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EAN : 9782841005819
1370 pages
Bartillat (30/04/2015)
4.71/5   7 notes
Résumé :
Réunis pour la première fois en un seul volume, ces quatre romans de J.-K. Huysmans ont en commun le même personnage principal : Durtal. Le disciple de Zola avait déjà pris ses distances avec le naturalisme à la parution d' À rebours. Avec Là-Bas, il s'en détachera irrévocablement, préférant flirter avec le Diable. Son héros, écrivain comme lui, mènera une enquête approfondie sur les milieux satanistes de la fin du XIXe siècle. Pourtant, son évolution spirituelle n'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Zola, chef et fondateur de l'école naturaliste, occulte un peu ses collègues et disciples auprès des lecteurs. On ne jure que par ce romancier facile, répétitif et bien-pensant, moins pour son art du roman, qui reste assez grossier, que pour ses homélies à grandes idées généreuses. Pourtant le groupe naturaliste comprenait aussi Joris-Karl Huysmans, romancier pratiquant l'écriture artiste, disciple un temps de Zola, exclu par lui pour divergences idéologiques plus que par esthétique. Il y a deux Huysmans : le premier, dont les romans initiaux et les nouvelles sont publiés en un volume de la collection "Bouquins" (Robert Laffont), et l'autre, le naturaliste converti au christianisme, dont les quatre romans consacrés à la foi sont publiés par Bartillat : c'est le présent volume.

Ces quatre romans, fortement autobiographiques, racontent la transformation d'un personnage nommé Durtal, double assez transparent de l'auteur. D'abord préoccupé de spiritualité, commençant par le satanisme, il revient peu à peu à l'église catholique, approche les sacrements et devient à la fin oblat bénédictin, non sans hésitations, combats intérieurs et débats avec lui-même. Ces quatre romans sont donc l'histoire d'une âme, et ne se distinguent pas de la manière naturaliste. Le corps, la présence au monde physique, l'esthétique, la vie concrète et l'évolution du héros ne diffèrent des oeuvres de Zola que sur un seul point : on n'y retrouve pas le prêche laïcard, la sotte foi dans la science et le progressisme socialiste, qui font de Zola, aujourd'hui encore, un romancier lu dans les écoles.

Un dernier point rend la tétralogie de Durtal absolument remarquable. Huysmans raconte la conversion d'un intellectuel, d'un esthète, d'un écrivain, à savoir d'un être compliqué, orgueilleux, extrêmement exigeant en matière d'art et impitoyable avec la bêtise et le mauvais goût. Or en cette fin de XIX°s, la bêtise et le mauvais goût sont équitablement répartis dans le camp des progressistes et dans celui des catholiques. Les quatre romans nous racontent le compromis difficile que doit faire Durtal entre l'appel divin et la décevante réalité de l'église, ignorante, sulpicienne, empâtée dans le "bégueulisme" et l'eau bénite. Ces romans placent sur la route de Durtal quelques prêtres intelligents (dont le fameux abbé Mugnier fut le modèle), et sont contemporains du renouveau esthétique chrétien de Solesmes. l
Le chant grégorien, le goût pour les images et les usages médiévaux renaissent, une exigence de beauté s'impose dans les milieux monastiques. C'est l'occasion pour Huysmans de réfléchir à la possibilité d'un nouvel art chrétien, d'une littérature, d'une statuaire, d'une peinture qui soient à la fois modernes, belles, et témoins de la foi. L'époque où il écrit est celle de l'Age d'Argent en Russie, où l'on redécouvre les icônes auxquelles même les peintres occidentaux s'intéressent. Les pages de ces romans contiennent des manifestes fascinants pour une réconciliation de l'intelligence, de la beauté et de la foi. C'est profondément intéressant, et aussi, profondément tragique : on sait ce que 1917 a fait de l'art russe chrétien, et ce que Vatican II a fait de la beauté en terres catholiques.

Essai sur des renaissances qui auraient pu avoir lieu : c'est l'une des grandes qualités de cette tétralogie.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
[ Le héros célibataire vient de recevoir la visite d'une dame ]
Toute une bouffée de jeunesse l'enivrait. Durtal s'aperçut, étonné, dans une glace ; ses yeux fatigués éclairaient ; sa face lui semblait plus juvénile, moins usée, sa moustache moins à l'abandon, ses cheveux plus noirs. Heureusement que j'étais rasé de frais, se dit-il. - Mais, peu à peu, tandis qu'il réfléchissait, il voyait dans ce miroir, si peu consulté d'habitude, ses traits se détendre et ses yeux s'éteindre. Sa taille peu élevée qui s'était comme haussée dans ce sursaut d'âme, se tassait à nouveau ; la tristesse revenait dans sa mine songeuse. Ce n'est pas ce qu'on appelle un physique pour les dames, conclut-il ; alors qu'est-ce qu'elle me veut ? car enfin il lui serait facile de tromper son mari avec un autre ! - Ah! et puis, voilà assez longtemps que mes rêveries bredouillent ; laissons cela ; si je me récapitule, je l'aime de tête et pas de coeur ; c'est l'important. - Dans ces conditions, quoi qu'il arrive, ce seront des amours brèves et je suis à peu près sûr de m'en tirer, sans commettre des folies, en somme !

p. 135
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Mais si l'au-delà du Bien, si le là-bas de l'Amour est accessible à certaines âmes, l'au-delà du Mal ne s'atteint pas. Excédé de stupres et de meurtres, le Maréchal (de Rais) ne pouvait aller dans cette voie plus loin. Il avait beau rêver à des viols uniques, à des tortures plus studieuses et plus lentes, c'en était fait ; les limites de l'imagination humaine prenaient fin ; il les avait, diaboliquement, dépassées même. Il haletait, insatiable, devant le vide ; il pouvait vérifier cet axiome des démonographes, que le Malin dupe tous les gens qui se donnent ou veulent se livrer à lui.

p. 172
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[...] tout ce que je sais, c'est qu'après avoir été pendant des années incrédule, soudain je crois.
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Mais le monastère était, en quelque sorte, la vraie plage et le haut niveau de l'âme. L'atmosphère y était balsamique; les forces revenaient, l'appétit perdu de Dieu se ranimait; c'était la santé succédant aux malaises, le régime fortifiant et soutenu substitué à la langueur, aux exercices restreints des villes.
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