Ar Mein, jeune Celte d'Armorique, débarque en Irlande afin de consolider les liens entre les clans en prévision des prochaines invasions vikings.
En compagnie de plusieurs membres de sa parenté, notamment sa cousine Angarath, Ar Mein va vivre un moment légendaire de l'histoire de l'Irlande, un épisode mythique où la réalité et le surnaturel se sont entremêlés.
Ce livre semblait tailler pour l'amatrice que je suis de légendes celtiques et de mythologie irlandaise. Malheureusement, j'ai été bien déçue. Les idées sont bien là, mais clairement le récit aurait dû être relu et retravaillé avec plus de rigueur. Les paragraphes s'enchaînent sans aucune transition, certains détails tombent comme des cheveux sur la soupe ou, au contraire, font l'objet de description trop longues. Bref, je m'attendais à une folle équipée lancée au grand galop dans la lande, mais je n'ai eu qu'un tout petit tour de manège.
Un tel sujet demandait une écriture plus ample.
Dommage.
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J'entends déjà mugir le grand vent qui vient de Thulé, il sifflera à son oreille tant qu'elle vivra. J'entends aussi crier le noir corbeau des combats, il plane sur le champ de bataille, les corps blancs jonchent le sol, il se repaît de leur chair. La terre boit les flots rouges de sang, pourpre l'incendie sur la mer, j'entends hurler le vent de Norois, sur la plaine. Tais-toi ! Voici venir les temps où déferleront, telles les vagues de l'océan, calamités, guerres, épidémies, drames, clameurs ! Garde pour toi seul la douleur de l'annonce, roc trop tendre. Les temps sont venus où l’émeraude qui ornait les mers va sombrer, tel un navire en perdition, dans la douleur, dans la tempête de tourments, qui durera des siècles. Vous allez perdre la vie et l'espoir, votre souvenir même sera effacé, vos descendants seront abandonnés des Dieux, les Esprits déserteront vos cieux, même les Elfes quitteront vos parages. Tais-toi ! Ne pleure pas devant elle, les pierres ne pleurent pas, elles se taisent, elles gardent la mémoire des époques oubliées, elles conservent l'empreinte des vivants dans l'immuable silence du minéral : soit la roche qui conserve la trace de ce qui n'est plus, mais ne parle à personne de cette prédiction.
A ses armes, je le reconnus, le puissant chef des Norois, Dan Mac Olafr, portant l'épée des neiges au côté, qui regardait intensément l'unique rose du jardin sacré, l'Irlande incarnée, aux yeux en amande dont les rayons verts éclairaient la forêt, la bouche ronde et pulpeuse, le visage de satin blanc étoilé de taches de rousseur, et les flots de flamme de la chevelure, relevés sur la courbure élégante de sa nuque de reine. Elle, qui le regardait, comme si sa vie était suspendue à la sienne, le géant guerrier des neiges, terrassé sans combat. Les secondes paraissaient des heures, je tirai en arrière ma monture, tournant à mon doigt l'anneau de Killcaern, pour disparaître de leur champ de vision ? Puis je montai sans bruit au creux des branches d'un grand chêne pour observer l'inéluctable tragédie annoncée par Mintinaël, cette rencontre de deux seigneurs qui n'auraient dû s'affronter qu'à la guerre, dans deux camps opposés.
En dépit de l'admiration que j'aie pour la science des druides, ma patience est mise à rude épreuve par ce maître à penser, sa partialité et mon horreur maladive de toute autorité. De plus, j'ai observé, au cours de mes études, que le fait d'être gaucher, qui contraint à une très grande faculté d'adaptation, comporte une tendance à regarder aussi l'envers des médailles, d'où une vision large, une grande indépendance d'esprit et une propension à exercer l'esprit critique, qui peut nous faire passer pour intraitable et fantasques, lunatiques ou idéalistes, aux yeux routiniers et passifs de ces implacables droitiers.