Mon âme dans un bocal

Le narrateur de cette histoire est... un cerveau. Un cerveau qu'on a retiré de sa calotte crânienne et doté d'un oeil et d'oreilles et qui vit dans un liquide nutritif dans un bocal. Il a très peu de souvenirs de sa vie "antérieure" mais il se rend compte qu'il a des pouvoirs télépathes.

L'idée de départ est originale même si le fait d'imaginer un cerveau dans un bocal est loin d'être attrayante. On partage les pensées de ce narrateur que les laborantins appellent Upsilon et l'évolution des expériences. C'est intéressant de suivre ce monologue qui pose des questions existentielles. J'ai été un peu déstabilisée par le fait qu'il puisse bouger... et la dernière partie m'a carrément fait frémir. Je ne regrette absolument pas de l'avoir lu, c'est une réflexion intéressante même si par moments un peu effrayante de ce que la science peut faire et... nous réserver.

Le problème quand on lit beaucoup, c'est que les gens autour de vous ont tendance à vous donner tout t n'importe quoi à lire, et moi je sais jamais dire non. Voilà comment je me suis embarquée dans cette lecture qu'on m'avait survendue. J'ai trouvé un livre très original (comme souvent chez Actes Sud, j'avais déjà fait un voyage dans la tête d'un éléphant et un autre dans celle d'un rat), mais assez longuet au final...

Toute une réflexion sur le cerveau humain et la capacité de modifier le corps et l'esprit pour les moduler à convenance, afin surtout de devenir plus performants, plus proches de la machine - machines qui ne tarderont pas d'ailleurs à rendre caduque et trop coûteuse en énergie autant qu'en argent les expériences menées sur l'homme. A l'aube de la grande vague de transhumanisme et de la quête effrénée à l'immortalité, ce texte vieux d'une vingtaine d'années n'a jamais eu l'air aussi jeune.

Avec finesse, humour, subtilité, éloquence, pertinence et un soupçon d'effroi, ce cerveau résume assez bien les dérives de l'humanité. La collection Cactus est décidément une bonne pioche (voire le lait, les amphètes et Alby la Famine), on regrettera donc son extinction. L'année 1989 aura été un bon cru, dans tous les domaines…

(voir la critique intégrale sur le blog)
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