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Critique de caro64


" A cinquante-deux ans, l'ancien gamin Roman Fritzl était le dernier survivant du petit peuple de la cave. "
C'est sur cette sentence lapidaire que s'ouvre Claustria, roman qui évoque la sordide affaire "Fritzl" : la séquestration d'une jeune autrichienne par son père dans la cave de la maison familiale pendant 24 ans, années au cours desquelles elle a donné naissance à 7 enfants et les a élevés dans des conditions plus que précaires.

Et c'est avec une telle phrase que son auteur, Régis Jauffret, parvient d'emblée à s'emparer complètement du fait-divers, à l'inscrire dans une temporalité fictionnelle et à en faire un grand roman choc. Car si l'écrivain a passé beaucoup de temps en Autriche pour enquêter sur cette affaire, il a souhaité aussi clairement revendiquer l'appartenance au genre romanesque de ce texte: "Ce livre n'est autre qu'un roman, fruit de la création de son auteur", peut on lire en avertissement au début de l'ouvrage. Tout au long de ces 545 pages, Régis Jauffret nous entraîne avec lui dans une spirale étonnante qui mêle reconstitution des faits, interrogation sur la violence et sur l'horreur, réflexion philosophique - car le fait-divers n'est pas sans faire écho à l'allégorie de la caverne de Platon -, et enfin procès d'une nation toute entière, l'Autriche. L'exercice de funambule littéraire auquel s'est livré l'auteur était périlleux, pour ne pas dire "casse gueule". Il a fallu tout l'immense talent de Jauffret pour ne pas tomber, en nous faisant basculer avec lui, dans une ignominie voyeuriste. Son style particulier crée heureusement la distance nécessaire. Il n'en demeure pas moins que cela reste une lecture éprouvante et dérangeante. Un roman captivant mais que l'on referme avec plaisir. Les lecteurs seront prévenus, la plongée dans Claustria est une épreuve dont on ne sort pas indemne.
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