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Critique de Mackie


J'ai acheté ce livre un peu par hasard dès sa sortie en France chez un petit éditeur en 2008, car la Chine m'intéressait et que je suis une inconditionnelle des loups!
Ce fut une révélation! J'avais connu (informations, propagande de "la taupe rouge" etc...) le mouvement de la Révolution Culturelle, des Gardes Rouges et des étudiants envoyés à la campagne. Ces bouleversements masquaient un fiasco économique et une réelle famine ; les étudiants devaient,entre autres, convertir les terres de Mongolie Intérieure à une agriculture classique, afin de fournir de la nourriture. Mais cela allait à l'encontre de la culture nomade des Mongols et surtout était incompatible avec la structure du sol, peu de terre arable conservée grâce à des herbages.
Et c'est là qu'apparaît toute l'importance du Loup.
Outre le fait qu'il est considéré par les Mongols, respectueux de la nature (enfin à l'époque, dans les années 60) comme une personnalité à part entière, un "fils" de Tengger, il contribue à un équilibre environnemental, régulant les cervidés et les marmottes (et leurs terriers, niches à larves de moustiques).
L'ordre du Parti est d'éradiquer le loup qui menace aussi les troupeaux et les chevaux dans l'optique d'une exploitation agricole massive de la région.
Le livre raconte cette destruction de l'animal emblématique, courageux, digne jusque dans la mort. Cela c'est bien passé ainsi, les Pékinois y ont gagné un vent de loess très polluant, les terres de Mongolie citées dans ce livre ont été épuisées, il n'y a plus rien pour les retenir quand le vent souffle...donc, désastre écologique.
C'est aussi la fin d'une culture du nomadisme. La fin de la lutte des Hans, peuple d'agriculteurs contre les Mongols nomades, que la Grande Muraille n'avait jamais réussi à contraindre totalement.
Et j'en arrive au Loup! L'un des étudiants, cédant à un vieil instinct humain, décide de conserver un louveteau et de l'apprivoiser...
Dans le livre, la fin de ce loup est tragique, elle est plus fantasmatique dans le film de JJ Annaud. Après l'extermination des meutes, ce loup élevé par l'homme, retrouve sa liberté et nous fait croire que l'humain n'a pas accompli l'irréparable, anéantir un animal qui nous est relativement proche, pas seulement par le chien, mais surtout au plan comportemental par sa sociabilité et sa faculté d'empathie (cf Kamala la Louve). Et c'est un prédateur, comme l'homme...

Puisque j'ai cité "Le Dernier Loup", je ne peux que conseiller d'aller le voir! Il respecte le livre de Jiang Rong et est d'une formidable beauté.
Je l'ai vu en avant-première, sans la 3D (problème technique de la salle), mais sincèrement, les images sont encore présentes dans ma tête...je rêve de retourner dans les espaces infinis, dans les marais dangereux et au milieu des rochers où se dresse le Loup, chef d'une meute que l'imbecillité de son pire ennemi va détruire.

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