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Critique de Renatan


Longtemps après l'avoir terminé, ce livre est demeuré sur ma table de chevet, un peu comme lorsqu'on regarde un film et qu'on demeure sans voix, tétanisés par les images et les mots. Je ne sais pas précisément qu'elles étaient mes attentes, mais une chose est certaine, j'avais le désir de partager mon ressenti avec des gens l'ayant lu. Quelque chose me «dérangeait» ou m'avait probablement troublée. Difficile de ne pas l'être lorsqu'on traverse avec le petit Oskar Schell, 9 ans, l'un des plus grands drames que puisse avoir à vivre un enfant: la perte d'un parent. Son père est mort dans les attentats du World Trade Center et ce livre constitue avant tout un roman sur le deuil et la colère face à l'incompréhensible.

Le petit Oskar est un enfant surdoué, curieux, imaginatif, créatif, sensible et possède une maturité bien au-delà des enfants de son âge. Sans que son diagnostic ne soit clairement explicité dans le livre, il a le portrait type de l'«autiste savant» ou du «syndrome d'Asperger». Ses interactions sociales sont anormales et non empathiques. Il s'intéresse à l'astrophysique et aux inventions, qu'il note méticuleusement dans un cahier. Ses comportements sont répétés et excessifs. C'est ainsi que, découvrant une clé dans la garde-robe de son père, Oskar se convainc qu'il s'agit de l'héritage lui étant destiné et entreprend de parcourir le grand New York durant plusieurs mois pour trouver la serrure à laquelle elle correspond. Ses recherches acharnées donneront lieu à des rencontres inusitées, parfois totalement loufoques, parfois tragiques. Sa pensée est minutieuse et introspective, avec un flot d'émotions surabondantes. J'ai trouvé un certain décalage entre la complexité de son raisonnement adulte et sa manière de s'exprimer plutôt enfantine, même si j'en comprends les liens avec le syndrome d'Asperger.

Oskar est complètement détestable dans certaines scènes et antipathique avec sa mère, au point de sembler la détester. Est-ce une colère redirigée? Quoi qu'il en soit, l'auteur a clairement mis l'accent sur la relation père-fils au détriment de la relation avec la mère. Je me suis demandée tout au long de cette lecture pourquoi il a prêté à ce personnage une personnalité «déviante». Pour justifier ses actes ou pour amplifier le drame déjà existant? Pour jouer sur la complexité des sentiments? Lorsqu'un enfant de 9 ans perd son père auquel il est profondément attaché, il suffit d'avoir une âme pour être plongé dans un profond deuil, même si sa peine n'est pas un prétexte pour tout excuser...

Un «mystérieux» locataire, muet et survivant des bombardements de Dresde en 1945, avec lequel Oskar se lie d'amitié, est hébergé chez sa grand-mère paternelle. Sans vouloir vous en dire davantage, j'ai été conquise par ces rencontres et par la teneur de leurs dialogues...

Ce roman innovateur et original porte sur le deuil et le destin. L'auteur nous amène à comprendre que la perte d'un être cher se vit bien au-delà de l'espoir que le souvenir ne s'amenuise. La présence de ceux qui nous ont quittés s'amarre éternellement à l'âme de ceux qui survivent et le temps ne permet que d'apaiser la douleur. Ce roman ne peut laisser personne indifférent. Il a littéralement conquis mon coeur...

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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