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Critique de paulinedumont86


Connaissez-vous Anne Idoux-Thivet ? Si ce n'est pas le cas, sachez qu'elle a déjà écrit un roman, L'atelier des souvenirs, une histoire pleine de tendresse que j'avais beaucoup appréciée. Pour son second roman, la magie réopère : douceur, amour, souvenirs, quête identitaire. Mais avec une nouvelle approche. Encore un très bon moment de lecture !

Trois personnages entremêlent leurs destins dans ce roman. Tout d'abord Aïko Ishikawa, japonaise qui vit en France depuis des années, fleur bleue, designer textile de talents qui s'inspire dans son travail des culbutos, ces vieux jouets pour lesquels elle a développé un vrai engouement. Angélique Meunier est mathématicienne, un peu spéciale, très seule, ce qui ne la dérange pas. Elle a du mal à se lier aux gens qui l'entourent, même sa famille, et ceci est dû à son trouble autistique. Elle aussi entretient depuis son enfance une vraie fascination pour les culbutos. Enfin, Jean-Marc Poulain est un écrivain « has-been » qui se remet bien mal du décès de sa femme qui avait développé elle-même un goût prononcé pour ces mêmes jouets vintages. Vous l'aurez compris : les culbutos forment le lien qui va réunir ces personnages aussi différents qu'esseulés. Parce qu'ils vont par hasard trouver dans leurs socles de petits mots cachés. Des phrases énigmatiques dont Jean-Marc va essayer de percer le mystère en partageant un billet sur le blog de feue sa femme, blog suivi par Aïko et par la mère d'Angélique. Les voici liés par une quête improbable : comprendre ce que faisaient ces mots dans ces vieux jouets et leur signification. Où les mènera leur quête ?

Cette histoire est d'une délicatesse infinie liant des personnages beaux et sincères. Chacun d'entre eux est inspirant à sa manière. Aïko, seule dans son pays d'accueil, trop fleur bleue pour trouver un compagnon, se dédie à son travail, aux traditions de son pays qu'elle a amenées avec elle, à ses lectures romantico-romanesques et à ses culbutos. Elle fait preuve d'une grande douceur à son rapport aux autres. Angélique est très touchante car à l'écart des autres de part son trouble autistique. On sent bien que c'est malgré elle que ses rapports aux autres sont quelque peu compliqués. Quand sa mère fait le lien entre le mot trouvé dans le culbuto de sa fille et le billet sur le blog qu'elle suit assidument, elle sait qu'elle tient là un moyen de partager quelques chose avec sa fille qu'elle aime plus que tout mais avec qui elle ne parvient pas à créer un vrai lien, et sait également que de cette manière, sa fille pourra enfin partager des choses avec d'autres personnes. Enfin, Jean-Marc est émouvant : il ne se remet pas de la disparition de sa femme, n'arrive plus à écrire et comprend que sa femme lui cachait tout un pan de sa vie, à savoir son goût prononcé pour des romances niaises, passion qu'elle partageait à travers un blog. Des années à ne rien voir, des années pendant lesquelles sa femme n'avait pas osé lui parler de ces lectures par peur de sa réaction ! Mais c'est par Jean-Marc que tout va se jouer car il va décider de remonter la pente en reprenant le blog de sa femme, en écrivant et en interpellant les lecteurs du blog sur sa surprenante découverte dans un culbuto de sa femme. Et s'il retrouvait enfin goût à la vie et à l'écriture ?

Si la construction du roman n'est pas aussi originale que dans le premier livre de l'auteur, dédiant un chapitre à chaque personnage, l'écriture empreinte de douceur nous porte dans cette histoire entre enquête, romance et amitié. Chaque personnage est en pleine construction de soi, esseulé et un peu perdu dans sa vie, et leur quête du mystère des culbutos va les amener à aller au-delà de leur zone de confort et à apprendre à faire avec les qualités et défauts de chacun. Ce roman porte sur la tolérance et le pardon, les souvenirs, le passé, et leurs impacts sur le présent, sur la construction et le dépassement de soi. L'auteur parvient avec beaucoup de brio à donner la voix à une personne autiste et nous permet d'entrevoir ce que les personnes atteintes de ce trouble peuvent ressentir – étant convenu que chaque trouble est différent, cela va de soi. L'auteur connaît bien le sujet puisqu'elle a écrit un témoignage, Ecouter l'autisme, paru en 2009 aux éditions Autrement. C'est pour cela qu'il est facile de se fier à l'auteur sur ces questions, ce qui amène une grande part d'authenticité à ce roman.

Ce qui fait aussi mouche, ce sont les objets au coeur même de l'histoire : ces culbutos vintages, qui amènent un côté retro et désuet à cette histoire qui sent bon le passé. Un sentiment de nostalgie nous envahit, d'autant plus dès qu'on commence à découvrir l'histoire – d'amour on s'en doute – derrière les petits mots cachés dans ces drôles de jouets.

Il s'agit d'un roman qu'il fait bon lire, avec des personnages attachants, un côté retro, une grande douceur dans l'écriture et dans l'histoire. Un roman qui fait du bien !
Lien : https://breveslitteraires.co..
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