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Critique de IzaBzh


Eva Joly relate dans ce document son expérience de magistrate durant l'affaire Elf. Elle ne dévoile pas les détails ni ne cite précisément personne, ou très peu - l'instruction était en cours et elle devait donc respecter le secret.
Par contre, elle y dévoile tout ce dont nous avons peu entendu parler à l'époque : les intimidations, les menaces, les cambriolages, la surveillance, les écoutes téléphoniques et micros (même dans son bureau au Palais de Justice !), les manipulations médiatiques, les dossiers volés, tout ceci face à une institution judiciaire au mieux indifférente, au pire complètement incrédule.
Les menaces sur sa vie se précisant, elle en vient à ne presque plus avoir de vie privée jusqu'au jugement final de l'affaire, constamment sous la protection de gardes du corps.
Les témoins qui viennent dans son bureau sont terrorisés, ils craignent pour leur vie comme pour la sienne.
Elle décrit la généralisation de la corruption non seulement dans le monde, mais également dans la société française, et le recul général de la loi sur le domaine de la lutte contre les malversations financières - on préfère lutter contre le vol à la tire...
Elle parle notamment, ô surprise, du contrôle des médias par les grands groupes et donc de la qualité suspecte des informations qui nous parviennent quotidiennement. Tout ce procès retentissant est surtout décrit comme un gigantesque épluchage de papiers, de comptes, de factures, et le démêlage d'écheveaux compliqué entre les sociétés-mères et les sociétés écrans possédant des centaines de comptes dans différents pays.
Certains passages de son livre m'ont fait penser à celui de Jean Ziegler : "l'empire de la honte" (Fayard, 2005), qui avait lui aussi rédigé un livre contre la corruption ("La Suisse lave plus blanc"), notamment dans la description de ces magouilleurs à l'apparence respectable qui ont l'air faits de glace.
Honnêtement, à sa place, combien d'entre nous (moi comprise) auraient eu peur et auraient tout laissé tomber ? Il faut lui reconnaître le courage d'avoir mené ce procès à son terme, avec l'aide de Laurence Vichnievsky notamment. Ce livre est toujours d'actualité, surtout ces derniers jours, et je n'ai pas pu m'empêcher de penser que l'argent pour financer les retraites ne serait pas bien difficile à trouver si la justice y mettait un peu du sien pour appliquer la loi.
Un livre que je recommande très chaudement.
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