Ce livre est mon premier de
John Irving et je comprends maintenant l'engouement pour cet auteur.
Je n'en raconterais pas plus sur l'intrigue car la quatrième couverture est suffisamment détaillée : il serait dommage de dénaturer la subtilité de ce roman par des révélations maladroites.
Que dire qui n'a pas été dit?
Je vais commencer par ce qui m'a posé problème et je finirais par les multiples points positifs.
La longueur du roman (prés de 700 pages) n'est pas une difficulté en soi pour moi :
Dernière nuit à Twisted River couvre des dizaines d'années, presque toute une vie, il y a donc peu de temps mort. Certains passages notamment de description de lieux sont un peu longues, mais ce n'est pas cela qui réduit la vitalité de l'intrigue.
Ce qui m'a posé vraiment des difficultés, ce sont les allers retours dans la chronologie des événements : c'est parfois déstabilisant et il m'est arrivé de revenir en arrière pour bien comprendre le période où se situe la narration. A contrario, le déroulement non linéaire de l'intrigue apporte vraiment à la beauté de l'écriture : le lecteur ressent vraiment les liens qui existent entre les événements passés, le suspens est distillé avec brio ce qui nous pousse à continuer la lecture. C'est vraiment trés accrocheur et il faut reconnaitre un vrai talent à
John Irving pour cela.
J'ai vraiment été époustouflé par la qualité de l'écriture. Tout est décrit avec des mots subtils, incroyablement réalistes : c'est une ode à la nature de l'Amérique du sud sans nier l'impact de la modernisation et les conditions de vie précaires, voire primaires des draveurs. Les personnages sont très nombreux, mais avec une personnalité profonde, toujours en clair-obscurs. Aucun n'est superflu mais enrichissent le parcours de vie de Dominic et de Danny, comme chacun peut en rencontrer dans une vie.
Ketchum, le draveur solitaire, est une vraie figure : son vocabulaire, sa solitude choisie, son rôle de protecteur en font vraiment une personnalité unique, trés attachante.
Enfin, ce livre est une réflexion sur le travail de l'écrivain : en quoi les événements de la vie nourrissent l'inspiration de l'auteur ? S'en sers-t-il pour créer une oeuvre ou pour exorciser ses propres démons ?
John Irving ne livre pas de réponses mais dresse un portrait tout en nuance d'un écrivain. J'ai vraiment découvert avec plaisir ce livre et cela ne sera pas mon dernier roman de
John Irving.
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