certains tableaux du plus célèbre de ses ancêtres, Cornelius Huysmans, peintre à Anvers au XVIIe siècle, figurent aujourd'hui au Louvre et c'est pour mieux évoquer ses origines hollandaises, que Huysmans adopta le prénom de Joris-Karl. A partir de 1876, Huysmans collabore en tant que chroniqueur d'art, à différents journaux pour lesquels il rédige des comptes rendus des Salons de peinture et il prend la tête du combat visant à imposer l'Impressionnisme au public. A vau-l'eau est une nouvelle parue en 1882.
Jean Folantin, célibataire d'une quarantaine d'années, mène l'existence monotone d'un commis de bureau d'autant qu'il a tiré un trait sur toute vie sentimentale, « maintenant les amours étaient bien finies, les élans bien réprimés ; aux halètements, aux fièvres avaient succédé une continence, une paix profonde ; mais aussi quel abominable vide s'était creusé dans son existence depuis le moment où les questions sensuelles n'y avaient plus tenu de place ! » Par contre, comme chacun sait, le seul plaisir qui puisse durer jusqu'à notre dernière heure, est le plaisir de la table. Encore faut-il trouver une bonne adresse et c'est là, le sujet de cette nouvelle et l'activité principale de Folantin. Trouver une gargote, un bouillon ou une taverne où la viande soit mangeable et la nappe relativement propre, ne sera pas une mince affaire…
Si ce Jean Folantin est le prototype parfait du petit fonctionnaire célibataire qui végète dans son coin – un personnage que l'on croise souvent dans la littérature de cette époque – c'est aussi, le clone de l'auteur qui met beaucoup de lui dans cette nouvelle. Les lieux sont ceux que Huysmans à beaucoup fréquentés, ce quartier de Paris qui s'étend entre Saint-Germain-des-Prés et Saint-Sulpice, les restaurants sont souvent ceux où Huysmans mangeait et comme l'écrivain, Folantin est un fonctionnaire s'ennuyant dans son travail. La seule différence, de taille, entre ces deux-là, l'un erre l'esprit vide quand l'autre vit sa passion, écrire.
Une vie terne, sans passions, sans buts. Une existence comme suspendue dans le temps et qui n'a pour se raccrocher au réel que ce banal et trivial souci, trouver un restaurant correct pour manger ! D'autres écrivains écriraient et ont écrit sur la quête de l'amour, Huysmans choisit la recherche de nourriture. A défaut d'amour qu'on trouve un plaisir. Voilà qui ne manque pas d'originalité.
Si le lecteur s'amuse souvent devant les déboires endurés par le malheureux Folantin, il devra néanmoins accepter le constat final pessimiste : « Allons, décidément, le mieux n'existe pas pour les gens sans le sou ; seul, le pire arrive. »
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M. Folantin a quarante ans, un emploi de bureau médiocre. Il est célibataire et hypocondriaque. Il traîne le dégoût de la solitude et d'une existence médiocre. Un soir plus triste que d'autres, « un grand découragement le poigna ; le vide de sa vie murée lui apparut, et, tout en tisonnant le coke avec son poker, M. Folantin penché en avant sur son fauteuil, le front sur le rebord de la cheminée, se mit à parcourir le chemin de croix de ses quarante ans, s'arrêtant, désespéré, à chaque station. »
Ce qui tombe sur le dos de l'amer Folantin, c'est le taedium vitae. Les quelques sursauts de tempérament qu'il éprouve sont tous mouchés comme des flammes trop courtes. Folantin se laisse envahir par l'indolence et cultive une certaine incapacité à éprouver des satisfactions. Tout n'est que pétard mouillé entre ses mains : ce cigare ne tire pas, cette viande est sèche, ce vin a un goût d'encre. Puisque rien ne le contente, Folantin se laisse aller à l'abattement. « Ni le lendemain, ni le surlendemain, la tristesse de M. Folantin ne se dissipa ; il se laissait ailler à vau-l'eau, incapable de réagir contre ce spleen qui l'écrasait. […] Peu à peu, il glissait à un alourdissement absolu d'esprit. » Il est très drôle de constater que le dégoût de la vie naît chez Folantin d'un dégoût de la nourriture : aucun plat, aucun restaurant ne trouve grâce à ses yeux. Mal nourri et affamé, sa faim inassouvie se reporte et se cogne à toutes choses. Rien ne sublime chez lui : Folantin est guidé par l'appétit premier, obsédé par la mangeaille.
La fin est délicieusement sordide. Huysmans ne cache qu'à peine son mépris pour cet escogriffe à la triste figure. On peut voir dans cette nouvelle une image en creux du roman À rebours. le personnage éprouve le même dégoût de la vie et la même impossibilité à supporter son siècle. Mais Folantin n'a pas la richesse de Des Esseintes et il n'éprouve que de maigres consolations là où le dandy décadent d'À rebours croit noyer son malaise dans des dépenses folles. Folantin n'est pas un esthète, il n'aspire pas au beau. Son malaise est et reste physique, alors que celui de Des Esseintes lui fait vouloir toujours plus et toujours mieux.
Cette nouvelle est intéressante et délicieusement cynique, mais il y manque un je-ne-sais-quoi qui la rendrait inoubliable. Néanmoins, Huysmans maîtrise encore et toujours sa plume. Dans ses textes, le langage s'anime plus fortement qu'ailleurs.

Lien : http://www.desgalipettesentr..
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
On eût dit de gens sans famille, sans amitiés, cherchant des coins un peu sombres pour expédier, en silence, une corvée, et M. Folantin se trouvait plus à l’aise dans ce monde de déshérités, de gens discrets et polis, ayant sans doute connu des jours meilleurs et des soirs plus remplis. Il les connaissait presque tous de vue et il se sentait des affinités avec ces passants, qui hésitaient à choisir un plat sur la carte, qui émiettaient leur pain et buvaient à peine, apportant avec le délabrement de leur estomac, la douloureuse lassitude des existences traînées sans espoir et sans but.
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Comme le mariage brisait tout ! on s’était tutoyé, on avait vécu de la même existence, l’on ne pouvait se passer les uns des autres et c’est à peine si l’on se saluait à présent lorsqu’on se rencontrait. L’ami marié est toujours un peu embarrassé, car c’est lui qui a rompu les relations, puis il s’imagine aussi qu’on raille la vie qu’il mène et enfin, il est, de bonne foi, persuadé qu’il occupe dans le monde un rang plus honorable que celui d’un célibataire, se disait M. Folantin.
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... il jugea que la solitude avait du bon, que ruminer ses souvenirs et se conter à soi-même des balivernes était encore préférable à la compagnie des gens dont on ne partageait ni les convictions, ni les sympathies; son désir de se rapprocher, de toucher le coude de son voisin cessa et, une fois de plus, il se répéta cette désolante vérité: que lorsque les anciens amis ont disparu, il faut se résoudre à n'en point chercher d'autres, à vivre à l'écart, à s'habituer à l'isolement.
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Tous ces romans avaient été rédigés par d’incontestables imbéciles et M. Folantin filait vite, ne reprenant haleine que devant les volumes de vers qui battaient de l’aile à toutes les brises. Ceux-là étaient moins dépiautés et moins souillés, attendu que personne ne les ouvrait. Une charitable pitié venait à M. Folantin pour ces recueils délaissés. Et il y en avait, il y en avait ! des vieux datant de l’entrée de Malekadel dans la littérature, des jeunes, issus de l’école d’Hugo, chantant le doux Messidor, les bois ombreux, les divins charmes d’une jeune personne qui, dans la vie privée, faisait probablement la retape. Et tout cela avait été lu en petit comité et les pauvres écrivains s’étaient réjouis. Mon Dieu ! ils ne s’attendaient pas
à un retentissant succès, à une vente populaire, mais seulement à un petit bravo de la part des délicats et des lettrés ; et rien ne s’était produit, pas même un peu
d’estime. Par ici, par là, une louange banale dans une feuille de chou, une ridicule lettre du Grand-Maître pieusement conservée, et ç’avait été tout.
Ce qu’il y a de plus triste, pensait M. Folantin, c’est que ces malheureux peuvent justement exécrer le public, car la justice littéraire n’existe pas ; leurs vers ne sont ni meilleurs, ni pires que ceux qui se sont vendus et qui ont mené leurs auteurs à l’Institut.
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Dépourvu d'argent comme il l'était, ne pouvant prétendre à lever des filles dans un bal, il s'adressait aux affûts des corridors, aux malheureuses dont le gros ventre bombe au ras du trottoir ; il plongeait dans les couloirs tâchant de distinguer la figure perdue dans l'ombre ; et la grossièreté de l'enluminure, l'horreur de l'âge, l'ignominie de la toilette et l'abjection de la chambre ne l'arrêtaient point. Ainsi que dans ces gargotes où son bel appétit lui faisait dévorer de basses viandes, sa faim charnelle lui permettait d'accepter les rebuts de l'amour. Il y avait même des soirs où sans le sou, et par conséquent sans espoir de se satisfaire, il traînait dans la rue de Buci, dans la rue de l'Egout, dans la rue du Dragon, dans la rue Neuve-Guillemin, dans la rue Beurrière, pour se frotter à de la femme ; il était heureux d'une invite, et, quand il connaissait une de ces raccrocheuses, il causait avec elle, échangeait le bonsoir, puis il se retirait, par discrétion, de peur d'effaroucher la pratique, et il aspirait après la fin du mois, se promettant, dès qu'il aurait touché son traitement, des bonheurs rares.
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