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EAN : 9782842305284
248 pages
Hoëbeke (29/04/2015)
3.46/5   14 notes
Résumé :
Telle est la force de la littérature à sa plus haute intensité – et du voyage, parfois : nous réapprendre à regarder ce que nous ne voyons plus, à force d’habitudes, devenus sans nous en apercevoir indifférents, aveugles. Presque rien, ici, mais un rien où par magie il nous semble qu’affleure le monde entier. Presque rien, les Orcades une nuit de solstice d’hiver, un couple de faucons pèlerins occupés à nidifier, une navigation à la voile entre les îles du Nord, une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un essai naturaliste comme je les aime. Peut-on être poète ET naturaliste, oui bien sûr, j'ai déjà fait l'expérience avec Alain Cugno le passionné de libellules ou les oies des neiges de W Fienes alors j'ai choisi de prendre les airs en compagnie de Kathleen Jamie.
Elle est poète et enseigne la littérature en Ecosse où se déroulent les chapitres de Dans l'oeil du faucon
Les îles d'Ecosse me font rêver malgré leur climat disons... pas vraiment sec, mais la beauté de ces paysages m'attire. Dans ce livre pas de découvertes extraordinaires, pas de plaidoyer tonitruant, non juste la nature et sa beauté, les dangers qui la menacent. Près de chez elle K Jamie a eu la chance d'avoir un faucon pèlerin qui nichait, « véritable pilote de formule un » d'après elle, elle l'observe alors que « les fleurs de prunier vont éclore »
Mais nous dit-elle les pèlerins ne s'intéressent pas aux fleurs « ils les laissent aux bouvreuils pivoine et aux mésanges bleues »
Elle consulte des livres pour comprendre ce qu'elle voit, pour mieux observer ces oiseaux qui se déplacent en « formation d'avions de combat » , elle lit William Fienes et surtout J.A. Baker un ornithologue amateur qui a écrit un livre magnifique : .(il est dans ma bibliothèque je vous en parlerai un jour)

Elle nous fait vivre au rythme des oiseaux, éprouver leur peur et nous montre leur quête de nourriture.
Elle nous rend ce monde là sensible et nous invite à lever les yeux pour apercevoir un faucon dans les nuages ou un crâne d'oiseau blanchi sur une plage.
Vous visiterez aussi les vestiges d'une vie antique, vous entrerez dans les shielings ces drôles de cabanes qui l'été servaient d'habitation aux bergers qui venaient faire pâturer les moutons et fabriquaient leur fromage et leur beurre.
Mais cet essai n'est pas le seul du livre, vous pouvez aussi avec elle voir dans les dauphins, s'agiter les girouettes d'Edimbourg et admirer la nature qui perd pied petit à petit devant l'homme même dans cette région assez sauvage.
J'ai aimé sa simplicité. Elle ne cherche pas à faire oeuvre de technicien, foin de l'identification et de l'étiquetage des oiseaux, elle préfère nous inviter sur son île un jour de solstice d'hiver sur les Orcades. Elle nous apprend à regarder, à écouter et son livre est à lire dehors, sur une plage déserte ou au bord d'une falaise bretonne ....
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Entre journal et recueil de réflexions Kathleen Jamie nous fait partager quelques instants hors du temps , un décrochage nécessaire pour supporter le stress de la vie professionnelle et familiale, une bouffée d'oxygène qui lui permet d'avancer et que l'on ressent soi-même si souvent .

Plus qu'une invitation à regarder différemment les choses, cette lecture aura surtout déclenché chez moi, la boite à souvenirs de ballades dans la montagne, d'heures passées à observer loriots, faucons et aigles bottés ou de découverte de ruines d'anciennes bergeries ...

Par courts chapitres, cette femme écrivain et poète , écossaise nous entraine vers les Orcades et les iles Hébrides extérieures, chères à Peter May à la poursuite des faucons pèlerins, des râles des genets ou des saumons ainsi que celle plus étonnante de coqs en laiton, emblème de beaucoup de girouettes .

Il n'y a aucun prosélytisme et il ne faut pas chercher de fondement philosophique ou autre , seulement quelqu'un qui aime observer la nature et le transmet très bien par écrit.

Quelques rares chapitres abordent de sujets bien différents comme l'hospitalisation de proches ou la déroutante visite des collections de l'école de chirurgie , cela pourrait paraitre décalé par rapport aux propos plus naturalistes mais Kathleen Jamie nous fait partager ses émotions quel qu'elles soient .

Mention spéciale pour la magnifique photo de la couverture ...
Une lecture plutôt reposante et que j'ai appréciée.

Merci aux Editions Hoëbeke et à Babelio .
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La quatrième de couverture évoquait le pouvoir de la littérature capable de "nous réapprendre à regarder ce que nous ne voyons plus, à force d'habitudes, devenus sans nous en apercevoir indifférents, aveugles." Quel magnifique programme ! Peut-être suis-je trop exigeante mais je n'ai pas trouvé le livre de Kathleen Jamie à la hauteur de cette ambition. Parfois séduite, parfois ennuyée, parfois agacée, les pages ont défilé sans que je parvienne à adhérer pleinement aux propos.

Le livre s'organise autour de moments "forts" dans la vie de l'auteur , "forts" pas tant par leur aspect extraordinaire que par l'importance que leur donne Kathleen Jamie, la résonnance qu'ils trouvent en elle. Il peut s'agir de l'observation sur plusieurs semaines d'un couple de faucons pélerins, d'une randonnée jusqu'aux ruines de maisonnettes de bergers qui servaient pour l'estive ou de la visite de l'école de chirurgie, Surgeons' Hall où l'attend une étrange collection d'échantillons humains en bocal...

Séduite, je l'ai été par les descriptions du Nord-Est de l'Ecosse, une région où la lumière est chiche et d'autant plus aimée. Les îles sont très présentes et chacune a son relief, sa beauté particulière, tout petit morceau de terre cerné par la mer.J'ai beaucoup aimé aussi certains passages, voire certaines phrases qui ont la fulgurance de la poésie.

L'ennui m'a saisie de temps en temps, les répétitions sont nombreuses, et les centres d'intérêt de l'auteur parfois déconcertants. Elle se passionne à un moment pour les toits d'Edimbourg et entreprend à l'aide de son téléscope un "recensement" des éléments que la ville "pointe" vers le ciel. Si j'ai compris sa démarche, l'aspect inventaire de ce chapitre m'a incitée à passer quelques pages.

L'agacement est venu insidieusement. Kathleen Jamie est une intellectuelle, une universitaire et sa volonté de nous réapprendre à voir a parfois un aspect didactique, un côté méthodique qui m'a fait ruer dans les brancards. le livre s'ouvre par sa recherche du noir absolu, de l'obscurité totale. Elle essaie, et c'est compliqué dans notre société moderne, d'échapper à la lumière. Son objectif est de réhabiliter le "noir", trop souvent associé à la mort ou au mal. Nous ne sommes plus dans une observation fine du réel, dans la (re)découverte simple de notre environnement mais dans une démarche purement intellectuelle, qui m'a semblé trop poussée. Je crois que mon agacement est venu de là, de cette volonté permanente de donner du sens, de donner une sorte de plus-value à tous les éléments décrits.

Une lecture en demi-teintes
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Kathleen Jamie est avant tout une poète, elle a reçu de nombreux prix littéraires pour sa poésie (22 à ce jour). Dans ce premier livre traduit en France, elle nous invite dans son univers dans le nord de l'Ecosse, dans le comté de Fife et nous éveille au monde qui nous entoure, nous éclairant sur des détails qui souvent nous échappent, "les choses secrètes, modestes, à demi cachées au milieu des toits, comme les animaux dans la forêt." p. 195 Son âme de poète illumine le monde qui l'entoure de ses mots simples et directs, le halo de beauté de la terre apparaissant alors, pages après pages. Elle dit peu, ses chapitres courts relatent des randonnées, des observations naturalistes, elle peut rester une journée entière à s'émerveiller devant des saumons persévérants.

Tel le prince des nuées, elle se laisse porter par le vent de ses errances et de ses rencontres. C'est avec curiosité et amour qu'elle parcoure sa région, ses pas la portant aussi bien à Maes Howe, tumulus abritant une sépulture collective de la période néolithique, que dans les glens (en Ecosse petite vallée étroite et encaissée) à la recherche de shielings, anciennes habitations d'estive rencontrées dans les zones insulaires des îles britanniques et dont les plus anciens spécimens remontent à l'époque viking.

Elle en profite pour observer les habitants de ces espaces naturels, prenant plaisir à suivre les pérégrinations des faucons pélerins et des balbuzards pêcheurs. La présence de ces beautés ailées à la périphérie de son monde l'apaise, comme s'ils étaient la garantie d'un monde harmonieux :

"Le pélerin vacille à la limite de nos sens, au bord du ciel, aux confins de l'existence même." p. 64



Sur l'île de Coll, elle écoute le râle des genêts et rencontre les garde réserves qui partagent avec elle leur amour du métier :

"Cette vie en vaut la peine, c'est une excellente situation, compter les râles des genêts la nuit et étudier les nids des vanneaux huppés dans un champ marécageux le jour -c'est quand même mieux que d'être claquemurée dans un bureau."

Au fil de ses rencontres animalières ou humaines, cette amoureuse de la nature puise la force d'avancer de d'aimer le monde pour mieux le protéger. En filigrane, avec délicatesse et respect, elle nous invite à exercer notre regard de poète sur les beautés qui nous entourent.
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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« Si vous avez vu le faucon, vous pouvez être sûr que le faucon vous a vu. » (45)

La voix est singulière… elle ne cherche pas à plaire, ne sort aucun artifice de séduction de son chapeau. Elle est distante, comme dans l'attente d'un signe d'intérêt du lecteur pour en dire plus. Ses accroches, en début de chapitres, sont irrésistibles. Quand je me trouve face à phrase telle que :

« J'ai cisaillé la tête du fou de Bassan, à l'aide de mon canif, et la besogne est devenue de celles dans lesquelles on regrette amèrement de s'être lancé. » (66)

Je fonds de bonheur. Moi aussi je ramasse des cailloux, des bois flottés et des crânes, mais je n'en suis jamais arrivée à de telles extrémités ! J'attends que les intempéries et le petit peuple de l'humus fasse son travail…

« N'est-ce pas une espèce de prière ? le soin et l'entretien du réseau de notre attention, l'habitude de remarquer les choses ? » (143)

Kathleen Jamie ne raconte rien d'extraordinaire, mais part sur des angles de vue décalé. Et s'excuse même auprès du lecteur quand elle utilise une image convenue. J'aime sa simplicité portée par une cohérence intérieure où les éléments se répondent. On sent parfois une peu trop la technique d'écriture transparaître. Les phrases de tête de chapitre sont soignées. Les dernières forment une boucle en un élément du début. On y perd en naturel ce qu'on gagne en construction impeccable, concentrée, concise. Là où on regrette un charme, une chaleur, une accolade, on goutte avec délice son regard frontal sur la réalité, son sang-froid, particulièrement significatif lors de sa contemplation des bocaux… Elle explore, fouisse, cherche à « poursuivre les négociations avec le monde » « par le truchement du langage ». « Fièvre » est très beau de sensibilité retenue, de pudeur et d'amour.

Lu au bord d'un lac, puis d'une rivière, et enfin, par ces journées caniculaires de juillet, affalée sur mon lit comme une baleine échouée, j'ai trouvé que c'était avec le bruit de l'eau glissant entre les rochers que ce livre s'accordait le mieux. Sous des dehors austères, sa fluidité se révèle dans l'écoulement du temps et le passage des instants fugaces.

« le ciel est très couvert, les coups de chien menacent, la bise est trop froide. Or, si le vent dépasse les trois nœuds, les râles n'ont pas envie de sortir. Ils n'aiment pas voler, le vent et la pluie leur déplaisent, et ils n'ont aucune envie de se donner en spectacle – c'est le genre d'oiseau qui demande à être dispensé des activités sportives. » (126)

[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Quand on passe son temps à travailler avec les mots, on a parfois besoin de récupérer , dans un lieu où le langage ne s'articule plus, où on est réduit à quelques substantifs élémentaires . Mer. Oiseau. Ciel.
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On dit que le jour viendra -peut-être même est-il déjà venu- où il n'y aura plus de faune sauvage. C'est-à-dire où il n'y aura plus sur notre planète une seule espèce capable de se reproduire sans se référer à notre bon vouloir ou négocier avec nous. Un jour où notre intervention ou notre restriction seront un facteur de leur droit de survie.
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Il y a une phrase à laquelle je pense toujours, chaque fois que j'aperçois un oiseau de proie perché sur un poteau, ou que je regarde planer un faucon crécerelle. Si vous avez vu le faucon, vous pouvez être sûr que le faucon vous a vu.
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Quand je veux apprendre quelque chose, j'ai recours aux livres et je me sens curieusement vulnérable quand je n'ai pas de volumes sur lesquels me rabattre, c'est comme si je me tenais moi-même sur une corniche. Je dois tout simplement apprendre à être patiente, apprendre à observer de mes propres yeux.
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Les baleines montent et descendent lentement, presque qu'avec paresse ou langueur. Tout le reste brille, mais au milieu des paillettes s'élèvent un épais croissant noir. D'habitude l'œil fait le travail inverse, toujours prêt à repérer une lueur dans l'obscurité. Aujourd'hui nous guettions le soulèvement de la noirceur contre toute cette lumière.
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