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Citations sur Ad vitam aeternam (14)

De petits maux en petits maux, la vie s'amenuise, jusqu'a ce qu'il faille en effacer les traces, sans tarder, en urgence.
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Le jour ou, pour la première fois, l'on se met à parler de sa jeunesse en utilisant l'imparfait, on ressent un curieux malaise.
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De petits maux en petits maux, la vie s'amenuise, jusqu'à ce qu'il faille en effacer les traces, sans tarder, en urgence.
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Anabel avait fait sa connaissance alors qu'il venait de subir une rupture amoureuse. Il approchait la cinquantaine et sa dulcinée en ayant vingt-cinq de moins, elle ne tenait pas à s'attarder davantage. Déprimé, meurtri dans son ego, Brad avait arrêté le body-building et se consolait au pur malt. En quelques mois, il se mit à grossir, ce qui le rendit encore plus dépressif. Il ne pouvait plus porter les tee-shirts ultra-moulants qu'il affectionnait auparavant et tentait de camoufler la débandade à l'aide de chemises amples. Il n'empêche. Sa belle gueule s'empâtait irrésistiblement, ses fesses et ses cuisses se chargeaient de cellulite. Au-delà des apparences, déjà alarmantes, plus en profondeur, son organisme gorgé de stéroïdes anabolisants, de créatine et d'hormones de croissance commençait à lui réclamer des comptes. La facture risquait d'être salée. Jour après jour, Anabel évaluait le désastre d'un regard dont elle ne cherchait même pas à dissimuler la cruauté.
Elle ne se demandait plus comment elle avait pu aboutir dans un tel cloaque. Il y a une raison à tout, le hasard n'était nullement en cause. Qui se ressemble s'assemble. Lorsqu'elle ouvrait les yeux, à l'aube, dans ces moments fugaces d'intense lucidité qui succèdent au sommeil, même le plus profond, Anabel en convenait volontiers : à tout bien considérer, chez Brad, elle était à sa juste place. Une paumée parmi les déjantés. Elle essayait juste de sauver sa peau. De rétablir un semblant de normalité dans une vie à la dérive.
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Que dire de Ruderi ? Qu’il était d’un aspect fort commun ? Assurément. Petit, très petit même, un mètre soixante à peine, râblé, trapu, il n’attirait guère l’attention. […] Son visage couturé de rides ne comportait aucun signe particulier, distinctif : verrue, angiome, cicatrice, barbe ou moustache. […] Ses traits étaient désespérément réguliers, fins, son nez droit, ses sourcils broussailleux, ses yeux d’un brun sans éclat. Seule sa mâchoire inférieure, massive, anguleuse, prognathe, intrigua Goldstayn : la rudesse de caractère, la brutalité qu’elle aurait pu suggérer, était aussitôt corrigée par un sourire d’une grande douceur.
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La première fois qu'Anabel croisa Monsieur Jacob, ce fut dans le square, à quelques pas de la boutique. Elle s'y rendait souvent, à chaque pause que Brad lui octroyait. Brad était une loque. Six mois consacrés à le côtoyer l'avaient amenée à s'en convaincre. Trois semaines, trois jours, voire trois heures auraient suffi. Un médiocre qui aurait bien voulu en jeter, frimer, et se contentait d'épater toute une galerie de tocards, de barjots. Lesquels payaient ses services au prix fort, cash. Brad était impitoyable avec la clientèle, il ne faisait aucun crédit, quelle que soit la durée ou la nature de la prestation. C'est aux États-Unis – il disait « aux States » - qu'il avait appris les rudiments du métier, dans les années 70. Il ne s'appelait pas réellement Brad, mais plus prosaïquement Fernand. Dans sa branche, mieux valait porter un prénom à consonance exotique, on peut le comprendre. Le marketing a certaines exigences.
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« Le jour ou, pour la première fois, l’on se met à parler de sa jeunesse en utilisant l’imparfait, on ressent un curieux malaise «.

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Ce qui effraie dans la mort , c'est l'idée de l'effacement , de l'oubli.
Votre allusion aux Egyptiens de l'Antiquité est très pertinente. C'était bien là leur obsession . Le corps momifié défiait le temps et assurait à son propriétaire une présence à perpétuité.
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Dans les mois qui suivirent, près de six cent cinquante mille hommes affluèrent vers Tchernobyl. Pour abattre les arbres, les brûler sur de gigantesques bûchers. Des appelés du contingent qui croyaient participer à de vulgaires manoeuvres. Des régiments entiers se déployèrent autour de la zone, mais les barrages n'étaient pas rigoureux et il suffisait de graisser la patte d'un gradé sans scrupule pour entrer ou sortir du périmètre interdit. Dans les bois circulaient de petites bandes d'hommes armés. Ils étaient chargés d'abattre le bétail, et aussi les chiens, les chats, de faire en sorte qu'aucun animal ne s'évade de la zone la plus contaminée. On leur distribuait de la vodka à foison. Dans cette curieuse partie de campagne printanière, ils cueillaient des champignons, des fraises, des framboises, s'en régalaient, se ruaient sur les poulaillers, gobaient les oeufs avant de tirer en rafales sur la volaille affolée. Les chemins étaient bordés de place en place de cadavres d'animaux, vaches ou cochons mitraillés à la kalachnikov et dont la viande se décomposait en attirant de copieux nuages de mouches.
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Que dire donc de Monsieur Jacob ? Qu’il était d’un aspect fort commun ? Assurément. Petit, très petit même, un mètre soixante à peine, râblé, trapu […] , il n’attirait guère l’attention, et c’était à dessein. […] Son visage ne comportait aucun signe particulier, distinctif – verrue, angiome, cicatrice, barbe ou moustache. Ses traits étaient désespérément réguliers, fins, son nez droit, ses sourcils broussailleux, ses yeux d’un brun sans éclat. Seule sa mâchoire inférieure, massive, anguleuse, prognathe, aurait attiré le regard d’un observateur averti. La rudesse de caractère, la brutalité qu’elle aurait pu suggérer, était aussitôt corrigée par un sourire d’une grande douceur.
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