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EAN : 9782070382460
438 pages
Gallimard (22/05/1990)
3.79/5   21 notes
Résumé :
Je porte ainsi en moi, sculptée depuis l'enfance, une sorte de statue intérieure qui donne une continuité à ma vie, qui est la part la plus intime, le noyau le plus dur de mon caractère: Cette statue, je l'ai modelée toute ma vie. Je lui ai sans cesse apporté des retouches. Je l'ai affinée. Je l'ai polie. La gouge et le ciseau, ici, ce sont des rencontres et des combinaisons. Des rythmes qui se bousculent. Des feuillets égarés d'un chapitre qui se glissent dans un a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Je m'adresse de nouveau à vous avec ce riche trophée ramassé dans le kiosque à livres aux Serres d'Auteuil (Paris 16), encore ! J'avoue que le tableau de Jean Dubuffet sur la 1ère de couverture y était pour quelque chose et puis, évidemment, ce titre de maître, duquel se dégage une telle force.
Durant toute mon enfance, je suppliais qu'on me conte une histoire vraie et non une fable. Ce n'est pas donc étonnant que je lis maintenant des biographies ! Dès le premier chapitre, je suis tombée amoureuse de la courageuse personnalité de François Jacob, de son génie de chercheur, très travailleur, de son style d'écriture émouvant, de la nudité tendre de ses souvenirs, enfin de son beau sourire inimitable qui enferme tout, la séduction, l'intelligence supérieure, une légère ironie.
Pour un brillant scientifique, il a un incroyable sens de la formule. Il marque, fait rire, touche. Il sait concentrer de manière fulgurante un fond qui, sans cela, aurait été confus pour un non-biologiste.
François Jacob connaît des réveils par une inspiration osée, un échantillon à vérifier, qui le poussent à courir au laboratoire à la première heure, mais aussi ces réveils en sursaut avec, devant les yeux, les visions déchirantes des blessures et de la mort des amis qu'il a côtoyées trop souvent; car ses études en médecine ont été brutalement interrompues par la guerre. Ses moments ponctuent la biographie de façon bouleversante.
François Jacob et ses collègues éminents, comme André Lwoff, Élie Wollman, Jacques Monod, mettent à l'épreuve toutes leurs hypothèses … jusqu'aux scenarios érotiques entre les bactéries (le nom d'expérience spaghettis donné par Jacques Monod à ses manipulations au mixeur !)
L'auteur parle de ses collaborateurs avec chaleur et sincérité dignes d'admiration. Il évoque leurs complicités et divergences, leurs discussions passionnantes et vitales devant le tableau noir, en train de dessiner des schémas prometteurs. Mais il raconte également ses amitiés diverses et multiples qui ont façonné son caractère (d'où le titre de l'ouvrage !). Il dépeint avec un véritable enchantement sa rencontre radieuse avec Lise (sa future épouse la pianiste Lysiane Bloch qui lui offre « un merveilleux quatuor » de 4 enfants : Pierre, qui devient philosophe, les jumeaux Laurent et Odile, fondatrice des éditions Odile Jacob, et Henri).
En dernier, pour personnaliser cette lecture, je ne vais pas vous cacher une communauté d'esprit que j'ai entrevue sur les pages de ce livre entre François Jacob et feu mon cher papa, un scientifique au tempérament de littéraire, espiègle, beau, éternellement jeune…
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Le livre se termine par "il suffisait de...".
... pour monter l'expérience qui lui permettra d'obtenir le prix Nobel de médecine avec Jacques Monod ?

Il suffisait de ... Je l'ai lu il y a 35 ans. Et je n'ai jamais oublié cette phase qui termine la statue intérieure.

Comme une promesse de garder l'esprit créatif, en éveil. Mais également de savoir capter l'idée lorsqu'elle arrive. Il y a un mystère insondable et fascinant dans le processus de création.

Cette simple phase, "il suffisait de..." en est la meilleure évocation.

A chaque épreuve rencontrée dans ma vie, à chaque problème à résoudre, le "il suffisait de..." de François Jacob m'a guidé et porté.
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J'ai arrêté ma lecture à la moitié sans avoir trouvé ça inintéressant par ailleurs.
L'auteur y raconte ses souvenirs d'enfant et de jeunesse. La montée de l'antisémitisme et l'Occupation allemande, ses études de médecine, son engagement dans l'armée pour la France libre et son expérience de médecin en Afrique du Nord pendant la seconde guerre mondiale.
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Appartenant à une famille juive, François Jacob avait entrepris des études de médecine et se destinait à la chirurgie lorsque la guerre survint. Passé en Angleterre, il s'engage dans la brigade du Général Leclerc et est grièvement blessé en Normandie. Obligé de renoncer à devenir chirurgien, il se tourne vers la biologie et contribue, avec Jacques Monod, aux progrès de la génétique française. Ouvrage d'une écriture toute classique et d'une grande élévation de pensée.
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Une autobiographie... Et quelle vie !
J'ai vraiment apprécié de découvrir le milieu de la recherche, je me suis laissée emporter par la passion de l'auteur...
Un beau livre... Une belle surprise...
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La neige s'était remise à tomber sur le Luxembourg. La lumière baissait, prenait des teintes blanc sale, puis gris sombre. Comme si on repliait le jour pour le ranger dans sa boîte. Pour laisser place à la nuit, à la hantise, aux rêves, aux terreurs. Quand je suis sorti du jardin, l'idée m'est brusquement venue d'une expérience à faire sur la division cellulaire. Une expérience assez simple. Il suffisait de...
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Cette course sans fin après le temps, cette préférence accordée au désir sur la jouissance ne va pas toujours sans inconvénients. Trop souvent, elle empêche de saisir les choses. Plus que la vie, elle nourrit l’illusion de la vie. Cette tension vers le lendemain, il m’a fallu longtemps pour m’apercevoir que, dans un domaine au moins, elle présentait un avantage : dans la recherche. Tard, très tard, j’ai découvert la véritable nature de la science, de sa démarche, des hommes qui la produisent. J’ai compris que, contrairement à ce que j’avais pu croire, le cheminement de la science ne consiste pas en une suite de conquêtes inéluctables ; qu’elle ne parcourt pas la voie royale de la raison humaine ; qu’elle n’est pas le résultat nécessaire, le produit inévitable d’observations sans appel imposées par l’expérimentation et le raisonnement. J’ai trouvé là un monde de jeu et d’imagination, de manies et d’idées fixes. À ma surprise, ceux qui atteignaient l’inattendu et inventaient le possible, ce n’étaient pas simplement des hommes de savoir et de méthode. C’étaient surtout des esprits insolites, des amateurs de difficulté, des êtres à vision saugrenue. Chez ceux qui occupaient le devant de la scène venaient souvent se déployer d’étranges mélanges d’indifférence et de passion, de rigueur et de bizarrerie, de volonté de puissance et de naïveté. C’était le triomphe de la singularité.
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La nuit a englouti le temps. Avec sérénité, elle répand le silence d’où émergent les mots et où ils retournent. Pourtant, le silence peut parfois se fissurer, à l’improviste. Là où on l’attendait le moins vient éclater à la surface de la conscience la bulle d’un souvenir, une vanité, un désir, une humiliation qui remontent du plus profond, font renaître un monde disparu. Quel sac à malice que la mémoire ! Quel piège à images ! Ce qu’un y cherche, on ne le trouve pas. Mais on y trouve ce qu’on ne cherche pas. Elle parle sans fin des lieux, des événements, des gens. Mais de moi, pas un mot. Ce qu’il faut, c’est marcher à son propre rythme, s’attarder ici, folâtrer là. Elle ne supporte guère qu’on la bouscule. Elle ressemble à ces vieillards qui détiennent un secret dont on a absolument besoin et qu’on doit écouter raconter leur jeunesse, leurs amours, leurs exploits militaires des heures durant, avec l’espoir qu’ils finiront bien par en venir au point critique. Alors il faut de la patience. Demeurer à l’affût. Attendre ces éclairs qui surgissent à l’improviste et vous ramènent brutalement dans la maison des parents, dans le lit de quelque ancienne complice, dans un trou du désert sous un bombardement. Se laisser couler dans son passé, ce musée que personne ne peut visiter. Mais aussi ne pas se faire trop d’illusions. Ce qui revient facilement, ce sont les leçons les plus fréquemment repassées, les clichés les plus souvent projetés.
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Je porte ainsi en moi, sculptée depuis l’enfance, une sorte de statue intérieure qui donne une continuité à ma vie, qui est la part la plus intime, le noyau le plus dur de mon caractère. Cette statue, je l’ai modelée toute ma vie. Je lui ai sans cesse apporté des retouches. Je l’ai affinée. Je l’ai polie. La gouge et le ciseau, ici, ce sont ici des rencontres et des combinaisons. Des rythmes qui se bousculent. Des feuilles égarées d’un chapitre qui se glissent dans un autre au calendrier des émotions. Des terreurs évoquées par ce qui est toute douceur. Un besoin d’infini surgi dans les éclats d’une musique. Tous les émois et les contraintes, les marques laissées par les uns et les autres, par la vie et le rêve.
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Les dames anglaises avaient beaucoup changé, beaucoup appris durant cette guerre. Elles ne dédaignaient pas les militaires français mais gardaient leur style propre. Un soir fit irruption dans ma chambre Jean D., les yeux exorbités : « Je viens de faire l’amour avec Patricia qu’on a rencontré hier soir au pub. Après quoi je lui ai demandé de se déshabiller. Elle a refusé en disant qu’on ne se connaît pas assez ! Que faire ? » Je n’avais aucune solution à proposer.
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Video de François Jacob (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Jacob
Odile Jacob : Hommage à François Jacob, Compagnon de la Libération, prix Nobel de médecine. Collège de France, septembre 2015
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