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Jean Tardieu (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070327355
120 pages
Gallimard (22/01/1993)
3.88/5   29 notes
Résumé :
ÉLÉGIE DE MARIENBAD ET AUTRES POÈMES [1993], trad. de l'allemand par Jean Tardieu . Édition de Jean Tardieu. Édition bilingue illustrée de dessins de Goethe, 120 pages, ill., sous couv. ill., 108 x 178 mm. Collection Poésie/Gallimard (No 266), Gallimard -poés. ISBN 9782070327355. 8,60 €


Résumé
« Devant une œuvre exceptionnelle comme cette Élégie, je ne voulais pas me borner à la "traduire" selon l'usage habituel, c'est-à-dire en in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un cadeau que je suis impatiente de lire.
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L'AMANT TOUJOURS PROCHE ( Autre poème )

Je pense à toi quand le rayon solaire
Brûle les flots ;
Je pense à toi quand la lueur lunaire
Se peint sur l'eau.

Tu m'apparais quand monte de la route
Un poudroiement
Ou bien la nuit, quand le passant redoute
Le pont tremblant.

J'entends ta voix quand la vague s'éveille,
Meurt et renaît.
Je vais souvent au bois prêter l'oreille,
Quand tout se tait.

Si loin sois-tu, l'espace ne sépare
Jamais nos pas !
Le soir descend, l'étoile se prépare,
Que n'es-tu là !

NÄHE DES GELIEBTEN

Ich denke dein, wenn mir der Sonne Schimmer
Vom Meere strahlt ;
Ich denke dein, wenn sich des Mondes Flimmer
In Quellen malt.

Ich sehe dich, wenn auf dem fernen Wege
Der Staub sich hebt ;
In tiefer Nacht, wenn auf dem schmalen Stege
Der Wandrer bebt.

Ich höre dich, wenn dort mit dumpfem Rauschen
Die Welle steigt.
Im stillen Haine geh ich oft zu lauschen,
Wenn alles schweigt.

Ich bin bei dir, du seist auch noch so ferne,
Du bist mir nah !
Die Sonne sinkt, bald leuchten mir die Sterne.
O wärst du da !
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J'ai voulu retrouver, en français, la tonalité à la fois souveraine et bouleversante du texte original.
Un ton de gravité, où les regrets et le recours à l'énergie consolatrice alternent avec la méditation et la désillusion. Un ton pareil à celui du violoncelle, quand l'archet fait résonner lentement ses notes basses, comme un requiem où la douleur est surmontée.

Extrait de l'avant-propos de Jean Tardieu également traducteur.
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Le désir d'être aimé s'était éteint,
Évanoui, comme la faculté d'aimer,
Lorsque le goût d'espérer me revint
Et les projets joyeux et décidés.
Amour ! Si tu nous donnes la ferveur,
De tes présents j'ai reçu le meilleur.

War Fähigkeit, zu lieben, war Bedürfen
Von Gegenliebe weggelöscht, verschwunden,
Ist Hoffnungslust zu freudigen Entwürfen,
Entschlüssen, rascher Tat sogleich gefunden !
Wenn Liebe je den Liebenden begeistet ;
Ward es an mir aufs lieblichste geleistet ;
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LE VOYAGEUR

LE VOYAGEUR.
Dieu te bénisse, jeune femme, ainsi que l’enfant que nourrit ton sein ! Laisse-moi, sur ces rochers, à l’ombre de ces ormes, déposer mon fardeau, et me délasser près de toi.

LA FEMME.
Quel motif te fait, pendant la chaleur du jour, parcourir ce sentier poudreux ? Apportes-tu des marchandises de la ville pour les vendre dans ces contrées ? Tu souris, étranger, de cette question.

LE VOYAGEUR.
Je n’apporte point de marchandises de la ville. Mais le soir va bientôt répandre sa fraîcheur ; montre-moi, aimable jeune femme, la fontaine où tu te désaltères.

LA FEMME.
Voici un sentier dans les rochers… Monte devant ; ce chemin parmi les broussailles conduit à la chaumière que j’habite, à la fontaine où je me désaltère.

LE VOYAGEUR.
Des traces de la main industrieuse de l’homme au milieu de ces buissons ! Ce n’est pas toi qui as uni ces pierres, ô nature, si riche dans ton désordre !

LA FEMME.
Encore plus haut !

LE VOYAGEUR.
Une architrave couverte de mousse ! Je le reconnais, esprit créateur ! tu as imprimé ton cachet sur la pierre !

LA FEMME.
Monte toujours, étranger !

LE VOYAGEUR.
Voici que je marche sur une inscription… Et ne pouvoir la lire ! Vous n’êtes plus, ô paroles si profondément ciselées dans le marbre, et qui deviez rendre témoignage devant mille générations de la piété de votre auteur !

LA FEMME.
Tu t’étonnes, étranger, de voir ces pierres ; autour de ma chaumière, il y en a bien d’autres !

LE VOYAGEUR.
Là-haut ?

LA FEMME.
Sur la gauche ; en traversant les buissons…. Ici.

LE VOYAGEUR.
O muses ! ô grâces !

LA FEMME.
C’est ma chaumière.

LE VOYAGEUR.
Les débris d’un temple !

LA FEMME.
Et, plus bas, sur le côté, coule la source où je me désaltère.
LE VOYAGEUR.
Tu vis encore sur ta tombe, divin génie ! ton chef-d’œuvre s’est écroulé sur toi, ô immortel !

LA FEMME.
Attends, je vais te chercher un vase pour boire.

LE VOYAGEUR.
Le lierre revêt maintenant tes créations légères et divines. Comme tu t’élances du sein de ces décombres, couple gracieux de colonnes, et toi, leur sœur, là-bas solitaire !… La tête couverte de mousse, vous jetez sur vos compagnes, à vos pieds renversées, un regard triste mais majestueux ! La terre, les débris, nous les cachent ; des ronces et de hautes herbes les couvrent encore de leur ombre. Estimes-tu donc si peu, ô nature ! les chefs-d’œuvre de ton chef-d’œuvre ? Tu ruines sans pitié ton propre sanctuaire, et tu y sèmes le chardon !

LA FEMME.
Comme mon petit enfant dort bien ! Étranger, veux-tu te reposer dans la chaumière, ou si tu préfères rester ici à l’air ? Il fait frais. Prends le petit, que j’aille te chercher de l’eau. — Dors, mon enfant, dors !

LE VOYAGEUR.
Que son sommeil est doux ! comme il respire paisiblement et dans sa brillante sanlé !… Toi qui naquis sur ces restes saints du passé, puisse son génie venir reposer sur toi ! Celui que son souffle caresse saura, comme un dieu, jouir de tous les jours ! Tendre germe, fleuris, sois l’honneur du superbe printemps, brille devant tous tes frères, et, quand tes fleurs tomberont fanées, qu’un beau fruit s’élève de ton sein, pour mûrir aux feux du soleil !

LA FEMME.
Que Dieu te bénisse ! — Et il dort encore ? Mais je n’ai avec cette eau fraîche qu’un morceau de pain à t’offrir !
LE VOYAGEUR.
Je te remercie. — Comme tout fleurit autour de nous, et reverdit !

LA. FEMME.
Mon mari va bientôt revenir des champs : ô reste, étranger, reste pour manger avec nous le pain du soir !

LE VOYAGEUR.
C’est ici que vous habitez ?

LA FEMME.
Oui, là, parmi ces murs : mon père a bâti la chaumière avec des tuiles et des décombres, et nous y demeurons depuis. Il me donna à un laboureur, et mourut dans nos bras. — As-tu bien dormi, mon amour ? Comme il est gai, comme il veut jouer, le petit fripon !

LE VOYAGEUR.
Ô nature inépuisable ! tu as créé tous les êtres pour jouir de la vie ! tu as partagé ton héritage à tous tes enfants comme une bonne mère… À chacun une habitation. L’hirondelle bâtit son nid dans les donjons, et s’inquiète peu des ornements que cache son ouvrage. La chenille file autour de la branche dorée un asile d’hiver pour ses œufs : et toi, homme ! tu te bâtis une chaumière avec les débris sublimes du passé… Tu jouis sur des tombes ! — Adieu, heureuse femme !

LA FEMME.
Tu ne veux donc pas rester ?

LE VOYAGEUR.
Dieu vous garde ! Dieu bénisse votre enfant !

LA FEMME.
Je te souhaite un heureux voyage.

LE VOYAGEUR.
Où me conduira ce sentier que j’aperçois sur la montagne ?
LA FEMME.
À Cumes.

LE VOYAGEUR.
Y a-t-il encore loin ?

LA FEMME.
Trois bons milles.

LE VOYAGEUR.
Adieu. — Guide mes pas, nature, les pas d’un étranger sur ces tombeaux sacrés d’autrefois ; guide-moi vers une retraite qui me protège contre le vent du nord, où un bois de peupliers me garde des rayons brûlants du midi ; et, quand, le soir, je rentrerai dans ma chaumière, le visage doré des derniers feux du soleil, fais que j’y trouve une pareille femme avec un enfant dans ses bras.
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LA NOBLE FEMME D’AZAN-AGA

Complainte imitée du morlaque.


Qu’aperçoit-on de blanc, là-bas, dans la verte forêt ?… de la neige ou des cygnes ? Si c’était de la neige, elle serait fondue ; des cygnes, ils s’envoleraient. Ce n’est pas de la neige, ce ne sont pas des cygnes, c’est l’éclat des tentes d’Azan-Aga. C’est là qu’il est couché, souffrant de ses blessures ; sa mère et sa sœur sont venues le visiter ; une excessive timidité relient sa femme de se montrer à lui.

Mais ses blessures vont beaucoup mieux, et il envoie dire ceci à son épouse fidèle : « Ne m’attends plus à ma cour, tu ne m’y verras plus, ni parmi les miens. »

Lorsque l’épouse eut reçu ces dures paroles, elle resta interdite et profondément affligée : voilà qu’elle entendit les pas d’un cheval devant la porte ; elle crut que c’était son époux Azan qui venait, et monta dans sa tour pour s’en précipiter à sa vue. Mais ses deux filles s’élancèrent effrayées sur ses pas en versant des larmes amères : « Ce n’est point le cheval de notre père Azan, c’est ton frère Pintorovitch qui vient. »

Et l’épouse d’Azan court au-devant de son frère, l’entoure de ses bras en gémissant : « Vois la honte, mon frère, où ta sœur est réduite… Il m’a abandonnée !… la mère de cinq enfants ! »
Le frère se tait : il tire de sa poche la lettre de séparation, enveloppée de soie rouge, qui renvoie l’épouse à sa mère, et la laisse libre de se donner à un autre.

L’épouse, après avoir connu ce triste message, baise au front ses deux fils, ses deux filles aux joues ; mais, hélas ! au moment de quitter son dernier enfant encore à la mamelle, sa douleur redouble et elle ne peut faire un pas.

Le frère, impatient, l’enlève, la met en croupe sur son cheval, et se hâte, avec cette femme éplorée, vers la demeure de ses pères.

Peu de temps s’était écoulé, pas encore sept jours, mais c’était bien assez, que déjà plusieurs nobles s’étaient présentés pour consoler notre veuve et la demander en mariage.

Et même le puissant cadi d’Imoski ; et la femme fit en pleurant cette prière à son frère : « Je t’en conjure par ta vie, ne me donne pas à un autre époux, de peur qu’ensuite la vue de mes pauvres enfants ne me brise le cœur. »

Le frère ne s’émut point de ces paroles, décidé à la donner au cadi d’Imoski ; mais la vertueuse femme le supplia enfin pour toute grâce d’envoyer au cadi un billet qui contenait ces mots : « La jeune veuve te salue amicalement, et, par la présente lettre, te supplie avec respect que, lorsque tu viendras accompagné de tes esclaves, tu lui apportes un long voile, afin qu’elle s’en enveloppe en passant devant la maison d’Azan, et qu’elle ne puisse pas y voir ses enfants chéris. »

À peine le cadi eut-il lu cet écrit, qu’il assembla tous ses esclaves, et se prépara à aller au-devant de la veuve avec le voile qu’elle demandait.

Il arriva heureusement à la demeure de la princesse, elle en ressortit heureusement avec lui. Mais, lorsqu’elle passa devant la maison d’Azan, les enfants reconnurent leur mère, et l’appelèrent ainsi : « Reviens, reviens dans ta maison ! viens manger le pain du soir avec tes enfants ! » L’épouse d’Azan fut tout émue de ces paroles, elle se tourna vers le prince : « Permets que les esclaves et les chevaux s’arrêtent devant cette porte chérie, afin que je fasse encore quelques dons à mes petits enfants. »

Et ils s’arrêtèrent devant cette porte chérie ; et elle fit des dons à ses pauvres enfants ; elle donna aux garçons des bottines brodées en or, aux filles de riches habits, et au plus petit, qui s’agitait dans son berceau, une robe qu’il mettrait quand il serait plus grand.

Azan-Aga était caché et voyait tout cela, et rappela ses enfants d’une voix émue : « Revenez à moi, mes pauvres petits ! le cœur de votre mère est glacé, il s’est tout à fait fermé et ne sait plus compatir à nos peines. »

L’épouse d’Azan entendit cela, elle se précipita à terre toute blême, et la vie abandonna son cœur déchiré, lorsqu’elle vit ses enfants fuir devant elle.
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