Justice League - Urban, tome 9 : La Guerre de Darkseid (1/2)

Un album riche et capital pour le monde DC.
Non, je retire « capital ». J'y reviendrai.

Donc, riche disais-je. On atteint ici à nouveau un noeud d'évolution du multivers DC. le titre « La Guerre de Darkseid » confie déjà que l'histoire ne sera pas banale. Et histoire de confirmer, Geoff Johns évoque dès le début les différentes crises qui ont transformé « à tout jamais » l'univers DC : Crisis on Infinite Earths, Infinite Crisis et Flashpoint, la dernière ayant donné naissance à la version d'univers DC Renaissance (aux USA : « The new 52 » initiative, attention, c'est important pour suivre) dont nous lisons les aventures depuis quelques années.
On sent donc que le multivers va à nouveau être secoué dans un checker.

L'histoire est menée de manière polyphonique, et c'est plutôt attrayant. Un conflit entre deux forces fondamentales et incompatibles — dont l'une est Darkseid et l'autre la puissance qui a fait fuir le Syndicat du Crime (les doubles maléfiques de la ligue) de son propre univers — se prépare et la Ligue est coincée entre les deux.
La lutte entre les deux titans, si elle a l'avantage d'en jeter sur l'affiche, n'est pas très palpitante. En revanche les péripéties qui orbitent autour valent le détour. En particulier on s'attache à Mister Miracle, ce Houdini multicolore dont la principale faculté semble de pouvoir échapper à tous les pièges qui lui sont tendus. Dépassé en puissance, il ne lâche jamais le morceau et nous donne une leçon de courage. Il y a aussi l'évolution inattendue de Batman, plutôt bien à sa place dans sa position d'omniscience qui lui permet de peser sur le conflit bien plus que ses bat-rangs ne le pourraient. En sus, Geoff Johns isole les deux archi-ennemis actuellement alliés, Superman et Lex Luthor, approfondissant la plongée dans leurs sentiments réciproques alors qu'ils doivent impérativement collaborer pour se sortir de la panade.
Bref, ce sont encore une fois les histoires à dimension humaine qui m'intéressent le plus dans le chaos ambiant.

Le prochain tome devrait clore la présente crise et ouvrir la voie à une nouvelle version du multivers DC. En fouillant un peu sur le net, j'ai appris qu'effectivement l'expérience « New 52 » est terminée et « DC Rebirth » l'a remplacée (et quand ça arrivera en France, on ne pourra traduire par Renaissance puisqu'on l'a déjà attribué à new 52, vous voyez l'imbroglio éditorial qui s'annonce ?). A nouveau l'univers DC va être ajustée, et un reboot plus ou moins partiel va avoir lieu, réduisant les tragédies passées à leur poids de papier.

Cette fois DC ne peut justifier cette modification à la capture d'un lectorat plus jeune vu que new 52 n'aura duré que cinq ans. Pourquoi cet ajustement ? Je n'en sais rien. Peut-être pour répondre à une pression du lectorat transmise via les réseaux sociaux.
En tout cas il n'est pas sûr que je me mette à lire du Rebirth. Les crises à répétition usent cet univers et banalisent tout. Et le banal ne m'intéresse pas en lecture.

Après un tome 8 plus posé, Geoff Johns entame le dernier grand event des New52: Darkseid war.
Cette guerre a des répercutions sur tout le multivers et amène DC Rebirth. A cet égard, il faut souligner la super idée d'Urban Comics d'insérer comme prologues les numéros de JL #40 et de News52 divergence #1. C'est une bonne entrée en matières pour les néophytes et un bon résumé pour les autres de toutes les précédentes crises qu'a traversé l'univers DC.

Cette 1ère partie sert clairement d'introduction et permet à Johns de poser les bases de l'affrontement titanesque des deux plus puissants êtres de l'univers DC. D'un coté du ring, Darkseid, le tyran d'Apokolips et de l'autre, l'Anti-Monitor, le dévoreur de mondes. Tous deux sont des Néo-Dieux. Autant dire que face à eux la Justice League va en baver.

Le gros point positif de ce tome ce sont les dessins de Fabok !
Les rageux diront que c'est du Mainstream... Je leur répondrai que cela peut rimer avec qualité et qu'avec Fabok, on est dans ce qui se fait de mieux actuellement (en 2016 après J-C).

De son coté, Geoff Johns ne ménage pas ses efforts et tente de nous montrer tout l'impact de cette guerre. Darkseid et l'Anti-Monitor forment une menace sans commune mesure pour la Ligue. On ressent une grosse tension tout au long de la lecture car personne n'est à l'abri de se faire tuer. Comme il l'avait fait dans Sinestro War ou dans Forever Evil, le scénariste place ses pions pour la deuxième partie de l'histoire. Quasiment tous les nouveaux protagonistes ont droit à une mise en avant. Certains plus que d'autres à l'image de Mr Miracle qui bénéficie d'un traitement exemplaire.

Quant à la Justice League, elle est en retrait à l'exception de la Trinité. D'une manière générale, on sent l'équipe dépassée par les évènements et c'est pas plus mal. Enfin une véritable menace pour nos super-héros préférés. le focus sur le ressenti de WW est très plaisant. Ses pensées parcourent tout le livre. J'ai également aimé la parade de Johns vis-à-vis de Batman pour lui éviter toute polémique sur son utilité sur un champ de bataille. En revanche, il est regrettable qu'il n'y ait pas le moindre effet secondaire... J'aurais aimé le voir affecter davantage.

S'il n'y avait que cela, j'aurais mis plus de 3/5. Malheureusement, le gros souci de ce tome se situe ailleurs. L'effort de Johns de présenter un maximum de personnages est louable mais cela se fait au détriment du rythme de l'aventure. Quand on finit la lecture, on en est quasiment au même état d'avancement. le combat physique n'a pas encore véritablement commencé et c'est très frustrant parce qu'on veut voir du sang et des larmes bordel et qu'on en a pas ou si peu !
De plus, l'intrigue part dans tous les sens et oublie finalement de se concentrer sur l'affrontement entre Darkseid et l'Anti Monitor. On passe d'un protagoniste à l'autre assez brutalement même si c'est mieux maitrisé que sur Forever Evil. Au passage, toute l'intrigue avec Luthor et Superman n'apporte rien à ce stade.

En résumé, cette guerre de Darkseid est un énorme blockbuster qui envoie du lourd !
Graphiquement c'est absolument fabuleux. Scénaristiquement c'est bordélique tant on passe en revue les troupes des deux camps. Par conséquent, l'histoire avance très peu et on sort de la lecture avec un sentiment mitigé tellement cette 1ère partie ne nous montre qu'un échantillon de l'apocalypse annoncé.

Un tome qui continue la guerre avec Darkseid. Et quel tome ! Des révélations et que d'attentes!
Pour ceux qui veulent découvrir la Justice league cet arc est un incontournable.

Une suite passionnante et des dessins magnifiques. J'ai hâte de découvrir la suite bien que la fin soit proche.