AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782815912099
256 pages
L'Aube (05/06/2015)
3.91/5   27 notes
Résumé :
Nous sommes dans une salle de réunion de l’université d’Alabama, à Huntsville. Le professeur Joan Travers, 45 ans, sort une arme de son sac à main et abat froidement trois de ses collègues. L’Amérique, sidérée, découvre cette diplômée de la prestigieuse université d’Harvard, mère de quatre enfants, qui affirme ne pas se souvenir de cette journée. Sauf que les témoignages sont unanimes : c’est bien elle qui a tiré, elle qui a tué.
Dans l’attente de son j... >Voir plus
Que lire après Alabama ShootingVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
3,91

sur 27 notes
5
2 avis
4
7 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Aux États-Unis, 41 États autorisent le port d'une arme cachée. Sur ces 41 États, 31 l'autorisent sans aucun permis. 9 millions d'américains possèdent une arme de poing et peuvent donc se balader en toute impunité avec. Des chiffres qui font froid dans le dos !

Le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis dit, je cite :
"Le droit de chacun de posséder une arme ne doit pas être enfreint, pour ce qu'une milice bien organisée est nécessaire à la sécurité d'un État libre".

Si je devais résumer en une seule phrase le roman de John N. Turner, je citerais sans hésiter le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis car à lui seul il résume parfaitement ce récit.
Des histoires comme celles-ci il en existe des centaines à défrayer la chronique. Triste constat d'une Amérique en dérive où le port d'arme est majoritairement autorisé aujourd'hui.

Sous le pseudonyme de John N. Turner se cache un auteur chambérien bien de chez nous, médecin, chercheur, passionné par la culture américaine, Alabama Shooting est son deuxième roman.

John N. Turner nous sert un thriller psychologique redoutable et très efficace. L'intrigue est bien ficelée, le récit haletant, et sans temps mort.
L'auteur se met dans la peau du personnage principal, Joan Travers, qui devient la narratrice d'un double récit par alternance (un chapitre sur deux) amenant ainsi une approche psychologique fine et extrêmement poussée puisque dès les premières pages nous prenons entièrement possession des pensées sombres et de l'esprit torturé de cette dernière après qu'elle a abattu à bout portant 3 de ses collègues de l'université de Huntsville en pleine réunion du Département.

Qui est Joan Travers ? Que s'est-il passé le 12 février 2010 dans la salle 369 B du bâtiment Franklin de l'université de Huntsville en Alabama ? Comment cette épouse modèle, mère de 4 enfants (dont le petit dernier n'a que 8 ans), issue d'un milieu favorisé, qui porte le prestigieux titre de Docteur en neurosciences, devient-elle du jour au lendemain une dangereuse criminelle qui dézingue froidement 6 de ses collègues (en tue 3) avec un Rutger 9 mm, celui de son mari Richard ?

Pour répondre à cela il nous faut remonter petit à petit le fil de l'histoire et les souvenirs de Joan Travers. Les souvenirs d'une adolescente solitaire et mal dans sa peau, que ses camarades de classe surnomment cruellement "Tomboy", étouffée par l'image d'un frère cadet qui prend trop de place, toute la place...
Une pulsion meurtrière qui va se développer lentement, insidieusement, comme une bête tapie dans l'ombre du jour où ses yeux de gamine se posent sur le Mossberg 500 calibre 12 dont son père a fait l'acquisition après qu'ils aient été cambriolés.
L'histoire d'une femme que tout accuse mais qui réfute son crime, dit ne pas s'en souvenir et pire, semble n'avoir aucun remord vis à vis des victimes et devient l'une des personnalités les plus haïes des États-Unis alors qu'elle risque la peine capitale.

J'ai indéniablement apprécié la lecture de ce roman que j'ai lu d'une traite jusqu'au dénouement final (et quel dénouement !). J'ai pris du plaisir à détester cette femme dont l'auteur nous dresse un portrait effroyable. Je n'ai ressenti aucune compassion pour elle, pas même un peu d'empathie pour la mère de famille (j'ai essayé pourtant). Peut-être aurais-je dû car finalement à qui la faute ?

Commenter  J’apprécie          584
Pour son deuxième roman noir, après l'excellent Amerithrax, John N. Turner partage à nouveau une page de l'Amérique contemporaine. Alabama shooting est en effet, une fois de plus, un récit fictionnel basé sur des faits réels. Mais la ressemblance s'arrête là.

S'inspirant librement d'un fait divers tragique de 2010, où une femme a été mise en cause lors d'une fusillade dans une université d'Alabama, Turner développe un récit à sa manière reconnaissable.

L'auteur est un scientifique de renommée internationale qui a travaillé sur l'anthrax. Cette fois-ci, il s'éloigne de ses domaines de compétence (sauf à lier ce choix au fait que la tireuse en question est également une scientifique).

Car c'est ce qui frappe de prime abord. La femme en question n'est pas une banale délinquante et John N. Turner nous brosse son portrait (pas toujours dans le sens du poil), à coups de retours vers le passé. Alternance de chapitres, entre l'après fusillade et la vie passée de la suspecte (présomption d'innocence oblige), avec un style d'écriture propre à l'auteur.

Je le répète, John N. Turner est un scientifique et il écrit ses livres tel un chercheur, disséquant les faits divers avec sa plume. Une écriture et une construction scénaristique au scalpel pour comprendre le cheminement d'une psychologie meurtrière (loin des poncifs du genre) et ce qui peut conduire à une folie destructrice.

Ne vous attendez pas à un thriller palpitant, le propos et les intentions de l'auteur ne sont pas là. Méthodiquement, il raconte l'histoire de cette femme, usant de ce coté rationnel qui lui est personnel et de son écriture analytique bien maîtrisée.

Même si ce parti-pris me fait regretter un petit manque d'émotion, ce roman est une formidable plongée dans cette société qui peut engendrer des monstres, à l'image de ce que le sujet met en avant par rapport à la légalisation des armes à feu aux États-Unis.

Oui, John N. Turner est en train de s'affirmer comme le scientifique (jamais barbant) du roman noir ; une place à part pour des romans à part.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
Commenter  J’apprécie          230
Huntsville, Alabama, le 10 février 2010, en fin d'une réunion à l'université, la professeure Joan Travers sort une arme de son sac et tire sur plusieurs collègues, en abat trois et en blesse autant. Puis, avec calme, elle quitte la scène de tuerie et demande son mari de venir la chercher.
Mais cette mère de quatre enfants, diplômée de la prestigieuse université de Harvard, se fait arrêter. Mais en prison, elle nie en bloc toute culpabilité et dit ne se souvenir de rien depuis l'entrée dans la salle de réunion. Elle maintient sa version au fil des jours tandis que son cas défraye la chronique. Son avocat commis d'office, dépité par tous les témoignages qui accablent sa cliente, prépare néanmoins son jugement. En attendant son procès, Joan, retrace sa vie, de sa jeunesse près de Boston jusqu'à cette fameuse journée dont elle ne se souvient plus. Elle souffre, car ses enfants et surtout son fils, lui manquent.
À MON AVIS…
J'ai rencontré J. N. Turner (non, il n'est pas américain !) lors d'une dédicace à Chambéry. Il m'a laissé l'impression de quelqu'un d'affable très abordable, malgré un parcours de médecin et d'écrivain confirmé avec plusieurs romans à son actif.

J'ai choisi de découvrir son style avec ce roman pour le moins déroutant, basé sur un fait divers d'une tuerie de masse, un mass murders, selon le phénomène tristement répandu aux États-Unis. Sa plume a su retranscrire avec des mots justes et le ton approprié les sentiments, l'amertume et le désabusement de Joan Travers, la narratrice accusée toute désignée de ces crimes. Une vie bien remplie qui retrace celle d'une génération aux États-Unis dans les années 90's.

Alors cette mère de famille socialement intégrée présente une vie en apparence normale. Alors si c'est elle à l'origine du massacre, pourquoi ce coup de folie soudain ?

COUPABLE, INNOCENTE
La prisonnière, sur le point de se retrouver dans le couloir de la mort, couche ses confidences par écrit. Beaucoup d'amertume, et une prise de recul lucide nous font comprendre la solitude intellectuelle et affective dans laquelle elle vit. Pourtant, même si les preuves crient sa culpabilité dans la scène meurtrière, elle refuse de l'admettre et poursuit sa narration pour capter le lecteur impatient de la comprendre et croire à son innocence.

En tout cas, on la suit le cours de la jeunesse à aujourd'hui de ce personnage digne d'intérêt grâce à un destin qu'elle semble maitriser depuis toujours. D'abord plongée à corps perdu dans les études, grâce à son intelligence et sa combativité elle a rejoint l'élite universitaire. Son récit aborde le thème des études supérieures selon des problématiques communes à la France quand elles touchent le domaine de la recherche : compétitivité, compétition, rivalité dans les publications, servilité à l'égard de leurs « maitres », quand ne se mêle pas le favoritisme fondé sur la discrimination avec la misogynie ou le racisme.

Et ce Graal intellectuel compense largement le désastre d'une vie terne, mais les frustrations s'accumulent pour notre héroïne particulière… mais qu'importe, pour elle, seuls ses enfants ont de l'importance.

Dès le début du roman, on identifie la relation mère-fille comme la charnière du problème. Une nette préférence pour son frère cadet, Keith, a marqué Joan durant son enfance. Alors, à la mort accidentelle de celui -ci, elle a alors conditionné ses projets dans le but de combler le manque de la présence du fils idéal pour sa mère. Cependant, le lecteur lira une ambiguïté sur la distanciation entre les deux femmes car, en prison, sa mère reste son inconditionnel et unique soutien, par le biais de ses lettres.

En conclusion,
l'écriture fluide très agréable et bien construite avec un vocabulaire précis, permet une lecture addictive. En effet, la personnalité affirmée de l'héroïne est attachante. Son récit biographique, linéaire est plaisant, et à défaut de trépidations, on bascule aisément dans la société américaine contemporaine.
Lien : https://lesparolesenvolent.c..
Commenter  J’apprécie          100
Joan Travers est arrêtée par la police alors qu'elle quitte le campus universitaire sur lequel elle vient de tirer sur les personnes présentes à la réunion devant décider de sa titularisation, en tuant trois sur le coup, en blessant gravement plusieurs autres. Mais Joan Travers se souvient de tout sauf des quelques minutes de la fusillade. Elle nie en bloc être le tireur fou.

John N. Turner s'attaque à un fait divers américain réel pour construire un livre en deux temps alternés chapitres après chapitres : le temps présent qui part de la fusillade et avance petit à petit pendant les deux semaines suivantes, retraçant l'incarcération de Joan, sa dénégation constante de se responsabilité, les rencontres avec son avocat,… et le temps passé, de son enfance à la réunion qui a précédé la tuerie, retraçant la jeunesse de Joan, sa solitude, son mariage, ses grossesses, son parcours professionnel.

Dans la vie de Joan, tout a été chaotique. Dans son parcours, elle s'est fait autant de mal qu'on lui en a fait. de sa mère qui l'a constamment comparée au petit frère « parfait », à ses camarades qui se moquaient de son côté garçon manqué, cause de son incapacité à s'intégrer tant dans les groupes de filles que de garçon, en passant par sa seule amitié qu'elle détruira elle-même, par son père qui la rabaisse parce qu'elle n'est pas à la hauteur de ses espérances ou par son mari qu'elle présente comme un chancre de la beaufitude américaine dans toute sa splendeur, Joan se construit un schéma psychologique de solitude, de haine (haine envers les autres qui trouve sa source dans la haine de soi), de médiocrité.

Se dessine donc devant le lecteur un cercle vicieux dont les racines s'imbriquent tellement les unes dans les autres qu'il est impossible d'en sortir une cause unique.

Le coup de force de John N. Turner est bien de réussir à créer une fiction autour du personnage de Joan parfaitement cohérente avec les faits réels de ce sombre fait divers. Cette symbiose entre fiction et réalité doit être une des fiertés de l'auteur à qui j'ai posé la question directement. En dehors de sa réponse que je vous livre juste après, il a eu la gentillesse de ne pas soulever le fait qu'il avait déjà dû répondre 100 fois à cette question…

Pour la réalité, John N. Turner est parti de la chronologie des faits et bien évidemment la fusillade de 2010 en Alabama et les trois morts. Il s'est aussi basé sur l'histoire familiale (profession du père, activisme de la mère) de la meurtrière, de son passé et de sa relation avec son frère basée sur la jalousie. John N. Turner a ensuite brodé sur les descriptions des personnages, sur leur psychologie même si le physique peu amène de Joan Travers (ah au passage, ce n'est pas le vrai nom de le meurtrière…) n'est pas inventé, sur le descriptif de l'enfance, sur celui de la vie de famille de Joan Travers ou de sa vie professionnelle…

Par ailleurs, l'écriture de John N. Turner est fluide et les quelques 230 pages du livre défile à une vitesse constante et rapide. La structure du livre est intelligemment faite et repose donc sur l'alternance des chapitres du passé (les plus longs) avec ceux du présent qui montrent une coupable (présumée, soit) qui parce qu'elle n'a aucun souvenir de la scène du crime la rejette comme étant incompatible avec l'image qu'elle a d'elle-même. Cette image est bien évidemment fausse. Elle s'est créée un portrait-robot pratiquement à l'opposé de la réalité et c'est le processus mental de souvenir de son passé qui va finalement pouvoir lui faire prendre conscience de qui elle est et de ce qu'elle a fait, en 2010 en Alabama ou quelques années avant (mais chut...) , et de sortir du déni dans lequel elle est engoncée.

Bref, une vraie réussite ! A vous donner envie de lire Amérithrax (premier livre de l'auteur) qui vient de sortir en poche.

Lien : http://wp.me/p2X8E2-tx
Commenter  J’apprécie          40
« Alabama Shooting » – John Turner
Éditions de l'aube – Noir

John Turner, je l'ai croisé à Annecy l'an dernier. On avait fait ensemble un concours de nouvelles. Chouette mec. Pas la grosse tête comme certains « zôteurs ».
Je vais nommer personne, pas la peine.
Donc John, pas le genre comme ça.
Son bouquin, c'est le deuxième. Il a déjà écrit « Amérithrax » en 2014 je crois. J'ai lu aussi qu'il avait dit : « Moi, je veux juste raconter des histoires. »
Ben John, il les raconte drôlement bien.
Déjà, il se met dans la peau d'une fille. « C'est pas aisé » comme m'a dit une copine. Et c'est vrai que pour un mec, écrire comme une nana, c'est pas simple.
Ben John, il y arrive bien.
T'as vu, presque 10 lignes pour te parler de rien… Je suis balèze.
Donc, le livre.
La base, c'est un fait divers. Une nana, prof d'université, qui vrille et fait un carton dans une salle de réunion. Elle a fait Harvard quand même, le genre de boîte qui fabrique des gens à peu près responsables.
Je croyais.
Elle, elle se souvient de rien. Tout l'accuse, l'arme, les témoins, mais elle se souvient pas.
T'oublies pas non plus que là, on parle d'une nana.
C'est rarissime.
D'habitude, ce genre de massacre, c'est plutôt un truc de mec. Ils sont assez coutumiers du fait.
La narratrice, Joan Travers, elle te raconte tout.
Son enfance et ses quelques jours en prison.
Turner alterne donc le présent et le passé.
C'est super bien fait.
Comment elle est arrivée juste là ?
Juste à la bordure de la ligne qui te fait basculer du côté des tueurs en série ?
Elle a décompensé ? Elle est psychotique, mais elle a vraiment bien caché son jeu ?
Je te dis pas.
Histoire d'un couple aussi.
Lui, il est pas très futé. Il est mou. Il a pas d'envergure. Pas le genre albatros quand il déplie ses ailes.
D'ailleurs, des ailes, il en a pas.
C'est pas simple de se contenter d'une relation qui n'est faite que de vides au milieu des riens. Quelques aller-retours dans un ventre qui le supporte. de quoi faire quatre gosses.
T'en connais aussi des couples comme ça ?
La force de ce roman, entre autres qualités, c'est de te faire aimer Joan. de ressentir pour elle la compassion liée à ce qu'elle te raconte. T'oublies même qu'elle a descendu des gens.
Mais Bon Dieu, qu'est-ce qui l'a amenée là ?
Alors tu tournes les pages. Les unes après les autres.
En tout cas, c'est ce que j'ai fait.
J'ai tourné les pages.
D'aucun ont dit que ce roman manquait d'émotions.
Je dis d'aucun, comme ça, je me fâche avec personne.
Ils ont tout faux.
Ils ont pigé que dalle.
L'émotion, elle est dans toutes les pages, au fur et à mesure que Joan se raconte et quelle tente de comprendre aussi les non-dits.
Les secrets de famille, encore…
Et puis tu piges aussi qu'être une gonzesse, parfois, dans certains pays vachement libres (tellement libres que tu peux acheter un flingue au carrefour market), ben c'est pas évident.
Je vais pas te faire un paragraphe sur la place faite aux femmes, mais merde, il y a un moment où il faut se poser des vraies questions.
J'ai remarqué aussi que si je ne lis pas le dernier chapitre, ni l'épilogue, le roman est toujours aussi bon.
En tout cas, il garde toute sa force.
C'est un signe.
Va chez ton libraire, mardi, et commande-le.
Tu regretteras pas.


Lien : http://www.leslivresdelie.com
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Nous avions été cambriolés. La police a envoyé une patrouille. Une bague de famille de maman, ainsi que nos timbales de baptême en argent, avaient disparu. Maman était dans une rage folle. Mon père s'était énervé contre le sergent. Si on ne nous protège pas, j'irai m'équiper ! avait-il menacé. Le lendemain, il est parti tôt pour se rendre dans un magasin d'articles de sport à Canton, Massachussetts.
Il est revenu avec un fusil à pompe, un Mossberg 500. Calibre 12.
Je me souviens du calibre comme si c'était hier. Je ne savais pas à quoi ça correspondait, mais ça avait l'air important. C'est le calibre qu'utilise la police pour le maintien de l'ordre ! Il a ouvert le caisson du fusil sur la table du salon. Il jouait avec la pompe qui permettait de charger. Keith et moi étions très excités autour de lui, qui s'activait comme un guerrier. Je pouvais enfin palper une véritable arme à feu. Je prenais enfin ma revanche sur ce misérable Jimmy, qui avait refusé que j'approche de son 357 Magnum dans le gymnase du collège. Je caressais le fût noir et froid puis remontais sur la crosse.
J'inclinais la tête pour aligner la mire. Ma main glissait jusque sur la détente. Mon cœur battait. J'inspirais profondément et fermais les yeux pendant que mon index appuyait sur la détente.
Blam.
Commenter  J’apprécie          172
J'avais une autre question impertinente d'enfant qui tournait sans arrêt dans ma tête. Que se passait-il dans la chambre de mes parents quand ils se retrouvaient tous les deux dans leur lit ? À l'école, les copines racontaient des histoires bizarres qui impliquaient souvent les zizis des papas qui rentraient dans la maman pour faire des bébés. Je ne comprenais pas. Ça ne me paraissait pas logique que la nature ait utilisé un tuyau d'évacuation bien pratique pour planter la graine, comme nous l'avait appris madame Baker au caté. Et puis ça n'était pas logique : le pipi, c'était sale, il n'y avait pas de raison de rentrer ça dans les fesses des mamans. L'histoire du zizi était une constante, mais mélanger le pipi et les bébés me paraissait une terrible erreur de conception.
Commenter  J’apprécie          171
Le lendemain, je suis convoquée par la directrice de la prison. Je suis escortée jusqu'à son bureau, sur lequel je découvre à l'envers un dossier en carton jaune à mon nom. La directrice est une Noire d'une cinquantaine d'années, fine, assez grande, assise dans un tailleur bien ajusté. À ce moment, je suis toujours novice dans le domaine pénitentiaire. Je n'ai pas encore compris la profondeur de la ligne de démarcation raciale des prisons d'Alabama. Dans ce monde clos, les Noirs portent les pyjamas, et les blancs, des uniformes. Les Noirs paient leur dette sociale, les Blancs les aident à se racheter. Autant dire que la directrice fait figure de caution morale à la non-discrimination.
Commenter  J’apprécie          150
Une famille, c'est un patchwork vivant en permanente reconstruction. Il s'agrandit, se défait, se répare, s'élargit au fil du temps. Il y a d'un côté les nouvelles têtes, les pièces rapportées, les naissances qui s'y rattachent ; de l'autre, les disparus, les séparés, les divorcés et autres abîmés de la vie que l'on ne verra plus. Il y a d'un côté ceux qu'on aime, et de l'autre ceux qu'on déteste. Mais c'est la famille : il faut faire avec. Il y a ceux qu'on veut à tout prix à son mariage, mais ceux-ci trouvent toujours une excuse pour être ailleurs. Il y a ceux que l'on ne veut pas voir, mais ceux-là ne rateront l'invitation sous aucun prétexte, comme pour casser l'ambiance.
Commenter  J’apprécie          140
Je commençais aussi à découvrir que, dans ce milieu, je me heurtais à un autre plafond moins perceptible, mais encore plus solide. J'étais une femme. Le sexisme n'était pas qu'une perversion familiale qui avait compromis mon enfance. Il infiltrait la société tout entière. Dans tous les laboratoires que j'avais fréquentés, les femmes étaient cantonnées au ménage des sols et des paillasses, à des boulots de technicienne ou de scientifique subalterne. Dans les positions dominantes, les chefs de labo, les décideurs, les beaux parleurs invités dans les séminaires étaient des hommes.
Commenter  J’apprécie          150

Video de John N. Turner (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de John N. Turner

Patrick F Cavenair et John N Turner - Festival Sans Nom 2014
http://www.passion-bouquins.com Blog littéraire alternatif http://www.festival-sans-nom.fr Festival Sans Nom, le polar à Mulhouse 2e édition Entretiens croisés à la librairie Bisey entre...
autres livres classés : thrillerVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (92) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2859 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}