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Robert Davreu (Traducteur)
EAN : 9782714443489
384 pages
Belfond (30/11/-1)
3.67/5   267 notes
Résumé :
Depuis le jour où les guérilleros ont débarqué et réquisitionné tous les hommes du village de Mariquita, les femmes sont livrées à elles-mêmes. Qu'à cela ne tienne ! Les ménagères soumises, les épouses dociles vont instaurer un nouvel ordre social.
Ainsi, les très moustachues soeurs Morales décident de remédier à leur condition de célibataires frustrées en créant un bordel ambulant ; Francisca, la veuve d'un grippe-sou notoire, mène la grande vie après avoir ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (71) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 267 notes
1992, Mariquita, quelque part au fin fond d'une Colombie ravagée par une interminable guerre civile. Un beau matin, un groupe de guérilleros déboule dans le village et en réquisitionne tous les hommes, laissant femmes, enfants et curé sans autre choix que de se prendre en mains pour réorganiser la vie du village. Qui d'autre que Rosalba, veuve du brigadier, semble la plus apte à prendre le commandement des opérations ? Elle est peut-être la seule à le croire, la seule à y croire, toujours est-il que la voilà qui occupe la mairie et passe le temps à établir des listes de choses prioritaires, des listes de choses importantes, des listes de listes… Pleine de bonnes intentions et d'imagination mais dépourvue de sens pratique, Rosalba n'en finit plus d'imposer ses décrets absurdes et inefficaces, voire carrément désastreux. Peu à peu cependant, et au prix de quelques drames, le village remontera la pente…
L'histoire est racontée dans la veine du réalisme magique cher aux auteurs latino-américains (bien que James Cañon ait écrit son roman en anglais), le ton est donc à l'humour baroque, avec une galerie de personnages plus extravagants les uns que les autres.
Et pourtant les événements et le contexte général sont loin d'être roses : après le départ des hommes, le village vit des heures noires de faim, de misère et d'isolement du reste du monde. Reste du monde d'ailleurs particulièrement hostile, comme le montrent les courts chapitres intercalés dans le récit principal. Ce sont des témoignages d'hommes, qui côtoient de près la guerre civile : reporter américain, enfant-soldat, guérillero, paysan, paramilitaire ou officier régulier. Leur témoignage est chaque fois purement descriptif, clinique, dépourvu d'émotions, d'autant plus terrible et glaçant.
Le sort des veuves est narré avec beaucoup plus de comique, n'empêche, parfois on rit pour ne pas pleurer…
Avec cette fable politico-écologique, l'auteur tourne en ridicule les dictatures fantoches (de droite et de gauche). Voici Rosalba qui parle : « Je me fiche de savoir ce qui est éthique ou pas ! Je n'ai pas accompli une seule chose dans ma vie sans avoir à mentir ou tricher un peu. (…) Chaque fois que j'ai essayé de faire quelque chose d'une façon correcte, j'ai échoué lamentablement. J'essaie d'être honnête avec tout le monde et de mener une vie fondée sur d'authentiques principes moraux, mais je ne peux pas ».
Les hommes aussi (ou un certain type d'hommes…) en prennent pour leur grade. Sans pour autant que le livre puisse être qualifié de féministe, puisqu'il faut bien admettre à la fin qu'on ne peut se passer d'eux, pourvu que ce soit sur pied d'égalité.
Mais surtout, le roman veut rendre hommage aux femmes (le livre est dédié « à toutes les femmes de la terre »). Encore Rosalba : « Les femmes étaient idéalistes et romantiques par nature, et même si les hommes avaient toujours vu ces caractéristiques comme des défauts, peut-être était-il temps pour les femmes de les honorer comme des qualités féminines uniques et d'en faire usage dans leur vie quotidienne ».
Conclusion : belle histoire, facile à lire, captivante, finalement plus optimiste que triste.
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Le 15 novembre 1992, un dimanche comme tous les autres, une troupe de guérilleros pénétra dans Mariquita, village de la cordillère colombienne, et emmenèrent ou tuèrent tous les hommes de plus de douze ans, excepté le padre Raphaël.

Ainsi commencent Dans la ville des veuves intrépides et les multiples péripéties des femmes de Mariquita. Veuves, célibataires et vieilles filles ont vu, impuissantes, disparaître au nom d'une énième guerre civile, qui un frère, un mari, un fils, un fiancé, une possibilité d'avenir... Un temps, le village sombre dans le chaos et les ruines laissés par les guérilleros.
Rosalba, veuve du brigadier assassiné, autoproclamée maire, décide de se relever, et Mariquita avec elle.

Les choses ne vont pas sans mal ni sans erreur et frictions. James Cañon présente dans son roman une savoureuse galerie de portraits féminins - plus quelques hommes. On assiste à l'évolution des habitudes et des mentalités, une prise de conscience que "du temps des hommes", leur personnalité et leur féminité étaient rabaissées à des corvées domestiques et à une soumission au modèle patriarcal.

L'auteur ponctue les chapitres relatifs à Mariquita de témoignages de guérilleros, miliciens paramilitaires de droite et soldats de l'armée nationale colombienne. Tout n'y est que violence, mort et désolation, au nom du communisme, d'une dictature militaire ou d'un gouvernement bancal. Ces récits masculins offrent un véritable contrepoint à la révolution lente mais en marche dans l'esprit des femmes du village.

Dans la ville des veuves intrépides relève du réalisme magique propre à la littérature sud-américaine, même si l'auteur l'a rédigée en anglais. Je me suis attachée aux personnages hauts en couleur de Mariquita. James Cañon met bien en avant les forces, les failles et les défauts de ces femmes et des quelques éléments masculins qui restent. L'orgueilleuse et quasi dictatoriale Rosalba réserve des surprises, Santiago m'a beaucoup émue au retour de Pedro parti des années auparavant tenter sa chance à New-York, la folie qui s'empare de Francisca après sa surprenante découverte sous son propre plancher, ...

On assiste au fil du temps qui passe à une évolution captivante de la communauté. Les dignités se redressent et le rapport à la masculinité et même à la religion, les deux formes de soumission subies depuis des générations par les femmes du pays, se transforme radicalement. Dans les esprits comme dans la chair. Utopie féministe et humaniste mise en application vaille que vaille, avec force trébuchements.

Je garderai de cette lecture un souvenir très plaisant et qui donne à réfléchir. Ainsi que des moments et des caractères d'anthologie. La force que James Cañon insuffle à ses personnages se propagent via les pages jusqu'à la personne qui lit et ranime volonté et moral qui iraient chancelants. Pourquoi s'en priver?
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À Mariquita, petit village perdu de la Colombie, les hommes ont disparu un matin de 1992. Les guérilleros communistes sont venus et les ont emmenés. Désormais, le village ne compte que des veuves, des vraies et des veuves de fait, privées d'époux. « Son Mariquita chéri s'était mué en un village de veuves dans un pays d'hommes. » (p. 33) le gouvernement n'entend pas les demandes répétées des femmes et le village tombe lentement dans l'oubli, comme effacé des cartes et du temps. D'hommes, il ne reste que le prêtre et un adolescent que sa mère a déguisé en fille pour le soustraire aux guérillos.

Après des années de déréliction, la veuve Rosalba décide de reprendre en main le village. La voici maire de la collectivité et bien décidée à rendre sa prospérité à Mariquita, à la force de ses bras et de ceux de ses compagnes. « Il n'existait rien de tel que le sexe faible. Les femmes étaient faites de chair et de sang, exactement comme les hommes. Une femme qui avait ses deux pieds plantés là où ils devaient l'être pouvait travailler comme un homme, ou même mieux. » (p. 68) Même si le manque d'hommes – le manque de l'homme – se fait cruellement ressentir, Mariquita relève la tête et reprend vie. La préoccupation première de Rosalba est de pérenniser l'espèce. C'est alors que le padre Rafael propose le noble sacrifice de sa personne pour repeupler le village. Mais cette tentative, comme celles qui suivront pour repeupler le village, est vouée à l'échec. Il y a comme une malédiction sur Mariquita : les hommes n'y reviendront qu'à une certaine condition…

Peu à peu, la notion du temps s'efface et personne ne sait plus le mesurer. Pour contrer ce lent effacement dans le temps, Rosalba met en place un calendrier parfaitement féminin qui sera la base du futur de Mariquita et de ses habitants. « Bien sûr que nous avons un avenir. Qu'il soit bon ou mauvais, c'est une autre affaire. » (p. 315) Finalement, le destin du village est lié à un accomplissement suprême, à une transformation totale pour atteindre un état à la fois autarcique et pacifié.

Chaque fin de chapitre est consacrée au portrait d'un homme, guérillero ou paramilitaire colombien. En matière de femme, je ne vous ai parlé que de Rosalba, mais vous serez aussi séduits par Orquidea, Gardenia, Magnolia, Emilia et leurs concitoyennes. Chacune d'elles se révèle loin de l'homme et de ses diktats. Il n'est pas question d'amazones et de féminisme brutal, mais d'une féminité qui prend toute la place, d'abord parce qu'elle y est contrainte, puis parce qu'elle embrasse à pleines paumes un destin sans les hommes.

James Canon se réclame de Gabriel Garcia Marquez et son roman n'est pas sans rappeler Cent ans de solitude et ses méandres familiaux et temporels. Mariquita est un village oublié qui arrache son autonomie et sa survie au néant et au désordre. Entre réalisme magique et féminisme loufoque, ce roman est drôle, grave et nourri d'intertextualité. Cette utopie de doux (douces ?) dingues n'est pas d'une originalité renversante, car elle rappelle trop de monuments littéraires sud-américains, mais elle offre un divertissement plaisant, où la cocasserie est férocement tendre et diablement féminine.
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Je ferme le roman de James Cañon enchantée. Moi qui ne suis pas forcèment une fan des romans fantaisistes, j'ai completement été embarquée par ces femmes, veuves intrépides. Des sujets sérieux comme le féminisme, l'homosexualité, le transgenre, la domination masculine sont traités avec sourire, avec fantaisie et beaucoup d'humour mais aussi avec intelligence.
Le village de Mariquita, village colombien, devient un village sans hommes, ceux-ci se voient contraints de s'engager auprès des guérilleros. Les femmes vont alors s'organiser, bouleverser l'ordre des choses et laisser leurs envies s'exprimer. Hé oui, les hommes ne sont pas indispensables, ces femmes ne sont pas liées corps et âmes à la gente masculine.
Ce conte rocamblesque a quelque chose de magique et cette magie a operé sur moi. J'ai eu un vrai plaisir de voir ces femmes se transformer et s'affirmer. Les reflexions sur le temps m'ont beaucoup plues.
Entre chaque chapitre des extraits sur la guerilla à laquelle la Colombie a été confrontée, la violence et dure réalité contrastent avec la "légereté" de ce roman.
Je ne vais pas tout raconter, ce ne serait pas sympa pour les futurs lecteurs.
C'est un roman coup de coeur.






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Après le très bon roman de J.G Vasquez " le bruit des choses qui tombent" j'avais envie d'une autre promenade en Colombie, plus légère et pourquoi pas plus folklorique. La superbe couverture de Botero (du moins je pense car cela n'est pas précisé) m'a invitée à entrer " Dans la ville des veuves intrépides".
Aucun regret même si ce roman n'est pas "que léger" ! Il est construit un peu comme un conte philosophique car il nous raconte comment la petite ville de Mariquita va devoir faire avec un nouveau paradigme, celui d'un monde sans homme depuis que les guérilleros les ont tous enrôlés de force en 1992. Tous les sujets de société sont abordés avec humour, sarcasme, parodie mais aussi tendresse: la démocratie, l'instruction, la sexualité, la religion, l'autoritarisme, l'homosexualité, le travail etc. Rosalba est désignée maire de la commune. Très fière de cette mission elle s'y acharne avec force mais pas toujours avec bon sens ni respect. Elle devra beaucoup cheminer et essuyer bien des déboires avant de parvenir à créer une communauté égalitaire, solidaire, écologiste et prospère. Je ne veux pas dévoiler comment elle y parvient pour préserver tout le plaisir des futurs lecteurs mais plusieurs notions m'ont beaucoup plu, comme l'abandon du "concept masculin traditionnel du temps, dans lequel celui ci est tout entier tourné vers la productivité..." et la création du calendrier féminin.Les portraits de ces veuves sont magnifiques et me font regretter de ne pas être metteur en scène ! Entre chaque chapitre qui compose l'épopée de ces femmes, James Canon insère des minis témoignages de guérilleros, de para-militaires (fictifs). Ces morceaux de vie viennent rompre avec la fantaisie et les frasques des veuves de Mariquita en replongeant le lecteur dans la réalité violente, parfois insoutenable de cette "guerre". C'est en cela que ce roman n'est pas si léger qu'il y paraît. J'ai pu parfois trouver quelques longueurs mais plus ma lecture avançait et plus elle me plaisait.
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Par la fenêtre ouverte de son salon, la veuve Morales entendit les marchands ambulants essayer d'intéresser les 12 lève-tôt à leurs amuse-gueule : «¡ Morcillas !» «¡ Empanadas !» «¡ Chicharrones !» Elle ferma la fenêtre, plus incommodée par l'odeur désagréable des boudins et de la friture que par les voix stridentes qui en vantaient les mérites. Elle réveilla ses trois filles et son unique fils avant de retourner à la cuisine, où elle sifflota un cantique en préparant le petit déjeuner pour sa famille. À huit heures du matin, la plupart des portes et des fenêtres de Mariquita étaient ouvertes. Des hommes passaient des tangos et des boléros sur de vieux phonographes, ou écoutaient les nouvelles à la radio. Dans la rue principale, le premier magistrat du village, Jacinto Jiménez, et le brigadier, Napoleón Patiño, tiraient dehors sous un immense manguier une grande table ronde et six chaises pliantes pour jouer au Parcheesi avec quelques voisins triés sur le volet. Dix minutes plus tard, au coin sud ouest de la place, don Marco Tulio Cifuentes, l'homme le plus grand de Mariquita, propriétaire d'El Rincón de Gardel, le bar de la ville, transportait dehors ses deux derniers clients ivres, un sur chaque épaule. Il les étendit sur le sol, côte à côte, avant de fermer boutique et de rentrer chez lui. À huit heures trente, à l'intérieur de la Barbería Gómez, un petit bâtiment en face de la mairie de Mariquita, don Vicente Gómez se mit à affûter ses rasoirs et à stériliser à l'alcool ses peignes et ses brosses, tandis que sa femme, Francisca, nettoyait les miroirs et les fenêtres avec des journaux humides. Pendant ce temps-là, deux rues plus bas, sur la place du marché, l'épouse du brigadier, Rosalba Patiño, marchandait à un fermier au visage rougeaud une demi-douzaine d'épis de maïs, tandis que des femmes plus âgées, sous des stores verts, vendaient de tout, de la gelée de pied de veau aux cassettes piratées de Thriller, de Michael Jackson.
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Elle but les dernières quelques gorgées d'eau bouillie, et se mit soudain à voir toutes ses peurs entrer, une par une, dans la maison. Solitude fut la première à se présenter - seule, bien sûre. Francisca la reconnu immédiatement, car elle parcourut avec une feinte timidité toute la maison en quête du bon endroit où se loger. Elle s'installa en fin de compte dans la poche intérieure de l'un des nouveaux manteaux de fourrure de Francisca et ne bougea plus. Culpabilité arriva peu après, pointant vers elle de logs doigts réprobateurs. Elle se glissa dans un chemisier en soie rouge et, enfonçant ses doigts à travers les longues manches, continua de harceler Francisca. Puis, main dans la main, Rejet et Abandon firent leur entrée. Ils se déplacèrent librement dans la pièce, sans faire attention à Francisca. Sous peu, ils choisirent une paire de chaussure fantaisie à talons aiguilles et disparurent chacun dans une chaussure différente. Francisca se rendit compte que ses peurs étaient venues en même temps que sa fortune. Elle avaient seulement attendu l'occasion propice, un moment de faiblesse et de désespoir complet, pour se révéler.
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Le jour où les hommes disparurent Mariquita, le 15 novembre 1992
LE JOUR OÙ LES HOMMES DISPARURENT commença comme un dimanche matin ordinaire à Mariquita: les coqs oublièrent d'annoncer l'aube, le sacristain ne se réveilla pas à temps, la cloche de l'église n'appela point les fidèles à assister à l'office des matines, et (comme chaque dimanche depuis les dix dernières années) une seule personne se montra à la messe de six heures : doña Victoria viuda de Morales, la veuve Morales. Celle-ci était habituée à cette routine, de même que le padre Rafael. Les toutes premières fois, cela avait été gênant pour eux deux : le petit prêtre presque invisible derrière la chaire, prononçant son homélie ; la veuve assise seule au premier rang, grande et bien en chair, complètement immobile, la tête couverte d'un voile noir qui lui descendait jusque sur les épaules. À la longue, ils décidèrent de se débarrasser de la cérémonie et prirent l'habitude de s'asseoir dans un coin à boire du café et à papoter. Le jour où les hommes disparurent, le padre Rafael se plaignit auprès de la veuve de la diminution sévère des revenus de la paroisse, et ils discutèrent des différentes façons de relancer la dîme payée par les fidèles. Après leur causette, ils convinrent de laisser tomber la confession, mais la veuve reçut néanmoins la communion. Ensuite, elle récita quelques prières avant de rentrer chez elle.
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À huit heures trente-cinq, dans le champ situé en face de la maison de la veuve Morales, les frères Restrepo commencèrent (tous les sept) à s'échauffer en prévision de leur partie de football hebdomadaire, en attendant David Pérez, le petit-fils du boucher, qui possédait l'unique ballon. Cinq minutes plus tard, deux vieilles filles aux cheveux longs et aux corps un tantinet trapus firent le tour de la place, bras dessus bras dessous, en maudissant leur célibat et en repoussant à coups de pied les chiens errants qui se trouvaient en travers de leur chemin. À huit heures cinquante, à quelques centaines de mètres de la place, dans la maison à la façade verte située au milieu du pâté de maisons, Ángel Alberto Tamacá, l'instituteur, n'arrêtait pas de se tourner et de se retourner dans son lit, en nage, rêvant d'Amorosa, la femme qu'il aimait. À neuf heures moins trois minutes, dans les faubourgs de Mariquita, à l'intérieur de La Casa de Emilia (le bordel du village), doña Emilia (en personne) passa de chambre en chambre. Elle réveilla ses derniers clients, les avertit qu'ils allaient avoir de sérieux ennuis avec leurs épouses s'ils ne partaient pas à la minute même, cria après l'une des filles parce qu'elle laissait sa chambre en désordre.
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Tout de suite après que neuf heures eurent sonné au clocher de l'église, alors que l'écho du dernier coup résonnait encore dans les oreilles du sacristain, trois douzaines d'hommes en uniformes verdâtres usés jusqu'à la corde surgirent de tous les points cardinaux de Mariquita, tirant des coups de fusil, et criant «¡Viva la Revolución!». Ils avancèrent lentement le long des rues étroites du village, leurs visages bronzés maquillés de noir, et leurs chemises collées par la sueur à leurs torses malingres. « Nous sommes l'armée du peuple, déclara l'un d'eux avec un mégaphone. Nous nous battons pour que tous les Colombiens puissent travailler et être payés selon leurs besoins, mais nous ne pouvons pas le faire sans votre soutien! » Les rues s'étaient vidées ; même les animaux errants avaient fui en entendant les premiers coups de feu. « S'il vous plaît, poursuivit l'homme, aidez-nous, apportez-nous tout ce que vous pouvez. »
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