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EAN : 9782863642757
285 pages
Parenthèses (14/03/2013)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Cette anthologie de textes consacrés à Marseille est un véritable « guide littéraire », un défrichage dans une littérature abondante. Le choix qui est présenté ici, reflet de la subjectivité et de la sensibilité de l’auteur, a été organisé en quatorze promenades thématiques et géographiques. À travers les itinéraires, les genres et les siècles se mélangent, sans souci d’analyse littéraire et de chronologie. Ce livre s’adresse notamment à des touristes littéraires, c... >Voir plus
Que lire après Marseille en toutes lettres : Une anthologie littéraireVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Critique réalisée dans le cadre de Masse Critique. Merci à Babelio et aux Editions Parenthèses

Cela fait malheureusement bien trop longtemps que je n'ai pas remis les pieds à Marseille, ma ville natale, où j'ai passé avec ravissement ma petite enfance jusqu'à l'âge de 8 ans, avant de finir par entretenir avec elle un rapport ambivalent d'attraction/répulsion.
Michéa Jacobi, « le piéton chronique de Marseille », nous propose sa propre anthologie littéraire, choisissant selon son goût et la volonté d'éviter les sentiers bien trop arpentés, des textes rassemblés autour de quatorze itinéraires, sans souci d'analyse ou de chronologie, guidé par le plaisir et la surprise, et au bout du compte dans le but affirmé et amoureux de donner à voir, ressentir, appréhender une ville victime de clichés faciles, usés jusqu'à la corde, complexe et mystérieuse à saisir, farouche et sauvage sous ses airs « pagnolesques » et méridionaux.

L'évidence à laquelle je suis revenue en lisant ces textes au gré de mes envies, est que Marseille est avant toute chose un port. C'est au fond, pour moi, mon premier ressenti d'enfant à travers mon histoire familiale et les promenades urbaines qui finissaient toujours par une odeur portuaire, iodée et mazoutée, avec un grand-père m'emmenant avec nostalgie près des pétroliers à quai où il avait travaillé, une grand-mère me faisant arpenter le Vieux-Port où elle avait été marchande de poissons jeune fille…oui, des clichés, n'est-ce pas, mais les clichés naissent toujours d'une vérité… Je ressentais la beauté jusque dans la saleté des rues d'un centre-ville où l'on croisait encore une population modeste, dans ce brassage d'odeurs comme de faciès des passants regardés, avec le soleil et le mistral qui mettaient tout le monde d'accord.

Dans cette anthologie, que ce soit sous la plume De Cesar (Jules pas Raimu) en passant par Simone de Beauvoir, Maupassant ou Paul Morand, sans oublier Jean Genet, c'est cet immense kaléidoscope d'impressions, de couleurs, d'accents, avec le même sentiment que perpétuellement quelque chose nous échappe.
Je suis née à Marseille, le port de Marseille, m'y suis toujours sentie familière et étrangère.
Lisant ces textes, regardant les photographies de Henryk Vierny et leur bleu intense et étale, j'ai compris que le marseillais est toujours en transit, il vient et repart à son port d'attache ou de hasard, embarqué ou débarqué. Marseille est une cicatrice, la trace d'un itinéraire antérieur, d'un exil intérieur, même si on y est né. Mes grands-parents arrivés d'Italie ou certains autres de mes ancêtres venus d'on n'a jamais su où exactement si ce n'est « du sud », ressentaient déjà dans les années 30 un (ou une ?) Marseille comme moribonde. Ça a toujours senti la mort et la putréfaction. On dit souvent que le mistral « lave » le ciel marseillais, et cette lumière incendiaire sèche les plaies avant, dans un mouvement contraire, de les raviver. Marseille, ville de contrastes. Les touristes aiment les calanques, les îles, tout ce qui permet d'échapper à la sclérose d'une ville enserrée sur elle-même, jalouse, violente.
J'ai toujours ressenti la violence à Marseille. La violence, pas la peur. Une rage continue nourrie peut-être de la déception de l'immigré qui a trop rêvé, du rapatrié d'Algérie avec cette souffrance du « on dirait presque notre pays », ce « presque » qui déchire, souffrance du mépris continu du reste du pays pour cette imagerie bon enfant un peu vulgaire savamment entretenue par les élus locaux de tout bord…

Alors, avec le temps, parce que lorsque l'on s'enterre dans un port il faut bien se raccrocher à quelque chose (pas facile d'avoir des racines liquides), ce fameux repli communautaire s'est exacerbé à Marseille, autour d'une équipe de foot tapiesque, de figures politiques Gaudinesques post Gastounesques, des quartiers nords en bidonvilles (où j'ai connu le paradis avec la méditerranée en point de mire), alimentant ce que l'on nous reprochait, ce chauvinisme pétanquesque, les icones du grand banditisme auxquelles le cinéma français peut dire merci…

Marseille c'est ça et ce n'est pas ça. C'est un port j'y reviens, et j'en repars. C'est aussi et surtout la vision d'un Jean-Claude Izzo ou d'un Robert Guédiguian.

Voilà, c'est un peu comme lorsqu'on va en visite chez une vieille tante rasoir : pas vraiment envie d'y aller mais il le faut, envie de vite s'en échapper, et une nostalgie qui vous troue l'estomac sans crier gare quand vous vous en éloignez.
Notre-Dame de la Garde, la rue de Rome, Arenc, la Gare Saint-Charles, je les porte en moi et je les vomis. Ils m'ont un peu trop nourrie, jusqu'à l'écoeurement. Il est probable que ce seront mes dernières effluves au moment de mourir.

Oui j'ai autant détesté Marseille que je l'ai aimée. Pourtant je n'ai jamais retrouvé cette volupté du mélange du mistral et des épices saupoudrées par le vent sur le poisson fraichement péché, ces contrastes qui vous explosent à la gueule en couleurs criardes, les injures qui fusent avant de mourir dans un rire futile, les putes à l'Opéra (une pensée pour mon arrière-grand-mère) la plage des catalans puant la friture frelatée et ses pizzas défraichies, les corps felliniens presque nus et donc presque égaux au rivage d'une mer matricielle, non, tout ça je l'ai perdu, et un peu retrouvé grâce à Michéa Jacobi dont j'ai réalisé après que j'avais beaucoup apprécié également l'ouvrage « Notre Yiddish, un abécédaire » dont il est également l'auteur. Je semble n'avoir pas parlé de son anthologie marseillaise, et pourtant je n'ai parlé que de ça.
Je savais pourquoi j'ai choisi ce livre dans la liste proposée par Babelio. Je voulais retrouver mon enfance et ses sentiments fantasmés avec le temps. Au fond, ces textes en promenades ne sont rien d'autre que ça, un rêve collectif qui finira par s'échapper…

Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Adepte du tourisme littéraire, vous apprécierez sans doute ce livre.
Michéa Jacobi propose une anthologie littéraire de la cité phocéenne judicieusement intitulée "Marseille en toutes lettres". Dommage qu'il soit trop volumineux pour l'emporter en voyage!
L'auteur a fait un gros travail bibliographique mais en cherchant l'exhaustivité il en fait peut-être un peu trop au détriment d'illustrations des lieux évoqués. Car les chapitres sont organisés en 14 promenades thématiques comme l'annonce l'auteur mais il n'y a aucune carte et quand on ne connait pas la ville, comme moi, il est difficile de se repérer. Certes, il y a une trentaine de photographies artistiques d'Henryk Vierny mais je trouve qu'elles s'accordent peu avec le texte.
Je dirais que c'est plutôt l'histoire et la sociologie de Marseille qui sont décrites. le premier sujet est celui de l'arrivée et précisément la description de ceux qui ont constitués Marseille au fil des siècles, les immigrants de l'intérieur où ceux qui sont venus de loin. Car il est bien connu que Marseille est un port et un lieu de brassage des peuples.
Le ton adopté par l'auteur pour présenter les textes choisis est léger et parfois drôle même si son travail est sérieux. Les parcours proposés sont intéressants et les index complets mais je n'ai pas toujours trouvé les ouvrages de référence cités, notamment ceux de Jean Cocteau et Roger Vailland, et je le regrette.


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Michéa Jacobi, MARSEILLE, en toutes lettres. Editions Parenthèses, 2013.

Très belle et noble idée que ces promenades littéraires dans la capitale provençale. On sort enfin de la caricature et du catastrophisme médiatisés de manière permanente. J'ai retrouvé la Marseille de mes parents et grands-parents. Je me suis plongée dans les souvenirs d'enfance mélancoliques. Vertige des escaliers de la Gare St Charles vers le boulevard d'Athènes et la Canebière. Les Réformés sinistres laissent place aux fleuristes colorés de bouquets d'anémones désuets. Boulevard de la Libération, je file subjuguée par les taureaux de mes ancêtres protégeant fièrement le Palais Longchamp, pour me perdre aux Cinq avenues...Le coeur battant, en courant, plein de sanglot, en écho à la musique des mots. Bains surpeuplés, du Prophète au Prado, en passant par la Corniche jusqu'au Parc Borely et les Goudes. A pic des calanques, Sormiou, En-Vau. Pureté, éblouissement du soleil implacable sur la roche blanche nue impudique jusqu'à Cassis; toujours le même ciel encore plus bleu l'hiver par jour de Mistral glacial. Marseille sous le soleil, grouillante et lumineuse le dos calé contre la Chaîne de l'Etoile et les pieds chatouillés par les flots. Mais faut-il donc être marseillais de souche ou de coeur pour apprécier cette anthologie et se sentir ému jusqu'aux larmes?
Clin d'oeil au passé les photos noir et blanc bleutées, pour moi, figent cependant les écrits; à mon goût je les aurais préférées sépia ou tout simplement éclatantes de couleurs, ou très mélangées à l'image du méli-mélo cosmopolite.
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L'écrivain marcheur Michel Jacobi nous balade de façon très inattendue dans Marseille. Au travers de textes d' auteurs qui ont écrit sur cette ville cosmopolite, il nous fait traverser 26 siècles d'histoire. 130 auteurs nous font arpenter cette ville , une promenade littéraire mais aussi découverte d'une cité prestigieuse.
J'avais l'impression de bien connaître cette ville mais l'oeil de l'écrivain met en lumière d'autres facettes de cette métropole aux couleurs incroyables.
à lire comme on se promène: avec lenteur, plaisir, retour en arrière, raccourcis,
Dommage que ce soit un pavé car j'aurais bien aimé l'emmener avec moi dans les rues de la cité phocéenne.
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critiques presse (1)
NonFiction
01 juillet 2013
Parcours urbains et littéraires à Marseille en quatorze circulaires.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Si l'on commence par le Nord, l'Estaque est le premier nom qui vient à l'esprit. L'Estaque : les baraques à chichis, les barques des jouteurs, les villas mauresques des capitaines à la retraite, la rocaille irrémédiablement souillée par les usines au-dessus du paradis prolétarien de Robert Guédiguian. Ou ce qu'il en reste. L'Estaque de Cézanne, de Braque, de Dufy. De Zola.
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Mais, comme on est un simple touriste, comme on aime à rester dans l'imprécision de la littérature, on se contentera, à partir du quai de Rive-Neuve, le quai de l'ancien bagne, de monter jusqu'à l'entrée du jardin Pierre Puget, en haut du cours du même nom, où l'on s'arrêtera devant la statue du sculpteur à son œuvre et la plaque où est gravée cette strophe des Phares de Baudelaire :
« Colères de boxeur, impudences de faune,
Toi qui sus ramasser la beauté des goujats,
Grand cœur gonflé d'orgueil, homme débile et jaune,
Puget, mélancolique empereur des forçats. »
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Cependant, la langue provençale a bien été à Marseille, des siècles durant, la langue parlée, souvent exclusivement, par toutes les classes sociales.
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