AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Vagabond tome 23 sur 37

Eiji Yoshikawa (Antécédent bibliographique)Jacques Lalloz (Traducteur)Philippe Marcel (Adaptateur)
EAN : 9782759500000
215 pages
Tonkam (07/02/2007)
4.26/5   17 notes
Résumé :

En difficulté, Matachi voit surgir devant lui Kojiro Sasaki. Au milieu d'une neige incessante, ses tourments et son ambition finissent par être compris de Kojiro.

Que lire après Vagabond, tome 23Voir plus
Kingdom, tome 1 par Hara

Kingdom (Yasuhisa Hara)

Yasuhisa Hara

4.20★ (7847)

69 tomes

Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce tome est le vingt-troisième d'une série au long cours, qu'il faut avoir commencée par le premier tome. Elle est écrite, dessinée et encrée par Takehiko Inoué. Au Japon, sa prépublication s'effectue dans le magazine "Weekly morning" depuis 1998, en noir & blanc. En France, elle est publiée par les éditions Tonkam depuis 2001, en respectant le sens de lecture japonais, de droite à gauche. Ce tome contient les chapitres 198 à 206. Il n'y a pas d'index des personnages dans ce tome.

Ce tome commence là où le précédent s'est arrêté avec une bien étrange confrontation en plein champ entre Kojiro Sasaki et Matahachi Hon'Iden, en présence des représentants du dojo Yoshioka. Chacun dispose de ses motivations, et Matahachi se voit enfin confronté à son imposture.

Pendant ce temps-là, Denshichiro Yoshioka écoute la proposition logique de Ryohei Ueda concernant le duel à venir, contre Miyamoto Musashi. Il s'oppose catégoriquement et définitivement à cette solution. De son côté, Musashi écoute les confidences de Koetsu Hon'Ami relatives à son métier, à et sa part de responsabilité.

Enfin Matahachi Hon'Iden se retrouve face à celui dont il a usurpé l'identité, et... Comme le lecteur s'en doutait, ce face-à-face n'a rien d'une explication basique, d'une vengeance ou d'une exécution sommaire. Fidèle à ses exigences d'auteur, Takehiko Inoué montre que le contexte de la rencontre exerce une incidence directe sur son déroulement. Il ne s'agit pas de 2 individus se faisant face en dehors de toute temporalité, ou indépendamment du lieu ou des circonstances. La personnalité de Kojiro Sasaki et son histoire personnelle ont été développées durant plusieurs tomes (14 à 20), ce qui permet au lecteur de comprendre le pourquoi de ses réactions, en particulier en se souvenant qu'il ne s'engage dans un combat que s'il perçoit l'intention de son opposant d'aller jusqu'au bout.

Une fois assimilé le fait que cette confrontation ne sera pas basique, le lecteur peut alors apprécier la prise d'initiative des personnages. Kojiro Sasaki apparaît comme un individu très prévisible, mû par sa motivation de suivre le seul exemple qu'il a vraiment connu : celui de son père, bretteur de grande qualité et instructeur. Il faut prendre un peu de recul pour se rendre compte que l'auteur a réussi son pari de faire comprendre au lecteur les motivations de Sasaki qui déterminent ses actions, et pour prendre conscience que ses actes doivent apparaître aussi arbitraires qu'imprévisibles pour ceux qui l'entourent, qu'il s'agisse de Matahachi Hon'Iden ou des membres du dojo Yoshioka.

En observant le comportement de Matahachi Hon'Iden, le lecteur commence par sourire devant ce pleutre doublé d'un imposteur, qui se démène comme un beau diable pour sauver sa vie, malgré son manque de qualité morale. Une fois cette attitude condescendante passée, il se rend également compte que le portrait psychologique de ce personnage est des plus fins. Il se retrouve à quatre pattes par terre en train d'essayer d'échafauder une combine pour sauver sa peau, mais au final c'est le seul qui plaide pour épargner une vie plutôt que continuer les affrontements jusqu'à ce que mort s'en suive.

Takehiko Inoué se retrouve à dépeindre une scène qui peine un peu à convaincre entièrement, au cours de laquelle Matahachi plaide au pied de Sasaki pour sa mansuétude, alors que ce dernier est sourd. Néanmoins le côté artificiel de ce dialogue de sourds (elle était facile celle-là) es atténué par la force du cri du cœur du plaideur. Il n'est pas possible de prendre fait et cause pour ce profiteur sans remord, mais il est impossible de rester insensible à son humiliation intérieure. L'auteur compose une séquence magnifique au cours de laquelle Matahachi constate que Kojiro Sasaki est tout ce qu'il souhaitait devenir, sans espoir de jamais y arriver. Le lecteur a compris que quelle que soit la volonté de Matahachi, il ne dispose pas des capacités pour devenir l'égal de Musashi, alors que Sasaki l'est de manière éclatante, et mérite d'être son ami à ses côtés, ce dont rêvait Matahachi. Le constat de son échec s'incarne ainsi sous ses yeux. Il s'exclame alors : "Les vaincus n'en restent pas moins des hommes. Vivre peut aussi impliquer de se nier d'une façon ou d'une autre". Il exprime ainsi pleinement la frustration de tout à chacun confronté à ses propres limites.

Arrivé aux deux tiers du tome, le lecteur retrouve Miyamoto Musashi, toujours bénéficiant de l'hospitalité de Koetsu Hon'Ami. Le vieil homme lui propose de s'occuper de son épée, pour en assurer l'entretien et lui parle de son passé d'affuteur de sabres. Tout au long des précédents tomes, l'auteur a développé le point de vue que les bretteurs consacrent leur vie à apprendre comment donner la mort avec toujours plus d'efficacité. Ce thème fait de chaque combattant un paradoxe, entre le respect qu'ils inspirent du fait de leur dextérité, et l'opprobre né de leur fonction purement destructrice. Voilà que Musashi se retrouve face à un individu qui estime porter la responsabilité d'encore plus de morts que lui, du fait de son métier lui ayant fait affuter des centaines de lames. Il ne s'agit pas d'exonérer Musashi du poids de ses victimes (parce qu'il serait moins coupable qu'un autre). Cette séquence produit d'autres effets. Elle établit une forme de connivence entre le tueur et celui qui fournit les moyens de ses mises à mort. Elle s'intègre dans la thématique de l'interdépendance des vivants au sein d'une société.

D'un point de purement visuel, la narration reste impeccable de bout en bout et le lecteur apprécie à sa juste valeur l'implication totale de l'artiste dans son œuvre. Le règne animal est cette fois-ci un peu moins présent, avec juste quelques corbeaux dans le ciel. Les éléments culturels japonais figurent bien arrière-plan. En plus des tenues vestimentaires et de l'urbanisme, le lecteur repère un autel domestique dans une maison, attestant du culte des ancêtres, présent dans les rites Shinto, ainsi que les outils de la profession de Koetsu Hon'Ami. Il retrouve également la représentation des lattes de bois, toujours aussi texturées, et les dessins de façades, toujours aussi précises et descriptives. Il découvre une autre forme d'expression artistique de Musashi : le bonhomme de neige.

Par rapport aux tomes précédents, le lecteur est frappé par la manière dont Takehiko Inoué dessine Kojiro Sasaki. Plus qu'auparavant, il en fait une figure romantique, un beau ténébreux. Il dispose d'une véritable classe, avec des vêtements élégants (surtout par contraste avec les haillons de Miyamoto Musachi), une belle chevelure soignée flottant au vent (on le voyait aller chez le coiffeur dans un tome précédent), et un visage angélique, aux traits fins. Ces choix de représentation tranchent avec l'approche plus naturaliste pour les autres personnages auxquels l'auteur évite de donner une dimension romantique.

Dans ce tome, l'auteur établit également un lien visuel avec d'autres séquences. Ce n'est pas la première fois qu'il utilise ce dispositif narratif, et il le fait avec toujours la même efficience. La première occurrence survient quand Kojiro Sasaki se souvient de Jisai Kanemaki (son père adoptif) en train d'entraîner au sabre les gamins du village, sur la plage. L'absence de commentaire (phylactère ou cellule de texte) fait que l'image provoque la remémoration chez le lecteur comme dans l'esprit de Sasaki. L'effet est saisissant : une remontée de souvenirs presque vécu, avec l'effacement d'une partie du contexte dû au temps qui passe, et la force des émotions liées à ce souvenir visuel.

La deuxième occurrence présente une force tout aussi déstabilisante. Musashi se souvient de Kohei Tsujikazé (ayant pris l'identité de Baiken Shishido) blessé à ses pieds, une scène du tome 13. L'effacement des détails est encore plus important, mais la remémoration visuelle est tout aussi intense, renforcée encore par les paroles du personnage (La spirale mortelle prend fin ici pour moi). À sa manière, Takehiko Inoué utilise le mécanisme de souvenir provoqué par l'image, avec la même intelligence que pouvait le décrire Marcel Proust pour le sens du goût avec une madeleine.

Sans aucun faux pas, Takehiko Inoué continue de raconter l'histoire de Miyamoto Musashi, à sa manière, en y reprenant les thèmes de l'œuvre originale, en respectant la narration feuilletonnante, et en la racontant à sa manière, en tirant le meilleur parti des caractéristiques du média qu'est la manga. À l'instar de son personnage principal, il fait de cette série l'outil et la preuve de son développement personnel, de sa progression en tant que mangaka, de sa réflexion spirituelle et philosophique. Il réalise un manga pouvant se lire comme une aventure au premier degré, avec les conventions attendues pour les combats vifs et violents après des phases d'observation bavardes. Il peut aussi se lire comme une observation et une réflexion sur la condition humaine, avec des personnages ayant depuis longtemps dépassé le stade de stéréotypes.
Commenter  J’apprécie          60
Le vingt-troisième tome de cette adaptation par Takehiko Inoué du roman d'Eiji Yoshikawa (La pierre et le sabre) narrant la vie du légendaire samouraï Miyamoto Musashi est un tome de transition se déroulant à Kyoto, cinq ans après cette fameuse bataille de Sekigahara qui influença l'histoire du Japon et l'avenir des samouraïs.

Au niveau des combats, ce tome-ci se situe après le combat que se sont livrés Miyamoto Musashi et Seijuro Yoshioka et l'affrontement tant attendu entre notre héros et le frère cadet de Seijuro. Malgré l'absence de combats, Takehiko Inoué parvient cependant à faire progresser son héros sur la voie du sabre en lui donnant plus de maturité et en le laissant acquérir une sorte de force plus tranquille.

Ce tome de transition permet également à l'auteur de faire converger tous les personnages principaux vers Kyoto. le lecteur retrouve ainsi les Yoshioka, Otsu, Jotaro, Matahachi Hon'iden, ainsi que le véritable Kojiro Sasaki. Takehiko Inoué en profite d'ailleurs pour offrir un aperçu de la vie d'époque au sein de la capitale. La rencontre entre l'héritier de la famille Hon'iden et celui dont il a usurpé l'identité (et qu'il croyait mort) est également assez intéressante à suivre et fait à nouveau ressortir la couardise de l'ancien ami d'enfance de Takezo Shinmen.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Une chose ne change pas, un sabre est un sabre, une chose destinée essentiellement à tuer. La beauté d'une lame n'est beauté que si sa vocation est respectée, il ne faut point l'oublier. […] Pour procurer au sabre sa beauté ultime, je crois qu'il faut soi-même devenir sabre.
Commenter  J’apprécie          130
Voilà ce que je voulais être. Je l'ai là sous les yeux, l'homme que j'ai toujours rêvé de devenir, en chair et en os.
Commenter  J’apprécie          70
On peut se battre en duel, vaincre ou être défait. Ce n'est pas d'être le plus fort que le monde s'en trouvera mieux.
Commenter  J’apprécie          70
Les vaincus n'en restent pas moins des hommes. Vivre peut aussi impliquer de se nier d'une façon ou d'une autre.
Commenter  J’apprécie          50
Vivre peut aussi impliquer de se nier d’une façon ou d’une autre !
Commenter  J’apprécie          90

Videos de Takehiko Inoué (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Takehiko Inoué
Kana c'est l'ouverture à l'Autre. L'autre bande dessinée, celle venue d'Asie, dans toute sa richesse et sa diversité avec une envie forte : la partager ! Dans cet épisode, vous retrouverez la version longue de l'aparté de l'épisode précédent (disponible ici (https://smartlink.ausha.co/kana-en-aparte/kana-en-aparte-s02e02-slam-dunk-aux-origines-du-succes)) ! Cet échange est réalisé entre Maxime Bender, notre animateur et Yuki Takanami, notre éditrice en charge de l'édition Deluxe de Slam Dunk ! Par cette discussion, nous souhaitons mettre en avant les coulisses de sa fabrication, quelles ont été nos problématiques ? Comment on adapte une série aussi phénoménale que Slam Dunk ? Réponse ici !Retrouvez Slam Dunk chez les éditions Kana : ICI (https://www.kana.fr/series/slam-dunk-deluxe/)Synopsis : À travers la version Deluxe de Slam Dunk, Takehiko Inoue nous plonge dans son oeuvre comme cela n'avait jamais été possible auparavant. Suivez le jeune Sakuragi qui se lance dans le basket-ball ! Même si au départ, il le fait pour épater la belle Haruko, il va se prendre au jeu et découvrir que se dépasser est la plus belle des motivations ! Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
+ Lire la suite
autres livres classés : mangaVoir plus
Les plus populaires : Manga Voir plus


Lecteurs (76) Voir plus



Quiz Voir plus

Takehiko Inoue

Pendant ses études Takehiko s'est inscrit dans un club , lequel?

Basket-ball
Tennis de table
Fan d'Animes
Maquettes

9 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : Takehiko InouéCréer un quiz sur ce livre

{* *}