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La petite fille au tambour tome 0 sur 3

Natalie Zimmermann (Autre)Lorris Murail (Autre)
EAN : 9782221011034
486 pages
Robert Laffont (01/01/1983)
3.83/5   138 notes
Résumé :
Adieu Smiley, bonjour Charlie, la nouvelle héroïne de John le Carré. Comme on pouvait s'y attendre, elle ne répond à aucun des clichés du genre: petite actrice anglaise embarquée malgré elle dans un rôle de véritable espionne, elle est plutôt paumée et - n'était sa sensualité rayonnante - elle serait même plutôt moche... Et pourtant, elle est inoubliable.
Adieu le Cirque et bienvenue - si l'on peut dire! - au Moyen-Orient, où les valises explosent, les cœurs ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Au début des années 80, en Europe et au Moyen-Orient, le Mossad désire plus que tout débusquer un membre insaisissable de l'OLP , Khalil, qui sème des bombes un peu partout, aidé par de jeunes Européennes. Mais pour attraper un lion, il faut une chèvre, et la chèvre, c'est Charlie, une Anglaise un peu paumée, actrice dans une petite troupe, généreuse, qui milite contre les injustices, le nucléaire, le sionisme…Le Mossad sait que le point faible du Palestinien est son jeune frère lui aussi activiste, dont le point faible est les femmes. Il enlève et tue le frère. Puis un séduisant agent israélien appâte la naïve Charlie, la manipule et la forme afin qu'elle se fasse passer pour la petite amie du défunt auprès de Khalil qui ne tardera pas à sortir de sa tanière.
Si, comme l'écrivit Sénèque, «la vie est pièce de théâtre : ce qui compte, ce n'est pas qu'elle dure longtemps, mais qu'elle soit bien jouée. », celle de Charlie, actrice de seconde zone va dépendre de son talent à incarner des personnages.

A côté de Charlie, la Nikita de Luc Besson peut aller se rhabiller. L'idée de transformer une actrice en espionne est formidable, même si elle n'est pas nouvelle. Joséphine Baker était l'agent de De Gaulle, Cary Grant et Leslie Howard, de Churchill, et Sterling Hayden roulait pour l'OSS. La petite fille au tambour est certes un roman d'espionnage avec des filatures, des valises piégées, des déguisements, des planques, mais il met vraiment l'accent sur le travail de manipulation, de double jeu vécu comme un rôle dans une pièce de théâtre périlleuse qui va mener l'héroïne jusque dans les camps d'entraînement au Liban.
La finesse d'analyse de Le Carré, qui saisit si bien les contradictions et la fragilité de Charlie plongée dans un conflit qui la dépasse, sa manière de décrire le monde comme une grande scène où tous se donnent en spectacle -« La terreur, c'est du théâtre. Nous inspirons des sentiments, nous faisons peur, nous suscitons l'indignation, la colère, l'amour. Nous éclairons les gens. Le théâtre aussi. Le guérillero est le plus grand acteur du monde. »- rendent ce roman vraiment unique.

J'ai d'abord vu l'adaptation en série de The Little Drummer Girl réalisée pour la BBC par le Coréen Park Chan-Wook, avant de plonger dans cet excellent roman. En le lisant, on comprend pourquoi John le Carré reste toujours le maître inégalé du genre. La petite fille au tambour est probablement l'un des meilleurs romans d'espionnage qui m'ait été donné de lire.
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"Et ce que vous voulez savoir ensuite, Charlie, fit-il, c'est ce que vous faites là avec nous et pourquoi on vous a traînée ici en prenant tant de précautions et de façon si cavalière. Je vais vous le dire. La raison, Charlie, en est que nous voulons vous proposer un travail. Un travail d'actrice... le plus grand rôle qu'on vous ait jamais offert, le plus exigeant, le plus difficile, certainement le plus dangereux mais certainement aussi le plus important... le rôle que nous vous proposons, Charlie, combine tous vos talents, tant sur le plan humain que professionnel.»
Adieu George (Smiley), adieu la guerre froide, bonjour Charlie, petite actrice idéaliste sur laquelle tombe le rôle de sa vie sur fond de conflit israélo-palestinien et d'attentats sanglants en Europe.
« Elle se prénommait en fait Charmian, mais tout le monde l'appelait « Charlie », et parfois même « Charlie la rouge » en référence à sa couleur de cheveux et à ses positions extrémistes qui représentaient sa façon à elle de se soucier du monde et de lutter contre les injustices. »
De son talent, de la qualité du scénario et de son interprétation vont dépendre sa vie et celles de nombreuses autres personnes. Manipulations, usurpations d'identités, création de « légendes » comme on dit aujourd'hui, JLC nous emmène dans une aventure haletante et brillante où l'émotion est toujours à la hauteur de l'action. Et toujours d'actualité car, après le film de 1984 où Charlie avait les traits de Diane Keaton, la BBC a sorti l'an passé une série actuellement diffusée sur C+ et qu'il serait regrettable de regarder sans avoir lu, au préalable, ce magnifique roman.
De Mykonos, où tout débute, à Fribourg en Brisgau en passant par Londres, Beyrouth, Jérusalem et les camps d'entrainement palestiniens , mystère, émotion, psychologie, amour et suspens sont au rendez-vous dans une langue, comme toujours, aussi riche qu'évocatrice.
Epoustouflant !
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Ah, je n'avais pas pensé, mais c'est vrai, finalement, que Nikita était la même histoire que La petite fille au tambour! Qui a d'ailleurs été adapté par George Roy Hill . Film très moyen, mais avec Diane Keaton, et j'aime beaucoup Diane Keaton. Et Sami Frey! Curieux mélange.
J'aime beaucoup John le Carré. Et celui-là est peut être mon préféré. Je l'ai relu il y a quelque temps avec toujours autant de plaisir, c'est un signe!
Je pense que c'est à cause de ce personnage féminin, construit avec tellement de finesse, qui éclaire ce roman pourtant très noir.
"À la fin de l'été 1982, à l'aube d'une journée qui s'annonçait paisible dans le quartier diplomatique de Bad Godesberg, près de Bonn, en Allemagne, saute la voiture piégée de l'attaché d'ambassade israélien venu négocier des contrats d'armement. Deux autres explosions lui font écho ..."

D'emblée, on est dans l'action , un des conflits les plus passionnés de notre époque qui ne trouvera sans doute jamais de solution.
Action, réaction des services de renseignements israéliens dont le responsable dans ce roman se nomme Kurtz, le Carré et Conrad, c'est une longue histoire.
Et voici Charlie.. Charlie est une jeune femme un peu perdue, révoltée contre à peu près tout pour des raisons multiples qu'elle peine à expliquer. Comme elle peine à expliquer pourquoi elle se laisse maltraiter par une brute. Mais, avant tout, c'est une actrice. Qui attend le rôle de sa vie. Elle va l'avoir .
Ce qui fait la richesse de ce roman, c'est comme toujours chez le Carré,la complexité des situations , et ses propres sentiments ambivalents , ambivalence qu'il nous fait partager à travers ce très beau personnage féminin.
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Lu il y a bien longtemps, une trentaine d'années certainement, à une époque où le contexte décrit était encore d'actualité ou très frais dans les mémoires. Et depuis longtemps aussi le projet de le relire ; le Livre de Poche m'a suivi dans tous mes déménagements depuis lors et a survécu à toutes les purges de ma bibliothèque...

Déjà lecteur séduit de le Carré, j'avais été subjugué par celui-ci. Non, seulement on y retrouvait sa pleine capacité de description clinique des situations, mais il introduisait un élément, supplémentaire, supérieur, de manipulation (la fameuse image qu'on attache à le Carré : celle de la matriochka, ces poupées russes qui s'emboîtent les unes dans les autres). Manipulation autant de Charlie, l'héroïne, que du lecteur, ce qui demeure une des formes ultimes du Roman.

Étonnant que la sensation de lecture en demeure aussi vive 30 ans plus tard. Peut-être la marque qu'il s'agit du meilleur roman de son auteur. Et curieux de savoir si ma mémoire est fidèle et si le contexte en est toujours intelligible. Une vraie envie de relecture, indubitablement.
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Terrorisme,espionnage, moyen orient, manipulation: mais pas de barbouzes à lunettes noires, la fille en bikini se rhabille dès les trentes premières pages, et il n'y a pas beaucoup de scènes en robes de soirée avec faux cils. Aucune, même.
C'est un livre qu'on ne lâche pas une fois que le cadre est posé, ce qui prend toujours un certain temps chez le Carré. le personnage masculin principal est un homme séduisant. Pour une fois un personnage féminin est traité de façon approfondie, et même, il y a une relation affective qui se développe entre les deux. Oui mais c'est une histoire d'espionnage me direz-vous. Oui, vous répondrai-je. Et même qui nous en apprend de belles sur les méthodes au Proche Orient.
Histoire du recrutement et de la formation d'une espionne, ce livre a été honteusement pompé par Luc Besson dans Nikita. Honteusement et mal.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Le vol de nuit Munich-Berlin constitue, pour les quelques personnes qui le connaissent, l'un des derniers grands voyages empreints de nostalgie que l'Europe offre encore. Les soixante minutes de vol nocturne au-dessus du couloir est-allemand, à bord d'un coucou branlant aux trois quarts vide de la Pan American représentent pour ceux qui ont conservé quelques souvenirs le véritable safari d'un vieil habitué qui s'abandonne à ses penchants. Votre regard plonge dans les ténèbres du territoire ennemi et vous voyez défiler vos souvenirs.
Kurtz ne faisait pas exception. Il s'était installé près du hublot et ses yeux se perdaient dans la nuit, au-delà de son propre reflet. Quelque part dans l'obscurité courait cette même voie ferrée qu'avait emprunté le train de marchandises dans son interminable voyage en provenance de l'est : quelque part se trouvait la même voie d'évitement sur laquelle le train s'était immobilisé cinq nuits et six jours, en plein coeur de l'hiver, pour laisser la place aux convois militaires, tellement plus importants, tandis que Kurt et sa mère, ainsi que cent dix-huit autres Juifs entassés dans les wagons, mangeaient de la neige et mouraient de froid. "Au prochain camp, tout ira mieux", répétait sa mère pour le rassurer, pour lui donner du courage. Quelque part dans cette obscurité, sa mère s'était ensuite rangée passivement dans les rangs qui allaient à la mort; quelque part dans ces champs, le petit Sudète qu'il était avait eu faim, avait volé et tué, s'attendant sans illusion qu'un autre monde hostile le rattrape. Kurt vit les camps d'accueil alliés, les uniformes inhabituels, le visage des enfants, aussi vieilli et creusé que l'était le sien. Un nouveau manteau, de nouvelles bottes, de nouveaux barbelés, et une nouvelle évasion, mais de chez ses libérateurs cette fois-ci. Il se revit dans les champs, se coulant des semaines durant de fermes en villages en direction du sud, balloté là où le conduisait sa ligne de fuite, vers des terres où les nuits graduellement se réchauffaient, où l'air se chargeait du parfum des fleurs, et où, pour la première fois de sa vie, il perçut le bruissement des palmiers dans le vent salin. "Ecoute-nous, pauvre petit garçon gelé, lui murmurèrent-ils. C'est le bruit que nous faisons en Israël. Vois comme la mer peut être bleue ici." Il vit le vapeur rouillé à demi dissimulé derrière la jetée et jamais ses yeux n'avaient effleuré bateau plus grand et plus beau; le pont était si noir de la foule des têtes juives qu'il déroba une calotte lorsqu'il s'embarqua et n'osa l'enlever avant que le bateau eût quitté le port. Sur le pont, de petits groupes s'étaient formés et les chefs montraient comment se servir des fusils Lee-Enfield volés. Deux jours encore le séparaient de Haïfa, mais la guerre de Kurtz venait tout juste de commencer.
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Ils se servirent d'une fille, ce qui, vu les appétits de Yanuka, relevait du pur bon sens, et l'affublèrent d'une guitare -une très bonne idée en ce sens que, de nos jours, une guitare suffit à situer une fille, même si elle ne sait pas en jouer. De récentes observations en d'autres parties du monde leur avaient enseigné qu'une guitare est l'uniforme d'un certain pacifisme sentimental.
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Trouvez le gosse, expliqua Kurtz à son équipe de Jérusalem avant d'entamer son énigmatique voyage. Il y a un gosse et il y a son ombre. Trouvez le gosse, l'ombre suivra, aucun problème. Kurtz leur enfonça cette idée dans le crâne jusqu'à ce qu'ils le haïssent; il savait imposer une pression avec autant d'acharnement qu'il savait résister aux contraintes. Il téléphonait à ses hommes depuis les endroits les plus invraisemblables, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, simplement pour leur rappeler sans cesse sa présence. Alors, vous l'avez trouvé, ce gosse ? Il alla tirer des réservistes du confort de leurs planques administratives et les renvoya, sans solde, derrière leurs anciens bureaux dans le but d'accélérer les recherches. Trouvez le gosse. Il nous indiquera le chemin. Un jour, comme ça, il lui attribua un nom de code, Yanuka, nom affectueux signifiant gosse en araméen, ou plus exactement nourrisson à demi sevré. "Attrapez-moi Yanuka et je livrerai à ces clowns toute l'organisation sur un plateau."
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Le lendemain, l'explosion qu'il attendait mais n'était toujours pas en mesure de prévenir se produisit. Quoique épouvantable, elle servit son dessein. En Hollande, un jeune poète israélien, venu à l'université de Leyde pour y recevoir un prix, trouva la mort le matin de son vingt-cinquième anniversaire. Un colis piégé lui avait été remis à son hôtel, alors qu'il prenait son petit déjeuner. Kurtz (...) encaissa comme un vieux boxeur prend un crochet : il chancela, ferma les yeux une seconde, mais quelques heures à peine plus tard, il se tenait dans le bureau de Gavron, une pile de dossiers sous le bras et deux versions de son plan dans sa main libre.
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"Et ce que vous voulez savoir ensuite, Charlie, fit-il, c'est ce que vous faites là avec nous et pourquoi on vous a traînée ici en prenant tant de précautions et de façon si cavalière. Je vais vous le dire. La raison, Charlie, en est que nous voulons vous proposer un travail. Un travail d'actrice... Le plus grand rôle qu'on vous ait jamais offert, le plus exigeant, le plus difficile, certainement le plus dangereux mais certainement aussi le plus important... Le rôle que nous vous proposons, Charlie, combine tous vos talents, tant sur le plan humain que professionnel. Votre esprit. Votre excellente mémoire. Votre intelligence. Votre courage. Mais aussi cette qualité supérieure dont j'ai déjà parlé : votre chaleur humaine. Nous vous avons choisie, Charlie. Nous vous avons attribué le rôle. Il y avait beaucoup de concurrents au départ, des candidats de nombreux pays. Nous avons opté pour vous et c'est pour cette raison que vous êtes ici. Parmi vos fans. Tous ceux qui sont présents dans cette pièce vous ont vu jouer, tous vous admirent. Alors mettons les choses au clair. De notre côté, il n'y a aucune hostilité. Il y a de l'affection. Il y a de l'admiration. De l'espoir. Ecoutez-nous jusqu'au bout. C'est vous que nous voulons. Nous avons besoin de vous. Et il y a là-bas des gens qui vont avoir encore plus besoin de vous que nous."
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