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Marie-Noëlle Shinkai-Ouvray (Traducteur)
EAN : 9782877309905
100 pages
Editions Philippe Picquier (18/04/2008)
3.33/5   66 notes
Résumé :
Deux récits, mordants et drôles, sur le monde du travail au Japon, vu du côté féminin,.
Après avoir été virée pour avoir molesté son patron qui s’était montré obscène et insultant, voilà Kyôko qui accepte une « rencontre arrangée » avec un homme infatué de lui-même et de la taille… de son entreprise.
Dans le second récit, l’amitié qui unit la jeune Oikawa à son collègue de travail Futochan est de nature assez spéciale. Il n’est pas courant que le fantô... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Ce petit volume, qui a obtenu en 2005 le prestigieux prix Akutagawa, regroupe deux récits sur le thème du monde du travail japonais vu par une jeune femme. Le premier qui donne son titre au recueil met en scène la narratrice Kyôko, dans deux scènes de dialogue. Elle a perdu son boulot depuis qu'elle a molesté son patron qui avait tendance à tripoter ses employées. A 36 ans, sa mère et une femme âgée avec laquelle elle a sympathisé lui arrangent une rencontre, car il serait temps qu'elle se marie ! le face-à-face avec un homme parfaitement macho et ne pensant qu'à son boulot sera l'occasion d'un échange croustillant, qu'elle réévoquera, ainsi plus généralement que les affres du monde du travail nippon, avec une ex-collègue de travail qui a réussi à se recaser dans un nouveau job. Au passage, elle n'oublie pas de dire qu'elle n'aime pas les enfants, ce qui sans être évidemment une généralité chez les japonais, peut interpeller sur la gestion de leur vie intime et familiale, la natalité étant comme chacun sait particulièrement et structurellement, historiquement basse au Japon. Le ton est percutant et frais, humoristique, c'est une petite histoire qui se lit avec plaisir, sans être spécialement révolutionnaire.
Dans J'attendrai au large, nous suivons les premiers pas dans la vie active, puis leurs premières années d'évolution, au gré des mutations, de la jeune femme narratrice Oikawa et d'un ami et collègue de travail, Futo, dont l'embonpoint ne cesse de s'accroître, mais qui néanmoins réussit à se marier avec une charmante collègue, Mlle Iguchi. Futo propose à Oikawa un drôle de serment mutuel : que le survivant des deux détruise le disque dur de l'ordinateur de l'autre, pour préserver le secret le plus cher du défunt. Lorsqu'il décèdera accidentellement, elle s'exécutera, mais il aura malencontreusement laissé des traces papier de son secret...qui prêtera plutôt à sourire, voire à rire. J'avoue que je me suis dis tout ça pour ça, mais c'est bien japonais, le côté éviter à tout prix de se taper la honte et de perdre la face.

Ces deux récits publiés en 2004 ont le mérite de resituer le contexte dans les quelques années suivant l'éclatement de la bulle financière. C'est le désenchantement, la fin du rêve nippon, de cette croissance exceptionnelle qui a porté le Japon à la deuxième place parmi les puissances économiques mondiales. Les jeunes japonais découvrent la précarité professionnelle, les femmes sont toujours traitées avec machisme, et le travail en très grandes firmes est finalement assez ennuyant et peu motivant. Les gens différents peuvent aussi êtres ostracisés, dans une société aseptisée où il faut plus qu'ailleurs encore se conformer sans cesse à la norme sociale. De ce point de vue, ces récits sont intéressants. Ils sont aussi légers et se lisent d'une traite.

Cependant, ils ne font qu'effleurer le sujet, le traitement est trop rapide, les thématiques sont finalement plutôt traitées comme des anecdotes. C'est dommage, la photographie est faite en mode panorama, champ large, on ne peut pas dire qu'on apprend énormément de choses que l'on ne sache déjà du monde du travail japonais. La promesse n'est donc pas totalement tenue, loin de là, le pitch est survendu.

Un petit livre sympa, sans plus, et l'éditeur français n'a d'ailleurs pas édité depuis d'autres ouvrages de l'auteur, si toutefois il y en a eu d'autres au Japon.
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Il s'agit ici de deux courts romans dont le premier donne son titre au livre.
- le jour de la gratitude au travail : Kyôko, jeune japonaise de 30 ans, célibataire et sans emploi, fait figure de rebelle dans son pays (eh oui, il y en a même au Japon !). En tous cas, elle n'a pas froid aux yeux, ose dire et manifester ce qu'elle pense réellement des conventions (elle quitte précipitamment une rencontre "arrangée" avec un homme fat, par exemple) et cela ne lui nuit pas toujours (mais souvent).
- Dans le second récit, "J'attendrai au large", une amitié entre collègues est interrompue tragiquement mais l'une des deux tient à être fidèle à sa promesse en exhaussant le dernier souhait de son camarade.
Ces deux nouvelles, pleines d'humour et de nostalgie, représentent une fine analyse du monde du travail nippon par une autrice qui le connaît de l'intérieur. La condition féminine dans ce pays est aussi bien évoquée.
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Deux récits originaux
1) Le Jour de la Gratitude au Travail
Kyôko, la narratrice, 36 ans, toujours pas casée, est en rogne ! Elle a perdu son boulot et il faudrait en plus qu'elle remercie humblement la société le jour de la Gratitude au Travail ? Pour couronner le tout, la voisine d'en face et sa mère ont arrangé un déjeuner avec Nokyama Kiyoshi...
"Kyôko et Kyoshi" sur un gâteau de mariage, ça vous ferait envie vous ?
Une nouvelle mordante, enlevée, moderne, tonique sur la condition féminine au début des années 2000. C'était ( c'est ?) pas jojo au japon... Le caractère bien trempé de la narratrice cache son désenchantement.

2) J'attendrai au large
La narratrice Oikawa se rend dans l'appartement vide de Futo. Elle l'appelle. Il lui répond qu'il est là avec un hoquet...Or Futo est mort trois mois plus tôt....
Retour en arrière...Tous les deux sont de la même promotion universitaire et ont été engagés en même temps à Fukuoka ( Sud de l'archipel) chez un fabricant d'équipement sanitaire....occasion pour nous de découvrir le monde de l'entreprise en même temps que les protagonistes: intégration , hiérarchie, relations entre collègues, mutations... C'est ce qui m'a plu...L' histoire, qui partait bien, m'a déçue et la qualité littéraire encore plus.
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Le Jour de la Gratitude au Travail comprend deux nouvelles acides et énergiques.

Dans la première, Kyoko, 36 ans, célibataire et chômeuse après avoir molesté son patron qui se conduisit comme un véritable goujat lors de la veillée funèbre du père de la jeune femme, accepte un miyai. C'est-à-dire passer par une entremetteuse en vue d'un mariage arrangé, plus pour céder à sa mère que par envie. La rencontre avec le prétendant est un grand moment, d'une drôlerie mordante.
Itoyama Akiko dresse dans cette nouvelle le constat sur les conditions de vie d'une Office Lady célibataire dans une société où la femme non mariée est regardée comme un être qui sort de la norme. Sous le côté humoristique du récit flotte un arrière-goût d'amertume. Même si avec Kyoko, on est loin de l'image de la Japonaise silencieuse et obéissante véhiculée par certains clichés.

La seconde histoire insère une pointe de fantastique dans le texte. Futochan et Oikawa sont collègues mais surtout liés par un fort lien d'amitié, quand Futochan meurt, un candidat au suicide lui étant tombé dessus (il y a des morts comme ça qui paraissent incroyables). le fantôme de cet ami se présente à Oikawa pour lui demander de répondre à leur pacte d'entraide, même au-delà de la mort et de récupérer quelque chose pour lui.
Ici aussi Itoyama Akiko aborde le monde du travail et des salary men japonais, selon un tout autre angle.

J'ai une petite préférence pour la première nouvelle du fait du caractère bien trempé de son héroïne, mais l'ensemble se lit avec plaisir. L'ouvrage dépeint l'univers professionnel au Japon avec intérêt, sans entrer cependant dans tous les détails. Mais en peu de pages, beaucoup de choses essentielles sont dites.
De plus, la couverture interpelle avec cette jeune femme aux yeux malicieux portant un pot de fleurs entre ses mains. Pour l'offrir ou pour le balancer sur quelqu'un?
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En 2009, j'ai fini mon mémoire d'Histoire qui portait sur les conséquences de l'occupation américaine du Japon sur les femmes, analysé sous l'angle des études du Genre. J'avais pu dans ce cadre lire beaucoup de livres, de témoignages, de l'époque, mais aussi contemporains pour dresser des parallèles. La question du travail et des opportunités qui s'y présentaient pour les femmes japonaises revenait très souvent pour présenter un bilan toujours assez négatif. Même si la situation s'est améliorée.

Aussi, quand j'ai repéré ce livre dans la bibliothèque de mon centre de japonais, une vague de souvenirs m'a irrésistiblement guidé vers lui.

Ce livre a été une agréable surprise dans sa manière d'évoquer le thème du travail. Avec une plume mordante, qui vous surprend et vous emporte dans le récit, Akiko Itoyama nous emmène, au travers de deux nouvelles, dans la vie de deux femmes, l'une au chômage, l'autre venant de perdre un collègue, ami très proche. La première accepte une rencontre arrangée avec un portefeuille sur pattes qui ne pense et vit que pour son entreprise. Où rien ne va se passer comme prévu... La seconde est une employée persévérante, qui nous dévoile sa carrière et les difficultés rencontrées, le secret qui la lie à Futo, son collègue qui vient de mourir et pour qui elle doit accomplir une promesse qu'elle lui a tenu voilà des années.

Dans ces histoires, c'est le cheminement personnel de ces femmes qui portent la narration. le travail et sa perception sont relégués au second plan. Et pourtant, par leurs chagrins, leurs interrogations, leurs rires, elles dévoilent plus qu'elles ne peuvent en dire. C'est toute la réussite de ce livre, qui sans jamais dénoncer ni incriminer directement le monde du travail japonais, rigide et fermé au-delà d'un certain seuil aux femmes, nous emmène dans les pérégrinations de personnages très présents et qui pourtant s'évaporent dès que la page se tourne. Tout en laissant durablement une empreinte sur nous.

Ca se lit vite, et bien, on est surpris d'être déjà arrivé au bout. On aurait aimé partager plus de temps avec elles.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Chose bizarre, les femmes qui aiment les enfants ont l'air douces et celles qui disent les détester ont l'air méchantes. Bien sûr, tout le monde sait que les enfants ne sont pas des anges. Ils sont sales, ils mentent, ils font des caprices, ils sont niais et enquiquinants au possible. Moi ? J'étais une gosse détestable. Par exemple, quelqu'un de la famille me faisait un cadeau. Dès que je l'avais reçu, la première idée qui me traversait l'esprit, c'était la meilleure manière dont je pourrais décevoir le généreux donateur. Lancer son cadeau dans le jardin devant lui, ou le casser, ou encore le jeter à la poubelle. Je n'en faisais rien mais j'y pensais toujours. J'ai les enfants en horreur et moi quand j'étais petite, aussi.

Extrait du récit "Le Jour de la Gratitude au Travail."
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M.Nobeyama, s’il faut le décrire, faisait penser pour le visage à un pain rond fourré à la pâte de haricots qu’on aurait frappé du poing à un beau milieu. Dans la partie bombée par la garniture sucrée, il y avait une paire d’yeux humides, des lèvres renflées et cramoisies, les joues, elles, étaient tombantes. Les cheveux, ni franchement courts ni franchement longs, avaient peut-être été lavés mais donnaient une impression de saleté. Mais quand on aime, ça peut remédier à une certaine laideur. Ne serait-ce que par politesse, essayons de voir du côté du caractère. Si ça se trouve, même avec une telle physionomie, c’est peut-être la crème des hommes, allez savoir.
Oui mais je ne sais pas quoi lui demander. Je n’ai jamais fait de rencontre arrangée jusqu'à maintenant. Vous n’êtes pas accro aux jeux d’argent, bien sûr ? Pas de manies sexuelles non plus, parce que ça serait embêtant. Toutes questions rudement importantes mais je ne peux pas les dire. Dans ma tête, il y a une voix qui fait : peux-tu-coucher-avec-ce-mec ? Hum. Ça place la barre drôlement haut. M. Nobeyama pensait pensait visiblement à peu près à la même chose. Mais lui, il a lâché le morceau d’emblée.
- Quelles sont vos mensurations ?
- 88-66-92.
Il a de nouveau souri d’un air entendu.
Prostitution ou marché aux bestiaux ?
J’aurais bien voulu, moi aussi, lui demander la longueur et le diamètre de son zizi mais devant Mme Hasegawa et ma mère, je me suis bien évidemment abstenue. Abréger l’entrevue en posant la question aurait peut-être représenté une économie de temps.

Extrait du récit « Le Jour de la Gratitude au Travail. »
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Tout en se déchaussant dans l'entrée, Nobeyama Kiyoshi a sorti un mouchoir en papier avec la publicité d'une maison de crédit, enveloppé son chewing-gum dedans et fourré cette boule molle dans sa poche. Il ne sait pas ce qui l'attend, quand ça colle au tissu, il faut l'ôter à la neige carbonique et c'est la croix et la bannière pour y arriver, mais pourquoi me voilà partie à raisonner comme une parfaite ménagère ?
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J’avais non seulement choisi un emploi général, mais aussi la société qui traitait le plus équitablement les femmes, et à la réception de mon avis d’embauche, j’avais cru à un amour réciproque et à l’entente parfaite mais rendue à pied d’œuvre, j’ai vite déchanté : toutes les filles sortaient des facultés d’économie ou de droit de Waseda, Keio et des ex-universités impériales, finalement j’avais été recrutée sur des critères élitistes, et voilà tout. On avait beau arriver sur le marché du travail en pleine bulle économique, le nombre d’emplois pour les filles était restreint et elles ramaient pour décrocher une embauche. Il n’y avait que les garçons qui se la coulaient douce. Bien sûr, c’est plus rude encore pour les étudiants maintenant. Il n’y a pas d’emploi. Alors on refuse à ma génération le droit de se plaindre.
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Shibuya, c'est l'horreur. Le bruit, les lumières, l'air, les gamins, autrefois devant Fujiya, ça sentait le ragoût de lard pourri mais ces derniers temps, tout de même, l'odeur a disparu. Je hais Shibuya à longueur d'année, mais à l'époque de Noël, c'est encore pire. Mais un quartier calme ne convient pas à un jour où je me sens larguée comme aujourd'hui. C'est juste la nullité qu'il me faut.
Quelque qui se balance retient mon regard et , une fois fixée mon attention, c'est un couple enlacé dont la fille est train de tanguer les genoux pliés. Un rut au milieu du tapage ? Même chez les animaux, il y a des périodes appropriées pour ça.
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