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Hui-Yeon Kim (Traducteur)
EAN : 9782848761619
235 pages
Philippe Rey (01/04/2010)
2.96/5   25 notes
Résumé :
Quand l'homme qu'elle aime la quitte pour la belle Lee Seyeon, une de ses élèves, la jeune et célèbre « chef » Jung Jiwon ferme l’école de cuisine qu’elle dirigeait, et sombre dans une profonde dépression.
Avant de perdre tout sens du goût et de la vie, elle se réfugie dans le poste d’assistante qu’elle a occupé autrefois auprès du chef de Nove, le plus connu des restaurants italiens de Séoul. Un travail, ou plutôt un sacerdoce, qui peu à peu, va lui permett... >Voir plus
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Il n'y a pas si longtemps, Jung Jiwon était une femme comblée. Chef reconnue, elle dirigeait sa propre école de cuisine où elle initiait de studieux élèves aux subtilités de la gastronomie italienne. Sa réussite, elle la partageait avec un homme, un architecte. C'est lui qui avait conçu son école et leur maison. Il était l'homme de sa vie, un être chéri au-delà de tout.
Et puis, tout s'est effondré. L'aimé l'a quittée pour une autre femme, une mannequin, une de ses apprenties cuisinières. Depuis, Jiwon va mal. Elle a fermé son école et s'est laissée aller au chagrin. Finalement, avant de sombrer totalement, elle a repris un emploi au Nove, près du chef qui lui a tout appris. Peu à peu, elle reprend goût à la cuisine. Mais son bonheur enfui la hante. Encore et toujours, elle pense à l'aimé, espère son retour. Devant l'évidence que plus jamais elle ne connaîtra les joies de l'amour partagé, Jiwon mijote sa vengeance.

''C'est mon destin que d'aimer et de cuisiner. Ce sont deux choses distinctes, mais pour moi elles n'en font qu'une. C'est mon destin''. C'est ainsi que se définit Jiwon et quand l'un des deux piliers de sa vie s'effondre, elle en est forcément déstabilisée. Au point de se noyer dans le chagrin, au point d'espérer en vain, de s'humilier, de supplier. Car Jiwon aime comme elle cuisine, de toute son âme, de tout son coeur, pour donner du plaisir, pour être aimée en retour. Si son drame est universel, le remède est lui tout personnel. Cette femme ne se résigne pas à la trahison, au désamour. Elle sombre peu à peu dans la folie. Une folie qui trouve son apothéose dans une terrible vengeance qui bouscule tous les tabous.
Kyung-Ran JO signe là un roman d'une folle sensualité où les plaisirs de la chair sont inextricablement liés à ceux de la chère. Partant d'une banale histoire d'adultère, elle élabore un récit tout en tension, soufflant le chaud et le froid, nous mettant en appétit pour finir par nous le couper âprement. Un récit haut en saveur au final aussi glaçant qu'éblouissant, à déguster sans modération.
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Premier roman d'une auteure coréenne que je lis, Mise en bouche nous raconte l'histoire de Jung Jiwon, jeune femme à qui la vie semble sourire : un petit ami architecte et une école de cuisine qu'elle tient seule et qui lui permet de vivre de sa passion. Mais c'est sans compter sur l'arrivée d'une nouvelle élève : Lee Seyeon, ancienne mannequin qui lui volera son petit ami. Follement amoureuse de son ex, Jung Jiwon vivra très mal cette trahison au point de ne pas douter du retour de son « homme ». Voyant qu'il ne reviendra pas, Jiwon lâche son école de cuisine (qu'elle avait mise en place avec lui) et revient dans le restaurant italien où son amour de la cuisine a vu le jour.

Comme on peut le comprendre en lisant le résumé, Mise en bouche est un roman qui tourne autour de la rupture et de la cuisine. Tour de force de l'auteur, les deux axes seront souvent mélangés et c'est ce que j'ai vraiment apprécié. A travers l'expression de ses différentes émotions, notre héroïne nous concoctera des plats qui donnent l'eau à la bouche et nous parlera aussi, par moments, des aliments en tant que tels (leurs utilisations au cours de l'Histoire, leurs vertus, etc…) et ce fut très intéressant à lire, j'ai appris quelques trucs et ça c'est plutôt agréable (notamment sur le sel).

Malgré quelques longueurs, le roman se lit rapidement. J'ai, cependant, quelques reproches à faire concernant certaines scènes (notamment celle avec le SDF) qui m'ont paru arrivées comme un cheveu sur la soupe et m'ont paru en plus de cela assez inutile et sans aucunes justifications.

Mise en bouche fut une bonne découverte et une lecture sympathique par de nombreux aspects. Il ne me restera pas en mémoire mais je l'ai trouvé assez originale et enrichissant. le final du roman est complètement inattendu et je suis un peu restée idiote et rien que pour cela, je le conseille !
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Jung Jiwon est une jeune "chef" talentueuse, à la tête d'une école de cuisine très courue qu'elle a aménagée avec l'aide de son compagnon, jeune architecte prometteur. La vie de Jung bascule le jour où son amour la quitte pour vivre avec la très belle Lee Seyeon, ex mannequin, une de ses élèves cuisinières: désespérée, languissant après un improbable retour de son amant, elle ferme les portes de son école et trouve refuge au coeur de la cuisine du "chef" du Nove, un des meilleurs restaurant, à Séoul, de spécialités italiennes. Lentement, sous le regard bougon et les remarques parfois rudes du "chef", Jung recouvre le goût de cuisiner et surtout celui de manger pour découvrir l'extraordinaire sensualité qui se cache, inconsciemment, au coeur de la préparation des plats: la nourriture devient une partition à la gloire des sensations et des plaisirs les plus fins.
Le lecteur suit le cheminement intime de Jung, tout d'abord perdue et abasourdie par son désastre intérieur, puis renaissant par la grâce des aliments à travailler pour le plaisir des papilles des clients gourmets du Nove: la préparation, presque rituelle, des légumes, des viandes ou poissons, est une suite de rimes poétiques, d'images qui parviennent à titiller ses papilles et le laisse rêveur sur ces plats qu'il ne pourra jamais goûter autrement que dans la virtualité de sa lecture. La cuisine créative est un sacerdoce que l'on vit en s'oubliant pour offrir aux papilles de l'autre un don de soi: les saveurs savamment orchestrées, conjuguées selon les ingrédients et le dessein du cuisinier, artiste des couleurs, des flaveurs et du goût.


Dans l'ambiance sensuelle de la cuisine raffinée, Jung se souvient de sa rencontre avec l'aimé, de leurs moments précieux et tendres où elle lui concoctait des plats savoureux, prémices à l'éveil des sens. Elle se souvient, elle raconte et souffre encore et encore parce qu'elle n'accepte pas, qu'elle ne peut pas accepter, le départ de l'amant: pourquoi est-il parti? Qu'a Lee Seyeon de plus qu'elle, elle qui garde Pauli, le chien de l'aimé, parce que la nouvelle conquête n'aime pas les chiens. Les douleurs de l'amoureuse abandonnée et du chien fidèle délaissé se mêlent pour donner lieu à une attente, celle d'un retour du passé. Au fil des souvenirs, des peines et des larmes, un tension, imperceptible au début, perce le rythme dansant de la préparation des plats dans la petite cuisine du Nove: une folie indicible se critallise autour de certains aliments, derrière la musique cristalline des ustensiles qui s'ébattent, une note discordante apporte une dissonance sourde et pesante. Jung, plus déterminée que jamais, prépare une nouvelle recette, celle du plat raffiné d'une vengeance qui se déguste à l'aune du plaisir offert aux papilles: la langue est un mets pour lequel les cuisiniers peuvent rivaliser de virtuosité raffinée. Elle marine dans un bouillon de légumes, elle est tendrement nettoyée, préparée avec délicatesse, accompagnée de douces et envoûtantes fines herbes...ainsi celle que Jung prépare pour les gourmets du Nove, sera-t-elle servie avec une sauce d'ail, d'oignon et de cresson, ultime touche pour masquer l'odeur forte de la viande, prélude au repas, point d'orgue de sa carrière, point culminant de son art qu'elle délaissera aussitôt la dernière bouchée dégustée par son amant. le lecteur pénètre, à la suite de Jung, une frontière de l'interdit, d'un tabou....pour le plus grand plaisir de frissonner et d'attendre une chute, qui peut laisser sur sa faim celui qui est trop dans l'explicite et ne se satisfait pas de l'opacité subtile de l'implicite.


"Mise en bouche" est un roman d'une grande sensualité, celle qui associe, sublime et raffinée délicatesse, l'amour à la cuisine: lorsqu'on aime, on donne toujours beaucoup de soi, comme le "chef" offre une partie de son âme à l'exigeance des papilles délicates des gourmets. le don qui, parfois, ne supporte pas l'abandon et qui, dans une orchestration subtile et précise de la folie, immole l'objet de sa jalousie sur l'autel de la vengeance. Kyung-Ran Jo, entre souvenirs d'enfance et effluves amoureuse de son héroïne, manie la chronique culinaire et la tension du récit avec subtilité, pour amener son lecteur, tout en émaillant le récit de petites notes incongrues, au dénouement qui laisse place, agréablement, à l'imagination de celui qui s'est laissé prendre au jeu.
Un roman coréen qui sait prendre son temps et que l'on savoure pour en apprécier toutes les saveurs, celles des clins d'oeil à l'histoire culinaire, aux marottes gustatives de certains personnages célèbres, à l'Italie aux mille et une couleurs rehaussée par l'inventivité asiatique. "Mise en bouche"...un roman qui donne envie de se mettre aux fourneaux pour notre plaisir et surtout pour le plaisir de l'autre: la cuisine est aussi une intense déclaration d'amour et un monde de sensualité.

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J'ai lu le roman de Kyung-Ran Jo très lentement, non pas pour le savourer mais parce que je n'y ai pas pris plaisir.
Désordres amoureux et désordres alimentaires assaisonnés d'anecdotes, de considérations pseudo-philosophiques et culinaires au menu de cette mise en bouche forment un méli-mélo indigeste qui ne m'a pas convaincue.
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… (Bruit de l'eau qui bout dans la casserole en cuivre). Les bulles se forment dans l'eau bouillonnante, remuent, s'agitent, naissent, grossissent et grandissent en un éclair. Elles montent, montent, jusqu'à atteindre la surface où elles éclatent dans un paroxysme purement physique. La cusine est enfait un salle du Conservatoire, un lieu de symphonies, d'orchestres. Un lieu où couteaux, eau et cuisson ne font qu'un, une mélodie métallique, mais organique, chaleureuse. L'eau bout, le saumon rosit et crisse dans la casserole, l'ail se fait découper et trancher dans un rythme régulier – une Trinité, un triptyque harmonieux et délicat. le roman de Kyung-Ran Jo m'a ouvert les yeux sur la face cachée de la cuisine, une face où les sens se mêlent, et où la vue, le goût, l'odorat, le toucher et l'ouïe sont sur un même pied d'égalité.

Tout allait bien. Oui, tout allait très bien. Une vie si belle, une école de cuisine qui marchait à merveille, qui accueillait de plus en plus d'adeptes, une passion dévorante pour la cuisine qu'elle pouvait transmettre et montrer à des regards curieux et ébahis, un Mari aimant, toujours présent à ses côtés, un chien affectueux, une Maison remplie de Vie et d'Amour, oui …. elle était heureuse, si heureuse que son petit Monde paraîssait inaliénable, intouchable. Une tour d'ivoire si haute, dont les marches si nombreuses auraient dissuadé même le plus mesquin des esprits. Mais elle a peut-être oublié que le Mal, si loin, si impensable, peut aussi venir de l'intérieur. Il a suffi d'une image pour que la tour s'effondre, il a suffi d'un acte pour que sa vie vacille et vole en éclats. L'Acte, l'Amour avec un grand A, l'Amour Charnel, si intime, si cru. Les passions se déchaînent, se brouillent, l'Aveugle tâtonne et ouvre grand les yeux. Un acte insaisissable par les mots, une découverte, un partage. Mais …. une autre femme. C'est une autre femme. Pas elle non, ce n'est pas elle devant ses yeux, nue, allongée devant son mari. C'est Lee Seyeon. Une fille parfaite, belle, raffinée, cultivée. Dans son salon, nue. La blessure s'ouvre violemment, la peau se déchire, le si beau monde éclate et les fragments aiguisés lui lacèrent le coeur. Puis un divorce, une séparation, un Vide, un manque qu'elle ne peut combler. Mais une seule chose pourra lui permettre de se raccrocher à la Vie : la cuisine. Une cuisine rédemptrice, une cuisine de passions et de rages, une cuisine de l'existence …

Ce roman : un agréable moment. Agréable, dans tous ses sens. Un roman où la cuisine dépasse le matériel et nous accompagne, se révèle. Jung Jiwon, la Cuisine, deux miroirs face à face. Eternel reflet, éternel retour. La cuillère tourne, tourne dans l'épais bouillon, la vie s'emballe et tourbillonne, dans un abîme sombre et imprévisible. L'eau jaillit, les larmes coulent, le feu brûle sur la gazinière, le coeur souffre. Les aliments n'ont jamais été aussi proches de l'Homme, de la Femme. Mais voilà : un grain de semoule dans un tas de riz. Une chose qui trouble cette agréable impression d'harmonie : la Fin, la Fin prévisible, la Fin qu'on voit arriver depuis longtemps, comme un aliment pas assez cuit, alors qu'il aurait dû me brûler la langue, me surprendre, me déranger. La grande Chef a raté sa dernière cuisson, les courbes de la chantilly ne sont pas assez parfaites – infime pourrait-on dire, oui, mais essentiel. Un gâteau sans cerise n'est pas un gâteau. Aussi bon soit-il …
Lien : http://bookkingdom.wordpress..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le jour où j'ai été promue sous-chef, j'ai acheté une paire de chaussures à talons avec une perle incrustée sous chaque semelle. Personne ne saura que mes chaussures cachent des perles, à moins de les retourner. Mais moi, le fait de savoir que je marche avec des perles sous mes pieds me donne des ailes.
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Tout ce qui naît commence aussitôt à mourir. Certains prospèrent, certains se dégradent, certains naissent à nouveau et d’autres enfin se laissent emporter par le flot. Tout être vivant change selon sa propre logique. L’important, ce n’est pas d’atteindre le but mais de progresser.
(p. 236)
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Avoir vingt ans me semble comparable à un ananas, un fruit qui ne s'épluche pas facilement : il faut enlever la peau avec un couteau pour accéder à la chair. Il est plein de jus, mais il n'a ni noyau ni tige.
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p.11 « Ce qui compte le plus dans une cuisine n’est pas de savoir à quel point les plats qu’on y prépare sont réussis, mais de s’y sentir bien. »

p.117 « Les fruits sont excellents à consommer seuls, mais leurs vitamines sont mieux absorbés par le corps quand on les prend avec autre chose. »

p.175 « J’ai l’impression que des lèvres rouges, gonflées de mots et de nourriture, flottent dans l’air comme des nuages. »
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Les vrais gourmets veulent des plats qui n'apparaissent pas sur la carte. Ils ne mangent que les meilleurs morceaux d'un canard grillé, d'un jeune poulet bien en chair ou d'un chapon. Si c'était possible, ils se feraient servir un cygne, comme au 18e siècle. Ils savent qu'un goût s'apprécie d'abord sur les lèvres et ils aimeraient avoir une bouche plus allongée que le bec de la grue afin de jouir plus longtemps du goût des aliments qui passent de leur bouche à leur estomac.
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