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Josée Kamoun (Traducteur)
EAN : 9782020416412
672 pages
Seuil (10/06/2000)
3.7/5   1004 notes
Résumé :
Eté 1958. Ted Cole, séducteur invétéré et auteur à succès de contes effrayants pour enfants, engage Edward O'Hare, seize ans, pour un travail saisonnier ; officiellement, il l'emploie comme assistant ; mais en fait, il cherche plutôt à le pousser dans les bras de sa femme, Marion, pour hâter un divorce devenu inévitable depuis la mort accidentelle de leurs deux fils. L'entreprise ne réussit que trop bien, puisque le jeune homme s'éprend violemment de la belle épouse... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (55) Voir plus Ajouter une critique
3,7

sur 1004 notes
A la bonne heure! Me voilà réconciliée avec John Irving avec cette veuve de papier. Non que le bonhomme me déplaise, loin de là, mais depuis la claque de Garp il y a quelques décennies j'ai eu tendance dans mes dernières tentatives sur ses oeuvres à m'enliser dans ces mots et perdre le fil.

Rien de tel ici, et pourtant de mots le roman ne manque pas : pas moins de 650 pages pour dérouler un récit touchant,hasardeux, loufoque, non linéaire, pour aboutir précisément à la toute dernière phrase du livre, essentielle et bouleversante de simplicité.

Entre-temps, on aura fait la connaissance de Ruth, petit bout de bonne femme de quatre ans abandonnée par sa mère, exploré d'innombrables photos de ses deux frères décédés, croisé beaucoup d'écrivains dont les vies se lisent en miroir dans leurs livres, assisté à pas mal de scènes de sexe, suivi la carrière de Ruth, compati pour Eddie l'éternel amant de sa mère, grogné sur son coureur de père, voyagé en toutes saisons entre les Hamptons et New York city.

Et au passage, j'aurais redécouvert ce qui fait le charme unique d'Irving : ce gars-là n'écrit pas, il peint des mots sur des tableaux - univers composés d'un assemblage subtil d'imaginaire et de réalité, lesquels tableaux s'inscrivent dans une construction narrative beaucoup plus aboutie qu'il n'y parait. Quand on embarque dans ce projet artistique gavé d'humour et de mélancolie, c'est que du bonheur!
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Chassé croisé de personnages à différentes époques .
Ruth va être marquée par l'abandon de sa mère lorsqu'elle est toute petite , elle deviendra une adulte qui aura beucoup de mal à faire confiance aux hommes .
Marion la mère qui finira par abandonner sa fille ne s'est jamais remise de la mort accidentelle de ces deux fils aînés ( comme on l'a comprend ) , quand elle quitte mari et fille , elle va emporter les diverses photographies de ces fils , Ruth vivra toute son enfance sans mère , dans une maison où subsiste les traces des photographies emportées par sa mère , elle en sera hantée .
Eddie deviendra le temps d'un été , celui de ces 17 ans , l'amant passionné de Marion , de vingt ans son aînée et ne s'en remettra jamais .
Ted , le mari est un écrivain tourmenté qui va essayer de faire oublier à sa fille ( Ruth ) les drames de son enfance .
J'ai particulièrement aimé le voyage à Amsterdam de Ruth , devene un écrivain célèbre comme son père .
C'est pour moi le meilleur livre de John Irving , le plus humain avec un petit bémol , la fin est un peu trop belle pour être crédible .
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Roman de John Irving. Titre original: A widow for one year. Lettre I de mon Challenge ABC 2010.

Alors que Ruth n'a que quatre ans et que l'été 1958 touche à sa fin, sa mère Marion disparaît. En quittant les Hamptons et le village de Sagaponack, Marion quitte le souvenir de la mort de ses deux garçons, Thomas et Timothy, tués dans un accident de voiture. Elle laisse derrière elle un époux qu'elle n'aime plus, une fille qu'elle a trop peur d'aimer et Eddie, un jeune amant trop amoureux. Ruth grandit auprès de son père Ted, un auteur-illustrateur de livres pour enfants, et dans le souvenir entretenu de frères qu'elle n'a pas connus. Elle devient une romancière de renommée internationale. À la veille d'épouser son éditeur Allan, elle retrouve Eddie, l'assistant de son père durant l'été 1958 et l'amant fougueux de sa mère. Eddie en est persuadé, il a retrouvé Marion qu'il n'a pas cessé d'aimer. À Amsterdam, lors d'une tournée de promotion, Ruth vit une expérience terrifiante, née de ses terreurs d'enfants.

Ce roman parle d'auteurs et du besoin d'écrire. Ted, Marion, Eddie et Ruth sont tous romanciers. le premier écrit et illustre de terrifiants récits pour enfants, la deuxième sublime sa douleur de mère dans des romans policiers de modeste facture, le troisième écrit et réécrit à l'envi son expérience sensuelle avec Marion, sa première amante. Ruth est la seule dont le talent est mondialement reconnu. Elle fonde son art sur l'imagination uniquement, déniant aux souvenirs la force d'être le substrat convaincant d'un roman. Ces quatre personnages reconnaissent "l'autorité de l'écrit" (p. 173), qu'il soit fondé sur le souvenir ou sur l'imagination pure.

La première de couverture est intelligemment illustrée. Ce crochet solitaire est un parmi tous ceux laissés sur le mur après le départ de Marion qui a emporté toutes les photos des garçons. La photographie est un personnage du roman, au moins dans la première partie. Les frères disparus sont maintenus présents dans les innombrables portraits d'eux qui ornent les murs de la maison de Sagaponack. Autour des clichés s'élabore une complexe et raffinée mythologie familiale. "Ruth était élevée dans la présence écrasante de ses frères morts, mais aussi dans l'importance sans égale de leur absence." (p. 90) Ruth, bébé pansement, connaît tout de l'histoire de ses frères et fait des photographies des éléments du quotidien. le départ de Marion qui ne laisse que des crochets auxquels il est impossible de se retenir crée un vide que ne comblera que l'écriture.

Le roman est clairement divisé en trois parties dont chacune se centre sur un personnage. La première partie se déroule durant l'été 1958. Eddie, 16 ans, arrive dans les Hamptons avec une idée assez floue du job d'été qu'il devra assumer: assistant et chauffeur de l'écrivain Ted Cole. Il apparaît très vite que Ted n'a engagé Eddie que pour "l'offrir" à Marion qui s'en empare sans honte, retrouvant auprès de lui une féminité éteinte. Au milieu du couple qui se déchire, Eddie n'est qu'un témoin, à peine un acteur puisque tout le monde écrit à l'avance son rôle, dont il assume le poids avec résignation. La deuxième partie débute en 1990. Ruth est adulte, romancière à succès, et elle tergiverse sur la proposition de mariage d'Allan. Sur le point de débuter un nouveau roman, elle s'embarque dans une aventure bien peu recommandable. La dernière partie se tient en 1995 et introduit le personnage d'Harry Hoekstra, policier d'Amsterdam, qui cherche le témoin anonyme d'un meurtre sordide. Si Ruth ne semble être le personnage principal que de la deuxième partie du livre, tout tourne autour d'elle. de son enfance à ses mariages, elle est au centre de tout.

Au récit propre se mêlent des extraits ou des textes entiers des personnages auteurs. Les trois contes de Ted Cole (La souris qui rampait entre les cloisons, La trappe dans le plancher et le bruit de quelqu'un qui essaie de ne pas faire de bruit) illustrent des situations dans lesquelles Ruth est plongée: ils entourent les terreurs d'une brume d'irréalité, ils subliment la peur et lui refusent le droit de s'installer, s'imposent comme une fuite du réel vers l'imaginaire. de même, les premiers chapitres des livres de Ruth prennent pied dans le récit et font écho à ses propres expériences. Elle à qui les lecteurs reprochent d'écrire sur des faits qu'elle n'a pas vécu (mariage, veuvage, grossesse, divorce, etc.) finit par être l'illustration même des textes qu'elle a écrit. Elle devient cette "veuve pour un an", cette veuve de papier qu'on lui a reproché de décrire. Il y aussi tout un chapitre qui reprend les épanchements de Ruth dans son journal intime. Faute de connaître le personnage, on connaît ses pensées. Enfin, quelques chapitres des textes de Marion offrent une variation sur le thème des enfants disparus. Ils sont l'exutoire dans lequel la mère blessée tente de retrouver pied.

La langue de John Irving est savoureuse: elle allie des descriptions minutieuses voire cliniques à un langage grossier et trivial qu'enrobe parfois une poésie folle. L'auteur manie la prétérition et les effets d'annonce avec talent. le récit n'est qu'un constant développement de détails, une retouche infinie de situations. Il me semble aussi que le texte est une variation autour de la quête: celle d'un adolescent après son premier amour, celle d'une mère après ses enfants, celle d'une romancière après son oeuvre, celle d'un policier après la vérité, etc.
Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Oufff! Un pavé qui se lit plutôt bien! On traverse un bon moment au début du livre l'enfance traumatisante de Ruth qui, à quatre ans, devrait essayer de comprendre que le couple que forme son père et sa mère bat de l'aile, et qu'ils font chambre à part! Mais comment comprendre à quatre ans la présence de Edward O'Hare, un adolescent assistant que son père, Ted Cole, un écrivain bédéiste, a engagé pour les vacances, dans la chambre de sa mère et en mauvaise posture? C'est un peu fort pour son âge mais quoi qu'il arrive, cet assistant de son père n'en restera pas là avec Ruth car, le destin les fera rencontrer à nouveau trente ans plus tard...
Un roman qui s'installe tout doucement, et c'est en avançant dans la lecture qu'on prend plaisir à côtoyer l'univers de Ruth, d'une enfance palpitante vers une vie d'adulte plus responsable, plus constante mais que les fantômes du passé viendront en quelque sorte envouter...
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Même si la lecture des 582 pages du roman de John Irving a été laborieuse – plus d'un mois, elle a été agréable. Après des jours sans lire, je reprenais le livre avec plaisir car je me suis attachée à la personnalité de chacun des protagonistes principaux : Eddie O'Hare, adolescent de 16 ans, Marion et Ted Cole, et leur petite fille Ruth, 4 ans en 1958 que l'on retrouve à diverses époques.
Eddie, 16 ans, est engagé par Ted, écrivain de livres de jeunesse, pour lui servir de secrétaire, le temps de l'été 1958. Son séjour va se dérouler tout autrement. On peut dire que Ted Cole est un mari infidèle compulsif en devenant l'amant des mères des enfants qu'il aime dessiner et c'est lui qui pousse pratiquement le jeune homme dans les bras de Marion de 20 ans son aînée. Un drame a éloigné peu à peu le couple : la perte de leur deux garçons, morts dans un accident de la route alors que l'un d'eux était au volant. Marion n'en a jamais fait le deuil, et Ruth est née quelques années plus tard. Malgré l'amour qu'elle porte à sa fille, elle n'arrive pas à se comporter en tant que mère, vouant un véritable culte à ses enfants disparus. La liaison qu'elle vit avec Eddie est aussi courte que passionnelle et se termine par la fuite calculée de Marion, abandonnant famille et amant. Eddie ne s'en remettra pas.
Plus de trente ans après, Ruth, devenue écrivain, séjourne à Amsterdam pour l'écriture d'un roman qui va l'amener à vivre une expérience traumatique, étant témoin d'un meurtre. de retour aux Etats-Unis, elle retrouve Eddie, également écrivain. Ils ont une quête commune : savoir ce qu'est devenue Marion …
C'est un livre assez dur à résumer tant il est dense. John Irving détaille avec minutie la vie de ses personnages qui sont chacun à leur façon, très attachants, même les plus antipathiques.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Ses parents s'attendaient à avoir un troisième fils, mais là n'est pas la raison pour laquelle Ruth Cole devint écrivain. Ce qui alimenta sans doute son imagination, c'est que, dans cette maison où elle grandit, les photos des frères morts furent une présence plus forte que toute présence qu'elle sentait chez son père ou sa mère ; en outre, après que sa mère les abandonna, elle et son père, en emportant presque tous les clichés de de ses fils perdus, elle se demanda pourquoi son père laissait les crochets des-dites photos au mur. Ces crochets nus eurent leur part de sa vocation d'écrivain : des années après la disparition de sa mère, elle essayait encore de se rappeler quelle photo pendait à quel crochet. Et devant l'échec de sa mémoire à lui restituer les photos des disparus, elle se mit à inventer tous les instants capturés de leur courte vie qu'elle avait manquée. La mort de Thomas et Timothy avant sa naissance joua elle aussi son rôle dans sa vocation; dès l'aube de sa mémoire, il lui avait fallu les imaginer. p.16

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C'est alors qu'il repéra une candidature plus prometteuse. Une jeune personne- sur la réserve- elle avait au moins l'âge de posséder son permis de conduire- qui hésitait à s'approcher de la table où il était installé; elle observait l'auteur-illustrateur célèbre avec ce mélange de timidité et d'espièglerie qui caractérisait selon lui les filles au seuil d'une féminité plus épanouie. Dans quelques années, l'hésitation d'aujourd'hui ferait place au calcul, voire à la rouerie. Cette grâce de poulain, cette effronterie seraient bientôt tenues en bride. Il fallait bien qu'elle eût dix-sept ans au moins, mais sûrement pas encore vingt ans. Elle était tout à la fois fringante et gauche, peu sûre d'elle, et avide de faire ses preuves. Maladroite, mais hardie. Vierge, sans doute. Ou pour le moins trés inexpérimentée, conclut-il.
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Ses parents s'attendaient à avoir un troisième fils, mais là n'est pas la raison pour laquelle Ruth Cole devint écrivain. Ce qui alimenta sans doute son imagination, c'est que, dans cette maison où elle grandit, les photos des frères morts furent une présence plus forte que toute présence qu'elle sentait chez son père ou sa mère ; en outre, après que sa mère les abandonna, elle et son père, en emportant presque tous les clichés de de ses fils perdus, elle se demanda pourquoi son père laissait les crochets des-dites photos au mur. Ces crochets nus eurent leur part de sa vocation d'écrivain : des années après la disparition de sa mère, elle essayait encore de se rappeler quelle photo pendait à quel crochet. Et devant l'échec de sa mémoire à lui restituer les photos des disparus, elle se mit à inventer tous les instants capturés de leur courte vie qu'elle avait manquée. La mort de Thomas et Timothy avant sa naissance joua elle aussi son rôle dans sa vocation; dès l'aube de sa mémoire, il lui avait fallu les imaginer.
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Ils demeurérent allongés, les yeux dans les yeux, pendant un temps qui parut infini à Eddie- en tout cas, il aurait voulu que ça ne finisse jamais. Toute sa vie il considérerait cet instant comme l'essence même de l'amour. L'amour, c'était de ne rien vouloir de plus, ne pas chercher à ce que les gens fassent autre chose que ce qu'ils venaient d'accomplir; c'était ce sentiment de plénitude.
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Son père faisait ces remarques chaque printemps; remarques qui, elles-mêmes, distillaient une torpeur sans fond chez Eddie; il s'était un jour demandé si la course, seul sport qui l'intéressât, n'était pas l'expression de son désir de fuir la voix paternelle, qui avait les modulations prévisibles et ininterrompues d'une scie circulaire dans une scierie.
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