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EAN : 9782070318353
256 pages
Gallimard (14/10/1977)
3.97/5   18 notes
Résumé :
Alfred Jarry, écrivain gothique, avec le grain de sel philosophal qui s'impose ! Un Jarry moins connu que celui du cycle Ubu.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Étranges ouvrages que ces textes avant coureurs de la pataphysique... Ubu y est déjà présent ni discret ni porteur d'aucune compassion mais décidément déjà ubuesque. Ubu défonce l'écran, oups la page mais n'apparaît qu'épisodiquement apportant une touche prosaïque dans un envol poétique et gothique d'une rare intensité. Écoutez la poésie de Jarry, elle sonne de toutes ses allitérations. Plongez vous dans cette structure, tantôt théâtrale mais injouable dont les didascalies sont autant de poèmes et les dialogues presque absents. Admirez cette structure fragmentaire plongeant dans le néant. Entendez enfin ces réminiscences de livres anciens autant que Moderne - oui Lautréamont, Jarry n'a pas oublié de te citer.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Mon père a fait faire un étang,
C’est le vent qui va frivolant,
Il est petit, il n’est pas grand,
C’est le vent qui vole, qui frivole,
C’est le vent qui va frivolant.

Il est petit, il n’est pas grand,
Trois canards blancs s’y vont baignant.

Trois canards blancs s’y vont baignant,
Le fils du roi les va chassant.

Le fils du roi les va chassant
Avec un p’tit fusil d’argent.

Avec un p’tit fusil d’argent
Tira sur celui de devant.

Tira sur celui de devant,
Visa le noir, tua le blanc.

Visa le noir, tua le blanc,
Ô fils du roi, qu’tu es méchant.

Ô fils du roi qu’tu es méchant,
D’avoir tué mon canard blanc,

D’avoir tué mon canard blanc,
Après la plume vint le sang,

Après la plume vint le sang,
Après le sang l’or et l’argent.

Après le sang l’or et l’argent,
C’est le vent qui va frivolant,
Après le sang, l’or et l’argent,
C’est le vent qui vole, qui frivole,
C’est le vent qui va frivolant.
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C’est le bal de l’abîme où l’amour est sans fin ;
Et la danse vous noie en sa houleuse alcôve.
La bouche de la tombe encore ouverte a faim ;
Mais ma main mince mord la mer de moire mauve…

Puis l’engourdissement délicieux des soirs
Vient poser sur mon cou son bras fort ; et m’effleurent
Les lents vols sur les murs lourds des longs voiles noirs…
Seules les lampes d’or ouvrent leurs yeux qui pleurent.
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LES PARALIPOMÈNES
I

Je marche à l'horizon risiblement opaque
Au ricanement des cadrans. Et les bourdons
Ombres de pèlerins en file au ciel de laque
Frappent les gonds de l'horizon gardant ses dons.

La pluie est monotone en l'heure tombant : craque
Au plomb lourd de la pluie, ô Sablier qui vaque
Toujours gonflant les épines des diodons.
Quand s'ouvrira le Jour qui s'épand en pardons

Irradiés au fond de mer ou de ciguës
Vers qui tournant au vent je vire mes mains nues
Priez : déjà la pluie et l'heure avec son pleur

M'engrillent pour la nuit et le sommeil sans rêve.
Priez que mes désirs dorment : et j'aurai l'heur
Que mon âme qui meurt veuille me faire trêve.

Versé le plat reflet des barbes dans l'eau moire
Des ifs vitraux au ciel s'intersèquent les plombs.
O visage si rond de la ville, les fonds
Qui dédaignent les bras plongeurs ont ta mémoire.

Ramant rapide sous les durs remous, la gloire
Se dessine fuyant des falots aux talons
Remontés du liquide à l'air les échelons,
Voici l'horizon se dresser la Tour noire.

Tombés plongent les clairs carreaux de deux prunelles,
Les doigts de la fenêtre oculaire infernaux
De l'orbite ont jeté deux larmes parallèles,

Et de douleur de la Tour huhule en ses créneaux,
Cependant qu'à son front les aigrettes jumelles
Raides au ciel de laque arment deux sentinelles.

p.99-101
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TAPISSERIES
D’après et pour Munthe

III AU REPAIRE DES GÉANTS
J’en ai vu trois, j’en ai vu six,
Des Géants monstrueux assis
Sur les talus et les glacis
Et sur les piédestaux de marbres,
Avec leurs gros bras raccourcis,
Et leurs barbes comme des arbres,
Et leurs cheveux flambant au vent
Sur l’immobile paravent
Des murailles monumentales. —
J’ai vu six Géants dans leurs stalles.

Et sous leurs sourcils broussailleux,
J’ai vu — j’ai vu luire leurs yeux
D’or comme l’or de deux essieux
Tournant sous un char funéraire.
Ce sont six vaches qu’on va traire,
Rocs au lac de leur lait passant,
Les six Géants, pieds dans le sang.
Leurs doigts maigres, comme des torches,
Brassent le sang qui les éteint ;
De leur sang noir leur corps se teint,
Et leurs jambes comme des porches.

Et sur le cou du Roi Géant
Grimace un crâne de néant.
Pas de tête sur ses épaules.
Ses poings, branchus comme des saules,
Sont bénissants et triomphants,
Cierges clairs au repaire sombre.
Deux grandes ailes de Harfangs
Sur son cou cisaillent dans l’ombre.

Le Géant a planté son doigt
Dans un grand navire qui doit
Passer le lac de son empire.
Son doigt est le mât du navire.
Et des ours bruns courbent leurs dos
Sous leurs fourrures pour fardeaux,
Courbent leur échine de flamme.
La tempête en fait une lame
De scie ou des murs à créneaux
Ou des follets sur des fourneaux.
Ils rament sur l’eau bouillonnante,
Rythmant la danse frissonnante
Des bruns frisons de leurs toisons
Aux coups de fouet des horizons.

La Princesse pâle à la proue,
Les yeux aux dos de ses rameurs,
Voit tournoyer comme une roue
Un grand oiseau dans les rumeurs
Et les tonnerres du repaire.
Le grand oiseau vert au long cou
Tord ses ailes fortes, espère
Voler contre l’ouragan fou.
Dans le repaire un oiseau rôde,
Un grand pélican d’émeraude,
Toujours avec des efforts neufs...
Les vents mouvants en font des nœuds.
Impassibles parmi, très lentes,
Reines des épouvantements,
Voici ramper aux murs dormants
De grandes monères sanglantes.

p.64-65-66

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Roses de feu, blanches d’effroi,
Les trois Filles sur le mur froid
Regardent luire les grimoires…
Roses de feu, blanches d’effroi,
En longues chemises de cygnes,
Les trois Filles sur le mur froid,
Regardant grimacer les signes,
Ouvrent, les bras d’effroi liés,
Leurs yeux comme des boucliers.
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Vidéo de Alfred Jarry
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Quelle pièce de théâtre nous montre le pitre le plus grotesque jamais imaginé dans une étourdissante fête du langage et s'ouvre… sur un gros mot ?
« Ubu Roi » d'Alfred Jarry, c'est à lire en pochez chez Etonnants Classiques.
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