L'espace pictural et l'espace musical ont la même capacité de compression et d'extension simultanée, de stabilité à l'intérieur d'un changement constant, d'enveloppement et de répulsion. L'espace pictural de la grande peinture nous repousse et nous enveloppe. Nous pouvons nous sentir en même temps pris au piège et perdu dans l'infini. Ces impressions spatiales contradictoires et pourtant compatibles reflètent la substructure indifférenciée de l'art.
L'oeuvre prend une vie propre, ne laissant à son créateur que l'alternative du rejet ou de l'acceptation. Se révèle alors une mystérieuse "présence" qui donne à l'oeuvre sa propre personnalité vivante.
Reprendre à l'oeuvre, à un niveau conscient, ce qu'on y a projeté à un niveau inconscient, est peut-être le résultat le plus fructueux et le plus douloureux de la créativité.