Blake et Mortimer, tome 8 : SOS météores

Certes, ce n'est pas ma première rencontre avec ce duo imparable que forment le professeur Mortimer et le capitaine Blake mais je ne me rappelais pas qu'il y avait autant de descriptions narratives. Dans une bande dessinée, au contraire, il me semble que les dessins sont là pour palier à cela mais ce n'est vraisemblablement pas le cas ici et c'est dommage car cela rend cette lecture un peu lourde et rébarbative à mon goût.

Qui n'a jamais rêvé de contrôler le temps ? Non pas le temps qui s'écoule mais le temps qu'il fait dans le monde entier ? Pluie, beau temps ou au contraires, catastrophes climatiques comme c'est le cas ici ? En effet, il semble que depuis plusieurs jours, celui-ci soit terriblement capricieux et c'est Mortimer,, le premier, dès son arrivée sur le territoire français qui va en faire les frais avec le chauffeur de taxi chargé de le mener à bon port, à savoir chez son collègue et ami, le professeur Labrousse. Ce n'est que bien plus tard que le capitaine Blake fera son apparition dans l'histoire et , avec la police, arrivera à démasquer qui se cache réellement derrière ce détraquement climatique car le lecteur, découvre au fil des pages, que celui-ci n'est pas naturel mais bel et bien, et c'est là où la science-fiction intervient, le fruit de l'homme...Homme le plus diabolique qui soit et que le lecteur a déjà rencontré dans d'anciens épisodes mais dont je ne dévoilerai pas le nom ici afin de laisser planer un peu de suspense.

Comment nos héros vont-ils arriver à ce sortir de ce traquenard et de ce piège, dans lequel on les a enfermés, non seulement eux, mais également la population entière ?
Un graphisme extrêmement bien travaillé, rien à redire là-dessus et un scénario très prenant mais dommage, encore une fois je répète ce que j'ai dit en exergue, qu'il y ait tant de descriptions, longues et et trop lourdes parfois, surtout pour un jeune public, concernant les événements en cours et que le lecteur découvre sous ses yeux...

Après quelques tomes de Blake et Mortimer qui m'avaient déçu, S.O.S. Météores me réconcilient avec un excellent souvenir de jeunesse. le professeur Mortimer voyage à Paris pour tenter de comprendre l'origine d'un nombre grandissant de cataclysmes météorologiques. Pendant un trajet en taxi lors d'une soirée tempétueuse, le véhicule perd la route puis disparait avec son conducteur. le professeur, qui avait réussi à s'en extraire et à retrouver son chemin, est soupçonné. Pour prouver son innocence, il fait appel à son ami Blake et les deux sont témoins de quelques événements mystérieux. On y retrouve tout ce qui a fait le succès de cette série : énigmes, aventures, chasse à l'homme, enlèvement, espions, organisations secrètes, etc.

J'ai beaucoup aimé cette intrigue aux accents de science-fiction, tout en ne tombant pas dans l'invraisemblable aberrant (comme dans certains des autres tomes). Les éléments plus étranges trouvent un petit fondement de crédibilité (très petit, mais quand même…). Les explications « scientifiques » semblent faciles à comprendre, bien qu'elles puissent paraitre envahissantes par moment. En effet, les dialogues sont nombreux et longs. Heureusement, on y retrouve un bon équilibre entre eux et l'action. Cela se ressent beaucoup dans les dessins, qui me plaisent de plus en plus, s'éloignant un peu du modèle du comic book américain. Les formes sont plus rondes, les détails plus nombreux. Les Parisiens ou amoureux de la Ville lumière reconnaitront plusieurs lieux et monuments célèbres, même l'architecture des petits villages et des grandes routes. J'adore aussi comment les éléments sont rendus : la pluie la nuit, qui obstrue la vision, les flocons qui tombent, tranquillement d'abord, puis la neige qui recouvre tout le lendemain. Je trouvais le tout particulièrement réussi.

Avant le Piège Diabolique et l'Affaire du Collier, Blake et Mortimer font leur première vraie incursion sur le territoire français avec SOS Météores (on peut d'ailleurs voir une certaine trilogie dans ce triple enchaînement en France).

Une nouvelle fois, c'est Mortimer qui fait la locomotive et Blake qui rattache les wagons ! Quand le premier monopolise les vingt-trois premières pages, le second rattrape le temps perdu dans les trente suivantes et mène l'enquête à lui tout seul pour sauver son ami. Heureusement, un point positif (enfin c'est relatif) se mêle à ce grand écart d'exposition : les situations et les courses-poursuites, assez nombreuses d'ailleurs, rapprochent cette aventure de celles de Tintin, Edgar P. Jacobs et Hergé étant des auteurs très proches dans la vie comme dans le style.
Notons, de plus, un ajout de taille dans cette série des Blake et Mortimer : le Professeur Miloch, nouvel antagoniste, qui apparaît pour le première fois (même si c'est sur la fin de l'épisode), et ce d'une très belle manière, à la fois réaliste et raisonnée. Il donne un contrepoids intéressant à Olrik : face au méchant habituel qui est "méchant" par nature, ce personnage, que certains traiteraient de "savant fou", a des raisons scientifiques de faire ce qu'il fait.

Bref, malgré une situation à nouveau digne de la science-fiction, Edgar P. Jacobs fait avec SOS Météores un pas de plus vers le réalisme le plus pur et cela se ressent de toujours aussi belle manière.

Mortimer a rendez vous en région parisienne avec le professeur Labrousse, directeur de Météo France, pour tenter de comprendre les raisons de la multiplication de phénomènes météorologiques anormaux. La terre entière subit des tempêtes de neige ou de pluie, et des inondations violentes, causant d'immenses dégâts. Mais le simple voyage entre le centre de Paris et le petit village de banlieue ouest où demeure Labrousse est rendu ardu par des chutes de neiges, puis par la disparition inexpliquée du conducteur du taxi…

Cette BD d'E.P. Jacobs date de 1959 et n'a pas pris une ride. Certes les voitures ont les carrosseries des années 50, les trains ne ressemblent pas à des TGV, les nouvelles arrivent sur de vieux récepteurs télé, et la France fait encore partie de l'OTAN, mais le reste est immuable. le récit tient en fait du classique roman d'espionnage, avec une puissance étrangère tentant de paralyser la vie d'un pays. Mortimer va être le gêneur, qui s'intéresse de trop prés au domaine qui abrite les espions. Blake et le chef de la DST, le commissaire Pradier, vont intervenir dans un deuxième temps pour le relayer… Les scènes de course poursuite se multiplient. Jacobs y joint un peu de fantastique, avec un savant brillantissime, Miloch, qui a réussi à manipuler la météo à sa guise.
Tout ceci reste aujourd'hui l'archétype de la BD d'aventure, fantastique et matinée d'espionnage, et fait de S.O.S. Météores un des meilleurs Blake et Mortimer.

Un de mes Blake et Mortimer favoris... de ceux que je relis très régulièrement.
Une histoire captivante, et qui redevient d'actualité!
Y' a plus de saisons!
Les décors de la banlieue, dans l'actuel département des Yvelines ont été minutieusement reproduits par Jacobs, et la poursuite avec les trains de la grande ceinture et de la ligne de Sceaux (actuel RER B) sont un régal pour le connaisseur.
Mention spéciale du décor futuriste, pour les installations clandestine de Troussalet.