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Critique de NMTB


NMTB
20 décembre 2014
« Là-bas » finissait à peu près sur une messe sataniste dans une petite chapelle du sud parisien. « En route » commence (après d'habituelles invectives sur la bassesse du monde moderne) à quelques mètres de là, dans une autre église, par la conversion de Durtal, personnage principal et double de Huysmans. La première partie raconte les turpitudes de cette conversion et la seconde partie, la retraite dans une trappe, c'est-à-dire un monastère trappiste. On retrouve le style d'« à rebours », la recherche du mot rare, les belles analogies, les descriptions minutieuses des oeuvres d'art, seulement, ces descriptions portent exclusivement sur des oeuvres religieuses. le plain-chant pour le côté musical, les églises pour les arts plastiques et l'architecture, mais aussi les messes latines, traitées sous la plume de Huysmans comme de véritables oratorios. En ce qui concerne la littérature, c'est tout le corpus mystique qui nous est détaillé. Par exemple, Huysmans nous relate les affreux tourments d'une certaine sainte Lydwine, dont je ne peux pas m'empêcher de citer un passage survenant après la description de tous les outrages inimaginables déjà supportés : « Sur ces entrefaites, la peste ravage la Hollande, décime la cité qu'elle habite ; elle est la première atteinte ; deux pustules se forment, l'une, sous un bras, l'autre, dans la région du coeur. Deux pustules, c'est bien, dit-elle au Seigneur, mais trois seraient mieux, en l'honneur de la Trinité Sainte ; et aussitôt un troisième bouton lui crève la face ». Idem dans l'extrême horreur pour les visions d'une autre mystique que nous rapporte Huysmans au sujet des souffrances du christ ; comparée à ces visions, la Passion selon Mel Gibson est une joyeuse comédie. En abusant d'un autre anachronisme, on pourrait dire que le fort penchant de Durtal pour le latin, les arts primitifs, le moyen-âge et surtout son aversion du monde moderne, fait de lui un traditionaliste. Mais, il ne faut pas perdre de vue que c'est l'ensemble du monde séculier qui le dégoûte, clergé et bigots y compris ; seul trouve grâce à ses yeux le clergé régulier, coupé du monde. En effet, ce qui intéresse Durtal c'est la relation directe avec Dieu, telle qu'ont pu la relater les mystiques et que seuls les ordres monastiques sont susceptibles d'encore véhiculer. Dans ce monde clos qu'est un monastère, Durtal se rend compte, qu'il est impossible de trouver la foi si l'on n'arrive pas à abandonner sa raison, à tel point que les plus ingénus sont les plus saints. Les attaques diaboliques subies par Durtal ne sont que les instincts sexuels qu'il n'arrive pas vraiment à réprouver et son double raisonneur qu'il n'arrive pas à faire taire. Ainsi, on comprend mieux ce que peut être un miracle pour un croyant. Un évènement anodin prend des dimensions merveilleuses dans une vie ancrée dans la modestie. de simples changements d'humeur sont autant de manifestations divines. Au fond, Durtal ne fait que regretter l'innocence perdue.
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