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Critique de Seraphita


Anabel, ex-taularde paumée, déploie ses compétences de soignante chez « Scar System » une boutique interlope proposant tatouages et scarifications à une clientèle bien particulière. Monsieur Jacob, pour sa part, est un homme d'un « aspect fort commun, assurément », sans âge bien défini (ou définissable). Il exerce la profession de croque-mort depuis des lustres. Ruderi, quant à lui, s'apprête à sortir de prison, à l'issue d'une peine de 40 longues années : presque une éternité… Dans son jeune temps, il avait participé à un crime effroyable, aux côtés d'un homme et d'une jeune sauvageonne qui n'ont jamais été retrouvés. Les routes de ces personnages a priori hétéroclites, mais dont chacun semble déjà receler une bonne dose de sordide, vont pourtant se rejoindre : étincelles garanties !

Thierry Jonquet est un de mes auteurs favoris. Parmi ses oeuvres, ma préférée, pour le moment, est le sublime « Mygale », habilement mis en scène par Pedro Almodovar dans le film « La piel que habito ». « Ad vitam aeternam » m'a un peu déçue, notamment vers la fin.

Dès le départ, j'ai retrouvé ce que j'aime chez Thierry Jonquet : une plume incisive, un humour caustique réjouissant. Puis vient une pointe de suspens, habilement distillée page après page. La première bizarrerie qui alerte le lecteur tient en une description qui se répète. Ainsi, Monsieur Jacob est décrit dans les premières pages :

« Que dire donc de Monsieur Jacob ? Qu'il était d'un aspect fort commun ? Assurément. Petit, très petit même, un mètre soixante à peine, râblé, trapu […] , il n'attirait guère l'attention, et c'était à dessein. […] Son visage ne comportait aucun signe particulier, distinctif – verrue, angiome, cicatrice, barbe ou moustache. Ses traits étaient désespérément réguliers, fins, son nez droit, ses sourcils broussailleux, ses yeux d'un brun sans éclat. Seule sa mâchoire inférieure, massive, anguleuse, prognathe, aurait attiré le regard d'un observateur averti. La rudesse de caractère, la brutalité qu'elle aurait pu suggérer, était aussitôt corrigée par un sourire d'une grande douceur. » (p. 14)

Jusque là rien de trop anormal. Mais quand vient la description de Ruderi, le prisonnier peu amène, on retrouve – mot pour mot – la même description…
De ce suspens savamment distillé au fil des pages, j'attendais une explication, puis un final, particulièrement grandioses et sordides… mais j'ai été particulièrement déçue. Thierry Jonquet verse, en effet, dans le paranormal, brodant sur le sempiternel thème du temps. Ce roman m'a semblé comporter certaines longueurs, au milieu du roman notamment : c'est le côté didactique de certains passages qui m'a déplu (quand Monsieur Jacob, par exemple, fait part à Anabel de ses connaissances savantes sur la mort).

Malgré ces déceptions, j'ai aimé retrouver la plume grinçante de Thierry Jonquet.
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