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Critique de Walden-88


Traîne-savane c'est le récit de voyage de Guillaume Jan et sa compagne, la belle Belange, à travers la jungle congolaise. Les deux amoureux s'aventurent dans un périple qui doit les mener de Kinshasa à Oshwé, la capitale des Pygmées, avec en point d'orgue leur mariage. A pied , sur la moto de Joël ou en taxi-brousse, le jeune couple s'engage sur le Chemin des murmures, traverse la luxuriante forêt congolaise que Belange connait si bien (notamment les différentes espèces de plantes et leurs usages). Guillaume Jan nous transporte à travers cette végétation dense et ses paysages magnifiques avec enchantement, il aime l'Afrique et cela se sent dans son écriture. L'écrivain-voyageur est un doux rêveur et leur voyage est un bonheur simple. Jan n'en oublie pas pour autant son sens critique, il fait face à la réalité économique du pays, cette misère qui s'abat sur le peuple alors que les ressources naturelles du Congo sont importantes (notamment en métaux et minerais précieux). La situation à Oshwé est pour le moins préoccupante, il constate les conditions de vie déplorables ainsi que les inégalités qui existent entre les Kundus (l'ethnie dominante) qui possèdent tout et les Pygmées qui sont leurs esclaves. Pour autant, Guillaume Jan ne tombe pas dans le pessimisme à outrance et fait même preuve d'humour et de légèreté ce qui adoucit le tableau.

Mais ce qui fait le charme de ce récit, c'est l'ombre de Livingstone qui plane avec bienveillance sur nos deux jeunes gens. L'auteur dessine en parallèle le portrait de l'explorateur écossais David Livingstone. Cette partie du livre est passionnante, Jan nous raconte la vie de Livingstone, sans concession. Ce n'est pas un bon missionnaire, il n'a pas attrapé beaucoup de cloques dans les mains à distribuer des Bibles. C'est un homme distant, maladroit, très vertueux, anti-esclavagiste convaincu, un rêveur qui n'a pas hésité à repartir en Afrique, laissant sa femme et ses enfants sans le sou (d'ailleurs, il ne les connaît que très peu). C'est un nomade solitaire qui aime être à la tête d'une équipe de bons sauvages dociles et débonnaires, à marcher sur une terre inconnue sans avoir à se compliquer la vie avec les rapports humains. La vie de Livingstone est faite de hauts et de bas : après le succès de sa première expédition qui fait de lui un héros au pays, il devient un explorateur raté et moqué par ses pairs, secouru de justesse par Henry Morton Stanley. Livingstone connait pourtant une fin tragique, lui qui ne veut pas "rentrer sans achever sa mission, ça serait pour une vie de disgrâce et de misère". C'est en Afrique qu'il voulait être enterré et que son coeur repose. Sur ce dernier point, il sera exaucé.

La liberté de ton de l'auteur fait que l'on est loin du récit de voyage ennuyeux et étriqué, au contraire, cela fait longtemps que je n'ai pas lu un récit aussi captivant de bout en bout. Sur les traces de nos voyageurs, on se fond dans la jungle, escorté par ses bruits, son odeur, sa langueur. On s'imagine également aux côtés de Livingstone, ce Mundélé (blanc en Lingala) aux nombreux défauts mais aussi touchant par son amour sincère qu'il porte à l'Afrique, traversant les lacs, les affluents, les cascades, les plateaux, les savanes, les marécages, les mangroves et les lagunes de l'Afrique australe en sa compagnie. Un vrai coup de coeur que ce livre, assurément un des meilleurs récits de voyages qu'il m'ait été donné de lire !!!
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