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EAN : 9782246776512
304 pages
Grasset (12/01/2011)
3.43/5   389 notes
Résumé :
Après une première incursion dans l’histoire familiale avec Le roman des Jardin, l’auteur s’attache cette fois-ci à la personnalité de son grand-père paternel.

Figure aimée à propos duquel le petit-fils commença à comprendre à l’adolescence le rôle important joué par « le Nain jaune » durant le régime de Vichy.
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Critiques, Analyses et Avis (84) Voir plus Ajouter une critique
3,43

sur 389 notes
Pour ma première lecture d'Alexandre Jardin, je suis servi! Et de quelle manière!
Alexandre va détricoter une légende familiale maquillée comme une voiture volée: Celle de papy-Jean, collabo Vichyste passé entre les balles et jamais inquiété. Ahurissant!
C'est Alexandre qui va s'y coller, à déboulonner la statue de l'icône familiale Jean Jardin alias le Nain jaune... Et l'entreprise n'est pas aisée, loin s'en faut!
Le livre est passionnant et captive le lecteur parfois figé d'horreur: Comment un groupe de collabos assumés, persuadé pour certains d'agir au mieux des intérêts supérieurs et supposés de la nation ont pu ordonner ces infamies contre les Juifs dont le point d'orgue fut cette rafle du Vél d'Hiv?
L'enfer est, dit-on, pavé de bonnes intention? hum... Il est plutôt occulté par une cécité de confort et de circonstance, genre: "Si nous ne livrons pas les juifs, ce sera pire avec les nazis"... Ou: On ne pouvait pas savoir ce qu'on faisait des juifs raflés remis aux allemands". Et cela, on le comprend et le ressent, ne peut satisfaire ce petit-fils qui aimait et admirait le Nain Jaune!
Papy n'a pas fait de la résistance!
Pour Alexandre jardin, c'est douloureux mais de plus en plus limpide, et il devra l'écrire. Fini les histoires gentilles et bluettes, et en route pour la (sale) histoire.
Le collabo jean Jardin est mort dans son lit, jamais inquiété... Et c'est son petit-fils qui va essayer de réparer et laver l'honneur en dénonçant le déshonneur.
C'est admirable et cela ne vole pas ses cinq étoiles.
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Le titre, ironique, annonce d'emblée que dans la famille Jardin il va y avoir du grabuge et que les paternels (père et grand-père) vont en prendre pour leur grade.

Dans un style tranchant et bourré de dérives de langage, Alexandre Jardin nous déballe une confession-délivrance, dans une quête obsessionnelle de rédemption. Il régurgite ainsi des années de honte, de non-dits, du refus de voir l'évidence, pour s'absoudre de la culpabilité qui le ronge.

Il n'épargne personne, avec le débit d'une mitraillette il balance son dégoût pour ces secrets de famille des gens très convenables qui ont commis l'irréparable en se réfugiant dans les bras de leur bonne conscience. Alexandre Jardin n'y va pas de main morte et affuble son grand-père de tous les noms d'oiseaux politiquement corrects. Il dénonce en dressant carrément la liste des gens très bien qui fréquentaient les Jardin et connaissaient la vérité.

Bouleversant et courageux, Alexandre Jardin répète à l'infini : il souhaite cesser d'être complice, il ne supporte plus la douleur morale de connaître la vérité sur l'implication de son grand-père dans le massacre des juifs à Vichy.

Lesté d'ombres il pose son fardeau.




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Ce livre est un coup de poignard pour Pierre Assouline et son ouvrage : Une Éminence Grise, Jean Jardin, 1904-1976. En effet ce qu'il n'a pas pu, su ou voulut écrire, le petit-fils de Jean Jardin s'en est chargé. Et c'est destructeur !
Il crache le morceaux sur cet homme qui était directement impliqué dans la rafle du Vél d'Hiv des 16-17 juillet 1942. Terminé l'Omertà familiale !
Pierre Assouline pourrait dire, plagiant la phrase célèbre : Alexandre m'a tuer.
Une thérapie pour l'auteur, une découverte historique pour le lecteur qui s'il n'est pas trop exigeant sur la forme passera un bon moment de lecture (Faut-il encore qu'il s'intéresse à cette période).
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Alexandre Jardin décide de dévoiler un passé qu'il traine comme une honte. Son grand-père surnommé "Le nain jaune" fut en effet le directeur de cabinet de l'immonde Pierre Laval au moment de la rafle du Vel d'Hiv. Pendant vingt cinq ans, Alexandre Jardin a caché cette tache en écrivant des romans d'amour, en montrant l'image d'un auteur romantique au rire communicatif. Mais la blessure était là silencieuse. Regroupant enquêtes, témoignages et documents l'auteur du "Zèbre" rassemblent les preuves de l'infamie. Avec une autre question : pourquoi Pascal Jardin son père n'a rien dit ? Pourquoi c'est à lui le petit fils d'exhumer cette honte. L'on devine bien évidemment le besoin salutaire d'écrire sur un tel sujet. de prendre ces distances avec cette famille qui n'aura cesser de faire semblant. D'écrire le désamour qui s'installe, la haine qui grandit.
Mais si le livre est passionnant sur le fond et la sincérité bien présente, les figures de style de l'auteur m'agacent souvent et gâche mon plaisir de lecteur. A découvrir pour l'histoire.
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Alors qu'il écrivait « le Zèbre », Alexandre Jardin lisait tout sur Laval et la collaboration, pendant qu'il écrivait « Fanfan », il épluchait les articles relatifs à la rafle du Vel d'Hiv… Tout en communiant au dogme familial et en écrivant des romans joyeusement légers et sans conséquences, Alexandre soulevait un coin du drap en soupçonnant l'horreur ; pendant des années, il envisagea avec effroi la vérité sans toutefois y souscrire et n'exhuma l'impensable qu'en 2011 avec ce roman qui laissa nombre de gens pantois: son grand-père adoré, le « nain jaune » adulé par son père et sa famille toute entière avait été le plus proche collaborateur de Laval…
Et il suffit pour imaginer la difficulté de cette démarche de lire ou d'écouter les dénégations catégoriques de ses oncle et cousin, Gabriel et Stéphane Jardin, qui traitent Alexandre d'affabulateur. http://www.dailymotion.com/video/xgj3lv_quot-une-demarche-odieuse-et-detestable-quot_news#.¤££¤11De Laval19¤££¤
Comment, alors qu'il a été disculpé par la classe politique de l'époque, érigé en héros par sa propre famille pour faits de résistance reconnus, comment admettre que ce grand-père fut l'exécuteur de la Rafle du Vel d'Hiv… ?
Il faut indéniablement une bonne dose de lucidité et surtout de courage pour à la fois tuer le père et le grand-père, figure tutélaire familiale encensée par toute la famille et par son fils en particulier… le pire de tout étant à mon avis de devoir admettre que son propre père savait, fit l'autruche, et pire, travestit la vérité…
Un livre intéressant et iconoclaste d'utilité publique et au message universel.
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Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation

Directeur (du cabinet de Laval), Jean Jardin, lui, est joufflu d'esprit, tout en discrétion et aussi habile avec les rusés qu'avec les simples. Il jouit de sa confiance ; ce qui, dans la fosse aux caïmans de Vichy, reste une denrée rare. En ces temps de fourberie nationale, la loyauté de Jardin lui est si précieuse que Laval en a fait, en deux mois à peine, une sorte de vice-ministre lorsqu'il s'absente. Un morceau de Richelieu ou de père Joseph semble accroché à lui. Jean Jardin est à présent l'homme verrou par qui il faut passer pour accéder aux audiences qu'il accorde chaque après-midi à l'hôtel du Parc de 14 h 30 à 18 h.

Pour insérer au mieux la France de la Révolution nationale dans la nouvelle Europe rêvée par Hitler, Laval a besoin de sa souplesse courtoise qui sait si bien débrouiller ses relations éruptives avec le maréchal Pétain, logé à l'étage du dessous. Ah, il est si doué pour arrondir les susceptibilités, astiquer les ego, les encaustiquer. Et puis, Jean ne lésine pas sur le tact dans ses contacts officiels ou officieux - à son domicile privé de Charmeil notamment - avec l'occupant nazi.

De surcroît, il sait tout sur presque tout ; et digère promptement les rapports qu'il reçoit directement des préfets ou des services de renseignements. La confiance entre les deux hommes est telle que Laval supervise à peine la distribution des fonds secrets qu'il lui a confiée ; il s'agit notamment d'arroser la presse la plus collaborationniste qui ne cesse de pulvériser ses bacilles de haine et toute la faune écrivassière stipendiée par le régime. Comment Pierre Laval n'accorderait-il pas un crédit total à un type aussi correct ? Alors que l'autre dispensateur de l'argent noir - à Paris -, André Guénier, doit lui rendre des comptes précis sur les récipiendaires. Ce qui indique à quel point Jean Jardin bénéficie d'une délégation de pouvoir de fait.

A huit heures donc, comme chaque matin, le Nain Jaune allume sa première cigarette ; tandis que son patron auvergnat noue sa cravate blanche à une demi-heure de route, dans son domicile de Châteldon. Le regard de Jardin est assorti à la droiture qu'il cultive même si, déjà, il sait être plusieurs. Depuis le début du mois de juin, sanglé dans son complet croisé de flanelle grise, Jean a la situation bien à sa main. Pétainiste de coeur, il cuve son autorité avec une modestie de bon aloi en s'octroyant double ration de nicotine. Désormais, ce collaborateur à l'haleine intelligente sait devancer les faits et anticiper les désirs de Laval, parsemer d'humour leurs conversations ponctuées de quintes de toux féroces, lui arracher une signature opportune, éconduire les importuns, assécher les ennuis.
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D'expérience familiale, je sais donc que pour faire fonctionner un régime scélérat il est indispensable d’obtenir la confiance des gens très bien sous tous rapports. C’est là peut-être ce qu'il y a de plus diabolique : les collabos ne furent pas diaboliques ; à l'exception de quelques éliminationnistes hallucinés. Aussi intolérable que cela puisse sembler aujourd'hui, le personnel de Vichy ruissela d'une guimauve de bons sentiments, très éloignée de la corruption morale que nous leur prêtons pour nous rassurer. Jean (Dujardin) était par exemple, aussi allergique qu’un Xavier Vallat à un Français qui aurait manqué à sa parole ; et capable de tous les sacrifices quand il s’agissait de l'honneur. Le mal, pour faire sa besogne, eut besoin de valeurs élevées, d’honnêteté et d’abnégation. Si l'on désire brûler une synagogue, il suffit de rameuter une poignée de canailles sans foi ni loi ; mais pour pratiquer un antisémitisme d'État, il est impératif de mobiliser des gens très bien, dotés de vertus morales solides. Les détraqués, les sadiques et les pervers professionnels ne sont pas assez nombreux. Ni suffisamment efficaces. L’exceptionnel, dans le crime de masse, suppose le renfort de la normalité. Le pire exigea la mise en place de croyances patriotardes et sacrificielles sincères propres à dissoudre la culpabilité. La criminalité de masse reste par définition le fait d’hommes éminemment moraux. Pour tuer beaucoup et discriminer sans remords, il faut une éthique. (Page 23-25)
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… les Juifs n’intéressaient personne en dehors des nazis. Même les Américains ne voulaient pas en entendre parler. Ils ont maintenu jusqu'en 1945 des règles d'immigration qui interdisaient quasiment aux Juifs européens, notamment allemands, de se réfugier en Amérique. Sauf les cerveaux utiles : Einstein et une poignée d'autres. Les dossiers d'immigration réclamés par l’administration américaine exigeaient, je vous le rappelle, une attestation de bonne conduite délivrée par les autorités de police du pays d'origine ! Comme si un Juif allemand avait eu le loisir de faire un saut la Gestapo locale pour se faire tamponner ce genre de papier… Personne ne voulait voir les Juifs. Ils écœuraient l’Occident ! (Page 239)
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Ceux qui n'ont rien vécu n'ont pas droit au confort du jugement.

Ceux qui ne se sont pas brûlés les ailes ignorent tout du feu.
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Personne ne doute dans le vide. C’est une impossibilité psychologique. On ne doute pas du néant, de rien. Douter en l’air, sans indices, n’a aucun sens. Avoir des doutes, même fugaces, c’est nécessairement refuser d’admettre ce qu’une partie de soi sait déjà.
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Vidéo de Alexandre Jardin
Dans son nouveau livre, "Frères", Alexandre Jardin bouleverse pour toujours sa relation à l'écriture. Il s'y confronte à la vérité la plus nue, de celles qui peuvent tuer, comme elle a tué son frère Emmanuel. Pour en savoir plus: https://www.albin-michel.fr/freres-9782226480347
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