Cahier intime des détresses paranoïdes d'un homme qui ne parvient plus à distinguer ses représentations mentales des objets et événements qu'elles désignent. L'angoisse est vécue comme un élément réel et persécuteur tandis que la réalité se disloque et que les émotions ne sont plus extériorisables.
C'est l'itinéraire d'un effondrement psychique, d'une noyade sous l'inconsistance de l'existence. Dans un combat qu'il sait perdu d'avance, le narrateur développe une familiarité avec l'irréel, se recroqueville dans son chaos tout en essayant de donner forme à sa propre vie. Mais il végète sous la menace d'une destinée hostile, ses pires craintes semblant toujours être sur le point de se produire, sa tête près d'éclater, "ceux qui marchent se font dévorer par les sangsues".
En miroir à un coeur claquemuré, son corps réagit. Ses constantes hallucinations se dessinent comme résistance au néant - il vaut mieux quelque chose que rien - le dévorent, épuisent son souffle vital, imposent la passivité, la lente dérive dans le courant des instincts défectueux, de la honte de soi, de l'impuissance.
Son besoin de communiquer avec l'extérieur est inassouvissable, toute relation condamnée à une éternelle page blanche, vérité et mensonge indistincts... l'unique plaisir de l'existence réside dans l'angoisse permanente, si dense qu'elle en devient sensuelle, excitation.
Journal d'un fou ou de l'abyssale solitude inhérente à la condition humaine ?
Commenter  J’apprécie         453
Le narrateur dont la folie se développe est placé dans un hôpital psychiatrique. Il va en sortir avec l'aide d'une jeune femme qui n'est pas non plus très équilibrée.
Le narrateur, qui est fou, nous livre à travers un journal ce qui se passe autour de lui, l'évolution de sa maladie. La distinction entre ses hallucinations et la réalité est toujours assez malaisée.
C'est un livre que j'ai entamé avec une certaine appréhension et que j'ai terminé sans grande conviction. Je m'y suis beaucoup ennuyé, je n'ai absolument pas accroché cette façon qu'a le narrateur de s'analyser dans ses moments de lucidité.
Commenter  J’apprécie         10
Ce roman est particulièrement froid : le personnage principal qui est fou nous raconte son quotidien. Bien que creusé, ce personnage n'est pas très attachant.
J'étais content de le terminer.
Commenter  J’apprécie         00
La nuit est pénible. C'est difficile à expliquer, mais la douleur est oppressante. Je devrais pouvoir faire toutes sortes de choses, vivre pleinement chaque instant, et pourtant, voilà où j'en suis réduit : je suis là, immobile, incapable même de bouger le petit doigt. C'est cela qui est douloureux : d'être incapable, finalement, de devenir un autre que moi-même. Je n'ai rien à faire que d'être là, pendant que le temps s'écoule en accéléré. Je ne demande rien d'autre que de vivre, alors que je me contente de respirer au ralenti derrière les barreaux de l'existence. Je voudrais respirer pleinement mais je n'y arrive pas. Si je me force, j'étouffe.
C'est à partir de cette époque-là que j'ai réalisé que quelque chose s'était brisé en moi. Si le monde dont je ressentais confusément la présence autour de moi était ainsi, c'était donc que je n'étais pas normal.
Je ne savais pas comment étaient les autres. Je ne savais pas non plus si les autres, de leur coté, étaient oui ou non brisés, et s'ils l'étaient, de quelle manière ils l'étaient.
Vous comprenez, j'ai toujours l'impression d'être idiot et vraiment pas intéressant.Je le suis certainement, mais en ce moment, j'aimerais bien pouvoir l'oublier un peu
Ce qui est douloureux, c'est d'être incapable, finalement, de devenir un autre que moi-même.
Je suis capricieux et égoïste, je ne suis pas malade, mais incomplet.