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Critique de Arakasi


« Tu raconteras ma vie. »

Ainsi commence le récit de Bellovèse, fils de Sacrovèse, puissant conquérant celte, monarque de nombreux royaumes et vainqueur de multiples batailles. Mais à la fin de sa vie et alors qu'il sent ses dernières forces décliner, Bellovèse éprouve le besoin d'acquérir la seule véritable immortalité qui vaille : celle de la parole. Il confie donc son histoire aux oreilles d'un invité de passage ; une longue, complexe et terrible histoire, car Bellovèse ne fut pas toujours un conquérant, il ne fut pas toujours un monarque, ni un vainqueur.

Orphelin de père à six ans, il a été écarté du trône Turon qui lui revenait de droit par les manoeuvres de son oncle Ambigat. Seul son jeune âge l'a sauvé d'un sort plus expéditif, mais le temps passant et l'enfant grandissant, Ambigat est revenu à de plus sombres sentiments et, par un ingénieux traquenard, est parvenu à provoquer la mort de son neveu. Et c'est là que les choses se compliquent car Bellovèse a bien été tué mais… n'est pas mort pour autant. Faut-il y voir un miracle ? Un maléfice ? Une abomination ? Nul ne le sait mais c'est là indubitablement le début d'un destin hors-du-commun et d'une formidable épopée dont « Même pas mort », premier tome de la trilogie « Rois du monde », ne nous donne qu'un délicieux avant-goût.

J'avoue avoir commencé ce nouveau roman de Jean-Philippe Jaworski (dont j'avais follement aimé le passionnant « Gagner la guerre ») dans un état d'esprit légèrement dubitatif. Si je raffole de l'atmosphère De La Renaissance italienne dont laquelle baignait son premier roman, je dois bien admettre que la culture et la mythologie celtiques me laissent relativement indifférente. Exit également le style gouailleur et « audiardien » qui faisait en grande partie le charme de « Gagner la guerre ».

Pourtant, après à peine une trentaine de pages lues, mes réticences s'étaient entièrement envolées ! Force est de reconnaître que Jaworski a un talent affolant pour dresser le portrait de civilisations depuis longtemps disparues et les rendre plus vivantes que jamais. Il n'a également rien perdu de sa verve, ni de la magnificence de sa plume : on dévore chaque dialogue, chaque paragraphe comme un chapelet de pâtisseries fines. C'est beau, poétique, enlevé, épique, en un mot, tout simplement parfait.

A saluer également un travail structurel tout à fait remarquable. Si « Gagner la guerre » conservait une structure chronologique classique, Jaworski a, semble-t-il, décidé d'innover pour son nouveau roman et ceci avec un succès incontestable. S'inspirant en cela de la tradition orale, il conte son histoire en entremêlant habilement passé et présent, Histoire et mythologie, se refusant sciemment à suivre un cheminement linéaire. Ce choix narratif pourrait rendre l'histoire ardue à suivre (comme c'était le cas pour le presque réussi « Déchronologue » de Stéphane Beauverger), mais il n'en est absolument rien ! Au contraire, l'auteur parvient à créer un tout parfaitement cohérent et à ménager ainsi un vrai suspense, parsemant son récit d'indices affriolants sur les événements à venir. On termine ce premier tome avec une seule envie en tête : découvrir la suite le plus vite possible ! Il ne reste plus qu'à espérer que la sortie du tome 2 en 2014 ne soit pas un voeu pieux des Moutons Electriques
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