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EAN : 9782940055470
50 pages
La Dogana (08/11/2004)
4.75/5   4 notes
Résumé :


L'auteur rend hommage à son ami poète A. du Bouchet en évoquant sa grandeur d'âme et retranscrit dans ses poèmes le lien fragile qui existe entre les être humains, les animaux et les mots.
Que lire après Truinas : Le 21 avril 2001Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La neige par-dessus la terre.
Avec ses introuvables routes aussi tarabiscotées que la rivière de la Rimandoule est linéaire, la commune de Truinas s'éparpille, insaisissable malgré une ceinture de montagnes dentues et boisées. Dans le minuscule cimetière attenant à l'église Saint-Jean-Baptiste, la tombe du poète André du Bouchet (1924-2001) est réduite à sa plus simple expression. Pourtant elle irradie encore malgré l'effacement et l'effarement des années. le 21 avril 2001, Philippe Jaccottet (1925-2021), vient assister à l'inhumation de son ami et frère d'âme en poésie avec les feuillets qu'il a composés la nuit précédente et qu'il va lire sotto voce. Il travaillera ensuite son texte pendant trois ans pour le faire paraître en 2004 chez l'éditeur suisse La Dogana. Coiffés d'un titre lapidaire, les fragiles feuillets vont tenter de nouer la mort à la vie, l'obscurité à la clarté. Partant de l'ultime lettre reçue par son ami le 31 mars 2001, Jaccottet tisse à partir du fragment : « Arrivé à Truinas dans une merveilleuse tempête de neige » un chemin de lumière avec la neige poudreuse tombée le 21 avril 2001, jour de l'enterrement. Les mots ne pèsent rien face à la béance de l'absence mais le poète se remémore, digresse et creuse sa présence au monde dans l'éblouissement de cette journée aiguisée : « Et là-dessus, la neige légère, comme les plumes abandonnées par une migration tardive ».
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Lorsque Philippe Jaccottet se rend, ce jour là, à Truinas, c'est pour accompagner un ami, André du Bouchet, dans l'humble demeure d'un petit cimetière où le silence, les collines de glaise, les vieilles pierres, se feront encore longtemps l'écho du poète. Un hommage simple et vibrant.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
[LA VEILLE DE L’ENTERREMENT D’ANDRÉ DU BOUCHET]




LA VEILLE DE L’ENTERREMENT d’André du Bouchet, le 20 avril, Marie, sa fille, m’ayant téléphoné pour me demander si je dirais quelques mots, à cette occasion, je lui avais répondu n’être pas sûr d’en avoir le courage. Puis, le soir même, ayant fait réflexion que si personne ne parlait ― comme je me doutais déjà qu’il n’y aurait pas de véritable cérémonie ―, ce serait encore plus douloureux, j’avais écrit, rapidement, ceci :
« Dans la dernière lettre reçue d’André du Bouchet, datée du 31 mars, ces mots : ‘Arrivé à Truinas dans une merveilleuse tempête de neige…’

Alors me sont revenus ces vers d’Hölderlin dans ‘Mnémosyne’ :



Et la neige comme des muguets de mai qui signifie
Noblesse d’âme, où
Qu’elle soit, brille avec le vert
Des prairies au flanc des Alpes,
Là-bas où s’en va sur la haute route, parlant
De cette croix au bord du chemin plantée
En souvenir des morts,
Un voyageur avec
L’autre. Mais qu’est-ce donc ?



‘Noblesse d’âme’ : mots devenus presque imprononçables : C’est pourtant ce que nous avons tous admiré, aimé, chez André du Bouchet ; comme sa fougue préservée jusqu’aux derniers jours malgré ce qu’il a eu à endurer ; et cette vaillance, elle aussi gardée jusqu’au bout, et que je lui ai toujours enviée.
Aussi bien, chaque fois que nous revenions de Truinas, Anne-Marie et moi, nous nous sentions revigorés, retrempés. Et, si c’était encore de jour, il y avait à droite de la route du retour, après Dieulefit, l’étroite rivière qui brillait en avant de nous comme de la lumière qui nous eût précédés, conduits, ayant fendu par endroits la roche elle-même brillante. Ce sont ces choses-là qui nous ont gardés proches pendant plus de cinquante ans, ce sont ces choses-là qu’il a atteintes dans les mots comme peu d’autres poètes l’ont pu, d’un trait de flèche, l’arc à sa plus vive tension.
Paroles incandescentes.
Ne plus les entendre, je veux dire oralement prononcées par lui, va beaucoup nous manquer, à tous.
‘Emporté à Truinas ce 20 avril comme dans une merveilleuse tempête de neige’ : ‘la neige comme des muguets de mai’― ils ne vont plus tarder― ‘qui signifie noblesse d’âme, où qu’elle soit’… ». [...]
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Vidéo de Philippe Jaccottet
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