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Anne Rabinovitch (Traducteur)
EAN : 9782070341924
448 pages
Gallimard (17/01/2008)
3.78/5   1779 notes
Résumé :
Kath, Ruth et Tommy ont été élèves à Hailsham dans les années quatre-vingt-dix ; une école idyllique, nichée dans la campagne anglaise, où les enfants étaient protégés du monde extérieur et élevés dans l'idée qu'ils étaient des êtres à part, que leur bien-être personnel était essentiel, non seulement pour eux-mêmes, mais pour la société dans laquelle ils entreraient un jour. Mais pour quelles raisons les avait-on réunis là ? Bien des années plus tard, Kath s'autoris... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (293) Voir plus Ajouter une critique
3,78

sur 1779 notes
Salut, moi c'est Tommy quand vous lirez mon message j'aurais fini.
Mon quatrième don approche. Vous découvrirez dans ce carnet mes animaux imaginaires.
Mes souvenirs se bousculent, il parait que c'est normal.
Mon enfance commença à Hailsham une école perdue dans la campagne anglaise. Je me souviens de Ruth et Kath mes amies. Ruth avait un caractère pas facile, elle faisait la pluie et le beau temps, c'était la chef du groupe, Kath était plus calme, plus lisse mais savait se rebiffer quand Ruth allait trop loin.
je me souviens de nos conversations près de l'étang. Les gardiens de l'école étaient gentils; nos enseignants aussi. Notre préférée était mademoiselle Lucy.
Une fois par an madame arrivait dans son éternel tailleur gris, l'école était en effervescence; elle venait chercher nos créations artistiques, nos poèmes, nos dessins, nos sculptures pour sa galerie.
Moi je n'étais pas doué pour les arts plastiques. Mademoiselle Lucy m'a dit que ce n'était pas grave.
Aujourd'hui j'ai un nouveau accompagnant, j'ai dit à Kath que je voulais changer.....
J'ai dans la tête la chanson de la cassette de Kath " Auprès de moi toujours".
J'ai découvert Kazuo Ishiguro et son roman "auprès de moi toujours" grâce à Guillaume Gallienne et son émission " ça ne peut pas faire de mal".
J'ai eu un peu de mal à rentrer dans la première partie du roman, c'était lent, très lent je ne savais pas où Kazuo Ishiro voulait m'emmener, et puis dans la deuxième partie du récit tout s'explique, tout s'imbrique pour finir en douche froide.
Je suis ressorti de ce roman avec la boule au ventre.
J'aimerais vous en dire plus, mais je ne peux pas et surtout je ne veux pas.
J'aimerais que vous le découvriez vous aussi, même si parfois le roman vous tombe des mains.
Il vaut la peine d'être lu.
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Kath laisse ses souvenirs affleurer. Elle revient sur sa jeunesse passée avec Ruth et Tommy à Hailsham, un pensionnat privilégié installé dans la campagne anglaise. Lentement, progressivement elle nous fait connaître ses amis, leur vie et leurs préoccupations durant cette époque désormais révolue, pour finir par nous révéler une vérité terrible.

Kazuo Ishiguro n'a pas son pareil pour traiter des sujets profonds avec des phrases simples et en apparence inoffensives. Prenant ainsi le lecteur par surprise, il le conduit à se poser des questions essentielles, sur le sens de la vie, sur la valeur qu'on lui donne, sur ce qu'il restera de notre existence.

Presque contemplatif tellement les images y sont belles et le rythme paisible, ce remarquable roman anticipatif amène aussi à une réflexion sur une question qui peut se poser à tous dans un avenir pas si lointain, et c'est assez angoissant.
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Lorsque ma mère racontait ses histoires face à la caméra 16mm de mon grand-père, elle ne disposait pas des talents d'à-propos ou d'originalité de sa soeur ; elle meublait souvent ses saynètes par de longs moments où l'héroïne marche simplement d'un endroit à un autre, laissant le soin à l'opérateur d'en varier les cadres et la scénographie, rendant à ces nombreuses respirations le peu de souffle qu'il était possible d'y inspirer…

Les longs voyages en automobile de la narratrice Kathy ont fait remonter en moi ce souvenir, entre attendrissement et embarras, au côté d'une lecture qui, de bout en bout — et malgré la promesse glanée ici et là d'une fin éclairant la morosité du reste — m'a plongé dans la plus profonde consternation.

Je suis toujours très sensible à l'avis de mes pairs, d'autant plus qu'ils soient nombreux et éloquents, et pour certains d'entre eux estimés au rang de prescripteur ; ici, la lecture de leurs avis n'est en aucun cas capable de me rassurer…
Certains livres passés ont pu me voler au-dessus de la tête, et Babelio permettait à l'occasion de se l'expliquer, de relativiser déception, malentendu ou incompréhension ; ce n'est pas du tout le cas ici, ce qui ne facilite en rien cette critique.

Je n'arrive pas à toucher le début d'un fragment qui me raccrocherait au wagon de ceux qui ont apprécié la clef de voute de ce roman : sa très fine description de cet âge finalement bien médiocre de nos existences : l'adolescence.
Inutile qu'un livre rappelle ô combien l'individu traversant cet âge est capable de porter des oeillères avec tant de naturel et d'élégance. Ce n'est pas vaine attaque ou commode raillerie que d'inclure ce processus dans le développement normal d'une personnalité ; c'est juste que ce roman se refuse à passer à l'étape supposée d'après, celle que l'on attend vainement, se demandant pourquoi l'auteur a cru bon de le composer avec le récit des souvenirs d'une adulte, tant le ton, la langue, et tout le reste ne dépassent jamais le niveau d'intensité d'un « young adult ».
(ni le titre, ni la couverture tirée de son adaptation cinématographique ne venant arranger l'impression d'ensemble…)
Ce genre — comme beaucoup d'autres nous venant de la mouvance particulariste anglo-saxonne, dont notre site adoré aime à en abuser (bien qu'il ait l‘élégance de le traduire en « jeune adulte ») dans ses confortables classifications — vient nous rappeler combien il est urgent de défendre et mettre en avant cette littérature qui justement ne s'en revendique d'aucun ; celle que l'on nomme de manière dorénavant maladroite « littérature blanche », les couleurs étant plus que jamais chargées de sens les dépassant… (et je n'ai jamais vraiment aimé le violet…).

Sachez que je suis le premier navré du tour que prend cette critique, mais la pensée ne peut désormais faire fi de ces considérations, à l'heure de parler d'un roman qui passe complètement à côté des préoccupations qu'il aurait eu bon de soulever, entre Controverse de Valladolid (*) et Expérience de Milgram (**), dont la véritable héroïne du livre, Ruth, ou bien Kathy, la transparente narratrice, auraient constitué de brillants et obéissants sujets.

Rien n'a ici l'éclat des inoubliables « Vestiges du jour », et après avoir fiévreusement parcouru tous les avis sur ce livre, j'en retiens parmi d'autres celui de Chrisland, contant ses constantes déceptions depuis la lecture de ce chef-d'oeuvre, m'enjoignant à me méfier dorénavant des écrits de ce récent Nobel, pas le premier, ni le dernier non plus… (non, je ne parle pas de l'actualité récente… ne l'ayant pas encore lue…).
Tout y est gris, terne et indéfini : les personnages, leurs noms comme les lieux, les descriptions et les situations ; que cela fasse partie intégrante de l'intrigue n'apparait jamais justifié.
Ou bien faut-il y voir un froid constat de ce que peut devenir une société privée de repères concrets ? On aurait pu faire beaucoup mieux, tout en restant du côté « sensible », je pense…

Mais l'empathie semble avoir fonctionné avec le plus grand nombre, et vous comprendrez bien que je ne me l'explique en aucun cas, aggravé par l'effet séquence de mes lectures, intercalée entre deux géants : Henry James, d'un côté, illustrant vivement ce que l'on appelle finesse ; Saltykov-Chtchédrine, de l'autre, rappelant la profondeur sans fond d'une littérature que les récompenses internationales n'ont pas suffisamment mise en avant.

Donc, d'avance, navré de mon ingratitude.

(*) Controverse de Valladolid : débat politique et religieux espagnol du XVIème siècle questionnant l'humanité (à travers la possession ou non d'une âme) des peuples Amérindiens, justifiant ainsi la moralité du « droit de conquête ».
(élément à peine caressé dans ce roman, laissant bien-sûr un goût d'inachevé…)

(**) Expérience de Milgram : étude socio-psychologique des années 60, du chercheur américain éponyme, évaluant le degré d'obéissance à l'autorité, au travers d'un dispositif de questions-réponses dominé par un sujet d'étude disposant de supposés moyens coercitifs (décharges électriques) sur un complice de l'expérience falsifiant sa douleur, afin d'évaluer jusqu'où irait l'acceptation d'une morale particulière sur celle d'ensemble, restante à prouver…
(l'infinie profondeur, de par sa variabilité de dispositifs, de cette expérience démontre bien que nos sociétés produisent « naturellement » davantage de Ruth et de Kathy que de timides Tommy... dont ce livre ne fait encore une fois pas grand chose…)
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Hailsham… pensionnat idyllique ou monde parallèle ? Qui sont réellement ces élèves parmi lesquels Kathy, Ruth et Tommy occupent les rôles principaux de cet étrange roman ?

Souvenirs et réflexions personnelles de Kathy, la narratrice, répondent assez vite à nos interrogations premières (naaan je vous dirai rien) tandis que l'histoire se déroule avec la placidité lénifiante d'un séjour en sanatorium sur la côte d'Opale. Oui, autant prévenir, hémoglobine, passions destructrices ou coups de théâtre en rafale ne seront pas de la partie : là tout est lisse, calme et planifié, un semblant de long fleuve docile dans la campagne britannique. Pour en rajouter une couche, la narration factuelle, d'une neutralité presque clinique, s'apparente plus au papotage ordinaire d'une adolescente même pas en crise qu'à une éblouissante démonstration d'envolées shakespeariennes.

Elle est pourtant là, précisément, la force de cette uchronie déroutante, dans ce délicat paradoxe entre banalité de la forme et horreur du propos, dans le choc brutal d'un quotidien banal contre un destin qui l'est beaucoup moins. le malaise qui s'amplifie au fil du récit n'en est ainsi que plus glauque et la conclusion plus douloureuse encore.

Malgré son titre trompeur ' Auprès de moi toujours ' n'est pas une bluette romantico-nunuche, je m'y serais facilement laissé prendre sans un avertissement préalable et éclairé. J'avoue pourtant m'être un peu ennuyée sur les deux premiers tiers du récit. Bien m'a pris néanmoins de persévérer (ovation générale pour ma détermination sans faille) car la toute dernière partie et les terrifiantes réflexions qu'elle inspire confèrent finalement à ce roman le statut d'oeuvre marquante. Pas bien joyeuse, d'accord, mais profondément inoubliable.


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Histoire d’amitié et histoire d’amour, cela rime-t-il avec toujours ?

La jeune Kath nous raconte son enfance et son adolescence à Hailsham, au rythme des leçons dans les vieilles classes du manoir, des bavardages entre camarades le long des sentiers, des confidences tout près du carré de rhubarbe, des causeries animées, couchés dans le champ...
Les leçons sont intéressantes, les professeurs proches des élèves et l’art est fortement encouragé.
Période heureuse. Période lumineuse.
Mais il y a quelque chose qui cloche : tous ces enfants n’ont pas de parents, et vivent à demeure à Hailsham. Ca arrive, me direz-vous.
Oui, mais les parents, on n’en parle jamais, à croire qu’ils n’existent pas. Certains professeurs laissent filtrer des informations mystérieuses. Puis à l’âge de 16 ans, ces jeunes sont envoyés dans diverses fermes, cottages, et vivent par petits groupes, jusqu’à ce qu’ils partent faire un ...don. Et là commence l’horreur.

J’ai vu le film adapté de ce roman de science-fiction, et je l’ai trouvé énigmatique et bouleversant.
Et puis j’ai lu le livre. Ne faites jamais ça !
Comme je connaissais l’histoire, tout était biaisé. Le fameux secret sur lequel reposent les 1e et 2e parties n’en était plus un pour moi. Et ma lecture m’a intéressée uniquement dans la 3e partie, car les 2 premières sont la relation, pas inoubliable, de faits d’enfance et d’adolescence dans cette espèce d’orphelinat, mais où la psychologie de la narratrice se révèle quand même extrêmement développée.
Donc, l’ennui rôdait. Le style est facile à comprendre, mais je ne l’ai pas trouvé particulièrement frappant.
C’est LE secret en lui-même et les étapes de sa révélation qui vaut la peine de s’approprier cette histoire. Ou qui vaut la peine de regarder le film, lui, inoubliable.

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critiques presse (3)
LaLibreBelgique
17 mars 2015
Dix ans après "Auprès de moi toujours", Kazuo Ishiguro poursuit une œuvre exigeante et forte.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Lecturejeune
01 décembre 2006
Lecture jeune, n°120 - Kath, Ruth et Tommy grandissent au coeur de la campagne anglaise, dans un pensionnat privilégié appelé Hailsham. Leur enfance puis leur adolescence s’écoulent sous le signe de la douceur… et du mystère. Leurs enseignants se montrent soucieux de leur faire comprendre qu’ils sont des êtres à part, sans leur donner aucune précision. Vers la fin de leur scolarité, les élèves prennent conscience qu’ils sont des clones thérapeutiques, destinés à devenir donneurs d’organes à l’âge adulte. Kath, la narratrice, est aujourd’hui chargée de soutenir les donneurs, avant d’endosser à son tour ce rôle. Dans le cadre de son activité, elle a l’occasion de retrouver et d’accompagner jusqu’à leur mort Ruth puis Tommy. Ses deux amis décédés, le collège de Hailsham fermé, Kath laisse les souvenirs affleurer… Sa voix trahit à la fois l’émotion, la résignation et le courage. Elle revient sur cette jeunesse préservée et sur les motivations de ses professeurs : des militants convaincus qu’il fallait offrir une véritable enfance à ceux que la société refusait de considérer comme des personnes. Elle interroge ce choix pédagogique du silence : s’il a permis aux élèves de s’épanouir, il ne les a pas préparés à affronter la violence de leur destinée. Ce magnifique roman de l’auteur des Vestiges du jour saura toucher les adolescents. Il dépeint avec justesse la vie au sein d’un pensionnat, les sentiments qui peuvent s’y nouer : Kath aime Tommy qui sort avec son amie Ruth… Projetant le lecteur dans un monde qui autoriserait le clonage thérapeutique, il permet également d’amorcer une riche réflexion sur le sort et le statut de ces clones. Leur humanité, à la lumière du roman, n’apparaît plus contestable. Gaëlle Glin
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Lecturejeune
01 décembre 2006
Lecture jeune, n°120 - « Pauvres créatures. Que vous avons-nous fait ? », s’apitoie Madame, la directrice de Hailsham, école isolée de la campagne anglaise, devant des élèves qu’elle semble craindre comme des araignées. Qui sont donc ces enfants ? Des clones, à qui on a donné naissance pour encourager les progrès de la médecine et permettre des greffes. Ils n’auront ni descendance, ni existence autonome, mais s’accompliront dans le don d’organes. Dans la lignée du Meilleur des mondes d’Huxley (Pocket), ce récit s’interroge sur le conditionnement humain dans les sociétés modernes. La narratrice Kathy H., 31 ans, fait partie de ces enfants élevés presque normalement, qui ignoraient leur véritable nature et leur destin. Depuis onze ans, c’est une accompagnante lucide mais sans révolte, qui soutient ses pareils au moment des dons et adoucit leurs derniers moments. Soumise et consciencieuse, Kathy poursuit sa tâche et accepte son sort. Peut-être est-ce dans cette douce résignation que réside le caractère vraiment angoissant du récit ? Loin de la violence du 1984 d’Orwell (Gallimard), loin de la rébellion de La servante écarlate, de Margaret Atwood (Robert Laffont), Ishiguro nous invite à écouter une voix étrangement inhumaine, qui ignore espoir et liberté. Charlotte Plat
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (102) Voir plus Ajouter une citation
Alors vous attendez, même si vous ne le savez pas vraiment, vous attendez le moment où vous vous rendrez compte que vous êtes réellement différent d’eux ; que, dehors, il y a des gens comme Madame, qui ne vous détestent pas et ne vous souhaitent aucun mal, mais qui frissonnent néanmoins à la seule pensée de votre existence – de la manière dont vous avez été amené dans ce monde et pourquoi – et qui redoutent l’idée de votre main frôlant la leur. La première fois que vous vous apercevez à travers les yeux d’une personne comme celle-là, c’est un instant terrifiant. C’est comme vous entrevoir dans un miroir devant lequel vous passez chaque jour de votre vie, et soudain il vous renvoie autre chose, une image troublante et étrange.
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Un roman troublant.
Kathy, Ruth et Tommy sont les pensionnaires d'une école qui paraît idéale , un endroit
coupée du monde , un havre de paix , loin de toute contingence matérielle.Ils y sont bien mains un petit doute les taraude.Oh , pas grandchose , de petits détails sans importance . Un personnage mystérieux, Madame, qui vient régulièrement choisir parmi leurs créations les plus brillantes pour sa Galerie.Pourquoi sont ils si privilégiés ? Même si les barrières sont lâches, pourquoi vivent ils hors du mond.Ils grandissent, changent d’endroit pour un lieu tout aussi agréable et sans contrainte.La sexualité apparaît mais ils savent qu’ils ne pourront pas avoir d’enfants
Kazuo-Ishiguro est bien malin qui sait par petites touches distiller un tel suspens dans une ambiance bien feutrée.Ici, pas de violence , pas de vision apocalyptique , pas de méchants exploiteurs.Il y a un secret que tout le monde semble accepter dans cette vie où tout semble couler de source. Il faudra attendre les dernières pages du roman pour comprendre, à postériori, les attitudes des nos trois jeune gens tout au long de leur vie
C’est sûr qu’il y a des longueurs mais je pense que le rythme lent fait parti du livre et Ishiguro l’assume .Ce n’est pas un livre facile ,justement en raison de longues digressions qui peuvent apparaître inutiles. Mais c’est un livre surprenant , faussement simple et dérangeant .Allez jusqu’au bout du livre sinon vous n’y comprendrez rien
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C'est drôle d'évoquer maintenant ce que c'était au commencement, car lorsque je pense à ces deux années aux Cottages, la peur et l'affolement du début ne semblent pas cadrer du tout avec le reste du séjour. Si quelqu'un mentionne aujourd'hui les Cottages, je pense à des journées insouciantes où nous passions nonchalamment d'une chambre à l'autre, à la langueur de l'après-midi qui se fondait dans le soir, puis dans la nuit. Je songe à ma pile de vieux livres de poche aux pages tremblotantes, comme si elles avaient autrefois fait partie de la mer. Je pense à ma manière de les lire, allongée sur le ventre dans l'herbe les chauds après- midi, mes cheveux - que je laissais pousser alors - retombant toujours en travers de mes yeux. Je pense aux matins où je me réveillais dans ma chambre au sommet de la Grange noire en entendant les voix des élèves dehors, dans le champ, en train de discuter de poésie ou de philosophie ; ou aux longs hivers, aux petits déjeuners dans les cuisines embuées, aux discussions filandreuses sur Kafka ou Picasso autour de table. C’était toujours ce genre de choses au petit déjeuner ; jamais avec qui vous aviez couché la veille, ni pourquoi Larry et Helen ne se parlaient plus.
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Nous étions allongées dans l'obscurité de notre dortoir. Chez les Juniors nous étions quinze par chambrée, aussi nous ne tendions pas à entretenir les longues conversations intimes qui nous sont devenues coutumières par la suite, dans les dortoirs des Seniors. Mais la plupart des filles qui devaient former notre groupe avaient rapproché leurs lits, et nous avions déjà l'habitude de bavarder dans la nuit.
Comment ça, elle a peur de nous ? demanda quelqu'un. Pour quelle raison elle aurait peur ? Qu'est-ce qu'on pourrait bien lui faire ?
- Je ne sais pas, répondit Ruth. Je ne sais pas, mais je suis sûre qu'elle a peur. Je croyais qu'elle était simplement hautaine, mais c'est autre chose, j'en suis certaine maintenant. Madame est terrorisée par nous.
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En y repensant aujourd'hui, je comprends que nous étions précisément à l'âge où nous savions deux ou trois choses sur nous-mêmes - sur qui nous étions, en quoi nous étions différentes de nos gardiens, des gens du dehors - mais n'avions pas encore saisi ce que cela signifiait. Je suis sûre qu'à un moment donné de votre enfance vous avez aussi connu une expérience du genre de la nôtre ce jour-là, similaire sinon dans les détails factuels, du moins de l'intérieur par les sentiments. Car peu importe au fond le mal que vos gardiens se donnent pour vous préparer: exposés, vidéos, discussions, mises en garde, rien de tout cela ne peut vous en faire réellement prendre conscience. Pas quand vous avez huit ans, et que vous êtes tous ensemble dans un endroit tel que Hailsham; quand vous avez des gardiens comme ceux que nous avions, quand les jardiniers et les livreurs plaisantent et rient avec vous, et vous appellent "mon coeur".
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Videos de Kazuo Ishiguro (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kazuo Ishiguro
Découvrez "Klara et le Soleil" : le premier roman de Kazuo Ishiguro après son prix Nobel de littérature en 2017. L'Académie suédoise avait salué "la puissante force émotionnelle" des romans de l'écrivain.
Klara est une AA, une Amie Artificielle, un robot de pointe ultraperformant créé spécialement pour tenir compagnie aux enfants et aux adolescents. Klara est dotée d'un extraordinaire talent d'observation, et derrière la vitrine du magasin où elle se trouve, elle profite des rayons bienfaisants du Soleil et étudie le comportement des passants, ceux qui s'attardent pour jeter un coup d'oeil depuis la rue ou qui poursuivent leur chemin sans s'arrêter. Elle nourrit l'espoir qu'un jour quelqu'un entre et vienne la choisir. Lorsque l'occasion se présente enfin, Klara est toutefois mise en garde : mieux vaut ne pas accorder trop de crédit aux promesses des humains... Après l'obtention du prix Nobel de littérature, Kazuo Ishiguro nous offre un nouveau chef-d'oeuvre qui met en scène avec virtuosité la façon dont nous apprenons à aimer. Ce roman, qui nous parle d'amitié, d'éthique, d'altruisme et de ce qu'être humain signifie, pose une question à l'évidence troublante : à quel point sommes-nous irremplaçables ?
Découvrir le roman : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Du-monde-entier/Klara-et-le-Soleil
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