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Sophie Mayoux (Traducteur)
EAN : 9782702126622
510 pages
Calmann-Lévy (30/06/2007)
3.4/5   111 notes
Résumé :
Pianiste de renommée internationale, Ryder a accepté de donner un récital dans une petite ville d'Europe centrale où il est attendu comme le messie. Â peine débarque-t-il, épuisé, de son long voyage, qu'il devient la proie d'une cohorte d'admirateurs aussi obséquieux qu'envahissants. Sans cesse distrait d'un programme officiel dont i1 ne se souvient pas, manquant systématiquement ses rendez-vous, il plonge peu à peu dans un univers étrange et imprévisible. Les gens,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai mis deux semaines à venir à bout des 900 pages du roman de Kazuo Ishiguro. Pourquoi un tel masochisme ?
Parce que j'avais aimé la quasi-totalité des livres de cet écrivain à l'élégante écriture, auteur notamment de "Auprès de moi toujours" et "Les vestiges du jour", souvent adapté au cinéma (Carrey Mullingan jouait dans le premier, Anthony Hopkins dans le second) et que j'étais curieux de découvrir celui-ci que je n'avais pas lu.
Parce que la majorité des lecteurs qui se sont attaqués à "l'inconsolé" l'ont abandonné en cours de route et ont humblement confessé n'avoir rien compris à l'errance kafkaienne de ce pianiste dans une ville d'Europe centrale pendant les deux jours qui précédent le concert qu'il est censé y donner.
Parce que je suis allé orgueilleusement jusqu'au bout de ce livre obèse, tout à la fois impressionné par la maîtrise avec laquelle Ishuguro parvient à narrer un rêve, ses incohérences, ses lenteurs bourbeuses, ses ellipses absurdes et schizophréniquement embêté d'y avoir consacré un temps si long que j'aurais pu utilisé autrement.
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M. Ryder arrive un soir à l'hôtel dans une petite ville de province, en Autriche peut-être ; pianiste mondialement célèbre, il est convié pour un concert. Il semble très attendu et on dirait que tout le monde veut lui faire la conversation.
De très, très longues conversations ; des confidences, même.
Et au fur et à mesure que ces conversations deviennent de plus en plus loufoques, M. Ryder semble les accueillir, lui aussi, de façon de plus en plus loufoque.
Mais sous le loufoque se cachent beaucoup d'angoisses : élever un enfant, vieillir dignement, cesser de boire... M. Ryder, en écoutant ces tranches de vie, apporte un point de vue extérieur, bienveillant, naïf presque.
Et tout en citant des noms fantaisistes d'oeuvres contemporaines ("Amiante et fibre"), Ishiguro construit son roman à la façon d'un opéra contemporain : "Une hostilité à l'égard du ton introspectif, bien souvent caractérisée par un usage excessif de la cadence cassée. Un faible pour l'association inconséquente de passages fragmentés."
Cadence cassée, passages fragmentés : ce sont les souvenirs, les bulles de mémoire qui interrompent et perturbent sans cesse le planning de M. Ryder, au fur et à mesure que l'heure du concert approche.
Avec lui on est transporté hors du temps, voire hors de l'espace car on ne cesse de parcourir des ruelles en ville ou des routes de campagne, des lieux qui semblent totalement isolés mais qui, mystérieusement, communiquent les uns avec les autres.
Ishiguro nous balade, nous décale, nous entortille, nous perd, nous enchante.
Un roman magique.

Traduction sans faille de Sophie Mayoux.
Challenge Nobel
LC thématique octobre 2023 : "Un·e auteur·e déjà lu·e"
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C'est la deuxième fois que je lis ce roman. Pendant les 5 ans écoulés depuis ma première lecture j'avais oublié les lignes directrices de la narration, mais j'avais très bien fixé au fond de moi un grand nombre d'images. Ce roman volumineux (900 pages) nous enveloppe dans son atmosphère onirique, dans ses dialogues d'une politesse et d'une douceur excessives, dans sa trame dont on ne voit pas où elle mène, comme dans une flânerie sans but. En même temps, nous sommes trainés, à l'image du personnage principal, dans les méandres des rebondissements et contretemps, dans les méandres des lieux qui communiquent parfois entre eux de façon tout à fait invraisemblable, dans les méandres de la mémoire des personnages qui semblent parfois avoir oublié des choses essentielles de leur existence (le personnage principal est-il marié à Sophie ? Est-il le père de Boris ?), et il se produit parfois des courts-circuits dans la narration, nous ramenant brusquement dans le passé des personnages. Nous voyons surnager des personnages en attente de reconnaissance, de la part de leurs parents notamment, dans des lieux fantasmatiques : complexes de logements austères à la géométrie bizarre, salles de concerts et hôtels comprenant de nombreuses portes et méandres, dans lesquels le personnage principal se perd, de la même façon qu'il perd de vue les choses essentielles de sa vie pour se laisser détourner par de multiples sollicitations.
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Lire "l'inconsolé" de Kazuo Ishiguro fût pour moi une expérience singulièrement délicieuse.

Il faut préciser que le roman peut surprendre quant à sa structure et à son synopsis, contraignant souvent beaucoup de lecteurs à l'abandonner à mi-chemin. Quel gâchis! Je vous préviens dès maintenant, tout au long des 900 pages de ce gros volume, l'histoire ne bougera pas d'un cran. Pourquoi alors prendre la peine de faire ce voyage?

Loin d'être une expérience érudite à la "Ulysse" de Joyce, ici, Ishiguro nous propose un livre divertissant, très agréable à lire, où l'absurde se mêle au réel dans une atmosphère continûement onirique, à mi-chemin entre Kafka et le cinéaste David Lynch. Tout se passe dans une étonnante fluidité, rapides mouvements entre les personnages, les pistes, les itinéraires, les tâches, liens douteux, mémoire brouillée, sentiments d'une délicatesse et d'un réalisme poignants, situations d'urgence, de retard, de danger, tout y est ici, exposé avec une maitrise parfaite dans une écriture très finement étudiée.

L'histoire suit l'arrivée du célèbre pianiste à la renommée internationale monsieur Ryder, dans une ville qui l'attend avec impatience. Tout le monde place alors des espoirs démesurés sur ce talentueux artiste dont la bienveillance et le dévouement sont manifestes. Mais arriverait-il à aider les braves habitants de cette ville? et quel lien les relient à eux exactement?

Quelques conseils pour ceux qui entreprennent de lire ce manuscrit:

1. Si c'est votre premier Ishiguro, je vous conseille de changer de choix. C'est un livre expérimental qui bien que recelant de son génie et des éléments de son écriture reste loin d'être le plus populaire ou le plus accessible et pourrait vous donner une fausse idée sur ses autres ouvrages. Pensez à commencer par "Les vestiges du jours" , " Auprès de moi toujours", " Un artiste du monde flottant"...

2. La lecture est si aisée, ne vous arrêtez jamais au milieu d'un chapitre sinon il perdrait tout son sens, chaque chapitre est conçu d'une manière à s'auto-suffire quelque peu, à avoir cette petite récompense, cette petite histoire, cette situation drolatique ou triste, ou ce détail important.

3. Délectez vous des descriptions, de l'imaginations foisonnantes de l'auteur, de la précision avec laquelle il peint chaque situation, chaque sentiment (cela m'a rappelé un peu Moravia).

4. Lisez ce livre le plus rapidement possible, ne le laissez pas traîner sur votre table de nuit. Il pourrait se révéler un peu lent par moment, mais la gratification y est aussi, si vous persévérez.



Un roman sur la fatalité, sur le temps, sur l'amour et la haine, sur le talent et l'ambition, et sur tout ce que la vie aurait de consolateur et d'irrémédiablement passé.
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Comme il était intéressant pour Ishiguro de composer ce roman ! On a des fantasmes absurdes, où il est si facile de ressentir la logique du rêve. Et pourtant ce roman n'est pas tout à fait un rêve, il est plus cohérent (à sa manière bien sûr). A l'instar d'oeuvres de Kafka, en se plongeant dans сe roman nous nous noyons dans une nuée de détails étranges et insignifiants, mais, contrairement à Kafka, il n'y a pas assez de profondeur métaphysique dans cette histoire.

Un pianiste au nom symbolique Ryder arrive dans l'une des villes d'Europe centrale pour y donner l'un des concerts. Il est logé dans un hôtel, il rencontre aussitôt de nombreux personnages - un portier, gérant de l'hôtel et sa famille, une femme et un garçon qui soit son fils ou non, le brillant chef d'orchestre Brodsky, qui se trouve en phase de dipsomanie à cause de problèmes dans sa vie personnelle...

Ryder semble être au centre de la ville, mais s'il tourne au coin de la rue il se retrouve face aux champs ou aux forêts ; tandis que le héros monte dans l'ascenseur, il parvient à écouter le monologue du portier durant quinze minutes, tandis que dans la finale du livre, sur le point de donner le concert, Ryder découvre qu'il est déjà le matin et que le soleil dore la cime des arbres ...

Dans tout ce qui contient le trouble, l'ambiguïté, l'abandon peu importe s'il avait lieu ou non, Ishiguro est très fort. Quand il insère une certaine tension, un mystère, des non-dits dans le tissu du récit, cela sort de lui de manière experte.

Ici le récit trompeur est entièrement « à double fond ».
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"D'autres villes ! Et je ne parle pas simplement de Paris ! Ou de Stuttgart ! Je veux dire des petites villes comme la nôtre, d'autres villes. Rassemblez l'élite de leurs habitants, mettez-les face à une crise similaire, comment vont-ils réagir ? Ils seront calmes, assurés. Ces gens sauraient que faire, ils sauraient se tenir. Voilà ce que j'ai à dire : nous tous ici, nous sommes les meilleurs de la ville. Ce n'est pas au-delà de nos moyens. Ensemble, nous pouvons nous sortir de cette crise."
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Le chauffeur de taxi paru contrarié de constater que personne - pas même un employé de réception - n'était là pour m'accueillir. Il erra dans le hall désert, espérant peut-être découvrir un membre du personnel caché derrière une plante verte ou un fauteuil. Finalement, il déposa mes valises près de la porte de l'ascenseur et, marmottant de vagues excuses, prit congé de moi.
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Difficile de croire que ce vieux cinglé ait la capacité de diriger un orchestre. Mais je suis prêt à lui laisser le bénéfice du doute. Les choses ne peuvent guère empirer. Et si, toi, tu commences à dire que Brodsky fait l'affaire, je suis mal placé pour m'inscrire en faux.
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Videos de Kazuo Ishiguro (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kazuo Ishiguro
Découvrez "Klara et le Soleil" : le premier roman de Kazuo Ishiguro après son prix Nobel de littérature en 2017. L'Académie suédoise avait salué "la puissante force émotionnelle" des romans de l'écrivain.
Klara est une AA, une Amie Artificielle, un robot de pointe ultraperformant créé spécialement pour tenir compagnie aux enfants et aux adolescents. Klara est dotée d'un extraordinaire talent d'observation, et derrière la vitrine du magasin où elle se trouve, elle profite des rayons bienfaisants du Soleil et étudie le comportement des passants, ceux qui s'attardent pour jeter un coup d'oeil depuis la rue ou qui poursuivent leur chemin sans s'arrêter. Elle nourrit l'espoir qu'un jour quelqu'un entre et vienne la choisir. Lorsque l'occasion se présente enfin, Klara est toutefois mise en garde : mieux vaut ne pas accorder trop de crédit aux promesses des humains... Après l'obtention du prix Nobel de littérature, Kazuo Ishiguro nous offre un nouveau chef-d'oeuvre qui met en scène avec virtuosité la façon dont nous apprenons à aimer. Ce roman, qui nous parle d'amitié, d'éthique, d'altruisme et de ce qu'être humain signifie, pose une question à l'évidence troublante : à quel point sommes-nous irremplaçables ?
Découvrir le roman : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Du-monde-entier/Klara-et-le-Soleil
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