Un champion d'échecs russe, en fin de carrière, se remémore les étapes importantes de sa vie.
11 chapitres comme les 11 rondes du tournoi qualificatif pour le championnat du monde d'échecs. Son dernier tournoi ?
Ilf-Eddine, l'auteur, joueur d'échecs lui-même, connait parfaitement le milieu fermé des salles obscures des tournois d'échecs.
Il sait décrire les émotions, souvent violentes, ressenties par le joueur, seul, devant les 64 cases.
Comme dans la vie, le joueur doute, s'apeure, tremble, rêve, perd et gagne...
La solitude (dévorante ?) du joueur d'échecs de haut niveau (comme celle du gardien de but) est ici bien évoquée : «Je savais que Kennedy s'était fait assassiner, que nos chars avaient mis bon ordre à l'insurrection tchèque, que Lev Yachine était le meilleur gardien de but du monde...Mais, par-delà l'intérêt de façade que je croyais bon de manifester, par-delà le respect des convenances, j'étais en réalité un spectateur passif pressé de revenir à ce qui comptait vraiment pour lui - les échecs, les échecs über alles."
Tout au long du livre, le lecteur revivra l'Histoire des échecs avec un grand H : la fameuse école soviétique des échecs, la guerre froide entre le fou-génial américain Fischer et le communiste Spassky, la bouleversante arrivée des logiciels informatiques et ses moteurs de recherche de variantes. Et puis aussi les petites histoires des joueurs d'échecs épicées d'anecdotes savoureuses.
Grâce à son style «facile à lire» (et ce n'est pas dépréciatif !), l'auteur nous lie d'amitié avec ce vieux passionné. Les moments rappelés de sa vie privée notamment sont très émouvants. Bien sûr quelques passages "échiquéens" pourront rebuter les novices du jeu (ou bien liront-ils peut-être cela comme une sorte de poésie occulte ?). «pousseurs de bois», eux, apprécieront !
Un livre plaisant à lire.