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EAN : 9782848932132
416 pages
Les Deux Terres (04/03/2015)
3.58/5   320 notes
Résumé :
Axl et Beatrice vivent un amour constant qui a résisté aux années. Ils décident de faire un voyage pour rejoindre leur fils, parti depuis longtemps. De nombreux obstacles se dressent sur leur chemin, parfois étranges, parfois terrifiants, et mettent leur amour à l’épreuve. Leur parcours est une métaphore de nos vies à tous.
Dix ans après Auprès de moi toujours, Kazuo Ishiguro revisite, dans Le Géant enfoui, les thèmes shakespeariens qui traversent son œuvre :... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (71) Voir plus Ajouter une critique
3,58

sur 320 notes
Une énorme déception. J'attendais beaucoup de ce livre de Kazuo Ishiguro, auteur des Vestiges du jour, prix Nobel de littérature 2017. Dans une Grande Bretagne médiévale aux prises avec les rivalités entre celtes et saxons, une étrange brume efface les souvenirs, condamnant les habitants du pays à une amnésie chronique. le roman raconte comment un vieux couple part à la recherche de son passé perdu. Pourquoi ce sortilège ? Les deux parents vont-ils retrouver leur fils disparu ? Quel est ce guerrier saxon qui les protège durant leur voyage ? Et ce chevalier de la Table ronde qu'ils croisent régulièrement, quelle mission poursuit-il ? Tous les ingrédients sont là pour composer un roman à mi-chemin entre récit historique, légende arthurienne et fantasy où rodent géants, lutins et dragons. Intrigué, le lecteur entre dans ce monde magique. Il est prêt à apprendre que… ah oui, au fait, apprendre quoi ? Et là, patatras, le lecteur attend, il attend vraiment longtemps. Pour être précis, près de cinq cents pages en édition folio. L'histoire se déroule de façon lente et répétitive, les personnages sont réduits à des archétypes, les dialogues sont lourds, et surtout des intrigues sont ébauchées tout au long du chemin pour être aussitôt abandonnées sans autre explication, à la plus grande frustration du lecteur. Malheureusement, l'écriture ne vient pas sauver le roman, le style reste obstinément plat, impuissant à dissiper le brouillard de l'ennui. Et contrairement à d'autres lecteurs, je n'ai trouvé dans ce livre aucune véritable réflexion sur la mémoire et l'oubli ou le pardon et la vengeance, sinon quelques considérations politiquement correctes. Pourquoi une oeuvre aussi nébuleuse ? Épuisement de l'inspiration chez un auteur qui n'aura publié qu'un roman et quelques nouvelles en bientôt quinze ans ? Il semble que son entreprise ait succombé aux mêmes pièges maléfiques où ont sombré les aventures édifiantes des innombrables romans de chevalerie d'autrefois. le thème de la mémoire et de l'oubli m'avait attiré vers ce livre, qu'en ai-je appris ? Je ne me rappelle déjà plus !
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Pourquoi je l'ai choisi:

Ce livre m'a été recommandé par un Babéliote passionné, Krout. Je le remercie de m'avoir mis sur la voie de ses géants: c'est exactement le genre de livre que j'adore! La passion de lecture se partage, et là, c'était un super conseil!!!!
Les personnages:

Axl et Beatrice sont un couple en fin de vie, qui se sont aimé toute leurs vies dans les joies autant que les tempêtes. Très touchant.

Sire Gauvain, il apporte une touche de chevalerie, une douce flamme presque éteinte, mais indéniablement là, vibrante.

Wistan et Edwin nous rappelle que tout un homme est un guerrier…

Ce que j'ai ressenti:…Une étincelle dans la brume…

En fait, ce livre il vous emporte:
•Dans la brume électrique…(Non je ne me suis pas trompé de livre, on n'est pas dans celui de James Lee Burke …). Il y a une sorte d'ambiance opaque qui vous happe dès les premiers mots…Cette brume vous enveloppe pour ne plus vous laisser tranquille…Se souvenir ou oublier ? Telle est la grande question dans ce claquement de doigts qu'est notre passage sur Terre…

« C'est bizarre la façon dont le monde oublie les gens et les évènements de la veille ou de l'avant veille. C'est comme une maladie qui nous atteint tous. »
•Dans la légende Arthurienne…Chevaliers, dragons, géants, elfes…Le fantastique se mêle avec douceur dans ses pages nous offrant un souffle de magie enchanteresse plus qu'appréciable. le roi Arthur n'a pas fini d'inspirer les auteurs, des centaines d'années après pour notre plus grand plaisir!

« Je suis un simple mortel, je ne le nie pas, mais je suis un chevalier bien entrainé et encouragé durant de longues années de ma jeunesse par le grand Arthur, qui m'a appris à affronter toutes sortes de défis avec enthousiasme, même lorsque la peur s'insinue jusque dans la moelle, car si nous sommes mortels, brillons du moins de tous nos feux aux yeux de Dieu pendant que nous marchons sur cette terre! «
•Dans une histoire d'amour…La tendresse de leur amour est touchante, malgré les points noirs qui jalonnent leurs histoires, ils restent ensemble, côte à côte, bravant ensemble les difficultés…Une histoire tout en pudeur, en simplicité et respect de l'autre…

« -Promets moi, princesse, que tu n'oublieras pas ce que tu ressens pour moi en ce moment dans ton coeur. A quoi servirait un souvenir surgi de la brume s'il se contente d'en chasser un autre? »

Il est des livres comme ça, qui vous tombe dessus et qui vous envoûte…Une histoire qui vous laisse une forte impression même en l'ayant refermé depuis des jours… Celui ci, il a une Atmosphère pesante, une Poésie enivrante, une Intention éclairante. Ce texte derrière son empreinte magique, vous torpille l'esprit sans que vous vous en rendiez compte. Il nous montre le Monde, en perpétuel renouvèlement de ses erreurs, de ses attentes, de ses victoires. le temps n'a pas de prise sur nos envies d'évasions, d'invasions et de découvertes. A y regarder de plus près, les mots sont plus incisifs qu'il n'y parait et prenne une résonnance dans nos quotidiens sombres. Je regrette, juste un peu, qu'on ne soit plus dans le souffle du dragon…

Les gens devaient accepter avec philosophie de pareilles violences.

Avec ses trois points, je me rend compte que la rencontre avec ce livre était une évidence…Ma mémoire me joue des tours, mais je suis presque certaine , de ne pas oublier cette lecture de sitôt…J'enfouis ce géant légendaire dans mon esprit, en espérant que la haine n'emporte pas tous les coeurs…Très joli conteur que ce Kazuo Ishiguro, il prend son temps, mais il nous offre un fabuleux moment de lecture…


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Autant l'avouer, malgré ma grande envie de découvrir ce livre, les premières pages m'ont déroutée. Et puis... et puis à petits pas, j'ai pénétré dans cet univers brumeux du Haut Moyen-Age dans une Angleterre que se partageaient alors Saxons et Bretons, jusqu'à cette fin magnifique.

Les deux peuples ont depuis longtemps oublié leurs différends et surtout les massacres qui ont eu lieu entre les deux peuples car la dragonne Querig souffle depuis des années la brume de l'oubli sur les terres.
Axl et sa femme Béatrice se souviennent à peine de leur fils mais décident de le retrouver. Quittant leur village souterrain, ils marchent à travers le pays et rencontre le guerrier Wistan, Saxon élevé parmi les Bretons, ainsi qu'Edwin, l'enfant maudit et menacé de mort, et enfin maître Gauvain - personnage fabuleux soit dit en passant!-, neveu du grand Arthur. Tous les trois sont chargés de tuer Querig afin de libérer le pays de son emprise.

Tout au long du périple, les souvenirs vont revenir par intermittences, et le vieux couple redécouvrira son passé, affrontant sortilèges et mises à l'épreuve.

C'est un roman particulièrement envoûtant, un conte pour adulte, une des légendes secrètes de l'époque d'Arthur. L'amnésie est une belle métaphore et une grande question philosophique que le roman nous propose: pour la paix de ces deux peuples qui se sont massacrés, n'est-elle pas nécessaire? Ou faut-il se souvenir, coûte que coûte, et par là-même redouter des représailles sanglantes?

J'ai envie de dire que ce roman fait partie des plus singuliers que j'ai pu lire dernièrement, non sur la forme mais sur le fond.
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Sortent de la brume, par la magie de la plume de Kazuo Ishiguro qui m'emporte délicieusement avec ses pleins et ses déliés, des êtres fantastiques : Ogres, Elfes, Lutins, qui autrefois surgissaient d'un bois pour calmer la fin, pullulaient autour d'une eau stagnante ou pour les derniers s'aventuraient au sein du logis d'un humain. En ces temps maintenant révolus, ces créatures étranges et de longtemps oubliées, non seulement, côtoyaient les hommes, mais parfois venaient à les tourmenter, le plus souvent à l'heure du premier sommeil, se mélangeant à leurs rêves agités, troublant leurs nuits, les maintenant éveillés. Et je n'ai pas encore parlé de la plus connue et terrible d'entre elles : Quéric, une Dragonne, crainte des monts aux vallées. Pour les hommes en ce haut moyen-âge, pas vraiment de quiétude, ou alors trompeuse, hasardeuse et temporaire, car ces êtres, dont nous n'avons plus qu'un très lointain et très vague souvenir, étaient bels et biens vivants, si pas dans la réalité à tout le moins dans l'imaginaire collectif des hommes; ce qui avouons-le, revient au même dans ces pays de brumes et de légendes.

Et puis le grand roi Arthur était mort de quelques années seulement que déjà son souvenir s'effaçait. La crainte qu'il inspirait peu à peu se dissipait dans les mémoires, les bienfaits d'une paix fragile bien moins vivaces que les affres des sanglantes batailles. Planait donc une menace voilée, le plus souvent ignorée, mais à l'Est, chez les Saxons, loin de la douceur de la brume, germaient la haine, le désir de la vengeance et l'appel du sang. Ainsi vivaient les hommes, sans grande lucidité et dans la précarité. S'agit-il de la verte Irlande avec ses lacs, ses rivières et ses tourbières, ses plaines et ses monts du Connemara ? S'agit-il du Lake district, ou au Nord du mur d'Adrien, des Midlands ou carrément les Highlands ? Peu importe car l'écriture d'Ishiguro, entre récit de chevalerie, épopée fantastique et merveilleuse odyssée, nous offre au long de ce lent cheminement une oeuvre mythique, universelle, intemporelle.

Axl et Béatrice sont mari et femme, depuis longtemps. Je les vois comme deux grands arbres, côte à côte, leurs feuillages se frôlent et souvent s'entremêlent, ils bruissent des mots tendres et doux, inlassablement. Inlassablement répétés, ils se touchent et s'appuient l'un sur l'autre, tantôt l'un, tantôt l'autre, pour résister aux vents contraires. Chacun frêle, mais se soutenant, à deux plus forts, et l'on devine que leurs racines plongent profondément et se sont enlacées à tout jamais. Ces deux-là sont passés à travers les grains et les chagrins, ils ont dû résister à bien des tempêtes, bien des tourments. A eux deux, ils forment une île, une île mystérieuse, une île au trésor, une île flottante au coeur de la brume. Leurs feuillages se frôlent et parfois se touchent, quand le ciel s'éclaircit ils se racontent ce qui leur reste de souvenirs des bons jours et quand la brume s'épaissit alors chacun garde pour lui ses petits renoncements, minimise ses faiblesses et oublie ses griefs. p.406 "Mais Dieu connaît le lent chemin de l'amour d'un vieux couple, et il comprendra que les ombres noires font partie de son entité."

La leçon pourrait n'être que belle, elle est sans artifice, sans recours à la facilité, point de larmes arrachées, de frayeurs générées, d'élans provoqués, elle devient transcendance et creuse au plus profond, vous prend et vous étreint, vous marque de son empreinte. L'écriture est cette longue mélopée intérieure, compagne fidèle des chevaliers errants qui rêvent leur vie, de ce Messire Gauvain chevauchant son vieil Horace à la poursuite ultime de la quête dont il se voit le garant. La magie d'Ishiguro s'est de faire remonter d'un très ancien déchirement venu d'une lance ou d'une épée, ce géant enfoui en chacun de nous dans les brumes de notre mémoire. Un moment rare de pure communion à travers les siècles, l'éblouissement lorsque la brume se dissipe avant de respirer l'essence dont sont faits les hommes.

Et moi tel un de ces étranges bateliers de te poser la question : " Ami(e), oseras-tu cette traversée ?"


PS. Ici à Mons ce dimanche 22 mai au combat dit Lumeçon, tous de s'écrier "El biète est morte"*, lorsque St Georges achève le Dragon mais deux jours plus tard s'inscrit en lettres de feu "In vla co pou ein an"* pour terminer la ducasse et rappeler aux esprits embrumés par forces ripailles et moultes bières que le combat entre l'ordre et le désordre est sans cesse à recommencer. Il faut recommencer, année après année, pour ne pas oublier le Dragon, souffle de liesse et liberté, terrassé par St Georges engoncé dans son armure, conforté par le bon droit, main armée aux ordres de l'autorité. Où est le Bien ? Où est le Mal ? Qui en décide ? Faudrait-il oser l'année du Dragon, lui accorder notre confiance ? Ou continuer à préférer la quiétude de l'oubli à une année de folie ? Ici l'histoire se répète, sa magie serait-elle moins forte que celle d'Ishiguro ?

* La bête est morte
* En voilà encore pour un an
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Bien loin, très loin de notre temps, dans l'Angleterre médiévale qui suit la légende arthurienne, une communauté de Bretons vivait là, dans cette contrée plutôt lugubre d'après l'auteur. Parfois, du vaste marécage environnant, sortaient des ogres émergeant de la brume. Des logis, creusés dans la colline, formaient un labyrinthe avec une salle commune où un grand feu flambait pour réchauffer les différentes chambres. Celle d'Axl et de Béatrice, un vieux couple uni, se trouvait au fond du souterrain. Ici, ils sont considérés comme un couple stupide, interdit de s'éclairer d'une bougie, la vieillesse pouvant conduire à un éventuel départ de feu.
Dans cette communauté, pas d'évocation du passé, mais Axl se tourmente sur des personnes désormais absentes mais qu'il est bien persuadé d'avoir connues. Sont-ce des inventions découlant d'un esprit vieilli et embrumé ? Des restes de rêves ? Une mémoire qui devient confuse ?
Pourtant, tout le monde semble oublier les évènements et jusqu'aux êtres qui ont marqué les jours précédents et les années passées. Alors Axl décide qu'avec sa princesse, ils doivent sans délai accomplir le voyage longtemps repoussé qui doit les mener au village de leur fils. Pourquoi ne pas y avoir songé avant ? Même si aucune image du fils ne traverse leur mémoire, malgré les efforts à tous deux pour faire ressurgir leurs souvenirs, ils préfèrent aller le rejoindre. Tous les épisodes de leur vie commune sont comme mangés par la brume. Quelle peut être l'origine de cette brume qui prend en otage le passé ?

Kasuo Ishiguro nous pousse alors vers une bien étrange et envoûtante quête. Son féérique talent de conteur tente de nous perdre dans ce voyage aux accents de légende, d'histoire, de superstitions. Mais l'on se doute bien que tous les éléments, toutes les rencontres, tout ce cheminement vont nous ouvrir les portes de réflexions plus profondes.

La première étape du périple de nos deux Bretons, pour s'abriter d'un orage, me laisse immédiatement perplexe. Mais où de telles singularités de la part de l'auteur peuvent-elles nous mener ? Je baigne dans une ambiance de conte qui flirte avec le sordide, dans une villa en ruines qui abrite, d'un côté, une vieille femme agrippant un lapin sur la gorge duquel elle maintient fermement un couteau, et dans un autre recoin un homme de haute taille, batelier de son état, qui nous fait part de sa détresse. L'étrangeté manifeste de cette halte trouvera pourtant tout son sens à la fin du voyage.
Même si l'auteur semble s'attarder quelque peu sur le trajet, je n'ai pu résister à l'envie de déceler toutes les allégories qu'il nous fait rencontrer en chemin, tout en partageant la tendresse qui unit ce vieux couple.
Après le passage de la Grande Plaine, ils arrivent chez les Saxons et repartent accompagnés d'un guerrier et d'un jeune garçon. Plus loin, ce sera la rencontre avec un ancien chevalier du roi Arthur dont la côte de maille toute rouillée grince à chaque pas. Et ces pas grinçant vont nous mener vers une dragonne, tout en gardant à l'esprit qu'il est impératif pour Béatrice de recouvrer tous ses souvenirs. Mais est-ce réellement une bonne chose que la brume se dissipe ? Cette dissipation ne va-t-elle pas mettre en lumière des actes répréhensibles, des discordes qu'il serait plus sage d'oublier ?

Oui, le voyage est osé, complètement atypique, nous plongeant même dans une rivière maléfique où grouillent des elfes sauvages, mais quel voyage merveilleux dans la prise de conscience sur la mémoire et le passé qui s'y rapporte, sur les aléas de la vie de couple et l'amour inaltérable, sur la fragilité de la paix lorsque l'esprit de conquête ne meurt jamais, sur l'envie de vengeance ou de pardon et sur la fin qui nous attend tous.

Dans une enveloppe marquée d'imaginaire Kazuo Ishiguro évoque incomparablement des chapitres de nos propres vies.
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critiques presse (4)
Lexpress
07 avril 2015
S'il faut un temps pour s'habituer au ton de cet anti-Trône de fer, la subtilité du Géant enfoui ô combien allégorique finit par passionner. Et émouvoir.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Elbakin.net
27 mars 2015
Ambitieux, entêtant et parfois déroutant.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Bibliobs
02 mars 2015
Fruit de dix ans de travail, le nouveau roman d’Ishiguro raconte la naissance de l’Angleterre moderne dans une chanson de geste inspirée des grandes légendes arthuriennes, où un couple d’amoureux vieillissants, Beatrice et Axl, cherchent à retrouver leur fils perdu dans un territoire hostile.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeDevoir
02 mars 2015
L’auteur britannique plonge dans un passé légendaire pour mieux cerner l’humanité de demain.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
– Mais comment est-ce possible, Ivor ? demanda Béatrice. Est-ce encore la brume qui leur a fait oublier le récit des horreurs que l'enfant a subies il y a si peu de temps ?
– Si seulement c'était vrai, madame. Mais cette fois ils semblent ne s'en souvenir que trop. Les païens ne voient pas plus loin que leur superstition. Ils ont la conviction qu'une fois mordu par un monstre le garçon on deviendra un bientôt et fera des ravages dans nos murs. Ils le redoutent et, s'il devait rester ici, il subirait un sort aussi terrible que ceux à qui Wistan l'arraché la nuit dernière.
– Mais Monsieur, dit Axl, il y a sûrement ici des personnes assez avisées pour raisonner avec plus de bon sens.
– Si c'est le cas, nous sommes en nombre insuffisant, et même si nous parvenons à imposer la retenue un jour ou deux, les ignorants ne tarderont pas à arriver à leurs fins.
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- Eh bien, si c'était le lutin, quelle importance, princesse ? Tu ne souffres que d'un mal infime, c'est l'œuvre d'une créature plus joueuse qu'hostile, comme cet enfant espiègle qui, une fois, a déposé une tête de rat dans la corbeille en vannerie de dame Enid juste pour la voir courir partout épouvantée.
- Ce que tu dis est juste, Axl. Plus joueur qu'hostile. Je suppose que tu as raison.
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Je suis un simple mortel, je ne le nie pas, mais je suis un chevalier bien entrainé et encouragé durant de longues années de ma jeunesse par le grand Arthur, qui m'a appris à affronter toutes sortes de défis avec enthousiasme, même lorsque la peur s'insinue jusque dans la moelle, car si nous sommes mortels, brillons du moins de tous nos feux aux yeux de Dieu pendant que nous marchons sur cette terre!
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C'est si loin à présent, comme un oiseau qui s'envole et devient un point dans le ciel. Mais notre fils a été témoin de cette amertume, à un âge trop avancé pour se laisser berner par de douces paroles, et trop jeune cependant pour connaître les étranges circonvolutions de nos cœurs.
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"Conquête, monsieur ?" Axl se rapprocha de lui. "Comment est-ce possible, maître Wistan ? Vos armées saxonnes ont-elles grossi leurs rangs grâce à vos cousins du continent ? Vos guerriers sont-ils si féroces pour que vous parliez de conquérir des pays bien installés dans la paix ?
- Il est vrai que nos armées sont encore peu nombreuses, même dans les marais. Mais tournez vos regards vers ce pays tout entier. Dans chaque vallée, près de chaque rivière, vous trouverez maintenant des communautés saxonnes, dont chacune comprend des hommes forts et des garçons qui grandissent. C'est avec eux que nous gonflerons nos rangs en balayant le pays de l'ouest.
- Maître Wistan, vous parlez sûrement sous l'effet de la victoire, dit Béatrice. Comment cela se pourrait-il ? Vous voyez bien qu'ici vos proches vivent en bonne intelligence dans leurs villages. lequel d'entre eux se tournerait contre des voisins affectionnés depuis l'enfance ?
- Voyez le visage de votre mari, madame. Il commence à comprendre [...]
- [...] Nous attendions tous les deux avec impatience la fin de Querig, songeant seulement à nos chers souvenirs. Mais qui sait quelles vieilles haines vont se déchaîner maintenant dans le pays ? Nous devons espérer que Dieu trouve encore un moyen de préserver les liens entre nos peuples, pourtant la coutume et la suspicion nous ont toujours divisés. Qui sait ce qui arrivera quand les hommes à la parole facile feront rimer d'anciens griefs avec un désir neuf de terre et de conquête ?
- Vous avez raison de le redouter, maître Axl, dit Wistan. Le géant, autrefois bien enfoui, est en train de se réveiller. [...] La nuit, les hommes brûleront les maisons de leurs voisins. A l'aube, ils pendront les enfants aux arbres. Les rivières empesteront les cadavres boursouflés après des jours de voyage. Et à mesure qu'elles progresseront, nos armées grossiront, gonflées par la colère et la soif de vengeance. Pour vous, Bretons, ce sera comme si une boule de feu roulait vers vous. Vous fuirez ou périrez. Et, région après région, cela deviendra une terre nouvelle, une terre saxonne, sans la moindre trace de l’époque de votre peuple à l'exception d'un troupeau de moutons ou deux errant dans les collines sans bergers."

p. 428-430
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Vidéo de Kazuo Ishiguro
Découvrez "Klara et le Soleil" : le premier roman de Kazuo Ishiguro après son prix Nobel de littérature en 2017. L'Académie suédoise avait salué "la puissante force émotionnelle" des romans de l'écrivain.
Klara est une AA, une Amie Artificielle, un robot de pointe ultraperformant créé spécialement pour tenir compagnie aux enfants et aux adolescents. Klara est dotée d'un extraordinaire talent d'observation, et derrière la vitrine du magasin où elle se trouve, elle profite des rayons bienfaisants du Soleil et étudie le comportement des passants, ceux qui s'attardent pour jeter un coup d'oeil depuis la rue ou qui poursuivent leur chemin sans s'arrêter. Elle nourrit l'espoir qu'un jour quelqu'un entre et vienne la choisir. Lorsque l'occasion se présente enfin, Klara est toutefois mise en garde : mieux vaut ne pas accorder trop de crédit aux promesses des humains... Après l'obtention du prix Nobel de littérature, Kazuo Ishiguro nous offre un nouveau chef-d'oeuvre qui met en scène avec virtuosité la façon dont nous apprenons à aimer. Ce roman, qui nous parle d'amitié, d'éthique, d'altruisme et de ce qu'être humain signifie, pose une question à l'évidence troublante : à quel point sommes-nous irremplaçables ?
Découvrir le roman : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Du-monde-entier/Klara-et-le-Soleil
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