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EAN : 9782267002195
151 pages
Christian Bourgois Editeur (30/11/-1)
3.94/5   18 notes
Résumé :
Un 28 décembre, jour consacré à la déesse nordique Berchta qui, telle Walpurgis, revient une fois l'an à la tête d'un cortège de morts qui n'ont pas trouvé le repos, une barque s'approche d'une île - Godenholm - située au large des côtes scandinaves. Trois personnes sont à bord, deux hommes et une femme, invitées par le maître du lieu, Schwarzenberg, un sage magicien, dont ils attendent la Réponse. Ainsi comme ce récit où l'art d'Ernst Jünger, alliant la pensée la p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Deux hommes assez différents, mais tous deux assoiffés de connaissance rendent visite , dans une île très au nord, à un savant fascinant. Après une longue et belle introduction à ce morceau de vie bien terrestre, Jünger nous invite à partager une expérience mystique et esthétique. Tous les sens participent à ce moment de révélation, dont la beauté répond aux questionnements intellectuels des participants.

C'est un livre très étrange, où beaucoup est dit sur la surface de la vie et sur des visions d'une puissance extraordinaire. Mais comme lecteur admiratif je n'ai pas pu suivre en profondeur ce qui pour les personnages est une révélation de l'essentiel.

Une courte nouvelle suit ce texte : au contraire bien ancrée dans la vie matérielle, elle raconte comment une partie de chasse peut marquer durablement un adolescent.

Les deux textes sont pour moi recommandables, comme tout ce que j'ai lu de Jünger, surtout par une qualité d'écriture qui m'impressionne. Peut-être aussi importants que ses premiers récits sur la guerre et son action politique, ils montrent des aspects annexes de ce formidable auteur.

On sait que Jünger a expérimenté les effets du LSD et d'autres produits hallucinogènes.
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Attaquer l'oeuvre d'Ernst Jünger par ce versant là n'était peut-être pas la meilleure des idées: Visite à Godenholm est réputé pour avoir été écrit après une expérience avec du LSD et savoir si elle est représentative est bien compliquée...
Voyage initiatique, le texte a une étrange beauté, comme cette île scandinave imaginaire, Godenholm, qui donne son nom à l'oeuvre et où trois visiteurs retrouvent le maître des lieux, le très savant Schwarzenberg, et vivent près de lui une expérience qui, sans jamais le dire explicitement, s'apparente à un songe amené par la drogue. le texte en lui même est superbe, mais j'avoue que les voyages oniriques m'ont toujours laissée profondément froide, ce qui n'enlève rien à la beauté du texte, et la partie que j'ai préféré reste l'introduction, avant le rêve, où nous découvrons la région de Godenholm!
A noter une très courte et très jolie nouvelle inclue dans cette édition, La chasse au sanglier, elle aussi d'une écriture superbe, et plus accessible.

Malgré une première rencontre un peu étrange, la plume de cet auteur me donne l'envie de découvrir le reste de son oeuvre très rapidement!
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Jünger restait pour moi l'auteur de « Orages d'acier » qui racontait sa guerre de 14-18. Il détonait entre Remarque, Genevois et les autres écrivains témoins par son goût pour la guerre, qu'il avait vécue comme une expérience mystique et un dépassement de soi.
On retrouve dans « Visite à Godenholm » cette recherche spirituelle avec des personnages en quête qui refusent la médiocrité du quotidien, à la recherche d'un introuvable chemin vers une vérité.
Avec deux compagnons Molner vient dire adieu à Schwartzberg sur une île isolée dans un pays du Nord. Avant d'être déçu il avait vu dans celui-ci un passeur capable de lui ouvrir un chemin vers un idéal pour quitter son mal-être existentiel. Leur rencontre, après une traversée symbolique, est tendue mais bientôt sous l'emprise de son hôte il va ressentir d'étranges sensations qui vont le laisser troublé mais apaisé.
Ce très court roman onirique, très bien écrit, semble être la transposition d'une expérience hallucinatoire, avec Schwartberg dans le rôle du chaman. L'ambiance inquiétante et fascinante à la fois devient captivante sur la fin. Hélas les pensées des protagonistes qui sont obscures et paraissent souvent plus creuses que profondes gâchent le plaisir du lecteur qui reste à l'écart.
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Livre tellement beau que je n'ai jamais pu le finir.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
On verrait toujours revenir le moment où l'Un s'élèverait au-dessus des séparations pour se revêtir de splendeur. Ce secret était indicible : mais tous les mystères rituels l'ébauchaient et parlaient de lui. Les voies de l'histoire et ses ruses, qui semblaient si tortueuses, menaient à cette vérité. S'en rapprochait toute vie humaine, chaque jour, à chaque pas. Cette unité était seule le sujet de tous les arts, et assignait son rang à chaque pensée.
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Il lui était arrivé de semblables mésaventures avec les femmes ; il avait fondé sur mainte rencontre les espoirs les plus hauts. Elles goûtaient sa conversation, et c'étaient les meilleures que sa mélancolie semblait attirer. Les entretiens et les silences se succédaient, tandis que les battants d'armoires sécrètes s'écartaient sans bruit.
Puis la figure de son destin apparaissait, paralysant la sympathie. Les femmes se refermaient et s'écartaient de lui. Il avait souvent admiré, parmi les récifs, les anémones de mer, les merveilleuses actinies qui berçaient leurs couronnes dans les remous des courants. Par instants, lorsqu'une ombre ou qu'un contact les frôlait, elles se rétractaient d'un coup et rentraient leurs tentacules dans le rebord de leur calice. Il en restait un moignon rouge et sans bras de chair lisse. C'était là ce qu'il ressentait lors de ses échecs dans le pays magique. Rien n'avait passé qu'un souffle, et pourtant tout était gâché, et nul effort ne rétablirait l'harmonie.
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La mer était si paisiblement lisse qu'à peine ourlait-elle les falaises d'un friselis d'écume. Des oiseaux marins reposaient par groupes sur les ondes. On eût dit que la mélancolie, la déréliction du rivage prenaient au spectacle de ces rêveuses escadres une profondeur nouvelle - comme si le vide se fût noué en elles. Par instants, il élevait sa voix dans le cri d'une mouette.
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Le pire des tourments était de voir le temps dépouillé de sa magie. Il semblait avoir perdu ses valeurs rythmiques, l'ordre cosmique, la solennité des retours. En revanche, il gagnait en dynamisme ; il s'enfuyait d'un cours toujours plus rapide et plus monotone. Les instants le piquaient durement et vite, comme dans un vent de sable. Il n'y avait plus de repos ou d'arrêt, de jour ni de nuit. Les pensées étaient bien contraintes de s'y plier. Il s'y joignait une crainte, comme s'il se fût de loin senti happé par une cataracte.
Dans un tel état, Moltner avait parcouru à la hâte une suite de systèmes philosophiques, comme l'écureuil s'agite dans sa roue, sans bénéfice et sans apaisement. Il avait dû, pour ce faire, prendre sur ses nuits. L'établissement où il pratiquait sa spécialité était bondé. Les maladies nerveuses prospéraient comme jamais encore.
Bientôt, il s'aperçut que les théories ne suffisaient pas ; il ne retrouvait jamais en elles que ce qu'il y avait mis. Il se tourna donc vers la pratique, les techniques et les méthodes telles que le yoga et les sectes ésotériques les prônaient à demi, et, à demi, les tenaient secrètes. Il chercha à se retourner l'esprit au moyen de drogues, et à l'éperonner jusqu'à la connaissance suprasensible, après s'être affaibli par de longs jeûnes. Tout cela ne faisait qu'aviver son inquiétude. L'aiguille courait plus vite, au lieu de s'arrêter.
De même que les malades cherchent sans cesse de nouveaux médecins, Moltner était à l'affût des cures miraculeuses. Habitué à tout révoquer en doute, il était également prêt à croire tout ce que lui apportait le vent. De cette manière, il suivait toujours des modèles et des guides, mais sans jamais leur garder longtemps fidélité. L'inquiétude le chassait plus avant.
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La santé peut être bonne. La maladie peut parfois être meilleure. Les maladies sont des questions posées. Ce sont aussi des tâches à remplir, et même des distinctions. Le fait décisif, c'est la manière dont on les supporte.
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Vidéo de Ernst Jünger
À travers les différents ouvrages que l'auteur a écrit pendant et après ses voyages à travers le monde, la poésie a pris une place importante. Mais pas que ! Sylvain Tesson est venu sur le plateau de la grande librairie avec les livres ont fait de lui l'écrivain qu'il est aujourd'hui, au-delàs de ses voyages. "Ce sont les livres que je consulte tout le temps. Je les lis, je les relis et je les annote" raconte-il à François Busnel. Parmi eux, "Entretiens" de Julien Gracq, un professeur de géographie, "Sur les falaises de marbres" d'Ernst Jünger ou encore, "La Ferme africaine" de Karen Blixen. 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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