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Critique de Sharon


Je lis à rebours les enquêtes de Konrad – la 1, puis la 3 et maintenant la 2. Si Ce que savait la nuit ne m'a pas laissé de grands souvenirs, si la pierre du remords a été un coup de coeur, je peut dire que j'ai beaucoup apprécié Les Fantômes de Reykjavik.
Konrad agit ici en tant qu'ami – ou plutôt, en tant que veuf d'une amie proche. Erna, sa femme, était très amie avec le couple, et ils lui font confiance pour retrouver leur petite-fille. Parallèlement, il renoue avec la fille de l'associé de son père Eyglo – associé en termes d'escroquerie. Elle croit en l'au-delà, aux esprits, Konrad non. Dans ce second tome, ce ne sont pas des frictions qui les séparent, je dirai plutôt qu'ils ne sont pas encore suffisamment proches pour qu'une dispute ne vire pas au différent irrémédiable. Konrad enquête toujours sur la mort de son père, pas pour lui rendre justice – il est sans illusion aucune sur son père – mais pour enfin savoir. Lui-même s'était disputé avec son père le jour de sa mort, parce qu'il a appris la véritable raison de son divorce d'avec sa mère, du fait qu'elle est partie en catastrophe avec sa fille, pour mettre le plus de distance possible entre elles et lui. La jeune femme est hantée par une vision, celle d'une jeune fille, quasiment une enfant, morte noyée alors qu'elle aurait cherché à repêcher sa poupée. Cold case ? Oui. L'affaire a eu lieu en 1947, et cela n'a pas vraiment été une affaire puisque la thèse de l'accident a été la seule envisagée. Quelle adolescente de 12 ans risquerait sa vie pour sa poupée ? Aucun policier ne s'est posé la question – ou plutôt, aucun n'a voulu se poser de questions, ou que l'on en pose. Cette jeune fille n'avait pas de père, sa mère vivait dans les baraquements qui allaient être démolis. Trop pauvres pour être visibles ? Oui.
Danny, la jeune fille, était trop visible aux yeux de certains, et si Konrad la retrouve, rapidement, il est déjà trop tard pour elle. Cela ne lui ôte pas l'envie, bien au contraire, que justice lui soit rendue. Cela ne semble pas être la préoccupation première de ses grands-parents, et si je peux comprendre leur découragement – retrouver leur unique petite-fille morte est la pire chose qui puisse arriver – j'ai peiné à comprendre leur volonté de ne rien faire pour que l'enquête avance. Et je ne suis pas la seule à avoir trouvé ce postulat étonnant.
Rendre justice à toutes celles qui n'ont pas de voix, qui n'en ont jamais eu, c'est ce que Konrad et les siens (oui, sa soeur interviendra dans l'enquête) vont s'ingénier à faire. Éveiller les consciences, secouer les autres, tout est bon- et tant pis si Martha l'ancienne collègue de Konrad s'emporte quand elle découvre jusqu'où Konrad et surtout sa soeur sont capables d'aller. Si la justice est sourde, il est nécessaire d'agir autrement. Un acte commis par Beta choquera peut-être – il m'a choquée. L'inertie de la justice, le fait que certains préfèrent leur réputation à la préservation des leurs, au soin à leur donner, est pire encore.
Pour faire éclater la vérité, il faut encore que des personnes veuillent l'entendre, veuillent tout mettre en oeuvre pour que l'impunité cesse. La honte doit changer de camp ? J'ai trouvé souvent l'impression que c'est une phrase vide de sens, qui ne correspond à aucune réalité : aucun agresseur, aucune personne qui a fermé les yeux sur une agression ne semble éprouver de honte – je mets le « semble » par optimisme.
Les fantômes de Reykjavik est une oeuvre forte, comme souvent chez indridason.
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