AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Enroute


Pour Searle, le monde est une réalité physico-chimique - après seulement vient la conscience. Il oppose les faits bruts (nés de la "matière brute") aux faits sociaux (qui implique l'intentionnalité collective) et aux faits institutionnels (quand les faits sociaux sont reconnus publiquement). L'intentionnalité collective est une sorte de consensus qui s'obtient de lui-même sans échange ni communication ; une sorte d'évidence qui s'impose et que tout le monde adopte "par soi-même", une sorte de visée commune non partagée. C'est ainsi que l'intentionnalité commune est sans conscience.

En d'autres termes, la réalité sociale se crée d'elle-même, sans personne ni même sans conscience. L'intentionnalité collective se remarque à la possibilité de dire que "X est compté comme Y dans le contexte C". Par exemple, ce morceau de papier est compté comme argent dans le contexte "Etats-Unis". il suffit de le croire pour que cela soit vrai. Cela est possible car l'intentionnalité collective se résume à une structure de base qui est "Nous acceptons (S a le pouvoir (S fait A))" ; cette structure est valable et le fait social correspondant existe même si personne ne la prononce. de toute façon le "nous" n'est pas un ensemble de "je", mais un "nous" formulé indépendamment par chaque individu (sous une influence inconnue).
C'est ainsi que se construit la réalité sociale : par elle-même, et lorsque les faits sociaux sont reconnus et révélés ("conscientisés"), ils deviennent des faits institutionnels.

Cette conception est évidemment inspirée par le réalisme, la logique, le refus du sujet et vise à suggérer des conventions qui feraient consensus pour consolider une réalité observée. On se demande cependant comment on "observe" le "nous acceptons" et pourquoi son institutionnalisation devrait se faire par elle-même, sans engagement des "sociétaires". On se demande aussi pourquoi, si tout est si naturel, les "réalités sociales" diffèrent selon les ensembles politico-culturels sur la Terre. On se demande enfin si l'instauration d'un consensus inconscient de type "nous acceptons que" (un "arrière plan" pour Searle) ne pourrait pas prendre sa source dans une intention singulière d'amener ce consensus, ces "pratiques". Cette possibilité n'est pas discutée. L'instauration de consensus s'applique par ailleurs prioritairement à l'argent et au base-ball et il n'est jamais question des règles qui mettent en places ces règles, de la possibilité, consciemment, volontairement, intentionnellement, de remettre en cause les règles et normes existantes. Sujet et autorité disparaissent ; il ne reste que l'évidence de la nature qui développe toute seule l'évidence de sa téléologie (qui n'est étonnamment pas interrogée).
Commenter  J’apprécie          05







{* *}