AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Claude Demanuelli (Traducteur)
EAN : 9782020294539
256 pages
Seuil (17/04/1997)
3.36/5   7 notes
Résumé :
Imaginez la rencontre de Laurence Sterne et de Brillat-Savarin, de l’un des plus grands écrivains anglais du XVIIIe siècle et du plus brillant de nos philosophes-cuisiniers, et vous obtiendrez ce premier roman de Lanchester, tout à la fois livre de recettes, polar et traité d’esthétique. Sous prétexte de faire l’historique de la pomme de terre ou le panégyrique de la pêche, on vous entraîne sur les routes de France dans un voyage des sens, dont le but n’est pas de f... >Voir plus
Que lire après Le prix du plaisir Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
John Lanchester. Quand je me suis saisie du livre, j'ai toute de suite repensé aux ardeurs sexuelles de ‘'Mr Phillips‘'. Aussi, jaugeant la page de couverture représentant des fruits, je n'ai pas manqué d'y voir, éloignant un peu l'objet dans un réflexe de presbytie sans doute, à travers le dessin d'une pêche aux tons rouge-orangé, la transfiguration d'une belle paire de fesses. Mais non ! Là n'est pas le sujet. Encore que ! Il s'agisse bien ici de plaisir, mais de mise en bouche. Hédoniste donc !... devient-on en lisant cet ouvrage qui allie les plaisirs. Celui du lecteur qui découvre une écriture riche, raffinée et subtile, qui s'émerveille du parallèle que lui prête l'écrivain-philosophe à travers les évocations du bon vivre, une percée savante dans la mythologie grecque, agrémentée d'une pointe de religiosité en citant Luis Buñuel professant que pour préparer correctement un martini, il faut laisser la lumière traverser le vermouth sur son trajet à la rencontre du gin, comme dans le mystère de l'Immaculée Conception... Puis, un soupçon d'intrigue policière et nous sommes sous le charme d'un érudit francophile qui sur nos propres terres, nous accompagne.
Et, de nous donner à penser, comme nous le constatons souvent nous-mêmes, que le souvenir a un goût qui s'attache à nous transporter dans des époques, plus avant, celle de l'enfance en quelques endroits, villes ou campagnes, ou plus proches à l'âge adulte, mais vers d'autres ‘'palais‘'. Une logique pour le moins surprenante qui ne manque pas de nous conduire en couple, au restaurant. Ces théâtres de nos rencontres en société, de nos mises au point et comme par un fait inéluctable, de nos ruptures. Il en va ainsi de la chair animale comme humaine qui s'accommode alors au choix, bleue pour la bleusaille, premier amour premier émoi, à point, des points nommés et disputés ou saignante et sans dessert. Il en est ainsi du départ de sa ‘'nounou‘' Mary-Theresa dont l'absence en cuisine se traduit par un manque affectif à saveur gustative. Tandis que sa mère l'aime, elle, mais avec l'exubérance d'une actrice, toujours en ‘'représentation‘'. Et un peu plus loin d'apprendre la fin tragique de ladite domestique dont nous tairons l'issue pour vous garder tout le sel. Une histoire bien menée qui n'en reste pas moins élaborée comme un roman où les essences olfactives se mêlent aux sentiments. Un savoir-faire et une esthétique relevant tant de l'art culinaire que littéraire et qui nous donnent accès à quelque chose qui n'a pas de prix ‘' le prix du plaisir‘'.
Commenter  J’apprécie          582
Tarquin Winot, notre narrateur, nous conte avec de nombreuses digressions sa traversée de la France depuis Porsmouth jusqu'à son petit mas en Provence. Il nous prévient dès la préface, il profitera des nombreux arrêts en cours de route pour nous entretenir de sa passion pour la cuisine. Erudit ad nauséam, notre homme déverse sur les malheureux qui croisent sa route son immense savoir. Tarquin utilise la connaissance, le verbe, pour affirmer sa supériorité, sa différence avec le commun des mortels. Comment un tel "esprit" peut-il se passionner pour la cuisine, activité assez prosaïque ? C'est qu'avec lui, les repas deviennent fête des sens, quintessence d'une région, parfois aussi l'occasion de règler certaines situations difficiles à supporter.

Au début, le lecteur se dit qu'il a affaire à un excentrique, un snob invétéré, aussi rébarbatif qu'inoffensif. Et puis cette image se brouille... Tarquin a pris en filature un couple de jeunes mariés. Il multiplie les déguisements, les outils d'espionnage façon Inspecteur Gadget. Pour quelle raison se met-il dans les pas des tourtereaux ? Il finit par nous révéler que la femme est venue récemment l'interviewer non pas pour parler de lui, ce qui nous croyons tout d'abord, mais de son frère Bartholomew, peintre et sculpeur de génie, malheureusement décédé d'une intoxication aux champignons.Tout de suite, Tarquin a senti que quelque chose se passait entre Laura et lui, la subtile alchimie de l'amour sans aucun doute. Attend-il le bon moment pour surgir pendant la lune de miel et faire éclater la vérité au grand jour ?

La vérité se livre à nous peu à peu, Tarquin se confie de plus en plus à son futur lecteur et nous rapporte des souvenirs d'enfance qui, selon le point de vue adopté, peuvent sembler anodins ou faire penser aux premières années du tristement célèbre Néron.

le roman de John Lanchester est comme le Irish stew, une superposition de couches de pommes de terre et de viande, une spécialité de sa première nounou, Mary Theresa. L'auteur superpose ici recettes de cuisine, road-movie branquignolesque, envolées savantes sur de multiples domaines et en creux le portrait d'un Tarquin qui pourrait bien être un vilain garçon...
Commenter  J’apprécie          30
John Lanchester était critique gastronomique. Puis vint le temps des romans, celui-ci fut son son premier. Il s'ouvre sur un aveu prudent que “ce n'est pas un livre de cuisine conventionnel”, ce qui certes est vrai.
Le narrateur du Prix du plaisir est Tarquin (de son vrai nom Rodney) Winot, un gourmand érudit d'âge moyen. Il divise son récit en quatre sections pour correspondre aux saisons et propose un menu pour chacune.

Winot, on s'en rend vite compte, est un narrateur extrêmement peu fiable. Au moment où il écrit, il va de l'hôtel Splendide (Portsmouth) à sa maison en Provence. Il voyage incognito, le crâne rasé et les lunettes noires, même s'il est peu probable qu'il ne soit pas reconnu, car sa tenue consiste en des
"carreaux verts et ocres complétés, ou peut-être qu'il faudrait compléter, par ma chemise, un numéro de coton pâle-cerise avec une texture fine . . . un motif ombré en diagonale. Je portais également un noeud papillon à pois jaunes sur fond bleu clair, un mouchoir de présentation assorti, une montre gousset et une chaîne et une paire de brogues brunes superbement conservatrices faites à la main.”

Que fait-il ? On entend parler de la mort de ses parents dans un accident (explosion d'une bonbonne de gaz), de la chute d'un cuisinier norvégien sous une rame de métro, de la mort empoisonnée de son frère, tous ces malheurs survenus dans son voisinage immédiat.

Au cours de son voyage à travers la France, il suit un couple en lune de miel, dont la partie féminine est Laura Tavistock qui, semble-t-il, écrit une biographie du défunt frère de Tarquin, Barry, un sculpteur de renommée mondiale. En Provence, Tarquin suscite une rencontre accidentelle avec les jeunes mariés et les invite chez lui à dîner, à passer la nuit et à petit déjeuner d'une omelette aux champignons sauvages. . .

L'intrigue n'a guère d'importance (bien que très intelligemment gérée). le style est tout. Tarquin parle des soupes comme d'oeuvres d'art “dans lesquelles une délicatesse filigranée du détail local s'ajoute à une solidité agglomérée de l'effet”. Cette expression, “solidité agglomérée”, est particulièrement adaptée à la propre réalisation de Tarquin. Son style (c'est-à-dire celui de Lanchester) est inconfortablement brillant et flou, et gorgé de sa propre richesse.

C'est aussi brillant qu'horriblement drôle. Écoutez Tarquin se plaindre de la couleur rose, “un signe infaillible du goût défectueux que l'on associe à certains groupes et individus : les classes laborieuses britanniques, les grands restaurateurs français, les affichistes indiens et Dieu, dont la fatale susceptibilité pour cette couleur est si apparente dans les exemples cinématographiques les plus somptueux de son travail (couchers de soleil, flamants roses)”.
Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          40
Le pitch de ce livre annonçait: "suspens, policier ou thriller", enfin un truc assez louche à mon sens, et ça n'a pas été évident. Peut-être parce que j'ai eu du mal à m'y mettre dans les deux-trois premiers chapitres? (Ne trouvant pas où était le Binz, je me suis demandé pendant la majorité du livre si je devrais les relire pour être sûre de comprendre. Ce que je n'ai finalement pas fait!..)
Autrement un livre assez érudit, ayant quelque chose du Parfum de Suskind, mais dans un autre registre ici: celui du goût, avec un narrateur parlant de lui et de ses hautes idées. Une fin un brin effilochée, mais je suis mauvaise juge, vous l'aurez compris.
Enfin, un format de bloc livre inhabituel (il faut un peu s'y faire, au début.) mais pourvu d'un joli son un peu interpelant de rame de papier que l'on ondule, à chaque fois, que l'on rouvre le livre en tournant une page!.. Merci Masse Critique pour cette découverte!..
Commenter  J’apprécie          30
Enfin un livre au vocabulaire très développé et de ce fait rendant la lecture fortement instructive. La pléiade de descriptions culinaires et touristiques tendent à fortement ouvrir l'appétit au fil de la lecture, et pourquoi pas tenter de reproduire quelques unes des recettes décrites dans ces pages.
Toutefois je dois avouer que ce livre me laisse un gout d'inachevé, je n'ai pas bien perçu où le narrateur à voulu nous emmener à travers ses récits, parfois très alambiqués, sans queue ni tête ou passant dans une même phrase du coq à l'âne. Difficile donc de rester concentré quand on a le sentiment de s'être perdue dans l'histoire et ne plus comprendre quels sont les rôles des personnages.
C'est donc un avis mitigé que je porte sur cette lecture.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
« Et puis, il nous faut aussi bien admettre le côté parfaitement naturel du meurtre, face à l’artificialité de l’art. La peinture, la musique, les livres sont tous si arbitraires, si inutilement compliqués, si pleins d’inventions et de mensonges, lorsqu’on les compare à la simplicité de l’acte qui consiste à ôter la vie à quelqu’un parce qu’on ne veut plus le voir continuer à vivre. L’histoire mondiale offre quelques exemples où l’on semble entrevoir cette vérité. En temps de guerre, par exemple, on nourrit, on encourage, on glorifie, on cultive... pour tout dire, on comprend ce penchant naturel pour le meurtre. Mais il y a d’autres indices. Assassiner une épouse acariâtre quand le mistral avait soufflé pendant plus de sept jours n’était pas considéré comme un crime capital par le Code Napoléon. Autrement dit, on admet – c’est fort stimulant – que le meurtre d’un conjoint, s’il ne peut être entièrement pardonné, peut être compris de l’intérieur, expliqué, toléré –, ce qui revient à concéder qu’il est d’une certaine manière naturel. Comme le dit Confucius, on peut, dans certaines circonstances, pardonner le crime, mais jamais le déraisonnable.»
Commenter  J’apprécie          280
La gourmandise est un acte de discernement, par lequel nous donnons la préférence aux choses qui nous sont agréables au goût sur les choses qui ne le sont pas.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de John Lanchester (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de John Lanchester
A television adaptation of a novel by John Lanchester Capital season 1.
autres livres classés : thrillerVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (23) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2864 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..